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Demain ne meurt jamais : analyse d’un shooting script

Le sujet d’aujourd’hui est un « final shooting script » d’environ 127 pages (+ 6 en annexe) de Demain ne meurt jamais. La page de couverture le date du 18 août 1997 mais celui-ci est en réalité constitué d’un meli-mélo de page datées de dates de différentes, au point que la seconde page du script (reproduite ci-dessous) est une sorte de légende listant les révisions faites durant l’écriture du film. (Une autre pages liste les scènes ajoutées et retirées durant le tournage). La page d’entête crédite Bruce Feirstein, David Campbell Wilson, Nicholas Meyer et Daniel Petrie Jr. comme les auteurs de ces pages.

Comme on peut s’attendre d’un « final shooting script », le tout est très similaire au film mais contient quelques différences (plus évidemment les scènes coupées).

Le script commence comme le film et décrit le marché d’armes comme ayant des missiles Scud, des mortiers, MiG, « et d’autres attirails de mort et de destruction non identifiables mais menaçants ». L’hélicoptère que Robinson identifie est un « hélicoptère français A-17 » et non un « Panther AS-565 ». En plus d’Isagura et Gupta, un troisième terroriste est identifié : Gustav Meinholtz (ancien membre de la Stasi, nous dit Robinson).

Lors de l’apparition de Bond il est écrit : « un briquet doré (de chez Dunhill, bien sûr) apparait ». Une autre phrase entre parenthèses apparait peu après lors de la première phrase de l’agent : « Dégoutante habitude (Mortelle habitude) ». Il n’y a pas de mention du fusil (dépliable) de Bond dans ce script, ni de scène de décollage face à un autre MiG (le second MiG apparait toutefois dans le séquence, sortant par surprise de la boule de feu).

Après le générique, et après avoir lancée la torpille-foreuse « Sea-Vac » en direction du Devonshire, Stamper réagit a un écran montrant la torpille ou sa progression :

Stamper : Microsoft ne sortira pas pas de jeux comme ça pendant [encore] des années.

On remarque aussi que Stamper fait descendre les deux MiG chinois (contre un seul dans le film) et il n’y a pas de « délicieux/délectable » et la part de Carver, ni de ligne sur le fait qu’il s’amuse bien avec ses gros titres.

La réunion de Carver avec les chefs de départements est un peu plus longue, on y apprend notamment que :

Carver : Divertissement. Est-ce que l’on fait la promotion de notre nouveau film d’animation dans tous nos médias ?
Mary Golson de « Carver Films » : D’ici la semaine prochaine, il n’y aura pas un parent sur Terre qui ne se sentira pas coupable s’il ne visite pas nos magasins et jouets et nos parcs à thèmes.
[…]  
Carver : Livres : Une quelconque célérité qui a été assassinée cette nuit dont je devrais être au courant ?

Concernant le passage avec M. Wallace il est question d’audience qui baissent car les gens sont branchés à internet via leurs téléphones et Carver demande à Wallace de faire faire au Président de doubler les frais téléphoniques via son chantage. (Dans le film c’est baisser le prix du câble). Carver ajoute « et assurez-vous d’obtenir une bonne/belle photo de la fille pour son livre [à elle] » lorsqu’il lui dit de quand même publier la vidéo.

Quand il parle avec Stamper, Carver lui demande de s’assurer de ramener la cassette [du massacre] « ce soir », ce à quoi Stamper lui dit qu’il la protégera de sa vie.

Plus, loin lorsque Bond reçoit sa BMW de Q, une ligne désignée comme « alternative » (« Je pense qu’on se comprend [la voiture et moi] ») a été gardée au lieu de réplique préconisée : « Avec de l’entraînement, je pourrais [bien] prendre le coup de main ».

Lorsqu’il revoit Paris, une ligne de dialogue que l’ont entend pas dans le film mais que l’ont peut lire dans le script :

Paris : Dis-moi, James, tu dors toujours avec une arme sous ton oreiller ?
Bond : Il y a un petit avantage.
Paris : Vraiment.
Bond : Oui. Je peux attacher un silencieux à l’arme.

