Pour débuter 2015, CJB et Clément Feutry vous propose de découvrir des films qui n’ont jamais vu le jour et d’explorer les conflits autour d’Opération Tonnerre. Scripts, conflits juridiques, rivalités des producteurs, inspirations diverses, etc. C’est tout le monde de Warhead !
Épisode 1 : Aux sources de Warhead…
Épisode 2 : Le script original de Warhead
Épisode 3 : Un scénario voué à l’échec ?
Épisode 4 : Un projet qui n’en finit pas…
Warhead sur les rails
C’est bien beau d’avoir des scripts. Encore faut-il en faire quelque chose !
Retour en 1977/1978 : les scripts commencent à circuler, attirant l’attention. McClory avait déjà annoncé « James Bond of the Secret Service » à Variety en mai 1976 avec un tournage devant commencer en février 1977. Paramount devrait être de la partie et viendrait injecter 22,5 millions de dollars. Des décors sont dessinés et la version finale du script est écrite.

30 avril 1979
Cependant, avec plusieurs millions engagés dans ce projet, Paramount déclare qu’elle ne veut faire le film que si Sean Connery renfile le costume de James Bond. Connery accepte, « après avoir été loin de ce rôle depuis si longtemps, il y avait une certaine quantité de curiosité en moi ». Il semble toutefois qu’il ait tout de même un peu protesté.
Au moment où McClory a déclaré à la presse que Sean Connery était de retour tel « Muhammed Ali au top de sa forme », les fans de 007 étaient sans aucun doute fous de joie ! McClory lâche aussi que Orson Welles et Trevor Howard joueront aux côtés de Connery et des rumeurs qui font mention de Richard Attenborough dans le fauteuil de réalisateur circulent (McClory a aussi à un moment proposé à Connery de réaliser le film).
Kevin McClory se prépare pour une nouvelle bataille juridique. Cette fois-ci, il n’est pas à l’initiative de cette procédure. Cubby Broccoli a allié ses forces avec United Artists et les « Fleming Trustees » pour tenter de stopper le film.
Cette fois-ci, c’est Broccoli qui déclare que le script de Warhead est trop similaire à celui de L’espion qui m’aimait et trop éloigné d’Opération Tonnerre. EON dit que sans la permission de Fleming, McClory ne peut pas faire un film de James Bond rival qui n’est pas vraiment basé sur Opération Tonnerre.
Si McClory est prêt pour la bataille juridique pour défendre son « Star Wars sous l’eau », ce n’est pas le cas de Sean Connery qui joue la carte de la prudence et déclare : « Avant que je mette mon nez dans quoi que se soit, je veux savoir si tout est bon sur le plan juridique ».
Cette déclaration, ainsi que l’action en justice imminente, refroidit sans doute la Paramount qui décide de se retirer du projet. Connery, énervé par la situation juridique, s’éloigne également du projet : « Peut-être que certains avocats vont jouer le rôle [de Bond] » ajoute-t-il. Warhead est mort.
Si Warhead est mort, la volonté de Kevin McClory de faire un film sur James Bond est loin de l’être. En 1979 il annonce son intention de lancer une série de films James Bond en disant que « tant que nous ne sortons pas de films les mêmes années [que ceux de EON], je ne pense pas que cela ferra du mal à l’un d’entre nous ». Ces films n’ont jamais vus le jour.
Jamais plus jamais
En 1981, après avoir passé les dernières années à essayer de trouver un soutien financier et affirmer ses droits, les problèmes de McClory semblent enfin se résoudre grâce à l’arrivée providentielle du producteur américain Jack Schwartzman et de la Warner Bros. Schwartzman sait que McClory dispose des droits pour faire un film de James Bond, il a lu le script de Warhead, et sait que le cas de McClory doit être présenté correctement devant la justice pour qu’il ait sa chance.
