Sur le site internet du FBI, il est possible de consulter des documents aujourd’hui déclassifiés ; l’un d’eux concerne le tournage de Goldfinger. Ce document prend son origine lorsque EON, ou plus précisément le producteur Harry Saltzman, prend contact avec le Ministère de la Défense à Washington car il désire l’assistance de l’Air Force pour qu’elle fournisse un ou quelques avion(s) militaire(s) pour le film Goldfinger.
EON précise à cette occasion que le scénario inclus un plan pour voler Fort Knox et que ce braquage est déjoué « par le FBI » qui sera « dépeint d’une manière favorable pendant tout film ». Toutefois, le directeur J. Edgar Hoover écrit dans une note que les romans de Fleming sont « généralement remplis avec du sexe et des situations bizarres » et que « Miami reçoit l’ordre de contacter Saltzman qui réside à l’hôtel Fontainebleau et de protester vigoureusement contre toute mention du FBI ou de la représentation de ses agents dans le film proposé ». Hoover mentionne la loi publique 670 qui lui donne l’autorité de protéger le FBI contre toute exploitation commerciale : « vous devrez lui mentionner [à Saltzman] avec vigueur la loi publique six soixante-dix qui interdit l’utilisation des mots Federal Bureau of Investigation ou de ses initiales de n’importe manière qu’il soit sans ma permission écrite ».
Le FBI a mené une petite enquête pour savoir qui était Harry Saltzman, Ian Fleming, le scénariste du film (Richard Maibaum) et le roman Goldfinger. Dans ce que l’enquête a compilé sur Fleming on peut lire que « ses histoires sont généralement remplies de belles femmes qui se présentent à [Bond] avec des vêtements légers » et que « plusieurs de ses livres ont retenu notre attention par le passé à des endroits où il faisait des références au FBI, références qui étaient favorables ».
Il est précisé que Kennedy était un grand fan de Fleming et plus étonnamment : « Fleming fut par un temps associé aux services secrets britanniques et il est allégué qu’il fut impliqué dans la planification d’un vol [dans le sens faucher] d’un MiG russe en 1953 de Pologne au Danemark », bien que le FBI précise ne pas être sûr de cela. Un article de Fleming sur William Stephenson est également inclue au dossier. Concernant le roman Goldfinger on peut lire « ce criminel comme ses femmes sont uniquement vêtues de peinture d’or » et une autre erreur se glisse dans un autre document : « l’agent fictif du FBI est nommé Felix Leiter » (il est également précisé qu’il sera joué par Jack Lord comme dans Dr. No mais le rôle reviendra finalement à Cec Linder).
Dans la section « observation » de l’enquête on peut lire que :
Le type de livres que Fleming écrit n’est certainement pas celui où nous voulons que le FBI soit mentionné de quelques façons que ce soit, peu importe si cela peut être favorable dans le film. Les histoires de Fleming sont généralement centrées sur du sexe et des situations bizarres et ce n’est, certainement, pas le type d’histoire auxquels nous voulons être attachés.
Un autre document explique le FBI a mis Saltzman au courant qu’il lui a été interdit de faire toutes mentions du FBI dans le film et qu’on lui a remis deux copies de la Public Law 670. Saltzman a dit que : « ??????? va sans doute mettre en mouvement une procédure […] pour résoudre ceci dans un futur immédiat car de gros investissements ont été faits en connexion avec le film ». On nous précise aussi que « l’Air Force n’a pas la moindre intention de coopérer avec Saltzman ».
Au final, le FBI n’est pas mentionné dans le film Goldfinger et grâce à l’aide de son ami le Lt. Colonel Charles Russhon, Cubby Broccoli a obtenu la permission de filmer la scène aérienne au-dessus de Fort Knox.
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