Lorsque les hommes de main de Carver s’approchent de Bond lors de la soirée, Wai Lin lui dit : « Il semble que vous pourriez faire quelques affaires » (en référence à la réplique « hostile takeover » de Bond).

La scène de bagarre dans le studio d’enregistrement est un peu plus détaillée que dans le film avec Bond qui casse une guitare sur la tête d’un garde. La scène se fini avec 007 qui encastre la tête d’un méchant sur le clavier d’un synthétiseur (qui produit alors « un son aigu déplaisant ») en commentant à voix haute « sur cette note… » (dans le film il brise un cendrier en verre sur sa tête).

Lors de la scène avec Paris à l’hôtel on remarque qu’elle devait dire « You bastard » avant « C’est cela ? Rentrer à la maison? » et qu’il n’est pas demandé dans le script que Bond la déshabille… Après ça il y a quelques scènes en ordre inversé par rapport au film (Carver réfléchissant seul + Bond et Paris sortent du lit + Carver avec Gupta).

Plus loin, dans l’imprimerie, il ne semble y avoir que l’encodeur GPS dans le coffre-fort de Gupta (pas de mention d’argent, de magazine ou de drogues).

Lors du passage avec le Dr Kaufman, on lit que la journaliste du journal télévisé se nomme Tamara Kelly. Une des lignes de cette dernière que l’ont entend mal dans le film est quand elle dit que M. Carver a été contacté dans son jet privé pour un commentaire sur la mort de sa femme il aurait déclaré qu’elle était « une femme dont la loyauté était incroyable ».

Lorsque Kaufman dit à Bond qu’il se sent comme un idiot car ils n’arrivent pas ouvrir sa voiture, Bond lui répondait :

Bond : J’ai eu beaucoup de problèmes avec des gens qui essayaient de voler la radio…

Lorsque 007 tue le docteur, le script nous dit : « Heureusement nous sommes sur l’expression sinistre de Bond et nous ne voyons pas l’impact ». Peu après les policiers entrent dans la chambre mais Bond n’est plus là. Il était également écrit « un petit saut » pour Bond du bâtiment de l’hôtel à celui du parking.

La poursuite en BMW dans le parking contient quelques différences. D’abord au début de la poursuite Bond se hisse du siège arrière au siège avant. Les roquettes de la voiture partent de l’avant du véhicule. Également la roquette ennemie ne passe pas au travers de la voiture de Bond (Bond l’évite en tournant à droite).

Le passage du câble tendu avec le gadget de scie n’existe pas, à la place il y une scène où Bond se débarrasse de voitures poursuivantes grâce à des « grenades flash magnétiques » qui s’éjectent de l’arrière de sa voiture.

Deux pages annexées au script imaginent des dialogues pour la voiture du genre « Alerte Météo : grêle » quand elle se fait tirer dessus, « Attention : vous n’avez pas mis votre clignotant », quand la roquette ennemie traverse l’auto (dans une version révisée) « Alerte climat : ajustement de la température », « Attention : les quatre roues ont quitté le sol » en fin de poursuite, ou encore certaines lignes que l’ont retrouvent dans le film.

Durant la scène du C-130 il y a quelques altérations. D’abord Wade tient un club de golf à l’intérieur de l’avion :

Wade : Le pilote est un vieil ami. On avait l’habitude de jouer au poker. Le Seven Card Stud cambodgien ; tout est sauvage.

Le sergent de l’Air Force explique également que l’avion vole le long d’une route commerciale pour éviter les suspicions. À la fin de ses explications :

Bond : … C’est un grand océan. Je ne peux pas [le] manquer.

Malgré sa remarque frivole, Bond semble un peu anxieux car quelques lignes plus haut il demande au sergent s’il a d’autres conseils pour lui.

Sergent : Quand la porte s’ouvre, vous sortez.
Wade : Ça sonne définitivement comme mon dernier mariage. Prêt ?
Bond : La seule raison pourquoi je reste dans ce métier est pour l’assurance santé.

À l’intérieur de l’épave, lorsqu’il se fait surprendre par Wai Lin, 007 prend un pistolet de détresse située dans une boite sur un mur et tir vers elle, aveuglant son assaillant puis lui retire son masque avant de réaliser qui il est.