Connery est toujours partant pour revenir jouer 007 du moment qu’il n’a pas à traiter avec des avocats (Schwartzman ne voulait pas investir dans le projet s’il n’était pas de la partie). Jack Schwartzman « loue » les droits de McClory (Jamais plus jamais est le film de Schwartzman et non de McClory) et conclut un accord avec la Warner Brothers qui garantit un budget de 34 millions de dollars (Schwartzman avait aussi proposé de faire le film en coproduction avec EON mais Broccoli n’était pas intéressé). Si la préproduction du film est lancée en 1982, le script de Warhead est mis au placard : le scénario du film sera, pour des raisons juridiques, une adaptation d’Opération Tonnerre écrit par Lorenzo Semple Jr à qui l’on demanda « une simple réactualisation moderne d’Opération Tonnerre, rien de plus, rien de moins ». En fait Schwartzman avait délibérément refusé d’acheter le script de Warhead car celui-ci était de toute évidence plus qu’une simple réécriture d’Opération Tonnerre et que cela pourrait alors entraîner des problèmes juridiques.
Lorenzo Semple sera finalement écarté du projet et d’autres scénaristes prendrons la relève comme l’explique le réalisateur Irvin Kershner :
Quelques répliques du film sont dues à Coppola, mais c’est tout. Il avait écrit un scénario que nous avons écarté. J’adore Francis, je considère que c’est un scénariste exceptionnel, mais, comme il était déjà en train de travailler sur deux films, il ne pouvait décemment prétendre travailler sérieusement sur ce Bond. Lorenzo Semple avait travaillé avec Jack Schwartzman et Sean Connery pendant neuf mois lorsque je suis arrivé. Son scénario ne m’a pas convaincu. Alors a commencé une longue série de remaniements. Le scénariste Zalman King a pris l’affaire en main pendant une quinzaine de jours. Puis sont venus Ian LaFresnais et Dick Clement, qui ont pratiquement tout réécrit, tout restructuré. Ils ont su donner une cohérence à quelque chose qui partait dans tous les sens. Le scénario de base était interminable ! [Kershner ajoute aussi qu’il était plus intéressé par développer les personnages que de filmer de belles scènes d’action].
À ces scénaristes s’ajoutent quelques avocats qui étaient chargés de vérifier les scripts comme se souvient le producteur Jack Schwartzman : « les avocats ne cessaient de dire : la ligne du bas est…, si c’est trop différent du film Opération Tonnerre, alors vous ne faites pas un remake, vous faites une suite ». Pour des raisons évidentes de droits, Jamais plus Jamais ne pouvait également pas avoir le droit à des éléments propres à la formule bondienne d’EON tel que le gunbarrel, le James Bond Theme ou un générique avec des filles dénudées.
Voir aussi notre article sur un script de Jamais plus jamais daté de décembre 1982.
Étant donné que EON lance également Octopussy en 1983, les médias s’en donnent à cœur joie avec des titres tels que « La bataille des Bond ». Et malgré certaines fausses rumeurs, Sean Connery et Roger Moore restent très bons amis, ils font notamment une ou plusieurs apparition(s) ensemble.
Une dernière tentative des « Fleming Trustees » pour bloquer le film a lieu dans les tribunaux de Londres au printemps de 1983, mais une fois de plus la cour tranche en faveur de Schwartzman/McClory, la décision de justice de 1963 donnant le droit à McClory d’adapter Opération Tonnerre ; les plaintifs sont invités à ne plus retenter ce genre d’action à l’avenir.
Après plusieurs problèmes et tensions durant la préproduction et production (voir l’article Tournage en enfer du Club JB France), le film sort finalement dans les salles américaines en octobre 1983 sous le titre de Jamais plus jamais (Never Say Never Again). Si le film ne remporte peut-être pas le succès escompté, il constitue tout de même une victoire pour Kevin McClory qui vient ENFIN de réussir indirectement à sortir un Bond rival après toutes ces années (bien qu’il n’ai pas passé beaucoup de temps sur le film, ni joué un rôle important dans celui-ci, selon Irvin Kershner et Jack Schwartzman). Chapeau monsieur !
