Commander James Bond France

Try another day : ces musiques recalées, démos ou non utilisées #2

Lumière sur ces musiques et chansons qui ont été rejetées, non utilisées, et quelques reprises/covers notables…

Épisode 1 : De Dr. No à Les diamants sont éternels.

Vivre et laisser mourir

Live and Let Die de Paul McCartney et des Wings est sans doute une des chansons bondiennes les plus reprises de toutes.

La chanson a été réinterprétée par de nombreux artistes dont Stan Kenton en 1973 pour une version instrumentale. En 1986, elle est reprise par le groupe de métal Lizzy Borden puis en 1991, les célèbres Guns N’ Roses en font leur propre version et en sortent même un single ; leur reprise sera nominée dans la catégorie « Best Hard Rock Performance » durant les Grammy Awards de 1993. Hank Marvin en fait une version instrumentale sur son album Heartbeat en 1993, tout comme Mantovani Orchestra. Chrissie Hynde de The Pretenders (Tuer n’est pas jouer) chante la chanson de manière un peu ratée sur l’album de reprises en hommage à la saga Shaken and Stirred de David Arnold. Geri Halliwell des Spice Girls commercialise sa version bien dynamique sur son CD Lift Me Up en novembre 1999.

Fergie des Black Eyed Peas a interprété le titre dans Movies Rock 2007, une émission spéciale de CBS célébrant les musiques de film. Une autre reprise est faite par Duffy pour l’album caritatif War Child Presents Heroes pour l’association War Child. En 2011, même Céline Dion s’y met et inclut la chanson dans son James Bond Medley de son show à Las Vegas. Shirley Bassey enregistre sa version de Live and Let Die (et de nombreuses autres chansons de générique bondien) sur son album de 1991, The Bond Collection (album rare). Byron Lee & The Dragonaires qui ont participé à Dr. No enregistrent quant à eux une version reggae. Le groupe de rock McFly l’inclut aussi dans son medley avec le violoniste David Garrett. N’oublions pas le Live and Let Die de B. J. Arnau qui apparait dans le film et sur le CD officiel de la bande originale.

Enfin, Vivre et laisser mourir s’invite parfois dans d’autres films, à l’exemple de Jennifer Lawrence dans American Hustle.

Paul McCartney et The Wings – Live And Let Die (Group Only/Take 10)

La chanson de Paul McCartney et des Wings fut enregistré en 1972 pendant les sessions de l’album Red Rose Speedway des Wings. En octobre 2018, McCartney a relevé un enregistrement intitulée « Live And Let Die (Group Only/Take 10) » de la chanson qui n’était alors vraisemblablement pas encore terminée. C’est à écouter ici :

L’Homme au pistolet d’or

Alice Cooper – Man with the Golden Gun

Le rocker Alice Cooper (oui, « Alice » est un homme) était fan des romans de Ian Fleming depuis l’enfance et a saisi l’opportunité de proposer une musique pour L’Homme au pistolet d’or. Les choeurs étaient étrangement assurés par divers artistes de renom, mais la chanson qui durait quatre minutes est arrivée aux oreilles des cinéastes trop tard et fut recalée. Alice Cooper n’a d’ailleurs pas hésité a critiqué la chanson qui a finalement été choisie pour le film (interprété par Lulu) :

La notre était une poursuite en voiture, vous pouviez vous imaginer ce qu’il se passait […]. [Les producteurs] ont dit que c’était génial et nous ont remerciés… et puis ils ont choisi de Lulu, qui n’était rien ! Je l’ai entendu et me suis dit : « Ils ont pris ça ? ».

Je lisais les romans de James Bond avant même que le premier film ne sorte. Tout le monde dans la bande aimait ces romans et surtout les bandes-son de John Barry. J’avais découvert que le prochain film aurait pour titre « Man With The Golden Gun ». Je pensais, « Parfait, je vais les devancer et utiliser ce titre pour notre propre chanson, pensant qu’ils voudraient l’utiliser ». Quand ce fut le temps pour eux de faire la bande-son, ils ont utilisé une chanson de Lulu. Lulu ?!