De même, lorsqu’ils devaient d’extirper de l’épave, c’est Bond qui devait passer devant dans le tuyau étroit (poussant sa bouteille d’oxygène devant lui). Wai Lin essayait de faire de même dans un autre tuyau mais sa bouteille heurtait quelque chose et se cassait (« l’air comprimé explose en bulles ») ; elle faisait alors demi-tour pour emprunter le même tuyau que Bond. 007 était alors inconscient qu’elle était derrière lui et qu’elle n’avait plus bouteilles, jusqu’à ce qu’il le remarque et qu’ils remontent à la surfacent en partageant la même bouteille.

Lors de la scène de l’hélicoptère « cargo » qui transporte Bond et Wai Lin menottés, on note que la réplique « Si je ne le connaissais pas mieux, je dirais que l’homme à un complexe d’édifices » était qualifié comme alternative (la réplique principale étant : « On dirait que Carver prépare un autre fête. Cette fois, je pense que c’est pour nous »). Il y a aussi un court passage après cela où Stamper se tourne vers eux et leur dit de ne plus parler, en pointant une arme vers eux.

Devant Carver, quelques lignes manquantes :

Carver : Exactement. César avec ses légions, Napoléon avait ses armées et j’ai mes divisions : actualités. TV. Magazines. 8 000 journalistes dans 132 pays autour du monde.
Bond : Et toujours rien à regarder.
Carver : Dans le siècle prochain, M. Bond, les prochaines batailles n’ont pas lieu sur les terres ou en politique… Mais dans l’esprit des gens. Comment ils pensent, ce qu’ils mangent, ce qu’ils portent, ce qu’ils achètent. L’information est le pouvoir. Et d’ici minuit ce soir, avec l’aide du général Chang, je vais atteindre, et influencer, plus de gens que n’importe qui sur terre ; excepté Dieu lui-même.

Arrive plus loin la poursuite en moto. Il est déjà intéressant de noter qu’ils ne volent pas une moto garée, mais celle d’un garde de Carver que Bond assomme et fait tomber de la moto. Carver qui voit ça depuis son bureau :

Carver : Ils s’enfuient ! Envoyez une voiture ! Utilisez le foutu hélicoptère !

La première partie de la poursuite (avant les toits) est assez différente : pas de crochet de la part de Wai Lin ou d’explosions de feux d’artifice. À la place on a notamment Bond qui arrive dans une impasse ; il se prépare à alors foncer dans une porte fermée d’un bâtiment mais au moment où il arrive à celle-ci, un serveur l’ouvre de derrière. Bond fonce, cassant de la porcelaine dans le bâtiment, puis arrive au niveau des toits (où il y a la cascade du saut par-dessus l’hélicoptère).

007 et Wai Lin atterrissent dans une pièce où « un couple fait l’amour de manière énergétique dans un grand lit » selon le script. Il y a alors un dialogue (en annexe) qui fait référence à un précédent :

Bond : Ne te fait pas d’idée.
Wai Lin : Je n’en avais pas l’intention.

Après cela il y a le passage des balcons qui s’écroulent et du marché, puis il y a une scène où la moto « saute de bateau en bateau » sur une rivière remplie de bateaux avant la scène finale dans l’impasse où ils se débarrassent de l’hélicoptère.

(Il est à noter que les dialogues et les passages où Bond et Wai Lin se bagarrent et changent de position ne sont pas présents durant le texte de la poursuite en moto, mais dans des pages annexées au script (qui contiennent aussi la scène du crochet, pour vers la fin de la poursuite)).

Plus loin, on remarque que le combat dans le magasin de vélo n’est pas vraiment détaillé dans le script. Les scénaristes se concentrent sur Bond : « Bond enjambe un attaquant gémissant juste devant la porte. Il le prend et le jette dehors. Puis il a à éviter un autre attaquant qui vole vers lui. S’avançant davantage dans le magasin de vélo, Bond peut voir Wai Lin se battre contre 3 assaillants. Ce sont des maîtres d’arts martiaux mais Lin est incroyable ».

