Le samedi 6 Mai 2023 a eu lieu le couronnement de Charles de Windsor, désormais Charles III d’Angleterre.
C’est la première cérémonie de ce type depuis le couronnement d’Elizabeth II en 1953. C’est également en cette même année 1953 qu’arrive en librairie la première aventure de l’agent secret James Bond écrite par Ian Fleming.
Hasard du calendrier ou coïncidence divine?
Peu importe, l’occasion était trop belle pour la Ian Fleming Publication qui va alors commander un nouveau roman sur les aventures de l’agent secret devant se dérouler quelques jours avant le couronnement de Charles III.
L’auteur Charlie Higson, déjà responsable de cinq romans sur la jeunesse de James Bond est ainsi rappelé pour écrire cette nouvelle mission.
La mission donc ?
Deux jours avant le couronnement de Charles III, James Bond doit infiltrer et démanteler l’organisation d’un certain Athelstan of Wessex. Ce dernier, visiblement fou, proclame à qui veut bien l’entendre être le véritable descendant des rois d’Angleterre et, qu’ainsi, le trône lui revient de droit.
Évidement, le choix du sujet est l’occasion de Charlie Higson de revenir sur certains sujets d’actualités brûlants aux Royaumes-Unis. Notamment la monté en puissance de groupuscules d’extrême droite.
On notera au passage, que le sujet était déjà traité d’une fort belle manière dans la première saison de la série Slow Horses.
Pour un roman court, « On His Majesty’s Secret Service » fait le choix de traiter d’un nombre assez surprenant de sujets. La montée de l’extrême droite en Europe donc, mais également l’omniprésence des réseaux sociaux dans la politique mondiale, le mouvement woke, le Brexit, la place de la monarchie dans l’Angleterre contemporaine, la création des groupuscules extrémistes et leurs origines psychologiques et financières.
Bref ! Le roman déborde littéralement de sujets souvent trop gros pour lui. Un roman d’action et d’aventure à la James Bond (et surtout, un aussi court que celui-ci) peut-il vraiment se permettre d’aborder, même de façon parcellaire, des sujets aussi complexes ?
Le résultat sur la lecture est une impression de longueur paradoxale vu la taille du projet.
On sent ici que l’auteur a eu peu de temps pour mener à bien son projet, et que des étapes de relecture et d’édition auraient été nécessaires pour renforcer l’efficacité de l’histoire.
Autre défaut rédhibitoire : cette volonté qu’a le livre de courir après la modernité à tout prix.
Le roman ose nous faire une liste en règle de tous les réseaux sociaux ou sites internet populaires en 2023, avec citation directe des noms façon liste de Noël : Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, Pornhub, LinkedIn. Tous sont nommément cités sans justification, si ce n’est une évidente volonté de sonner plus « jeune et moderne ». Un racolage d’autant plus surprenant que le lecteur amateur de la saga James Bond, celui-là même à qui ce roman s’adresse, goûtera peu à ces appels du pied peu subtils et épuisants.
L’impasse intellectuelle est totale et l’effet de citation, énervant.
Ces deux grands défauts mis à part, « On His Majesty’s Secret Service » est un roman surprenant, dans le bon sens du terme.
On y retrouve le James Bond mélancolique mais romantique, l’assassin froid mais épris de justice décrit pas Fleming.
L’aventure se tient bien lorsqu’elle se concentre sur l’action. Certains sujets abordés sont passionnants et on a droit à un méchant réellement effrayant dans sa compréhension totale de notre époque et de ses enjeux. Imaginez un mélange entre Dominic Cummings et Kim Jong-un.
A noter également, une James Bond-girl troublante et ambiguë, bien que sous-développée. On aurait préféré que le livre se concentre sur ce pervers jeu d’espionnage plutôt que sur les justifications politiques du méchant de l’histoire.
Pour résumer, « On His Majesty’s Secret Service » est un roman déroutant. Plus cérébrale, bavard, sombre et politique qu’on aurait pu le croire, le roman se suit pourtant agréablement.
On en vient à rêver à un nouveau roman écrit par Charlie Higson sur ce James Bond adulte, mais sans les entraves de la commande opportuniste et de la volonté des ayants droits à rajeunir au forceps un personnage qui n’en a jamais réellement eu besoin.
On rappelle au passage que le roman n’est actuellement disponible qu’en langue anglaise.
J’ai trouvé le roman plutôt sympa aussi. Comme tu dis, on sent que l’auteur cherche vraiment à nous balancer un max de référence moderne et je me demande comment dans 20 ans, les nombreuses références à l’actualité récente (invasion du Capitole, augmentation des retraites par Macron), vont être perçu par des lecteurs ignorant totalement de quoi Higson parle car pas vécu. Est-ce que la saveur du roman va pas s’en retrouver diminuer ?
Anyway beaucoup de sujet sur l’extrême droite, un peu pesant à la longue, j’ai l’impression que l’auteur essaye de me faire passer un message politique sur qui ne pas voter à la longue, ce que je trouve un peu désagréable, comme peut être un manque de nuance (Bond peut pas trouver un ou deux point points positifs dans leurs programmes, ne serais-ce qu’augmenter les budgets et les moyens des agences gouvernementales comme celle pour qui il travail ?).
Ce que j’ai trouver hyper désagréable est cependant la tendance d’Higson à me faire la la rétention d’informations. Vlà qu’il se passe des choses derrière mon dos ou pire devant moi dont je ne suis pas au courant (comme quand Ragnarour se confie sur 009 à Bond… mais à pas nous) et qui ne sont expliqués que quelques chapitres plus tard. Pendant ce temps je suis là à me demander « j’ai loupé quelque-chose à cause me ma compréhension de l’anglais ? Sauter des pages ? », « quand est-ce que tu vas ENFIN me révéler ce qu’il s’est passé des dizaines de pages auparavant ? », « c’est quoi cette histoire des 30 hommes qui sort soudain de nul part ? ». Désagréable au possible. Et quand vient les révélations, elles manques d’explication :
L’endroit du château qui attire l’attention de Bond à son arrivé contient quoi au final ? Pourquoi Ragnarour a décidé de trahir Aethelsan ? Qu’est ce que 009 avait découvert ? Comment 009 a t’il été découvert ? Qu’advient t’il après le 4 mai (le cellules planifiant les attentats sont t’elles stoppé avec succès, si oui, comment ?) Comment AE compte un jour être sur le throne un jour comme il le dit ? De quel manière exact il va utiliser son argent pour ? Pourquoi toutes ces interrogations ne trouvent jamais de réponses dans le roman ?
Des trucs trop confus sur est-ce l’assassinat de Charles faisait-il partie de l’opération original ou était il juste un plan de secours ? Y’a tout et son contraire à ce sujet j’ai l’impression.
L’orthographe du prénom de la Bond girl ajoute de la lourdeur inutile a chaque fois qu’il est visible sur le papier (un alphabet normal aurait été appréciable avec déjà la présence d’un Aethelsan dans le récit). Puis ce personnage manque cruellement de développement et est vraiment stéréotype : couche avec Bond à peine rencontré, femme forte comme dans tous les films de notre époque. Certains autres points manque de précisons, le final qu’on ne sait pas trop où il se déroule (on dois juste se contenter du mot « palais » au détour d’une phrase aisément manquable), le capitaines des forces spécial qui connaît bond depuis des années (mais qu’on nous dit jamais ils ont fait quoi ensembles ces années là…), le « Polaris » sans qu’on nous précise un model précis, etc…
Le suspens et l’histoire en général, les introspections de Bond, tout ça est plutôt bon en revanche je trouve.