McClory contre-attaque : Atomic Warhead
McClory avait vendu à Schwartzman le droit de faire un second Bond, mais Schwartzman n’a finalement pas eu envi de faire une troisième version d’Opération Tonnerre (et qui se ferrait sans Connery ; l’acteur s’était fortement embrouillé avec Schwartzman durant Jamais plus jamais). Mais si vous pensiez que Jamais plus jamais marque la fin des tentatives de Kevin McClory pour sortir un autre James Bond, vous le connaissez mal ! Dès 1984 il souhaite visiblement lancer une série de films dont le premier serait intitulé S.P.E.C.T.R.E ou vendre des droits sur Bond comme le montre ces pages de Screen International et Variety :
En 1986, McClory envoie un cable au président de MGM/UA et au cabinet d’avocats Latham & Watkins, pour les informer que les films de Bond empiétaient sur ses droits d’Opération Tonnerre. En 1987, il dépose une correction registration au U.S. Copyright Office qui concerne le roman Opération Tonnerre, se listant lui-même avec Whittingham en tant que co-auteurs du livre. En 1988 dans des pages de Variety, McClory clame que ses droits de James Bond ont été violés par MGM/UA et Danjaq. Malgré tout ceci, McClory n’intentera pas d’action judiciaire.
En 1989, il annonce un nouveau film intitulé Atomic Warhead (ou Warhead 8 ou Atomic Warfare) et approche Pierce Brosnan qui vient de rater le rôle de James Bond à cause de son contrat avec NBC pour la série Remington Steele :
J’ai parlé à Pierce en Irlande [un autre lieu pour Warhead 8], mais à ce stade, ce n’est pas dans notre intérêt de commenter. […] La majeure partie du film se déroulera en Australie. Nous avons beaucoup de tournage sous-marin à faire et une bonne quantité sera fait sur la Grande barrière de corail.
– McClory
Une fois encore, le film ne restera qu’à l’état de projet.

Vers cette époque, McClory envisage aussi une sorte de série dessin animé pour les enfants « James Bond versus SPECTRE » ainsi qu’une série pour adultes de 26 épisodes avec Brosnan ou Liam Neeson. Il pense aussi écrire un livre sur la relation qu’il avait entretenue avec Ian Fleming. Aucun de ces trois projets ne voit le jour.
McClory recontacte aussi Sylvan Whittingham, la fille de Jack qui s’était éteint quelques années plus tôt, et lui explique qu’il va poursuivre EON en apportant la preuve que Richard Maibaum avait lu les scénarios de Jack lorsqu’il a écrit le premier script d’EON en 1961 (ce qui Maibaum a toujours nié). McClory avait cependant tourné le dos à Whittingham après le procès de 1963 et la famille de ce dernier n’avait pas entendu parler de McClory jusqu’à Jamais plus jamais (McClory avait entre-temps attaqué Ivar Bryce en justice pour la publication de son livre You Only Live Once en disant que la partie sur Opération Tonnerre était de la diffamation qui entachait le nom de Whittingham, mais il l’a fait sans même en parler à la famille Whittingham) ! Il demande ainsi à Sylvan les documents utilisés à la court en 1963 prétextant qu’il avait « perdu » les siens (il ne les avait jamais perdus puisqu’il ne les avait jamais eus, en fait c’est son ancien avocat Peter Carter-Ruck qui le détenaient et celui-ci refusait de les donnait à McClory car Kevin ne l’avait pas entièrement payé et l’accusait de conspiration parce qu’il considérait qu’il aurait finalement plus obtenir bien plus lors du procès de 1963). Au final, la famille de Whittingham obtient les documents de Carter-Ruck mais refuse de les donner à McClory.
Warhead 2000 A.D.
La détermination inébranlable de Kevin McClory frappe à nouveau en octobre 1996 où il annonce, dans le magazine Variety, un nouveau film de James bond intitulé Warhead 2000 A.D.
