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IO Interactive – L’héritage de l’espion #3

L’héritage de l’espion. Cette série d’articles exclusifs à Commander Bond, vous propose de revenir sur les œuvres qui s’inspirent ou qui ont inspiré l’univers de l’agent secret le plus célèbre du monde. Au cours de l’histoire, la saga James Bond a tantôt été créatrice de mode, puis a elle-même puisé son inspiration chez la concurrence. Qu’est-ce qui fait l’identité d’un James Bond ? C’est la question qui a motivé cette nouvelle série d’articles.

Alors que l’attente d’un nouveau film James Bond promet d’être longue, d’autres projets autour de la franchise attisent petit à petit la curiosité des fans. L’un d’eux est le désormais fameux « Project 007 », un futur jeu vidéo d’action à gros budget développé par la société danoise IO Interactive.

Mais quel est donc ce studio et pourquoi nous semble-t-il tout à fait à même de réaliser un grand jeu 007 ?

Asseyez vous, je vous explique.

Le studio IO Interactive est fondé à Copenhague en 1998. La société est née des efforts communs de deux entités. D’une part, une équipe de développeurs indépendants du nom de Reto-Moto. D’autre part par la société Nordisk Film, spécialisée dans la création pour le cinéma depuis… 1906 ! Le mélange entre cinéma et jeu vidéo était donc présent dès la naissance du studio.

La société nouvellement créée va, dans un premier temps, chercher à créer un jeu en ligne massivement multijoueur dans un univers de Fantasy, mais la Nordisk Film va plutôt leur conseiller de viser moins haut, en s’essayant au shooter. L’équipe de développement se cherchera pendant un moment avant de lancer l’aventure « Hitman: Codename 47 » en 1998.

Hitman : Codename 47 (2000)

Il est si intense !

Les inspirations pour ce qui devait être, à la base, un simple « run & gun » sont claires, le cinéma de Hong-Kong est à la mode et les univers de John Woo ou de Tsui Hark ont marqué les esprits avec des films comme « Hard Boiled », « The Killer » ou encore « Time & Tide ». Le futur Hitman s’inspira donc de ce cinéma alors en pleine ébullition.

L’équipe va progressivement s’éloigner du simple « run & gun » pour s’approcher de la simulation et de l’infiltration. C’est ce qui donnera l’idée d’interpréter un tueur à gage dans des cartes relativement petites. L’objectif est simple, le joueur a une cible à abattre et autant de possibilités pour le faire. Se reposant sur une liberté d’action inégalée, « Hitman » propose un challenge corsé mais rafraichissant pour l’époque. Le public ne s’y trompera pas et fera un triomphe au premier jeu de IO Interactive.

Egalement à l’origine de ce succès, le personnage d’ores et déjà iconique de l’Agent 47. Loin du dandy séducteur qu’est James Bond, 47 est une machine à tuer froide et calculatrice qui ne semble motivée par rien d’autre que l’accomplissement de sa mission. On sent pourtant que les développeurs ont jeté un œil sur le héros de Ian Fleming, 47 arborant un costume de tailleur impeccable au début de chaque mission. Un détail qui semble anodin, mais qui renforce le rapprochement entre les deux héros. Après tout, n’ont-ils pas le même métier ?

IO Interactive de 2002 à 2006

Derrière la société IO Interactive, il y a un éditeur, Eidos Interactive. Cette société anglaise est alors portée par le triomphe absolu de la saga Tomb Raider et sa philosophie est de tirer sur la corde des franchises jusqu’à l’épuisement.

Où est le service RH ?

Entre 2002 et 2006, IO Interactive sera tenu de publier un jeu « Hitman » par an jusqu’à l’arrivée des consoles de nouvelles générations (PS3, Xbox 360). Se suivront donc « Hitman 2 : Silent Assassin » en 2002, « Hitman : Contracts » en 2003 et « Hitman : Blood Money » en 2006. On notera une pose entre les épisodes trois et quatre, car IO Interactive était occupé par la production du jeu « Freedom Fighters », sorti en 2004, pour la société Electronic Arts.
L’arrivée de consoles plus puissantes, étendra les durées de production des jeux, mais le rythme au sein du studio reste toujours aussi infernal.

Kane & Lynch (2007 – 2010)

La courte saga « Kane & Lynch » est née de l’envie de IO Interactive de proposer autre chose que les mêmes jeux « Hitman » année après année. Si l’agent 47 opérait en solo et devait faire preuve de discrétion, Kane et son acolyte Lynch peuvent se jouer à deux joueurs et font dans la force brute. Les influences pour cette nouvelle franchise semblent être, au départ, les films de Michael Mann, notamment la célèbre séquence de braquage du film « Heat » (1195).

Poésie et nougatine pour cette nouvelle licence.

Si il est intéressant de s’arrêter sur le cas « Kane & Lynch », c’est parce que le jeu prouve que IO Interactive ne s’est pas contenté des jeux « Hitman » au fil des années. Ayant en charge un jeu vidéo James Bond, la société se doit également de prouver sa maîtrise des codes du pur cinéma d’action. Les jeux « Kane & Lynch » prouvent, malgré des défauts de gameplay et une violence souvent gratuite, que le studio sait faire parler la poudre au besoin.

