Comme pour Le monde ne suffit pas, nous revenons sur les rapports de Yarborough (voir ici) que l’on pouvait à l’époque trouver sur le site officiel de Meurs un autre jour. Malheureusement ce site aussi n’existe plus aujourd’hui… mais nous avons décidé que ces rapports mourront un autre jour :
Prenons la DeLorean avec Roger Moore et remontons dans le temps !
Retour à Pinewood
(25 décembre 2001) Bonjour ! Nous voici de retour en Angleterre, aux studios Pinewood, où nous nous préparons à vivre la vingtième mission de l’agent 007. Cela ressemble beaucoup à la rentrée des classes ! Tandis qu’on déballe les cartons, les équipes qui s’étaient perdues de vue depuis le dernier Bond rattrapent le temps perdu. On a peine à croire que deux années se sont écoulées depuis Le monde ne suffit pas.
Bien sûr, beaucoup travaillent déjà dur depuis des mois aux côtés des producteurs, Michael G. Wilson et Barbara Broccoli, et du réalisateur, Lee Tamahori. Le tournage débute le 14 janvier et vous imaginez bien qu’un film de Bond nécessite bien plus que quelques semaines de préparation… Je suis déjà tombé sur plein de vieux amis : Anthony Waye le producteur exécutif, Vic Armstrong le coordinateur des cascades, Peter Lamont le chef décorateur, Chris Corbould le superviseur des effets spéciaux ou bien encore Lindy Hemming la créatrice des costumes. Et je me suis aussi fait de nouveaux amis. A commencer par Halle Berry : c’est avec joie que je vous confirme qu’elle sera bel et bien Jinx, un personnage dont je vous reparlerai prochainement. Tout comme je vous confirme qu’un autre rôle clé, celui de Gala Brand (avec qui je me réjouis de croiser le fer !) sera tenu par l’actrice anglaise Rosamund Pike.
Au cours des prochains mois, vous vous familiariserez avec les équipes artistiques et techniques. Beaucoup de noms, de visages, vous rappelleront ma dernière aventure. Comme je vous l’ai souvent dit, les films de Bond sont faits « en famille » – étendue, certes – et ce nouveau tournage a tout d’une réunion de famille.
C’est dans cet esprit que Cubby Broccoli entendait faire ses films et c’est cette tradition que perpétuent non sans fierté ses héritiers, les producteurs Michael et Barbara. Aussi ai-je pensé aux avantages que pouvait vous offrir une telle continuité dans le temps, car c’est à Pinewood plus que partout ailleurs qu’on trouve une formidable mine d’informations sur l’Aventure Bond. Avez-vous des questions concernant les films de Bond auxquelles vous voudriez qu’on réponde ? Peut-être n’en connaitrais-je pas toutes les réponses, mais je saurais certainement à qui m’adresser pour vous les donner. Pour l’instant, je ne peux pas trop dévoiler l’intrigue de ce nouveau film, mais vous serez les premiers informés dans les mois à venir. Ce qui nous laisse quand même dix-neuf films dont nous pouvons parler !
J’attends impatiemment de vos nouvelles. En attendant, je retourne défaire mes bagages !
Foire aux questions (FAQ)
(5 janvier 2002) Bonne Année à tous ! Nous sommes à moins d’une semaine du début du tournage et comme vous pouvez l’imaginer, ça ne chôme pas du côté de Pinewood. J’ai passé une bonne partie des fêtes de fin d’année à dépouiller et lire les centaines de questions dont nous avons été inondés. Bien sûr, nous savions nos fans nombreux, mais c’est la diversité et la complexité de vos questions qui nous ont le plus impressionnées. Nous allons tâcher de répondre à certaines avant que le début du tournage ne réclame toute notre attention.
Scott Hand voulait connaître le nom du Directeur de la Photographie. Il s’agit de David Tatersall, qui vient tout juste de finir le tournage du dernier Star Wars. Nous lui parlerons dans les prochaines semaines.