À nouveau basé sur Opération Tonnerre, le film sortira en parallèle des films de Brosnan : « Je suis de retour dans l’entreprise Bond parce que j’ai un couple de films que je veux diriger et James Bond peut me fournir la finance. Je ne voulais plus faire d’autres films de Bond, mais maintenant, arrivé à ce point, j’apprécierais énormément », déclare-t-il.
Qui plus est, il dit que plusieurs grands studios sont intéressés par le projet, qu’il a soulevé l’argent, qu’il a un script, et qu’il s’apprête à signer. Il déclare également être en négociation avec un acteur pour jouer James Bond.

« Un acteur a été choisi pour jouer Bond. Mais nous n’allons pas encore l’annoncer maintenant afin de garder la compétition dans l’obscurité. Non, il ne s’agit pas de Sean Connery. Il est maintenant trop âgé pour être de la partie (66 ans). Mais il s’est dit intéressé par le rôle du méchant, si le prix est correct ». McClory n’exclut pas la possibilité qu’il s’agisse de Timothy Dalton, disant de lui qu’il est un très bon acteur. Il ajoute : « Je suis impatient de faire une partie du film en Irlande. Le reste sera tourné aux États-Unis, en Australie et dans les Caraïbes. Collecter des fonds pour un film de James Bond n’est jamais vraiment un problème. Beaucoup de gens se demandaient où j’avais disparu les deux dernières années. J’étais à Amsterdam, à l’écriture du scénario ! Nous avons une très bonne histoire, un Bond avec une histoire crédible et un puissant ennemi impitoyable, il me permettra de financer les autres films que je veux faire ».
Bien que McClory balance également des phrases du style : « Les droits de Bond appartiennent à United Artists via le feu Albert « Cubby » Broccoli, mais il y a un point faible assez grand pour pouvoir y conduire une Aston Martin à travers », les producteurs de la franchise se refusent à tout commentaire.
En 1997, les choses changent. En début d’année, le site Drudge Report rapporte que Sony essaye d’acquérir les droits sur les films de James Bond. Alors que la rumeur est reprise par les médias, Frank Mancuso de MGM répond à la presse dans Variety (20 mars) : « les droits de franchise James Bond ne sont pas à vendre ». John Calley de Sony refuse quant à lui de commenter. Mais voici qu’en octobre, Sony Pictures annonce que son studio Columbia Pictures va travailler sur une nouvelle franchise cinématographique rivale de 007 avec Kevin McClory ! Sony déclare que son premier film de Bond sera basé sur des œuvres originales crées par McClory, Fleming et Jack Whittingham.
Sony est dirigé par John Calley, ancien président de MGM/UA (Metro Goldwyn Mayer/United Artist, le studio qui s’occupe des James Bond et qui a participé au retour de la série avec Goldeneye). Calley était également à la Warner du temps de Jamais plus Jamais.
Depuis 1989, Sony possède Columbia Pictures qui contrôlait les droits cinématographiques de Casino Royale depuis la version de 1967. De son coté la Metro Goldwyn Mayer possède Orion Pictures depuis 1997 : ce qui leur donne le contrôle sur le film Jamais plus Jamais.
« Il y a eu beaucoup d’excellents Bond au fil des ans. Nous sommes convaincus que McClory a le droit de faire un James Bond », déclare Calley à Daily Variety.
L’homme dit aussi qu’il n’y a pas encore de script, qu’aucun acteur ou réalisateur n’est rattaché au projet. Cependant, il déclare que 1999 sera l’année de sortie du premier Bond de Sony. Il ajoute dans un communiqué que « les nouveaux films de James Bond soulignent notre engagement à créer une franchise qui servira de piquet de tente pour notre calendrier de sortie et à créer des opportunités d’affaires à travers la famille Sony ».