C’était censé être le thème pour Bond, mais en fait il est arrivé trop tard, et au moment où ils l’ont entendu, ils avaient déjà signé pour la chanson de Lulu. J’y suis allé : « Vous allez prendre Lulu pour celui-ci ? » [Rires]. Parce c’était parfait pour L’Homme au pistolet d’or. Ça avait les hélicoptères, les mitraillettes, les Pointer Sisters, Ronnie Spector, et Liza Minnelli pour les chœurs d’arrière-plan ! Nous avons parcouru chacun des albums de John Barry pour essayer d’inventer la chanson de James Bond parfaite, et même Christopher Lee, qui jouait Scaramanga dans le film, a déclaré : « Oh, mec, pourquoi on a pris la chanson de Lulu ? Celle-ci c’était la bonne ! » [Rires]. Alors, oui, nous avons été perdants sur ce coup-là, mais je l’ai quand même mis sur l’album [Muscle of Love]. Je me suis dit, « J’men fou, peu importe je vais faire une piste de James Bond ».




 

Ci-dessus la version de l’album Muscle of Love et ci-dessous une version démo (très rare) de la chanson :

À noter aussi que le CD de la bande originale du film contient étrangement une reprise jazz instrumentale de la chanson de Lulu…

L’espion qui m’aimait

Paul Buckmaster – Anya

La bande originale du CD de L’espion qui m’aimait ne sonne pas exactement comme dans le film, ce qui est notamment le cas avec Bond 77, mais contient également une piste avec de la flute et de la harpe assez romantique écrite par Paul Buckmaster qui n’apparait pas du tout dans le film : Anya. Comme son nom l’indique, cette musique devait être un thème pour ce personnage.

Quelques jours plus tard il [Marvin Hamlisch] appelle et me [Buckmaster] demande de composer deux musiques dans ce style [celui de l’album From East to West de Shusha], qui était un mélange de styles iraniens, nord-africain, égyptien, arabe, pour un couple de scènes dans un night-club du centre-ville du Caire ou peu importe [voir Mojave club et Eastern lights] […]. Il m’a aussi demandé de composer un « Thème pour Anya », qui n’est pas dans la bande-son du film, mais Marvin avait besoin d’une musique pour remplir l’album, comme il n’y avait pas assez de musique dans le film. Donc il y a trois musiques de moi sur l’album, deux apparaissent dans le film.


Nobody does it better est aussi une chanson aimée du cinéma que l’on retrouvera dans plusieurs films, notamment Lost in Translation de Sofia Coppola.

Moonraker

Johnny Mathis – Moonraker

Pour Moonraker, John Barry est de retour et collabore avec Paul Williams pour écrire une chanson qu’il propose à Frank Sinatra. Pour des raisons inconnues, Sinatra qui semblait d’abord enthousiaste, décide de finalement passer son chemin. Sinatra étant hors course, John Barry décide de choisir Johnny Mathis pour la chanter. La chanson fut alors enregistrée par Mathis, mais Barry n’en fut pas satisfait.

Peu après l’enregistrement, Barry revoit par hasard Shirley Bassey et décide de collaborer de nouveau à elle. Avant l’enregistrement de Bassey, Barry demandera à Hal David d’écrire de nouvelles paroles à la hâte (Paul Williams refusait de retravailler ses paroles). Barry se souvient :

À l’époque de Goldfinger, Shirley était la numéro une des chanteuses à Londres, elle n’a pas atteint un public international, mais elle était certainement remarquable en Angleterre. Elle a fait un excellent travail sur Goldfinger, donc quand Les Diamants est arrivé, nous avons décidé de l’utiliser à nouveau. Moonraker était vraiment accidentel. Nous avions quelqu’un de très grand, un chanteur américain, qui a chanté la chanson en premier, mais pour une raison quelconque cela ne fonctionnait tout simplement pas et nous étions pressés. Nous avions un problème de temps. Nous avons enregistré Moonraker à Paris et nous étions de retour à Los Angeles. Un jour après que nous ayons décidé que ce chanteur américain ne nous satisfaisait pas, bien que ce ne soit pas de sa faute, j’étais en train de déjeuner dans un hôtel de Beverly Hills et qui je vois marcher dans le lounge ? Shirley Bassey. Je ne savais même pas qu’elle était en ville. Je l’ai invitée et ai appelé Cubby Broccoli au téléphone et nous étions dans un studio une semaine plus tard. C’était pratiquement le même arrangement, tout pareil et nous avons été très heureux.

