Clement Feutry
Ils s’appellent Bond, James Bond, et ça leur est parfois une bénédiction, parfois une malédiction, d’avoir à partager au quotidien le même patronyme qu’un célèbre personnage de fiction. The Other Fellow est un documentaire de 1h20 réalisé par Matthew Bauer, sorti cette année, qui a pour concept original de raconter ce que les personnes nommées James Bond peuvent vivres. Certains sons nés avec le patronyme, d’autres le sont devenus par choix.
Certes cela peut vous aider à devenir quelque peu populaire à l’école (enfin quand vous n’êtes pas l’objet de railleries), mais parmi les prix à payer il y a subir les mêmes blagues à répétitions, les gens qui ne vous croient pas, ceux qui vous parlent de la saga (surtout quand vous n’en êtes pas fans), les propositions farfelues de commerciaux ou journalistes, ou encore des contrôles d’identité avec la police pas toujours facile (qui aura valu à l’un des James Bond du documentaire de faire de la prison plusieurs mois).
Qui savait qu’ils feraient le même foutu film tous les deux ou trois ans de ma vie ? Que cette franchise éternelle signifierait qu’il n’y ait pas un coin du globe dans lequel je sois épargné ?
-James Bond
Le documentaire montre plusieurs James Bond tels qu’un directeur de théâtre qui n’aime pas vraiment être associé à l’espion mais qui se voit proposer de tourner une publicité pour un site de casino en ligne. Si ce dernier ne semble pas être intéressé par les films James Bond, ce n’est pas le cas d’un grand fan norvégien (007 Museum) dont les romans de Fleming, puis les films, ont tellement eu un impact sur lui qu’il a décidé de vivre à la 007 et changer son identité pour celle de Bond. D’un autre coté un James Bond qui a changé son nom en James Hart à la naissance de sa fille pour lui éviter quelques calvaires, et de l’autre une famille dont appeler ses enfants ainsi est une sorte de tradition… Plus original, une personne devenant James Bond pour être paradoxalement anonyme… mais on ne vous la spoilera pas car le documentaire possède quelques tournants surprises.
The Other Fellow revient aussi sur le James Bond ornithologue à qui Fleming a volé le patronyme au moment de trouver un nom à son personnage ; cette histoire nous est racontée à travers quelques documents d’archives de Fleming et des acteurs jouant M. Bond et sa femme.
Pour les besoins du documentaire, Matthew Bauer a parlé à une centaine de James Bond, le documentaire se concentre toutefois sur 5 d’entre eux qui sont des personnes variées, de différents pays, différents âges, différentes orientations sexuelles et couleurs de peaux.
Le réalisateur Matthew Bauer, James Bonds, un James Bond de l’Indiana avec sa famille.
Le montage parvient à créer une sorte de fil conducteur à ce qui aurait plus ressemblé à des interviews/histoires disparates et inclue quelques VFX réussies.
Au point de vue des points noirs de ce documentaire, le sentiment qu’il ne s’attadarde pas assez sur les problèmes du quotidien pour raconter quelque chose de plus gros : j’aurais aimé un peu plus d’anecdotes insolites ou tragiques sur le sujet. Également une longue section sur un James Bond en prison qui semble un peu hors sujet car pas emprisonné à cause de son patronyme.
Après avoir fait sa première mondiale en Nouvelle-Zélande en juin 2022, puis être parti en Australie The Other Fellow a eu droit à une première française le 1er octobre au Festival du Film britannique de Dinard (Bretagne). Le documentaire a été acheté par une compagnie française, Reservoir Docs, et pour le moment (?) il n’est disponible au grand public sur le web. La version que j’ai vue possédait des sous-titres en français.
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