McClory ne commente pas le montant de la transaction, ni le nombre de films qu’il veut faire. Il nie également que tous les nouveaux films seront essentiellement des remakes d’Opération Tonnerre. « J’ai eu plusieurs choix de studios avec qui travailler mais Sony Pictures et Columbia sont au-dessus des autres grâce à leurs expériences, leurs installations de production uniques, leurs effets spéciaux numériques et leurs capacités de distribution mondiale. De plus, c’est une grande opportunité pour rejoindre mes vieux amis John Calley, Gareth Wigan et Amy Pascal pour propulser James Bond dans le 21ème siècle ».

MGM réplique immédiatement et menace Sony de poursuites judiciaires : « Toute affirmation selon laquelle McClory pourrait créer une franchise James Bond est délirante. Nous espérons que Sony n’a pas été dupé par la tromperie de M. McClory. Aujourd’hui, plus que jamais, nous allons vigoureusement utiliser tous les moyens pour protéger cette franchise […] ».

Alors que tout annonce une prochaine grande bataille juridique, c’est sans surprise les intéressés se retrouvent devant la justice.
La bataille qui oppose Sony, McClory et son entreprise Spectre Associates à MGM, Danjaq, (EON, United Artist) est colossale, la conclusion finale ne sera apportée qu’en 2001 !

Le camp MGM dépose plainte pour contrefaçon d’une marque déposée et compétition déloyale (à cette époque MGM est en mauvaise posture financière et compte vraiment sur Bond pour faire rentrer de l’argent) en déclarant que les efforts de Sony pour monter un film de James Bond rival sont dus à « un ancien dirigeant mécontent de la MGM » qui serait partie de la MGM avec des informations confidentielles sur la façon optimale d’exploiter la franchise Bond dans le 21éme siècle. Sony et McClory utilisent alors une stratégie de riposte ubuesque. Non seulement ils clament qu’ils ont le droit de lancer leur propre franchise de Bond, mais en plus ils arguent que tous les autres films de 007 sont basés sur les idées des scripts des prémices d’Opération Tonnerre (dont McClory possède les droits) et qu’il est donc le co-créateur du Bond cinématographique ! Ce qui lui donnerait de ce fait le droit de recevoir de l’argent pour tous les films qui ont été réalisés depuis Dr. No (plus tard il n’en demandera que huit : Dr. No, FRWL, Goldfinger, Thunderball, YOLT, DAF, TSWLM, et TWINE) et de co-posséder le personnage de James Bond (cinématographique). McClory va jusqu’à décrire cela comme étant « le plus grand acte de piraterie dans l’histoire de l’industrie cinématographique » et Daily Variety rapporte que Sony Picture veut une part sur les profits MGM de Bond 18. De plus, McClory affirme que Richard Maibaum avait vu tous les scripts de Jack Whittingham en 1961 et que les scripts écrits à l’époque de Xanadu contenaient le SPECTRE et Blofeld…
De son côté MGM fait valoir que la durée du droit d’auteur de 28 ans des États-Unis a expiré depuis longtemps sur les scripts d’Opération Tonnerre et dit que tous les droits de James Bond leur reviennent à nouveau. Le président de Danjaq a affirmé dans sa déposition que Maibaum n’avait pas eu accès aux scripts McClory (mais qu’il a plutôt basé l’histoire du film sur le roman).
Pendant le procès, il y a un bureau de production avec McClory et une équipe de production qui se réunit pour le développement de cette nouvelle franchise de Sony. Les faits et rumeurs s’intensifient tandis que le Sunday Times publie un article qui suggère que Roland Emmerich travaille avec Sony sur le nouveau film. Les spéculations vont bon train et Sean Connery est une nouvelle fois mentionné comme prétendant au smoking (qui a dit que Roger était trop vieux dans Dangereusement Vôtre ?) ou dans le rôle du méchant. Les noms de Timothy Dalton et de Liam Neeson sont de plus en plus évoqués pour le rôle de Bond (mais rappelons que cependant, John Calley voulait virer Dalton de GoldenEye quelques années plus tôt).