Tommy (ne sois pas timide : indique-nous ton nom de famille et celui de ton pays, OK ?) nous interroge sur la montre Omega . Bond aura toujours au poignet sa fidèle Seamaster avec, bien sûr, quelques subtils détails habilement concoctés par la Section Q.
Ruud Rozemeyer nous écrit de Hollande pour savoir s’il retrouvera Iris Rose dans ce nouveau Bond. Qu’il soit rassuré. Ce sera sa dixième collaboration avec nous. Sur Rollerball, à ses débuts, Iris dactylographiait les scénarios. Aujourd’hui, elle gère tous les déplacements des équipes de tournage, et ils se comptent littéralement par milliers. Je prends toujours plaisir à aller la voir dans son bureau, non seulement pour la gaieté de son visage mais aussi parce qu’il annonce de nouveaux départs vers des terres inconnues.
Tim Roth, lui, nous écrit d’Allemagne. J’imagine qu’il ne s’agit pas du même Tim Roth qui, dans le rôle d’Olivier Cromwell, tourne à deux pas d’ici dans les studios de Shepperton. Il a entendu dire que nous allions bientôt convoquer la presse sur le tournage. Cette rumeur, contrairement à beaucoup qui ont circulé dans la presse ces dernières semaines, est bel et bien fondée. La conférence de presse se tiendra aux studios de Pinewood le vendredi 11 et nous en diffuserons les moments forts, sur ce site, en fin de journée.
Ce même vendredi, nous organisons un déjeuner pour fêter le quarantième anniversaire de la sortie de Dr No. Beaucoup d’amis de longue date, tous aux génériques des Bond, viendront aussi pour assister à l’inauguration de la plaque commémorative à la mémoire de Cubby Broccoli. Une journée qui promet d’être chargée…Et dont, bien évidemment, je viendrai vous parler en détail !
Lancement de la production
(15 janvier) Un seul mot pour ce début de semaine : « woops, sorry » ! Vous avez dû attendre les images du lancement de notre vingtième film plus longtemps que prévu. Et oui ! Malgré la toute puissante Section Q, des problèmes techniques occasionnels peuvent survenir.
En regardant la vidéo, vous avez pu reconnaitre l’élégance légendaire de Pierce, visiblement heureux de retrouver 007 pour une quatrième fois.
Halle Berry et Rosamund Pike avaient réuni à elles deux tout le glamour des James Bond Girls. Quant à Toby Stephens et Rick Yune, ils ont clairement hâte d’enfiler leurs costumes de méchants. Et puisqu’on parle d’eux, remettons les choses au point et oubliez ce que vous avez pu lire ou entendre : Toby Stephens et Rick Yune interprètent des personnages bien distincts. Celui de Gustav Graves est joué par Toby et celui de Zao, son complice de toujours, par Rick.
Vous avez sans doute remarqué que nous n’avons pas encore opté pour un titre définitif. Ce n’est pas faute d’idées ! Mais beaucoup de titres sont souvent déjà pris ou leurs droits, inaccessibles. Toutes ces vérifications prennent un temps fou. Ce qui ne m’a pas empêché, vendredi, d’aller voir nos scénaristes Rob et Neal pour savoir où eux -mêmes en étaient. Ils ont récemment passé de longues heures avec le réalisateur, Lee Tamahori, pour peaufiner un scénario déjà étonnant qui se prête à de nombreuses possibilités de titre : ils suivent toutes les pistes ! Soyez sûrs que vous serez les premiers à connaître celui que nous aurons choisi.
Mais je dois avouer que ma motivation première, en allant les voir… était de les maudir : pourquoi, oui pourquoi, l’Aston Martin ? Un bijou technologique, certes, même aux yeux de celui qui, comme moi, a du mal à différencier une Porsche d’un caddy. Mais avouez aussi que ce n’est pas évident de hisser un bijou de deux tonnes sur une plateforme, non ? Et pourtant… Regardez les photos de Pierce posant avec les acteurs devant l’Aston Martin sur le plateau D.