007 assomme un des assaillants qui a récupéré une arme et les choses se déroulent comme dans le film. Lorsque Bond regarde Wai Lin après après trouvé le nouveau modèle de Walther : « Bond est frappé par la vision de cette femme hautement professionnelle assise à son ordinateur : c’est la première fois qu’il remarque à quel point elle est belle ».

Durant l’épilogue sur le navire furtif, on remarque l’amiral Kelly du HMS Bedford fait tirer un missile sur la flotte chinoise lorsqu’il pense que celle-ci lui a envoyé un missile :

Gupta : Les Britanniques ont répondu à notre missile avec une modération typiquement britannique, tirant un missile sur la flotte chinoise.
Carver : Un seul ? Admirable. Pas de calembour prévu.
Gupta : Et les Chinois ont fait monter les enchères en envoyant un escadron de MiG chinois.
Carver : Comme c’est attentionné. Un certain manque de finesse mais…

Il était prévu des plans où Stamper et ses hommes cherchent les mines placées par Bond et Wai Lin, et les jettent à l’eau. (Bond en avait planqué deux au même endroit, espérant que celui-ci qui chercherait n’en chercherait pas deux si proches, mais Stamper fut plus malin) :

Carver : Excellent. M. Stamper : avez retiré toutes les mines ?
Stamper : Toutes les seize. Dont celle que Bond a cachée. C’est un vieux truc, j’aurais espéré mieux de sa part.
Carver : Je fournirais le commentaire éditorial, merci.

En revanche pas de passage où Wai Lin essaye de se défendre devant Carver et de lui qui se moque alors d’elle en imitant les arts martiaux.

La bombe artisanale que Bond fabrique dans le script est à base de fusées éclairantes, de deux tubes d’oxygène et d’un détonateur de sa montre.

De manière intéressante, il y a une référence aux cartes de Gupta qui apparaissent dans les scènes coupées lorsque Bond kidnappe Gupta :

[Gupta mélange ses cartes à une main devant son ordinateur. Il pose ses cartes].
Gupta (à Carver) : …Ready to rock and ruin.
[Gupta remarque quelque chose de bizarre : les cartes ont disparu. Il se retourne et voit Bond avec le jeu de cartes dans une main et une arme dans l’autre].
Bond : Je pense que vous avez joué votre dernière carte.

(À noter que l’ordre d’un bon nombre de scènes sur le navire furtif est différent dans le script par rapport au film). Dans le script Carver dit qu’il va avoir les droits exclusifs de diffusion en Chine pour « 50 ans » et « So much for German efficiency » est bien écrit dans le script.

Deux références au christianisme ont toutefois été écourtées dans le discours de Carver à Bond lorsque celui-ci à Gupa en otage :

Carver : Pour de grand hommes – présidents, papes, éditeurs et plus que quelques princes royaux – de grands hommes ont toujours manipulé les médias pour changer le monde… Des premiers mots de la Bible au dernier journal du soir de 22h00 d’hier. Comme William Randolph Hearst […]

Après que Wai Lin se soit débarrassé d’un garde avec un shuriken (arme aussi connue comme throwing star) il y a une plaisanterie intraduisible en français quand 007 lui dit « bon travail » : elle répond « I was a star pupil ». (À noter que Bond ne lui sauve pas la mise dans cette scène, il n’y a pas de troisième garde).

Durant la scène d’action qui se déroule peu après, il est écrit que Bond place détonateurs sur le lance-roquette après qu’il ait fini de l’utiliser (et le fait sauter). Wai Lin utilise ses deux dernières balles sur des valves ce qui « déclenche une réaction en chaîne […] la pièce est engloutie dans un souffle de vapeur super-chauffée. Alors que la vapeur s’estompte, les 8 gardes sont révélés, complètement cuits comme du poulet dans un four Tandoori ».

Après la mort de Carver par la foreuse :

Bond : That’s something to chew over.

Le reste est similaire au film.

Retrouvez plus de scripts et autres éléments méconnus dans la section Les scripts !
(Et si jamais vous en avez que l’on a pas encore traité, contactez-nous !)

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

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