Plus tard Bassey déclarera d’ailleurs : « Ce n’était pas vraiment ma chanson, c’était celle de Johnny ». Désolé mais cette version avec Mathis et Paul Williams n’a jamais refait surface et est donc inécoutable… Toutefois voici quelques extrait des paroles que Williams avait écrites :


 

Rien que pour vos yeux

Blondie – For Your Eyes Only

Au début des années 1980, le groupe Blondie cartonne et est un choix évident pour la chanson titre de Rien que pour vos yeux. Il est justement approché pour le film mais il devient très vite clair pour la chanteuse du groupe, Deborah Harry, que ce sont sa voix et son image qui intéressent la production. En effet, l’idée était que Harry interprète sans les autres membres de son groupe une chanson écrite par Bill Conti, le compositeur du film. Debbie refuse : « C’est seulement moi qu’ils voulaient pour jouer leurs piste. Pour utiliser le nom de Blondie, Blondie doit jouer ».

Toutefois, Blondie souhaitant toujours figuré dans Rien que pour vos yeux, propose sa propre chanson dont les paroles n’avaient pas beaucoup à voir avec l’intrigue du film ou la saga : « Nous avons écrit une chanson, notre propre version, et l’avons proposée ». Cependant, la chanson se voit rejeter. Blondie l’intègrera alors dans son album The Hunter un an plus tard.



 

Saviez-vous que Blondie a aussi repris Goldfinger (en version rock) pendant un concert en 1977 ? C’est à écouter ici.

Sheena Easton – For Your Eyes Only (demo)

Bill Conti, sur une suggestion d’United Artists, choisit Sheena Easton pour interpréter une chanson qu’il écrit avec Mick Leeson. Cependant la chanson d’Easton était encore à des bornes de celle qui a été retenue et que nous connaissons ; en fait les paroles de la première version étaient presque totalement différentes, tout comme la mélodie. Les paroles commençaient par « You can hide your fear, hide your joy and grief », ce qui ennuyait bien Maurice Binder qui espérait que la chanson s’ouvre plutôt sur « For Your Eyes Only » afin de pouvoir caser le titre du générique au même moment que la phrase serait prononcée.

Conti a alors de nouveau rencontré Leeson et lui a dit : « Écoute, cette chanson commencera avec For Your Eyes Only. Je me fou de ce que tu écris ensuite ». Une seconde version de la chanson titre fut donc écrite, cette fois beaucoup plus proche de la version que l’on connait, mais avec des paroles encore quelque peu différentes…

Et le mieux dans tout cela, c’est que vous pouvez écouter ces deux anciennes versions ici :



 


 

Vous aurez au passage remarqué ou non que le générique de la vidéo que j’ai postée ci-dessus est vierge de tout écriteau, que les couleurs sont différentes de la version finale et qu’il y a une mini-scène supplémentaire à la fin (voici un comparatif)…

Jamais plus jamais

Phyllis Hyman – Never Say Never Again

Celle-ci n’est pas passée trop loin, c’était proche (mais sans cigare). Enfaite pas vraiment, mais cela sonnait bien comme intro. Pendant le tournage de Jamais plus jamais, l’artiste Stephen Forsyth qui connaissait le réalisateur Irvin Kershner a écrit une chanson pour le film avec l’aide de Jim Ryan. Une fois les paroles et la mélodie écrites, Forsyth se tourne alors vers la chanteuse Kasey Cisyk. Celle-ci la chante mais le résultat n’est pas aussi impactant que voulu et il est décidé de faire appel à la chanteuse de soul Phyllis Hyman. Celle-ci accepte, ils enregistrent Never Say Never Again mais Kershner refuse de l’écouter car il est est inquiet de l’aspect juridique. L’avocat de Forsyth envoie alors la chanson à la Warner (qui était le distributeur du film). Chez Warner on aime la chanson de Phyllis Hyman et on envisage de l’utiliser pour le film.