Il s’agit en fait d’un décor qui sera utilisé plus tard mais qui se trouve à un mètre du sol. Et nous parlons d’une voiture qui coûte au bas mot 200,000 euros et qu’il faut donc manier avec délicatesse. Heureusement, Darren Litten et son équipe de pilotes sont passés experts dons l’art de conduire et « poser » un peu partout ces bolides de luxe . N’empêche : le réalisateur et les scénaristes auraient pu penser à un truc un peu moins lourd, je ne sais pas moi, un scooter par exemple. Cela aurait simplifié la vie de tout le monde. D’ailleurs, je vous signale au passage que cela bouge du côté des voitures ! On peut s’en apercevoir en regardant la vidéo montrant les coulisses du tournage. J’irai dans les prochains jours faire un autre tour dans les ateliers pour mieux vous en tenir informés.
Plateau B des studios Pinewood
(24 janvier 2002) Aujourd’hui, je vous emmène sur le plateau B des studios Pinewood. Gerry Gavigan, le premier assistant réalisateur, réclame le silence tandis qu’on peut lire sur le clap tenu par Jennie Paddon (qui s’occupe aussi des bobines) : « Scène 135, 1ère Prise ».
Il est 9h05 du matin en ce lundi 14 janvier et le réalisateur Lee Tamahori est aux commandes : ça y est, le nouveau Bond peut commencer ! Nous nous trouvons dans le bureau de Moneypenny et Colin Salmon, qui interprète Robinson, demande à voir M. Que devient Moneypenny ?, nous demande Elle Sparks. J’ai envie de lui répondre qu’il lui arrive plein de trucs ! Samantha Bond a rendu son rôle plus complexe, vous verrez de quoi je parle…
Les fins observateurs et autres yeux de sioux se souviendront que nous avions aussi débuté le tournage de Le monde ne suffit pas au quartier général écossais du MI6. Pas d’inquiétude : les dégâts causés par l’attaque de cette chère Cigar Girl ont été réparés et les affaires continuent.
Elles continuent, ce qui signifie, comme pour tous les James Bond, qu’il y a du changement dans l’air ! Chaque équipe se torture les méninges pour tout chambouler et se dépasser par rapport au précédent. Mais répondons ici à Jim, qui veut savoir s’il est vrai qu’il y aura des scènes de nudité. Malgré le fait que Miss Berry ait dévoilé ses jolis charmes pour les besoins d’autres films, ce James Bond ne fera pas exception, je confirme : certaines activités de l’agent 007 resteront à l’abri des regards indiscrets…
Et pendant que j’y suis, laissez-moi trier dans ce gros sac postal tout ce qui concerne le personnage joué par Rosamund Pike. Stuart Basinger, par exemple, s’est aperçu à juste titre qu’elle ne s’appelle plus Gala Brand mais Miranda Frost. Au départ, on avait trouvé sympa de reprendre un personnage de Moonraker [le roman] mais le rôle est si différent qu’on a finalement choisi de le rebaptiser. Croyez moi, lorsque vous verrez sa première réaction face à notre cher James Bond, vous comprendrez que le surnom de Miranda Frost lui va comme un gant !
Jimmy S. nous a demandé des nouvelles de Wade, un personnage interprété par Joe Don Baker et aperçu pour la dernière fois dans Goldeneye [Demain ne meurt jamais]. Il voulait savoir si on comptait de nouveau faire appel à lui. Et bien non ! En tout cas, pas dans cette nouvelle mission qui est la seule dont je puisse parler en ce qui le concerne.
Pour répondre à Jason M. Allentoff, notre chef-monteur sera Christian Wagner. On lui doit entre autres Mission impossible 2, Volte Face et le tout récent Spy Game. On peut affirmer sans risque qu’il s’y connaît en montage de films d’action !
Cela dit, il sera peut-être quand même surpris par les kilomètres de pellicule qui l’attendent. Nous n’en sommes qu’à la première semaine de tournage et il a déjà du pain sur la planche !
Où des voitures de luxe bénéficient du traitement Bond
(31 janvier 2002) Hello ! Bonjour ! A Pinewood, ça pleuvote. Tandis que Lee Tamahori rassemble ses troupes pour une semaine d’extérieurs, je me dis qu’il est temps de me mettre au chaud et au sec.
