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Big Things / James Bond : la critique du comics

Le comics James Bond a fini sa course il y a quelques semaines ; vu que Dynamite accumule déjà les retards en période normale, vous pouvez imaginer ce que ça donne en période COVID-19. Mais bon : il est enfin là. Non vous n’avez pas rêvé, le titre est bien un simple « James Bond » très peu inspiré et d’autant plus stupide quand ont sait que 1) il y a eu une série de comics « James Bond 007 » il y a peu et que 2) comme nous le verrons, Bond n’est même pas le personnage principal durant presque la moitié de ce comics ! Au moins Dynamite semble vouloir se rattraper : le recueil des 6 parties de ce comics qui sortira en septembre (?) se dote d’un nouveau titre : Big Things.

Alors de quoi parle cette nouvelle aventure écrite par le duo Vita Ayala et Danny Lore ? Quand un précieux tableau s’avère être volé et remplacé par un faux : Brandy Keys, experte en art et enquêtrice pour la compagnie d’assurance, se retrouve à devoir mener une investigation. Bientôt son enquête la mènera à croiser la route d’un certain James Bond qui enquête sur un problème de chantage. Alors qu’ils travaillent sur la même affaire depuis un angle différent, ils devront faire équipe pour découvrir qui se cache derrière tout cela.

Et parlons-en de Brandy, l’un des point forts de ce comics. Le premier numéro de l’aventure est presque entièrement consacré à elle qui enquête avec son collègue Reese sur le tableau volé. Contrairement à ce que j’ai plus lire ici et là : l’absence de Bond au début du comics ne m’a personnellement pas dérangé, cette petite enquête se lit comme si le comics aurait plus être un stand-alone non-Bond dédié ce personnage. Ce n’est certes pas ce que je venais chercher en premier lieu, mais cette longue introduction s’avère être passionnante. Brandy Keys donne l’impression d’être le personnage principal dans la première moitié du comics.

Keys est loin d’être inintéressante, on la sent compétente dans son métier et plus que capable de résoudre la première partie de l’intrigue du comics par elle-même. Elle est très présente dans l’aventure et je pense réussie à tirer son épingle du jeu de bien des précédentes Bond girls. C’est un personnage auquel on s’attache et qui parvient à se faire se demander aux lecteurs deux questions que l’on ne se pose presque jamais dans la mesure où leurs réponses semblent évidentes, alors qu’ici non : « va-t-elle mourir ? » et « va-t-elle sortir/coucher avec Bond ? ». Il vous faudra lire le comics pour le savoir. Keys offre également un peu d’humanité qui aide à contraster avec le personnage de James Bond assez brutal que nous offre ce comics.

Je serais un peu plus mitigé sur les thèmes de l’intrigue. L’art et ses contrefaçons sont de bonnes idées et un terrain sur lequel on a pas beaucoup vu Bond. Malheureusement cela a aussi donné un côté répétitif au comics dans ses lieux, on passe d’une « galerie/expo-vente » d’art à une autre et voilà pour le type de décors. L’autre problème c’est que le thème de l’art est un peu noyé dans l’intrigue par d’autres thèmes (chantages, trafic d’armes) qui ne seront jamais vraiment pleinement développés…

Ce qui nous amène aux méchants du comics. Si la BD arrive a bâtir un certain sens du mystère les concernant (toutefois gâché par le fait que l’identité du méchant fut révélé sur internet avant qu’on ne le découvre dans l’histoire), leurs motivations restent confuses. Le plan du méchant n’est jamais dévoilé, nous laissant sur notre fin (comme précisé plus tôt les divers thèmes secondaires ne sont pas assez développés). Au final notre grand méchant est assez décevant, le fait qu’il s’agisse du *SPOILER (surlignez le texte pour le voir) retour d’un méchant des romans de Fleming et non d’un méchant original n’apporte vraiment pas grand-chose et était dispensable*, d’autant plus que celui-ci n’a pas beaucoup de présence dans ce comics : à peine arrivé, à peine expédié, sans avoir trop eu le temps de discuter avec 007. Le combat final contre lui s’avère également décevant (malgré quelques bonnes idées dans celui-ci) et le lecteur se voit même privé de sa conclusion (qui se passe hors de notre vue).

En revanche, Nadya, un des seconds couteaux avait un certain potentiel : dommage qu’elle n’ait pas eu le droit à plus de temps de présence.

Il arrive qu’il faille à quelques occasions revenir en arrière et relire car certaines révélations peuvent nous rendre confus et nous faire perdre le fil. C’est notamment la faute de certaines transitions entre les six parties de l’histoire qui laissent aussi à désirer : on a parfois l’impression de passer du coq à l’âne, pourquoi reprend-on sur autre chose que le cliffhanger que le dernier numéro a instauré ? Durant une instance en particulier on ne se retrouve avec une scène d’infiltration sur un bateau sortie de nulle part et dont la présence/utilité ne sera jamais expliquée…

Malgré le rythme assez lent et le manque d’excitation qu’il peut y avoir du fait que les enjeux ne sont pas élevés ou vagues, cela reste une aventure de James Bond qui est agréable à découvrir et change un peu, tout en gardant tous les codes (M, Moneypenny, Q, Aston Martin, etc…).

Mais un comics ce n’est pas que du texte, et côté illustrations celui-ci s’en tire admirablement bien. Quatre illustrateurs (Eric Gaspur, Erica D’Urso, Brent Peeples, Marco Renna) et deux coloristes (Roshan Kurichiyanil, Rebecca Nalty) se partagent cette BD. Pourquoi ? Quel est l’intérêt de changer autant d’artistes à part risquer de créer des disparités d’un numéro à l’autre ? On l’ignore, mais toujours est-il que dans le cas présent les disparités entre les illustrations s’avèrent très légères et que les illustrations sont toutes du même niveau.

En effet le comics est joli, avec de belles expressions faciales ou de beaux effets (comme celui de l’eau dans la partie 3) et est surtout très colorés (ce que j’aime). La garde-robe est particulièrement réussie, comme les scènes d’action (à l’exception de la dernière), bien que concernant celles-ci le comics rate une belle occasion. Effectivement, une scène de combat qui a lieu dans un atelier de peinture aurait mérité d’être plus graphique avec ses pots peintures qui volent dans tous les sens : les personnages en ressortent sans tache de peinture sur eux et c’est dommage ; il y aurait vraiment eu moyen de faire quelque chose de grandiose pour cette scène. De même peut-être aurait-on préféré que nos personnages restent plus silencieux durant les scènes d’action plutôt que de toujours essayer de glisser un bon « mot » entre chaque coup ?

Les bureaux du MI6 sont aussi trop fades et pour un comics qui a pour thème l’art, on aurait aimé que tous les cadres censés contenir des tableaux soient détaillés. Le look du méchant est peut-être décevant (et son sourire trop répétitif). Dernier petit point qui fait un peu tache dans ce tableau pourtant très réussi : les couvertures de certains numéros, qui bien que jolies, présentent des éléments (avions, motos, etc.) qui n’ont absolument rien à voir avec ce comics (et que l’ont pourrait donc qualifiées de « mensongères »).

Date de sortie :

  • James Bond est déjà sortie en VO sous la forme de six volumes (en versions numériques e-books seulement) (publiés du 4 décembre 2019 au 18 juillet 2020).
  • Ces six volumes seront regroupés en seul volume (VO) sous le nom de Big Things pour le 29 septembre 2020.
  • Aucune traduction française n’a été annoncée.

Nos précédentes critiques de comics :

Pour aller plus loin :
Les différents comics et strips James Bond.

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

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