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[Bond 25 sans Danny Boyle] Des "différences créatives" pour le meilleur et pour le pire

CJB revient sur les implications du départ de Danny Boyle pour la réalisation du 25e James Bond

La nouvelle est tombée sans plus de détails sur les comptes officiels d’EON Productions : En raisons de « différences créatives » avec les producteurs Michael G. Wilson, Barbara Broccoli et Daniel Craig, le réalisateur Danny Boyle a décidé de ne plus réaliser le prochain James Bond. CJB décrypte les implications de cette nouvelle.

EON_creative

Un dernier pour la route ! Après quatre films avec Daniel Craig dans le smoking de l’agent secret, l’acteur et les producteurs se préparaient sereinement au chant du cygne du 5e interprète de James Bond. Il est parfois plus facile de conclure que de continuer, et avec un nouveau distributeur (Universal), EON misait sans doute sur un réalisateur de renom pour amener le Bond blond sur les écrans, avec la classe et le succès qui s’imposaient.

Les choses n’auront donc été pas si simples, et pour la première fois dans l’histoire de la franchise, 007 perd son réalisateur à quelques mois du début du tournage (lors de l’annonce du réalisateur en mai dernier, le début du tournage était annoncé pour le 4 décembre 2018).

Quelles leçons pouvons nous en tirer sur l’état de la franchise bondienne ?

Bond 25 en eaux troubles

Un contrecoup sévère pour la production

Après la sortie de SPECTRE, les producteurs ont rencontré de nombreux défis : la fatigue de Daniel Craig ayant besoin de faire un break après un tournage fatigant, le succès raisonnable du film au box office et chez les critiques, mais pas aussi bons que pour Skyfall, malgré le retour de Sam Mendes, du SPECTRE et un casting 5 étoiles, le contrat avec Sony arrivant à terme et annonçant de nouvelles négociations pour trouver un distributeur… Les producteurs ont pris leur temps depuis 2015 avant de se lancer sur un nouveau Bond. On imagine le temps passé à convaincre des bailleurs comme Universal, les négociations avec Daniel Craig pour réussir un 5e film, la recherche d’un réalisateur suffisamment connu pour apporter une touche personnelle à cette grosse production.

Alors que tout se mettait en place et à 4 mois du tournage, le départ d’un réalisateur n’est pas à prendre à la légère. Dans le monde des grosses productions, avec les enjeux financiers impliqués, on imagine bien que les “différences créatives” ont du être profondes pour qu’aucun terrain d’entente (et financier) n’ait pu être trouvé. On imagine pourtant que après avoir du travailler avec Sam Mendes, réalisateur exigent, à deux reprises, et l’attachement de Boyle à l’agent secret (le réalisateur est un grand passionné de Bond) les producteurs auraient trouvé les ressources.

Quel plan pour un film en plan ?

Avant l’arrivée de Danny Boyle, les scénaristes habituels des Bond, Neal Purvis et Robert Wade avaient déjà planché sur un scénario. Danny Boyle avait ensuite rejoint la production avec son scénariste compagnon de route en la personne de John Hodge, se proposant d’écrire un scénario original qui était, en mai 2018, pas encore finalisé. Les producteurs se réjouissaient au contraire de travailler avec Boyle et Hodge autour de leurs idées.

En même temps, on sait que la production avait commencé à identifier de potentiels lieux de tournage, quelques fuites laissaient entendre la participation de l’acteur Mark Strong au casting, l’équipe technique commence à se faire connaitre et des appels au casting sont sortis discrètement… Bref, les bases d’un film sont là. Plusieurs bases le sont d’ailleurs ! Reste à savoir si EON choisira d’exploiter le scénario de Hodge, ou reviendra à la proposition originale de Purvis et Wade.

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A quand Bond 25 ?