Tout le monde l’a compris : James Bond sera à nouveau au volant d’une Aston Martin, la V12 Vanquish pour être précis. Vous avez pu découvrir brièvement sa ligne lors de la conférence de presse donnée il y a quinze jours. Elle sortait tout droit des ateliers Aston Martin Lagonda avec lesquels nous entretenons d’excellents rapports. Mais les voitures que vous verrez dans le film, l’Aston Martin et la Jaguar XKR, sont en train d’être relookées façon Bond dans l’anonymat d’un atelier discret de Pinewood.
Cela fait franchement peur de voir autant de luxueuses automobiles démontées dans des éclats rougeoyants de métal torturé et ressoudé. Mais nous sommes dans l’antre des experts et j’ai toute confiance en Chris Corbould, qui supervise les Effets Spéciaux, et en son équipe : ils sauront les reconstruire !
La Section Q les équipera d’accessoires autrement plus mortels que des porte-gobelets mais en attendant, Andy Smith le chef d’atelier, a un problème plus immédiat sur les bras.
Il doit désosser entièrement les voitures qui, pour cette mission, seront conduites à toute vitesse sur des surfaces gelées. Et pas question de déchiqueter des tonnes de papier blanc pour créer l’illusion de neige, comme dans certains films… Dans la famille Bond, on aime le vrai. Il faut donc équiper l’Aston Martin et la Jaguar de quatre roues motrices. Un truc encore plus compliqué à faire qu’à dire !
Si ça ne marche pas, on est mal côté scénario. Mais j’ai toute confiance en Andy et son équipe. D’ailleurs, je suis mal placé pour en parler : pour moi, faire le plein représente une prouesse hautement technique !
Remarquez, je crois que j’y referai un saut dans une semaine environ, juste pour voir !
Première conversation avec notre réalisateur
(7 février 2002) Je ne pense pas trahir de lourds secrets en vous révélant qu’à Pinewood, la météo nous gâte depuis quelque temps : vent et pluie ! Réchauffé par le seul humour de vos spéculations les plus folles sur le net quant à ma mystérieuse identité, je me suis dit qu’il était temps d’aller bavarder avec notre réalisateur, Lee Tamahori, que j’avais observé travailler dur chaque jour.
Inutile de dire que bavarder avec le réalisateur, sur un Bond, c’est plus facile à dire qu’à faire ! Lee a dû devenir un expert dans la gestion du temps.
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La différence fondamentale avec mes films précédents ? Entre le moment où j’arrive au studio et celui où je le quitte, je ne trouve jamais plus de 2 minutes pour aller aux toilettes malgré les longues heures de tournage ! Même une pause de 60 secondes pour me voir doit être programmée à l’avance : ici, le temps est précieux ».
Lee a commencé sa carrière cinématographique en Nouvelle Zélande, son pays natal, et ses débuts d’assistant réalisateur dans les années 80 lui ont sans doute enseigné l’art du planning efficace. Depuis le succès mondial de son premier film, L’Âme des guerriers, il n’a cessé de tourner en Amérique. D’ailleurs, il retrouve ici son acteur des Hommes de l’ombre, Michael Madsen.
Pierce Brosnan, lui aussi, connaît bien le travail de son réalisateur.
Lee est un choix idéal : il sait ancrer un film dans le réel, autour d’un personnage moteur. Il y a un côté extrême chez lui. Il me fait un peu penser à son compatriote, Martin Campbell (le réalisateur de Goldeneye) : comme lui, il a une appétit féroce pour le cinéma.
Comme tous ses prédécesseurs, Lee est à la fois effrayé et fasciné par la dimension du projet.