En 1998, The Express annonce que Jason Connery, le fils de Sean, est l’acteur qui jouera James Bond. L’information est démentie par l’agent de Connery. McClory annonce également qu’il va signer avec les derniers 007 : Sean Connery, Timothy Dalton et George Lazenby.
Ron Payne qui est proche du projet essaye d’avoir un rôle pour un de ses amis, un certain George Lazenby… Il imagine que Lazenby pourrait jouer le compte Lippe et que celui-ci dirait « ça c’est pour tous les problèmes que vous m’avez causé ces dernières années, Mr. Bond » en essayant de tuer Bond. Suite a cela il y a eu une discussion entre Lazenby et Branwell McClory (le fils de Kevin).
En octobre 1998, McClory défraye la chronique avec une rumeur d’un certain Doomsday 2000 dont la sortie pourrait bien tenir tête au film d’EON, Le Monde ne suffit pas. Certains autres noms sont rattachés au projet dans la presse tels que Sean Connery pour Bond, Lois Maxwell pour Moneypenny, Geoffrey Palmer pour M, Wesley Snipes pour Largo et Gwyneth Paltrow pour Domino. Le film aurait pour scénario un vol de six missiles de croisière d’un bombardier furtif.
La MGM demande une injonction préliminaire parce qu’elle pense que Sony a effectivement commencé à travailler sur un film de Bond et, malheureusement pour McClory, la justice tranche en faveur de MGM. Le 30 juillet 1998, la major obtient une injonction arrêtant toute pré-production d’un film hors série de Bond jusqu’à ce que les tribunaux aient rendu leur décision finale. Dans ce lien, le journaliste Kevin Collette révèle quelques idées pour le film de Sony, fournis par quelqu’un qui travaillait dessus. Pour Warhead/Doomsday, c’est le début de la fin.

Malgré son accroche, Sony décide de ne pas poursuivre ses plans sur James Bond et accepte un règlement à l’amiable avec la MGM en 1999. Outre des dédommagements financiers pour les deux camps, Sony accepte de céder tous ses droits sur tout ce qui concerne James Bond (dont Casino Royale) en échange de la cession des droits partiels de la MGM sur Spider-Man (ironiquement, les films de James Bond sont produits par Sony et MGM depuis ces dernières années). MGM décide alors d’attaquer son ancien dirigeant, Calley, individuellement.

McClory refuse de faire partie du deal et continue sa croisade judiciaire (son avocat dit notamment qu’il y a une rupture de contrat pour Sony), mais sans succès. La Cour d’Appel rejette son argument de « co-auteur » car il a attendu trop longtemps avant de venir revendiquer ses éventuels droits. « Nous avons conclu que les allégations de McClory sont prescrites dans leur intégralité par la doctrine des laches [terme juridique anglais signifiant un délai déraisonnable pour faire une affirmation ou de la revendication] », peut-on lire dans le résumé de décision de la court en 2001 (voir plus de détails sur le procès et son règlement ici, ici et ici).

Un peu plus tôt, McClory avait réaffirmé sa volonté de faire un 007 avec un projet provisoirement intitulé Warhead 2001 qu’il aurait défini comme « n’étant pas en concurrence avec les autres Bond qui sont selon lui devenus des shoot-’em-up ». Il disait être en discutions avec des compagnies de productions Allemandes et Australiennes pour ce film qui serait majoritairement filmé en Australie. McClory aurait également essayé de vendre ses droits en 2002, sans que cela n’aboutisse.
Au fil des années qui suivent, il n’est pas rare qu’une rumeur indiquant un Warhead par Kevin McClory sorte de temps à autre dans une communauté bondienne.
Ces rumeurs se sont particulièrement intensifiées lorsque Sony Pictures a fait une offre pour acheter la MGM (ce qui s’est finalement fait).