Tout va donc dépendre du réalisateur qui viendra remplacer Danny Boyle. EON n’a pas les ressources de Disney, et ne dispose sans doute pas d’un carnet d’adresse aussi rempli, dans lequel puiser un réalisateur habitué des grosses productions aussi rapidement. Si la production décide de prendre le temps de trouver un autre réalisateur de renom, qui s’impliquerait en profondeur sur Bond 25, il ne faudrait sans doute pas attendre le prochain film pour 2019. Cela repousserait les adieux de Daniel Craig aux Walther PPK plus de 4 ans après SPECTRE.

L’autre option consisterait bien sûr à engager un réalisateur à moins fort caractère, qui exécuterait plus simplement les lignes directrices fixées par Michael Wilson, Barbara Broccoli et Daniel Craig. Dans ce cas, Bond 25 pourrait arriver comme promis le 25 octobre 2019 (UK), mais sans doute avec moins d’ampleur et de précision qu’un film à la pré-production moins mouvementée (on se souvient de Quantum of Solace à la pré-production paralysée par la grève des scénaristes de 2008, et du résultat qui s’était fait sentir sur le film final).

Une première en 56 ans de Bond

En plus de 50 ans de films de James Bond, on aurait pu penser que ce cas de figure se serait déjà présenté, mais c’est une première pour la production. Les films de l’agent secret avaient déjà connu des problèmes avec leurs distributeurs (le grand hiatus entre 1989 et 1995 était du en partie à un procès entre EON et MGM), avec d’autres producteurs (le fameux affrontement entre EON et Kevin McClory autour d’Opération Tonnerre), ou avec leurs acteurs (négociations tendues avec Georges Lazenby après Au service secret de sa Majesté, et Sean Connery), ou avec le monde d’Hollywood (grève des scénaristes, etc). Mais jusqu’à présent, les réalisateurs n’avaient pas vraiment posé de soucis à la réalisation des James Bond, le modèle dit “familial” d’EON permettant de bons partenariats entre producteurs, réalisateurs, scénaristes, etc.

Pour le pire…

La fin du modèle “Réalisateur Deluxe”

Depuis 2006, la saga James Bond pouvait se venter de mettre sur le devant de leur film des réalisateurs à l’identité forte. Sans minimiser leurs rôles, les réalisateurs entre 1962 et 1989 avait davantage une fonction d’exécutant, devant faire fonctionner ensemble équipes techniques et acteurs sur la base d’un scénario validé par la production. Suite au succès de Casino Royale qui s’était affirmé comme un Bond plus personnel et plus ambitieux artistiquement, EON s’est mis à viser des réalisateurs imposant davantage leur patte aux grosses productions qu’on leur confiait : ça a amené les producteurs à miser sur le jeune Marc Forster nouveau venu d’Hollywood consacré par des films d’auteurs, et Sam Mendès dont la filmographie montre une direction artistique très précise.

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Le problème est que ce type de partenariat producteur – réalisateur ne peut fonctionner que s’ils partagent la même vision de ce que doit être un film de James Bond. Après cette expérience négative, il y a fort à parier que les producteurs vont prendre moins de risques sur la prochaine aventure, et reporteront les grandes expériences lorsqu’un 7e James Bond enfilera le costume.

Un Bond 25 moins ambitieux ?

Avec une pré-production perturbée de la sorte, il y a de gros risques que cela se fasse ressentir sur Bond 25. SPECTRE, qui avait été engagé assez rapidement avec Skyfall, avait par exemple du connaitre de multiples ajustements de scénarios en cours de tournage, et le résultat se voyait sur l’intrigue finale du 24e James Bond : plus convenue et moins surprenante.

“Je veux juste finir sur une bonne note, et j’ai vraiment hâte !”
Daniel Craig en aout 2017

Après Casino Royale qui avait révolutionné la façon de voir Bond, et Skyfall qui avait porté 007 dans un nouvel âge d’or, le départ annoncé de Daniel Craig était l’occasion pour les producteurs de faire quelque chose d’assez inédit : préparer le dernier Bond d’un acteur. Ca aurait été l’occasion de tester un nouveau type d’histoire, d’amener le Bond de Craig encore plus loin que là où il est allé jusqu’à présent dans le personnage. Avec ces difficultés, les chances sont fortes que les risques vont être réduits, en proposant de nouveau un James Bond très classique comme l’était SPECTRE. Il ne faudrait donc pas s’attendre à des surprises de l’ordre de Quantum Of Solace.

