Commander James Bond France

L’autre Sean Connery. Non mais… pas celui là…, l’autre.

Retour sur l’adaptation en jeux vidéo d’un Bond des années 60.

Le 17 février 2004 sort le jeu vidéo « James Bond 007 : Quitte ou double » développé par le studio américain EA Redwood Shore et publié par Electronic Arts. Le jeu est un succès et la critique se montre particulièrement enthousiaste. Il est même considéré aujourd’hui comme l’une des meilleurs adaptations sur consoles de l’univers de Bond.
Loin de se reposer sur ses lauriers, la compagnie Redwood Shore, au moment de la sortie, est déjà au travail sur le jeu suivant, mais un événement inattendu va modifier le destin du projet.

En effet, toujours en février 2014, l’acteur Pierce Brosnan, dont le contrat de quatre films vient de se terminer, après la sortie de « Meurs un autre jour », annonce qu’il ne sera pas reconduit pour le rôle de James Bond malgré d’âpres négociations. La compagnie EON qui produit les films, souhaite orienter le prochain opus de la saga cinématographique dans une nouvelle direction.

Nous sommes alors à plus d’un an de l’annonce de Daniel Craig comme nouvel interprète de Bond et la compagnie EA Redwood Shore, ne pouvant plus compter sur la participation de Brosnan, doit trouver une solution pour son projet en cours. Comme l’idée d’adapter un des anciens films était déjà dans les tuyaux de EA, c’est finalement l’occasion de passer à l’acte.

Le choix se porte sur « Bons baisers de Russie ». Selon le producteur du jeu, Glen Schofield, ce choix se justifie par le fait que le film de 1963 est l’un des plus populaires de la saga.
Ce choix peut paraître étrange. Contrairement à un film comme « Opération Tonnerre », « Bons baisers de Russie » est bien moins centré sur l’action mais d’avantage sur le suspense. L’équipe va donc étendre le scénario du film pour y incorporer plus de d’intensité. Quitte à perdre en cohérence avec l’ambiance du film, mais après tout, nouveau support, nouveaux enjeux.
C’est le scénariste Bruce Feirstein qui aura la tache d’écrire le scénario de cette version vidéoludique de « Bons baisers de Russie ». Feirstein connaît bien la saga Bond puisqu’on lui doit les scénarios de « GoldenEye », « Demain ne meurt jamais » et « Le monde ne suffit pas » au cinéma. Mais également de « Quitte ou double », « Blood Stone » et le remake de « GoldenEye » pour le jeu vidéo.

Le jeu va pouvoir s’appuyer sur un élément marketing de premier plan. Le retour de l’acteur Sean Connery dans le rôle de James Bond !

En effet, à l’age de 74 ans, l’acteur écossais accepte de reprendre le rôle qui l’a rendu célèbre. La dernière apparition de Connery dans le rôle remonte à 1983 pour le film « Jamais plus jamais », soit 21 ans avant la production du jeu.
Il est à noter que Sean Connery n’a pas participé aux séances de motion capture pour le jeu. Il a seulement enregistré ses lignes de dialogue dans le studio de sa maison au Bahamas.

Le travail de reconstitution des visages est impressionnant pour l’époque. L’équipe de développement a passé de nombreuses heures à scanner les visages à partir de scènes du film. Les animateurs ont ensuite du copier les expressions faciales des différents protagonistes.
Bien entendu, James Bond est le personnage qui a bénéficié du plus grand soin, mais les autres protagonistes ne sont pas en reste. Robert Shaw et Daniela Bianchi notamment ont été reconstitués quasiment à l’identique. C’est un vrai bonheur de retrouver tous ces personnages dans le jeu.
Il est regrettable que les jeux suivants, produits par Activision, n’aient pas bénéficié du même soin dans la modélisation des visages que ce « Bons baisers de Russie ».