Conclusion
Kevin McClory meurt en 2006, à l’âge de 80 ans, quatre jours seulement après la sortie de Casino Royale. Cela en est fini du projet Warhead (notons tout de même qu’une ultime rumeur est apparue seulement quelques mois avant sa mort). En 2008, une rumeur atterrie sur le net comme quoi un certain Tom O’Casey se dit intéressé de faire quatre films (titres : Blofeld, Warhead, SPECTRE, James Bond of the Secret Service) avec les droits du défunt McClory.
Le 15 novembre 2013, MGM et Danjaq annoncent qu’ils viennent de réussir à récupérer tous les droits de Kevin McClory et déclarent dans un communiqué publié avec les héritiers de McClory qu’ils sont arrivés à « une conclusion à l’amiable aux disputes légales et commerciales qui ont émergé périodiquement au cours de ces 50 dernières années » (voir notre article sur le sujet).
Maintenant en possession de tous les droits, il est fort peu probable que nous entendions à nouveau parler d’une franchise rivale de James Bond dans les prochaines années.
Enfin, si les Warhead (ou peu importe le nom qu’on a pu leur donner) avaient été réalisés, la franchise n’aurait sans doute pas été la même que celle que l’on connait aujourd’hui. Surtout si McClory avait réussi à mettre la main sur Pierce Brosnan avant EON. Bien que les derniers films de la franchise (ainsi que les premiers Spider-Man – qui eux aussi auraient pû être différents) soient tout à fait appréciables, je dois bien admettre que j’aurais aimé voir McClory et Sony réussir leur coup ; et qui sait, peut-être que l’on aurait eu un film de Bond tous les ans en alternant officiel et rival ? Et puis, un Bond versus Bond avec Sean Connery en méchant (Blofeld ?), des requins-robots, un affrontement sur la statue de la Liberté, cela aurait pu être très intéressant. Et quand bien même ils n’avaient pas été aussi bons, ces films auraient eu au moins le mérite d’exister.
Une question demeure pourtant à l’heure actuelle : Est-ce que les Warhead auraient été les derniers films à faire apparaître Ernst Stavro Blofeld, ou est-ce les scénaristes de Spectre nous ont prévu un petit quelque chose pour Bond 24 ? En tout cas un certain Blofeld apparait déjà dans un certain 007 Legends de 2012…
Il est toutefois a noter, que contrairement à la légende urbaine populaire, EON aurait toujours eu le droit d’utiliser SPECTRE et Blofeld dans ses films. McClory prétendait certes être le seul propriétaire de SPECTRE en 1976 (et il a prétendu des tas de choses dans sa vie qui n’étaient pas tout à fait exactes dans sa vie), mais je n’ai jamais trouver aucune trace d’une décision de justice qui lui a attribué à un moment ou un autre les droits exclusifs sur ces deux éléments. EON a toujours eu légalement/juridiquement le droit d’utiliser Blofeld et SPECTRE mais a CHOISIT de son propre chef de ne pas le faire de peur que le camp McClory puisse à ce moment se lancer dans une action juridique (telle une injonction) en PRÉTEXTANT avoir les droits exclusifs (ou des droits tout court) dessus (dans la mesure ou SPECTRE et Blofeld ont été créés dans le cadre d’Opération Tonnerre) : ce qui retarderait le film d’EON, coûterait de l’argent, (sans compter que le juge pourrait à ce moment-là donner raison au camp McClory).
[divider][/divider]À tous ceux qui voudraient en apprendre beaucoup plus sur l’histoire du projet de Xanadu, Warhead, McClory, les litiges sur les droits d’Opération Tonerre, etc… CJB vous recommande très fortement le livre The Battle for Bond de Robert Sellers. L’auteur a eu accès a des tonnes de documents et l’ouvrage raconte toute l’histoire.