Cependant l’idée n’a pas enchanté le compositeur du film, Michel Legrand, dont le contrat stipulait qu’il avait aussi le droit de faire la chanson titre. Legrand menaçant d’entamer des poursuites judiciaires, la chanson fut abandonnée et c’est Lani Hall qui décrochât finalement le précieux sésame après que Bonnie Tyler, qui n’aimait pas la nouvelle chanson (écrite par Legrand, Alan et Marilyn Bergman), ait décliné l’offre.

Pendant le tournage du film de James Bond, Jamais plus jamais, j’ai [Stephen Forsyth] co-écrit la chanson-titre avec Jim Ryan. Warner Brothers a informé à notre avocat que la chanson devait être utilisée comme la chanson-titre du film. Cependant, peu de temps avant la sortie, Warner Bros nous a dit que la chanson ne pouvait finalement pas être utilisée parce que Michel Legrand, qui s’occupait de la bande-son, a menacé de les poursuivre en justice, affirmant que selon son contrat, il avait le droit de faire la chanson-titre du film. Donc ma chanson n’est jamais sortie. La légendaire Phyllis Hyman était mon premier choix pour interpréter la chanson et travailler avec elle fut l’un des points culminants de ma carrière musicale. Je l’ai personnellement auditionné et lui ai chanté la chanson pendant qu’elle prenait son petit déjeuner dans le bureau de son manager. Après avoir accepté de la chanter, elle est arrivée au studio et, sans aucune répétition, en ayant seulement entendu la chanson une seule fois durant le petit déjeuner-audition, elle l’a chanté durant une prise parfaite. Phyllis s’est malheureusement suicidée au début des années ’90. L’année avant sa mort, elle m’a appelé tard un soir et m’a dit qu’elle pensait que Never Say Never Again était son meilleur enregistrement, ainsi que son préféré.

Stephen Forsyth lâcha finalement gratuitement la chanson chantée par Hyman sur internet en 2008 (la version de Kasey Cisyk n’a quant à elle jamais refait surface) :



 

Dangereusement vôtre

Duran Duran – A View to a Kill (demo)

A View to a Kill est clairement l’une des meilleures chansons titre de la saga, si ce n’est la meilleure. Mais il n’en fut pas toujours ainsi, des démos où la chanson des Duran Duran était alors beaucoup moins bonne sont trouvables, avec notamment des paroles assez différentes comme « Jump out of the fire » au lieu de « Dance into the fire » pour les plus anciennes. Elles sont apparemment inclus aux albums The Notorious Demos et Big Thing Demos.




Et pour les fans les plus hardcore d’entre vous, on vous propose des sessions d’enregistrements rares où Duran Duran semble chercher le bon theme pour la chanson…


Tuer n’est pas jouer

A-ha – The Living Daylights (Stay on These Roads)
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Contrairement à ce que laisse penser la photo ci-dessus, pour Tuer n’est pas jouer, la collaboration entre John Barry et A-ha était particulièrement tendu, le groupe norvégien n’étant pas toujours d’accord avec la réorchestration du maitre. Barry racontera plus tard que lors de sa dernière contribution à la saga, il a trouvé le travail avec le groupe épuisant en raison de leur insistance pour utiliser leur propre version de la chanson pour la sortie du film.