Le premier jeu de la saga, « Kane & Lynch : Dead Men » connaîtra un succès timide qui donnera néanmoins droit à une suite, « Kane & Lynch : Dog Days » qui a la particularité d’être le premier jeu de IO Interactive à être publié par la nouvelle entité Square Enix Europe. En effet, en difficultés financières depuis le développement catastrophique de son « Tomb Raider – L’Ange des Ténèbres », Eidos Interactive a dû accepter un rachat par la société japonaise Square Enix, connue pour les jeux Final Fantasy.

Dernier jeu pour Eidos avant le rachat… changement d’ambiance.

IO Interactive et Square Enix (2010 – 2016)

Période complexe si il en est que celle qui vit Square Enix tenter de conquérir le marché du jeu vidéo occidental. Désormais propriétaire de franchises à succès telles que « Tomb Raider », « Deux Ex » et évidemment, « Hitman », l’éditeur japonais va alors se lancer dans une exploitation ambitieuse de son nouveau portefeuille de propriétés intellectuelles.

Hitman – Jason Bourne édition

Pour ce qui est de la saga Hitman, c’est le bordélique, le fade, l’incompréhensible « Hitman Absolution » qui ouvre le bal en 2012. Là où la franchise se reposait sur la tactique, l’infiltration et l’observation pour proposer des challenges variés et stressants, « Hitman Absolution » va tenter le jeu grand spectacle, multipliant les références cinématographiques tout en tentant d’installer une atmosphère sombre et torturée, très inspirée des renaissances au cinéma de Batman et… de James Bond avec « Casino Royal ». Le soucis, c’est que « Hitman Absolution » ne sait jamais sur quel pied danser. Ni amusant en tant que jeu d’assassinat, ni distrayant en tant que jeu d’action, le projet sera un échec et forcera IO Interactive à revoir sa stratégie pour l’épisode suivant.

Mais avant de voir la lumière au bout du tunnel, Square Enix va tenter l’exploitation de la licence avec ses outils habituels. On va donc avoir le droit au jeu sur mobiles avec le sympathique « Hitman Go » et le pas terrible « Hitman Sniper » et le remaster des anciens jeux avec la compilation « Hitman HD Trilogy » pour Playstation 3 et Xbox 360.

Hitman : World Of Assassination (2016 – 2022)

Après l’échec tant critique que public de « Hitman Absolution », IO Interactive souhaite revenir à la base de la formule. Un environnement semi-ouvert, une boucle temporelle unique pour chaque niveau et des opportunités multiples pour tuer sa cible. En terme d’ambiance, la série va connaître un revirement intéressant. Si, jusque là, les jeux Hitman s’inspiraient des polars cradingues des années 2000, ce reboot de la saga va plutôt aller chercher du côté du thriller d’espionnage. 47 va se rendre dans des lieux paradisiaques, les enjeux se feront plus globaux, le scénario entier de cette nouvelle trilogie traitant de l’espionnage industriel et des nouvelles technologies. On est proche du Spy-fi, genre dont nous parlions déjà ici.

47, Agent 47

Evidemment, l’ombre de James Bond n’est pas loin et les créateurs du jeu vont même pousser la référence le temps d’un niveau qu’on pourrait voir comme une lettre ouverte à EON Production. Ce niveau, c’est celui de Sapienza dans le premier opus du reboot publié en 2016. Décor de carte postale, femme fatale comme cible, base secrète dissimulée sous terre et fuite en véhicule. Même la musique du niveau évoque, avec sa flute basse, l’univers de 007.

Le niveau reste encore aujourd’hui l’un des préférés des joueurs.

Il est donc peu étonnant qu’après une trilogie d’une telle maîtrise, et après avoir prouvé qu’ils comprenaient totalement les codes du thriller d’espionnage, le studio IO se soit vu proposer de réaliser le prochain jeu vidéo James Bond.

Project 007 (?)

De ce futur projet, nous ne savons que peu de choses. Il s’agira d’une histoire inédite. Le James Bond du jeu ne sera basé sur aucun des comédiens déjà passés par la saga. Inutile donc d’attendre de voir Daniel Craig ou Sean Connery dans le costume pour ce prochain jeu (mais les mods existent pour ça non ?)
Le projet de IO Interactive avec ce Project 007 est de poser les bases d’une nouvelle version de la franchise pensée pour le jeu vidéo qui puisse ne rien devoir à son pendant cinématographique et exister par elle même. Le nouveau 007 numérique devra être présent dans plusieurs projets à venir et pas ce seul jeu.

À ceux qui attendent un « Hitman » dans l’univers de 007, cela ne semble pas non plus être le projet, puisque les développeurs ont récemment annoncé leur envie de s’éloigner de leur franchise culte pour ce qui concerne le gameplay.

Il ne nous reste donc plus qu’à attendre et voir ce que IO Interactive pourra nous proposer dans l’univers de James Bond. Mais avec le pédigré que nous venons de passer en revue, nul doute que le studio a toutes les cartes en main et que les attentes les plus folles sont permises.

Laissons les donc à leurs préparatifs…

Les autres articles L’héritage de l’espion :

L’héritage de l’espion #1 : Mission Impossible 7 et Heart of Stone

L’héritage de l’espion #2 : Le cinéma de Matthew Vaughn

Paul Darbot

Si vous n'êtes pas intéressé par le sujet, il est probable que ce soit l'une des passions de Paul. Passionné de musique, de cinéma et de l'univers de James Bond, il pourrait vous en parler pendant des heures. Donc, si vous décidez d'aborder ce sujet avec lui, faites-le en connaissance de cause ! Vous pouvez écouter ses compositions musicales sur son site web : https://pauldarbot.com

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