Ironiquement ce livre fut aussi l’objet d’une controverse « juridique ». En effet, après sa publication en 2007, la Ian Fleming Will Trust a demandé à l’éditeur et à l’auteur de retirer tous ses exemplaires des librairies sous peine de poursuites judiciaires. La raison ? Officiellement la Ian Fleming Will Trust était contre le fait qu’il y ait des reproductions de lettres écrites par Fleming (sur lesquels elles posséderaient les droits) dans le livre. N’ayant pas les moyens de se lancer dans une telle action juridique pour tenter de défendre le livre, l’éditeur et l’auteur ont préféré à la place publier une seconde version de The Battle for Bond en 2008 dans laquelle les photocopies des lettres de Fleming ont été retirés.
Basiquement la seconde version de The Battle for Bond est la même que la premiére, moins ces lettres (qui ne sont pas vraiment essentielles), moins quelques autres illustrations (dont leur absences n’est malheureusement pas justifié), et avec un prologue de Len Deighton (à la place de celui de Raymond Benson) ainsi que le présence d’un bandeau rouge sur lequel est écrit : « le livre qu’ils ont essayé de bannir » en haut à droite de la couverture.
Bien sûr, si la Ian Fleming Will espéraient enterrer l’histoire de la création du roman Opération Tonnerre en bannissant ce livre, ils ont échoué misérablement parce qu’au final cela a attiré l’attention sur The Battle for Bond (après tout ce n’est pas tous les jours qu’un livre est retiré des rayons) qui s’est de ce fait mieux vendu.
Sources :
The Battle for Bond de Robert Sellers / Club James Bond France / The watchers bondathon / Universal exports
Woutthielemans / Thinkmcflythink / Georgesjournal / Alternative007
Ianfleming.org / The scotsman / Google news / Gamesradar / 007travelers
Moviemuser / Cinetropolis / Wikipedia / FindLaw / Spywise/ Paginas MI6-HQ
Variety / Wikia / TV Week / Eofftv / The Spy Who Thrills Us / Agent007.nu
Vous avez omis de mentionner un projet de série télé égalemment concocté par McClory dans les années 90s ( dont il reste des traces dans certains journaux irlandais de la région de Dublin ) , ainsi que de signaler l’idée de REVENDRE ses supposés droits sur le personnage ( et l’organisation Spectre ) au plus offrant – via une annonce parue dans Variety et le screen International de 2002 …
J’ai effectivement lue quelque part un projet d’adapter Opération Tonnerre en série télé avec Pierce Brosnan, mais je n’ai vraiment trouvé que très peu d’information à ce sujet sur internet, enfaite ce n’était qu’a peine mentionné que sur un seul site et celui-ci n’était pas très fiable… L’idée de vendre ses droits en 2002 est par contre belle est bien mentionnée dans l’article (juste au dessus de l’article du Reading Eagle).
Ben, fallait aller voir sur mon profil FB où j’y ai reproduit la semaine dernière plusieurs documents illustrant les ultimes tentatives de McClory pour essayer de vendre ses pseudos droits à la TV .
Et je confirme par ailleurs l’état relativement avancé de pré-production d’une version de WarHead qui se serait tournée en Irlande ( ai retrouvé des docs ds la Presse Irlandaise des années 2000 lors de mon séjour à Dublin l’année dernière ) .
Tout ceci à l’air très intéressant, aurais-tu un lien à nous faire partager ? 🙂
[…] Restez connectés pour la suite de la chronique ! Épisode 4 : Un projet qui n’en finit pas… […]
Bonjour Clément. Merci pour cet article très intéressant et explicatif.
Concernant le projet de série animée que McClory envisageait, as-t-on plus d’information à ce sujet ?
Merci, ça fait plaisir ! Malheureusement, c’est tout ce que j’ai plus trouver sur le net en ce qui concerne ce projet de série animée, j’imagine cependant que des informations supplémentaires peuvent être trouvé dans le livre de Robert Sellers (l’information vient de deux articles tirés de ce livre si mes souvenirs sont bons).
D’accord, merci ^^
Bonsoir, moi je me suis débrouiller sans tous les tracas. vive 007.
https://www.youtube.com/watch?v=5p1AjN2jOZQ&t=7s