Dans une entrevue à Hotrod Magazine, le membre du groupe Magne Furuholmen dit que « bien sûr notre légendaire combat avec John Barry a laissé un arrière-gout plutôt désagréable. Apparemment il nous a comparés aux Jeunesses Hitlériennes dans une interview à la presse belge. Nous étions connus en Belgique après cela ». Le guitariste Pål Waaktaar-Savoy prétend quant à lui que Barry n’a jamais contribué au processus créatif et qu’il ne devrait pas avoir son nom sur les crédits. Cependant, Furuholmen dira plus tard : « J’ai aimé le truc qu’il a ajouté à la piste. Je veux dire, il lui a donné ce côté vraiment cool sur l’arrangement des cordes. C’est à ce moment-là que ça a commencé à ressembler à quelque chose de bondien ».

Quoi qu’il en soit, un an après la sortie du film, A-ha ré-enregistre (un peu différemment) la chanson The Living Daylights, cette fois de la manière dont il le veut puisqu’il n’a plus besoin de l’approbation de Barry, et l’inclue à son album Stay on These Roads de 1988 :


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A-ha – The Living Daylights (Demo)
Toujours sur l’album Stay on These Roads (ou plus précisément l’Édition Deluxe de 2015), il est possible de trouver une démo de The Living Daylights :



 

Chrissie Hynde – Where Have I Seen You?

Quand il fut annoncé que Chrissie Hynde des Pretenders travaillait sur Tuer n’est pas jouer, les noms de deux titres ont été dévoillées : Where Has Everybody Gone? et Where Have I Seen You?. La dernière devait etre jouée sur le générique de fin. Au final la chanson qui vient conclure le film s’apelle If There Was a Man et, bien que l’ont ne puisse pas en être sûr, on peut immaginer que le titre original devait comporter des paroles différentes.

Pet Shop Boys – Theme For James Bond & This Must Be The Place I Waited Years To Leave

Si vous n’êtes pas trop jeune, il est presque impossible que vous n’ayez jamais entendu la sublime This Must Be The Place I Waited Years To Leave des Pet Shop Boys au moins une fois dans votre vie. Et pourtant, saviez-vous que cette chanson a existé grâce à Tuer n’est pas jouer ? Difficile à croire au vu des paroles qui évoquent la scolarité, mais cette chanson, ou au plutôt juste sa musique, fut bien écrite pour le film ou du moins juste pour s’entrainer comme l’explique Neil Tennant, membre du groupe :

Elle fut initialement écrite dans le studio à Wandsworth en 1986. À cette époque, on nous avait laisser entendre que l’on pourrait nous demander d’écrire la chanson titre pour le film de James Bond, Tuer n’est pas jouer. Donc comme un exercice musical, nous avons décidé d’écrire quelque chose qui sonnait, à notre avis, comme un thème de James Bond. C’est pourquoi vous avez la guitare au début, qui est une Stratocaster sur laquelle je joue. […] Nous n’avons jamais rien entendu des gens qui sont derrière James Bond, A-ha a fait le thème au final.

Ca parle d’un rêve, que je l’ai eu à plusieurs reprises, dans lequel j’étais de retour à l’école, le lycée, en train de passer un examen et je pense : comment cela est-il arrivé ? Qu’est-il s’est passé ? […] Cela explique le titre, car vous vous demandez où vous êtes et vous réalisez que vous êtes dans l’endroit dont vous étiez impatient de sortir. Je détestait vraiment cet endroit, […] la bénèdiction le mecredi après-midi, […], jouer au football, je ne voulais pas faire partie de tout ça. […] Les paroles ont été écrites tout récemment, mais la musique a été écrite il y a longtemps, lorsque nous pensions qu’on allait nous demander de faire le theme du film de James Bond, Tuer n’est pas jouer. Johnny Marr joue un peu de guitare dessus. […] Après l’avoir écrite, je n’ai plus jamais fait ce rêve.



 

Enfin, sur le net il est possible de trouver des musiques instrumentales intitulés « Theme For James Bond » (soi-disant) des Pet Shop Boys qui viennent d’on ne sait trop où. Si la seconde est basiquement une version instrumentale de This Must Be The Place I Waited Years To Leave dont on parlait précédemment, on constatera que la première avait un petit quelque chose qui faisait très The Living Daylights :

Pour finir sur Tuer n’est pas jouer, petite anecdote amusante : si dans le film la musique associée à Necros est Where Has Everybody Gone? des Pretenders, dans le workprint les scènes étaient originellement montées avec Gimme All Your Lovin’ des ZZ top.

