C’est un des livres immanquables du moment : The Lost Adventures of James Bond: Timothy Dalton’s Third and Fourth Bond Films, James Bond Jr., and Other Unmade or Forgotten 007 Projects de Mark Edlitz est sorti le 20 novembre dernier.
C’est le second livre de Edlitz sur Bond après le très sympathique The Many Lives of James Bond: How the Creators of 007 Have Decoded the Superspy (2019) qui était un recueil d’interviews (inédites) de personnes ayant travaillées sur différents aspects/médias variés de l’univers James Bond comme Roger Moore, Bruce Feirstein, Mike Grell, Corey Burton, Andrew Bicknell ou encore Robert McGinnis pour ne citer qu’eux.
Ce nouveau livre n’est dans sa structure pas si différente du précédent : il s’agit également d’un recueil d’interviews couvrant un large éventail de médias Bond. À cela il faut rajouter des résumés détaillés de certaines aventures de Bond qui ne se sont pas/peu faites car, comme le titre l’indique, le livre traite des « aventures perdues de James Bond ». Et c’est un sommaire exceptionnel et alléchant qui attend le lecteur dans ce livre qui se divise en quatre grandes parties :
Scripts de films :
La première partie du livre se concentre sur des scripts qui n’ont jamais été filmés et plus particulièrement ceux prévus pour 3e et 4e films de Timothy Dalton. Ainsi Edlitz commence cette section par livrer un résumé détaillé du scénario Bond 17 de Alfonse Ruggiero Jr et Michael G. Wilson qui incluait notamment des robots, le retour de la DB5 et des pays asiatiques. Si ce n’est pas forcément la partie la plus passionnante du livre (les lecteurs de ce blog pouvant déjà lire l’intrigue complète ici), elle est suivie d’une interview de Ruggiero très sympathique. Le scénariste nous raconte ses mémoires (comment il a été engagé pour Bond, que le roman de Colonel Sun de Kingsley Amis fut envisagé pour le scénario, dans quelle ambiance ce fut écrit, ses souvenirs de Wilson et des Broccoli ou encore nous parle de la séquence de prégénérique que Cubby considérait comme « la meilleure ouverture que nous ayons jamais eue »).
Le second résumé détaillé, qui quant à lui fait bien plaisir, est celui d’un script de William Osborne et William Davies pour Bond 17. L’intrigue, inspirée de celle de Ruggiero/Wilson, apprend t’on contenait des trucs comme une enquête sur le vol d’un avion furtif, un 007 déguisé en cow-boy, une course-poursuite en monster truck à Las Vegas, un Bond pas au top de sa forme et se plaignant d’être basiquement trop vieux pour ces conneries ou encore un saut d’un avion sans parachute pour atterrir dans une piscine (!). Le tout est suivi d’une interview avec les deux scénaristes.
On enchaîne avec un résumé de Reunion with Death de Richard Smith ; bien que des résumés de cette intrigue soient trouvables sur le net (dont sur ce blog), Edlitz ajoute quelques détails qui ne sont pas présents dans ceux-ci et qui rendent la lecture intéressante.
L’auteur revient ensuite en arrière en proposant de bons résumés des scénarios « reboot » de Bond 15 (sur lesquels je ne vais pas trop m’attarder car j’ai déjà un long résumé détaillé en trois parties prêt depuis des mois mais que je ne peux publier à cause de la COVID-19 vu qu’il y a d’autres documents que j’aimerais acquérir avant de publier et que je ne peux pas acquérir en ce moment).
Edlitz interview également John Landis sur son L’espion qui m’aimait (comment il est arrivé a travaillé dessus, ses souvenirs de Cubby Brocoli, ses idées pour Bond – avec notamment un Roger Moore ensanglanté qui se cache sur la croix du Christ dans une église ! -, ses souvenirs du scénario loufoque de Anthony Burgess, ou encore pourquoi il a refusé de réaliser Permis de tuer). Interview très sympa a lire mais qui ultimement ne nous dit malheureusement pas à quoi aurait ressemblé son Bond. Cary Bates est interrogé sur son Moonraker et Nicholas Meyer sur son idée d’avoir un vilain qui a pour plan de réduire la population mondiale pour sauver la planète pour Demain ne meurt jamais. C’est aussi l’occasion d’apprendre que United Artists a voulu faire un film spin-off centré sur le Dr Kaufman après Demain ne meurt jamais !
James Bond Jr.
La seconde partie est dédiée au neveu de James Bond, James Bond Junior et sa production sur laquelle on ne savait presque rien. Autant dire que c’était la partie du livre que j’attendais le plus. Au programme : un résumé de la bible de la série et une interview avec son auteur qui nous parle du temps où la série devait être produite par DIC Enterprises. Mais également des interviews avec le réalisateur/producteur, le compositeur et divers scénariste ; l’occasion de découvrir que la plupart semblent être contents de cette époque et de la liberté créative qu’ils ont eue.