L’entrée dans le système Disney

Ce départ de Danny Boyle fait entrer EON  dans le monde des grosses franchises qui tentent de personnaliser leur blockbusters, mais rechignent à laisser trop de marge à leur réalisateur pour la direction artistique : Star Wars, Marvel, DC… Toutes ces franchises ont connu ces dernières années des départs en pleine production de scénaristes et réalisateurs trop indépendants et avec une vision trop affirmée de “leur” film, pour que les producteurs leur laisse les rênes.

Le réalisateur Sam Mendes, les producteurs Michael G. Wilson et Barbara Broccoli et Daniel Craig en 2012

Il faut dire que la concurrence entre blockbusters est de plus en plus rude, et les studios ont de plus en plus peur du film trop “original” qui fera un flop au box office. Bond semble donc rentrer, pour les années à venir, dans les club des studios n’aimant pas prendre trop de risques avec leur marque et leur personnage.

Et pour le meilleur ?

Photo de Danny Boyle par Daniel Lewis
Photo de Danny Boyle par Daniel Lewis

Merci Danny

Tout n’est peut-être pas noir non plus pour Bond 25. Il est déjà bon que les producteurs, Danny Boyle et John Hodge aient choisi d’arrêter la collaboration avant le démarrage du film, et pas en plein tournage. Les producteurs ont encore tout le temps de redresser la barre, et Danny Boyle va pouvoir revenir à des projets où il s’épanouira pleinement, plutôt que de devoir grincer des dents avec un film dont la direction lui échapperait.

On peut même remercier Danny Boyle d’être venu avec des idées sans doute très fortes, et d’être allé jusqu’au bout de sa vision ! L’imprévisible Boyle aurait pu se contenter d’un Bond des plus classiques sans prises de risques, mais on devine qu’il aura essayer d’imposer une vision de 007 sans doute aussi iconoclaste que ses propres films, et peut être trop pour les producteurs cherchant une fin de carrière plus sereine pour le Bond de Craig.

“John Hodge, le réalisateur et moi avons cette idée que John est en train de développer en ce moment. Tout dépend comment ça va aboutir. Ce serait idiot de vous en parler maintenant” Danny Boyle en mars 2018

Et pour les déçus de Boyle, nous avons toujours SON James Bond réalisé en 2012 pour les JO : Daniel Craig, un hélicoptère dans le ciel de Londres, la Reine en James Bond Girl parachutée et des scènes d’action à couper le souffle où l’on peut voir 007 esquiver la féroce garde canine de la Reine. Ça n’était pas arrivé aux autres !

Tout n’est pas prêt d’être noir

Avant cette annonce de la production, les tabloïds étaient tout à leur crise régulière d’Idris Elba aigüe qui consiste à crier sur tous les toits de la toile que le prochain James Bond sera joué par le britannique Idris Elba. Si les rumeurs n’évoluent pas trop, elles ont le mérite de faire avancer le débat sur les questions de Bond, de son rapport à la race, et aux héros qu’on nous propose.

Si la réalisation d’un James Bond avec un acteur pourtant bien ancré dans le rôle et aimé par le public amène un des réalisateurs les plus anglais à renoncer à 007 en cours de route, on peut se douter que les grands changements ne seront pas prêt d’être pour maintenant. La franchise James Bond semble pour l’instant plus préoccupée à réussir ses films, qu’à s’occuper de la couleur de peau de son espion.

Et merci Daniel !

Depuis l’annonce du réalisateur, jusqu’à celle de son départ, Daniel Craig a été de tous les communiqués : il était déjà passé producteur sur Bond 24, c’est lui qui avait convaincu Sam Mendes de réaliser Skyfall, et son nom est maintenant systématiquement attaché aux décisions prises par la production. Daniel Craig : Acteur, Producteur et 007… pas mal comme implication, non ?