Permis de tuer

La musique de Vic Flick et Eric Clapton

Vic Flick, qui avait joué de la guitare sur quelques James Bond des années 1960, avait enregistré une musique avec le musicien Eric Clapton en 1989 pour une pub Bondienne pour une compagnie de voiture, histoire de faire une promotion croisée entre Bond et la marque de voiture. Il s’agissait apparemment d’une nouvelle version du James Bond Theme. En plus de la musique, ils avaient même enregistré une vidéo. Le compositeur du film, Michael Kamen, fut impliqué dans la création de cette musique qui a finalement étée rejetée par les producteurs :

Ce fut un coup de téléphone sorti de nulle part. Michael Kamen voulait un son de guitare sombre pour compléter la mélodie qu’Eric Clapton allait faire sur leur composition. Alors, connaissant mon penchant pour la low string guitar, il m’a appelé pour la session. C’était bon de voir Eric à nouveau après de nombreuses années et c’était merveilleux de travailler avec ces deux musiciens doués. Eric a magnifiquement joué de la guitare sur la piste et Michael a mis au point un bon arrangement. J’ai fait mon truc avec un countertheme dans le registre grave. Le titre s’est révélé très bon et le jour suivant nous sommes allés dans un loft dans une zone de quai à Londres pour tourner la vidéo. Le peu que j’ai vu de la vidéo était bon. La vidéo a ensuite été soumise aux producteurs du film qui avaient commandé le projet. J’ai attendu, Michael a attendu et Eric était ailleurs en train de faire ses trucs quelque part dans le monde. Après deux semaines, la nouvelle est arrivée comme quoi les producteurs de Bond voulaient une chanson comme thème, qu’ils ont demandé Gladys Knight et les Pips, et qu’ils ont rejeté [blow out] la piste que Michael, Eric et moi avions soumise.

Dans le numéro de juin 1989 du magazine Empire, un article d’un journaliste ayant discuté du film avec les producteurs contient :

L’histoire d’Eric Clapton a eu un certain kilométrage à un moment donné. Wilson a soudainement l’air mal à l’aise. « Oh ouais », il hoche la tête, « Ça n’a pas fonctionné ». Il hésite, « Je vais vous dire… Je ne peux pas vraiment… euh… Je pense que ce que nous avons décidé de faire, c’est de l’oublier, pas vraiment de le faire revivre dans la presse ». Il s’arrête pour un rire amical. « Je pense que nous n’avons tout simplement aucun commentaire ». Finalement, il cède un peu. « Je déteste être mystérieux à ce sujet mais quand quelque chose ne marche pas avec un artiste majeur… euh… nous avons réuni beaucoup de gens et nous avons essayé de faire quelque chose et ils ont tous travaillé très dur dessus et nous avons écouté le résultat et… euh… nous n’avions pas l’impression… que nous n’avions pas vraiment innové. Ou que quel que soit le chemin que nous avions emprunté était dans la mauvaise direction. Le problème, c’est qu’on pourrait dire que nous n’en étions pas satisfaits, mais en fin de compte, tout ce qu’un producteur fait, est de la faute du producteur ». Dans ce cas, il dit que c’était la faute du producteur. « Je ne peux même pas dire que Cubby partage le blâme. Je l’ai convaincu d’essayer. Je dois assumer celle-ci ».

Cette musique est restée considérée comme « perdue » pendent une trentaine d’années, comme le disait Vic Flick lorsqu’on lui demandait en interview :

Eric et Michael avaient composé un nouveau [James Bond] theme et m’avaient demandé de venir et d’inventer quelques riffs de low guitar qui rappelaient le theme original. Nous avons eu une belle journée tous ensemble au studio et le jour suivant nous avons tourné la vidéo dans un loft donnant sur la Tamise. L’enregistrement et la vidéo ont disparu après qu’EON Productions l’ait rejeté car ce n’était pas assez commercial. Comme nous le savons tous, Gladys Knight a eu le job.