Côté musique, c’est le compositeur Christopher Lennertz qui remplace John Barry, avec des compositions additionnelles de Philip White.
Pour se rapprocher au plus près du son de l’époque, Lennertz fait appel à Vic Flick, le guitariste qui a enregistré pour la première fois, le fameux James Bond Theme en 1962 !
La bande son du jeu a été enregistrée aux studios Abbey Road de Londres en reproduisant le signal audio de l’époque. Le résultat est assez bluffant et, même si Lennertz n’a pas le talent de composition de Barry, force est d’admettre que le résultat en jeu fonctionne admirablement bien et participe à l’ambiance swinging sixities du titre.

« James Bond 007: Bons baisers de Russie » sort le 1er novembre 2005 aux États-Unis et deux semaines plus tard en Europe sur PS2, Xbox et Gamecube. À noter qu’une version PSP développée par la société anglaise Rebellion Developments (la série « Sniper Elite », « Evil Genius 2 ») est également sortie en Avril 2006.

L’accueil par la presse est assez tiède.
Si le travail sur la modélisation des visages est salué, ainsi que la reconstitution des visuels du film, les journalistes critiquent une jouabilité capricieuse, des niveaux peu inspirés et des phases de conduite décevantes. Il est en effet regrettable que le jeu ne profite pas plus de l’ambiance froide et suspicieuse du film pour proposer des phases de discussions ou d’infiltrations.

Avec l’arrivée d’un nouvel acteur et le choix d’une nouvelle direction artistique pour la saga, le contrat unissant l’univers James Bond à Electronic Arts n’est pas reconduit. « Bons baisers de Russie » sera donc le dernier jeu James Bond développé par l’éditeur américain.
C’est la société Activision (« Call of Duty ») qui va reprendre les rennes de la franchise.

Après la sortie du jeu, le producteur Glen Schofield créera, toujours pour Electronic Arts, la série « Dead Space » redéfinissant le jeu vidéo horrifique sur console. Schofield partira ensuite rejoindre… Activision, pour développer quelques épisodes de « Call of Duty ». Récemment on lui doit le jeu d’horreur « The Calisto Protocol » .
Le compositeur Christopher Lennertz travaillera à nouveau sur un jeu James Bond pour l’adaptation de « Quantum Of Solace » de 2008. Il est, depuis, devenu le compositeur de la série « The Boys ».
La compagnie EA Redwood Shore sera renommée Visceral Games en 2009. Le studio fermera ses portes en 2017 après l’annulation d’un projet de jeu dans l’univers de « Star Wars ».

« Bons baisers de Russie » nous laisse avec la frustration de ne pas avoir eu d’autres adaptations d’anciens James Bond. On se prend à rêver de ce qu’aurait pu donner un « L’espion qui m’aimait » dans le même style et avec, pourquoi pas, un Roger Moore reprenant son rôle.
Malgré ses limites, le jeu est une réussite. Les développeurs ont réussi à cerner ce qui fonctionne dans un jeu vidéo James Bond. Tout ici est une version augmentée de l’univers de la saga. De plus, le plaisir de jouer Sean Connery reste intact même 15 ans après la sortie du jeu.

Sean Connery ne jouera plus jamais James Bond. Officiellement retraité, il ne fera que quelques rares apparitions vocales pour des documentaires avant de décéder le 31 octobre 2020.

Mais avec James Bond, peut-on vraiment dire « Plus jamais » ?

Paul Darbot

Paul Darbot

Si vous n'êtes pas intéressé par le sujet, il est probable que ce soit l'une des passions de Paul. Passionné de musique, de cinéma et de l'univers de James Bond, il pourrait vous en parler pendant des heures. Donc, si vous décidez d'aborder ce sujet avec lui, faites-le en connaissance de cause ! Vous pouvez écouter ses compositions musicales sur son site web : https://pauldarbot.com

Commenter

Bienvenue sur CJB

Translate the page with Google Translate :


Catégories

Nos partenaires du Club James Bond France

Notre Facebook :

Parce qu’un petit like/commentaire fait toujours plaisir ! 😉

Bienvenue sur CJB

Translate the page with Google Translate :


Catégories

Nos partenaires du Club James Bond France

Notre Facebook :

Parce qu’un petit like/commentaire fait toujours plaisir ! 😉