S’il semble que ces messieurs ne révèlent rien de bien croustillant sur les dessous de la série animée (y’avait-il seulement des choses croustillantes à raconter ?), John Peel alias « John Vincent » vient nous parler des novélisations de James Bond Jr. De son aveu le matériel de départ était nul, il nous parle des conflits entre les différentes parties impliquées qui ont fait qu’il a dû faire des révisions pour supprimer un bon nombre de passages, ou encore quand ceux-ci ne se rendaient pas compte ou se foutaient de la propre stupidité de leur concept et histoires (« Il ont trouvé cela stupide » [que je dise que si James Bond Jr. était le neveu de James Bond cela voulait dire que Bond avait un frère qui s’appelait également James quand j’ai demandé pourquoi le personnage s’appelait ainsi]).
David Morris, auteur du livre dont vous êtes le héros As Good As Gold, se prête également au jeu de l’interview et digresse même en déclarant avoir rédigé en 1998 sur un document visant à poser les bases d’un jeu vidéo James Bond pour Ingames Interactive qui souhaitait acquérir les droits pour en faire un.
Enfin The Lost Adventures of James Bond résout un mystère et pas des moindres vu que le livre répond à la grande question laissée en suspend depuis 1967 : qui se cache derrière le mystérieux R. D. Mascott en interviewant la fille de ce dernier !
Comics
The Lost Adventures of James Bond est également une caverne d’Ali Baba pour les lecteurs des aventures de 007 en bandes dessinées. Après une sympathique interview de Germán Gabler des comics Zig Zag d’Amérique du Sud, le livre sort l’artillerie lourde avec celles de Simon Jowett (auteur de A Silent Armageddon et Shattered Helix) et Das Petrou (auteur de Light of My Death) qui en plus de leurs comics respectifs nous parlent d’autres histoires (jusque là inconnues) prévues pour des comics Bond qui ne se sont pas concrétisées.
Simon Jowett va plus loin en autorisant l’auteur a reproduire dans son livre son intrigue complète de A Silent Armageddon qui permet enfin d’avoir un résumé des parties 3 et 4 qui ne furent pas publiées. Dans le même genre, une autre intrigue complète de Jowett pour un comics prévu du nom de A Deadly Prodigal est également inclue à The Lost Adventures of James Bond. Cette dernière devait attribuer pour mission à Bond de protéger un dictateur d’Europe de l’Est, Konstantin Kolovsky, actuellement en visite diplomatique au Royaume-Uni. Toutefois un ancien agent 00 et ami de Bond, William « Bill » Sinclair, qui a été très affecté par les atrocités qui se sont passées lors du putsch de Kolovsky veut assassiner ce dernier.
Le livres contient également quelques dessins de John Burns (A Silent Armageddon) et John Watkiss (Light of My Death) non publiés et une interview avec Rahsan Ekedal qui devait dessiner James Bond: 1942 pour Dynamite, suite annulée d’Origin qui aurait dû amener Bond en Afrique du Nord.
Divers
Parmi les autres sujets variés que couvre le livre on peut citer un chapitre sur les essais/articles écrits par Richard Maibaum visant pour la plupart à promouvoir Opération Tonnerre et dans lesquels il analyse les éléments des films/livres de Bond et parle de son travail sur la saga. Ou encore une interview avec Raymond Benson sur la pièce de théâtre Casino Royale non produite, une avec le réalisateur de License To Thrill (avec des images behind the scenes inédites), une autre avec le réalisateur de la pub Heineken à bateaux, une anecdote sur la fois où Sean Connery a enregistré un message d’anniversaire en « Bond » à Ralph Fiennes, etc…
Quelques illustrations de Pat Carbajal viennent également agrémenter le livre.
The Lost Adventures of James Bond est disponible (en anglais) en formats papiers (31 €) et en format numérique (8 €). S’il n’y a pas de traduction française de prévue, sachez tout de même que le logiciel PC de Kindle permet de copier-coller le texte sur par exemple Google Traduire (bien que le résultat ne sera pas parfait, il sera toutefois largement des plus acceptables pour la personne qui s’y essayerait).
Comme vous l’aurez compris, The Lost Adventures of James Bond est un livre qui vaut bien largement ses 8 euros ! Les sujets qu’il couvre sont intéressants (comment pourrais-je dire le contraire alors que moi-même j’ai écrit sur un bon nombre d’entre eux ?) et il apporte des informations inédites. Le lecteur qui ne s’intéresse qu’aux films de Bond sera-t-il pour autant satisfait ? Pas sûr, c’est davantage un livre qui s’adresse aux fans touchent à tout de Bond. On pourrait également regretter que les interviews soient de qualités inégales, certaines étant beaucoup moins intéressantes que d’autres (exemple avec celle de Steven Oftinoski, auteur du livre dont vous êtes le héros Chasse au barracuda : ça fait plus de 30 ans et il ne se rappelle plus beaucoup de son livre). Si vous ne savez pas quoi offrir à Noël à un fan hardcore de James Bond, inutile de chercher plus loin : The Lost Adventures of James Bond est un des livres qu’il lui faut.
Il me semble indispensable en effet.
Même si cela a été couvert en partie par l’indispensable livre de Robert Sellers, dommage qu’il ne traite pas non plus des différentes tentatives Kevin McClory.
Merci pour le résumé !
une fois que j’ai lu le livre, je suis sûr que le script https://propstoreauction.com/view-auctions/catalog/id/26/lot/3381/JAMES-BOND-BOND-17-Draft-Screenplay a été écrit par michael wilson et alfonse ruggiero