C’est la GRANDE question de James Bond. Qu’est-il arrivé à l’enregistrement que j’avais réalisé avec Eric et Michael Kamen ? Personne ne sait vraiment. La dernière personne à l’avoir, je pense que c’était Michael Kamen, mais comme il nous a quitté depuis, la bande est devenue le Saint Graal des fans de Bond.

La piste était excellente. Il y a eu de nombreuses tentatives pour retrouver l’enregistrement, et la vidéo que nous avons tournés, mais en vain. Avec le décès de Michael Kamen, les chances de la trouver sont minces. De nombreux fans de Bond essayent de la retrouver et je leur souhaite bonne chance. S’il vous plaît, si vous tombez dessus, contactez-moi en premier !

Selon Joel Sill, consultant musique sur le film, Michael Kamen s’est présenté complètement au dépourvu à l’enregistrement. Il n’avait pas écrit de partition de musique. Il ajoute que Vic Flick jouait sur la guitare du James Bond theme originel et que :

L’idée était que si cela fonctionnait pour la publicité automobile, nous prévoyions de l’utiliser éventuellement tout au long de la bande-son du film, et aurions eu recourt davantage à Clapton. Mais une fois que le morceau ne fut plus considéré pour la publicité, il n’y avait aucune chance qu’il aille dans le film. Michael avait d’autres espoirs. Mais de mon point de vue, cela n’allait jamais être la chanson titre principale ou finale du film.

Selon Sill, Kamen avait l’intention de composer une chanson titre le film, une musique qui n’était toutefois pas liée à la démo de Clapton.

En 2020 Steve McLaughlin, qui a travaillé sur la musique du film, retrouve la musique. Après une conversation sur le sujet avec les auteurs du livre Some Kind of Hero sur le sujet, il a décidé d’appelé la fille de Michael, Zoe, qui l’a retrouvée dans les archives de son défunt père, sous la forme d’une casette nommée « Bond Theme (1989) ».

En 2022, un super-fan d’Eric Clapton poste sur Soundcloud une musique prétendant être ce morceau perdu. De son pseudo MikeyMike, il possède une grande collection d’enregistrements rares de Clapton parmi lesquels une cassette qu’il aurait eu aux studios Town House et qu’il détiendrait depuis 20 ans.

Il aurait apparemment eu également une version « reel to reel master copy » qu’il aurait prêtée à un ami japonais, qui est décédé depuis. D’une manière ou d’une autre, cette version se serait retrouvé entre les mains de bootleggers prévoyants de sortir une compilation de morceaux de Calpton (voir dessous). MikeyMike aurait mis le morceau de Permis de tuer en ligne afin d’impacté négativement les ventes des bootleggers.

Andrew Glen, éditeur musique du film, a déclaré sur Twitter : « C’est mieux que dans mes souvenirs ! Mais pas vraiment plus 🙂 Il a eu une diffusion très limitée à Pinewood et a ensuite ce morceau rapidement oublié ». Selon Glen, Michael Kamen avait pour projet de ramener des légendes de la guitare pour jouer sur le morceau.

Des fans qui ont tenté de joindre Vic Flick pour avoir son avis sur l’authenticité du morceau seraient vus répondre de sa part (voir les commentaires ici et ici) que la piste ne correspond pas à ses mémoires du morceau, mais que d’un autre coté ça fait plus de 30 ans et que depuis sa mémoire sur le sujet s’est estompée.

Matthew Field et Ajay Chowdhury, les auteurs de Some Kind of Hero, ont confirmés (le lien contient un article de qualité sur le sujet) que la musique détenue par Steve McLaughlin et celle partagée MikeyMike sont les mêmes.

Le morceau posté par MikeyMike :

À suivre…
Épisode 3 : De Goldeneye à Spectre.

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

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