Aucun des précédents acteurs ne s’étaient à ce point impliqués dans la réalisation des films. On en est pas non plus au niveau de Tom Cruise qui s’est créé sa propre franchise avec Mission : Impossible, mais et on ne peut que féliciter Daniel de prendre soin de son James Bond.

James Bond will be back !

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Et vous ? Comment voyez vous le futur de Bond 25 ?
 

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  • Généralement le terme de ‘ différences artistiques ‘ ( creative differencies en v.o) cache simplement des histoires de gros sous. Danny Boyle s’est p-e montré trop gourmand dans ses prétentions salariales ( en s’alignant par exemple sur le salaire de Daniel Craig – devenu depuis SPECTRE co-producteur à part entière. Ce qui d’ailleurs ne doit pas enchanter Eon outre mesure…)

  • En réalité, la réponse figure ici dans un article du Telegraph de Londres : https://bit.ly/2MtCVac
    Daniel Craig serait à la source du différend, car il a son mot à dire sur le casting. Or, il y aurait eu mésentente sur le choix du vilain : l’acteur devant interpréter le Russe. Quoi qu’il en soit, il était étonnant d’entrée de jeu que Danny Boyle, un créateur et réalisateur de talent soit tenté par une expérience où ses interventions artistiques et esthétiques seraient limitées par un trademark comme la série des James Bond. Lui-même (Boyle) a dû se surprendre d’accepter… Sa liberté artistique à l’évidence aurait été contestée un jour ou l’autre, aussi bien que ça se produise aujourd’hui, à trois mois et quelques jours du début du tournage de Bond 25. Malgré tout, ce retournement de situation peut provoquer du retard à la production désormais. Mais il y a des réalisateurs qui sont en mesure de prendre de grosses productions hollywoodiennes de ce genre à pieds levés… Pour mémoire, Roger Spottiswoode a démarré le tournage de Demain ne meurt jamais (Tomorrow Never Dies) en avril 1997 pour une sortie américaine en décembre de la même année. La production avait toutefois été précédée par le tournage de la séquence de pré-générique en janvier 1997. Cependant, les processus de production aujourd’hui sont beaucoup plus longs, et il ne faut pas oublier que Bond 25 ne peut prendre l’affiche en décembre compte tenu de la présence du prochain Star Wars au grand écran. Eon Productions et Daniel Craig ont donc beaucoup de pain sur la planche d’ici le 3 décembre prochain. En plus, Mr. Craig deviendra papa pour une seconde fois durant l’automne.

    • Effectivement, ce n’est pas gagné.
      Je pense que Boyle pouvait raisonnablement estimer pouvoir réaliser le Bond dont il avait envie, après que Sam Mendes s’en soit tiré, son expérience sur les JO et sa grosse connaissance du système hollywoodien.
      Ca me semble juste étrange qu’un différend soit arrivé sur une question de casting. Je veux bien croire qu’un scénario un peu politique ait refroidi les producteurs, mais les problèmes de castings se règlent généralement à coup de dollars et de consensus, surtout vu les sommes engagés. Dit comme ça, ça ressemblerait plus à un caprice de star…

  • La boucle était bouclée avec “Spectre” pour Craig.
    Amha, tout en respectant les codes de la saga, les producteurs auraient mieux fait de tenter d’autres choses avec un acteur plus jeune, d’autres idées et d’autres scénaristes.
    Certaines productions comme “Atomic Blonde”, “Red Sparrow” ou encore les 2 derniers “Mission Impossible” prouvent que le genre est loin d’être essoufflé!
    Ceci écrit, si Christopher McQuarrie pouvait prendre la relève de Boyle.
    Encore faut-il prendre quelques risques Madame et Monsieur les producteurs: les acteurs, les scénaristes, les réalisateurs talentueux ne manquent pas.

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