Il faut penser en terme de créativité et de logistique pour toutes les scènes d’actions spectaculaires et dans ce film, il y en a au moins cinq. Et lorsque vous vous dites : « Ca y est, c’est dans la boite » et que vous pensez enfin pouvoir attaquer les autres scènes d’un point de vue purement créatif, vous vous rendez compte que ce que vous appelez sur un Bond une scène d’action «normale » serait considérée majeure sur un autre film ! Là, j’en ai sept ou huit de ce type, sans compter les quelques quatorze scènes d’action plus « mineures »…
Mais peut-être est-ce encore plus dur pour Lee que pour ses prédécesseurs. Lui-même semble en être conscient : « Ce film est incroyablement riche. Et même si tous les Bond le sont et l’ont toujours été, celui-ci est probablement le plus ambitieux de tous ».
Message reçu ! Laissons-le donc retourner à ses chères caméras.
Aéroglisseurs : séquence d’ouverture !
(13 février 2002) Cette semaine, pour répondre à une question sur les noms et prénoms, je suis allé sur le plateau en quête d’éclaircissement. En effet, Hyun Chung m’a écrit que Zao, le nom du méchant Nord-Coréen interprété par Rick Yune, serait plutôt un prénom… chinois ! Ce détail me semblait assez important pour aller en toucher deux mots à Michael G. Wilson, notre producteur.
Michael, comme toujours, avait déjà la réponse :
Les acteurs et les consultants coréens sur le film m’ont dit que beaucoup de Nord-Coréens portaient des noms chinois. C’est pour cela que nous avons choisi d’appeler le méchant « Zao ».
Voilà, tu as ta réponse, cher Hyun Chung ! Mais je n’avais pas fait le déplacement pour rien. J’allais enfin pouvoir découvrir ce qui provoquait les bruits assourdissants qui résonnaient dans tout Pinewood depuis quelques semaines : les aéroglisseurs. Très bruyants, ces monstres d’acier jouent un rôle clef dans la fameuse séquence du pré-générique et les techniciens du plateau se les renvoient et en jouent comme si c’était des voitures de course.
Nous sommes dans un camp militaire. Zao et le Colonel Moon, son maître, joué par Will Yun Lee, complotent contre le Haut Commandement de la Corée du Nord. Will, un acteur américain d’origine coréenne, est un professeur d’arts martiaux : les scènes de combats ne lui poseront guère de problèmes, même à bord d’aéroglisseurs !
Vic Armstrong et son équipe, spécialisée dans les cascades et les scènes d’actions, règleront plus tard la vitesse optimale pour une course poursuite. Mais pour l’instant (je vous l’avais bien dit)… voici Pierce Brosnan qui bondit sur l’aéroglisseur en marche sous l’œil attentif de Lee Tamahori. C’est loin d’être évident, surtout par temps pluvieux, mais notre cher 007 ne recule devant rien…
Quatre aéroglisseurs de taille moyenne et un autre, bien plus gros, sont utilisés pour cette scène. Inutile de préciser que les plus gros ne se trouvent pas tout à fait dans le commerce tels quels… Quant aux plus petits appareils, ils ont du être construits à partir d’un modèle existant. James Bond oblige, en perspective des prochains traitements de choc, l’équipe de Vic n’a pas lésiné sur le nombre : ils en ont construit une dizaine. Au passage, ils les ont équipés de moteurs plus légers et d’arceaux de sécurité pour leurs occupants.
Croyez moi, d’après le storyboard que j’ai vu, ce ne sera pas du luxe ! Je vous raconterai la suite…
L’Aston Martin : le test !
(28 février 2002) Sur le plateau, c’est la joie ! Deux de nos actrices principales sont citées aux Oscars : Judy Dench pour Iris et Halle Berry pour À l’ombre de la haine. Nous pouvons les féliciter sans la moindre arrière pensée car leur courte absence, pour assister à la cérémonie, ne posera aucun problème à la production. Les responsables du planning, aussi malins qu’optimistes, leur avaient déjà agencé deux journées « off » autour de la soirée du 24 mars.
D’ailleurs, elles ne seront pas les seules à s’envoler pour Los Angeles ce week-end là : notre ingénieur du son, Chris Munro, déjà nominé aux Oscars pour La Momie, récidive cette année avec La Chute du faucon noir.
Seule ombre au tableau : Pierce Brosnan, légèrement blessé, ne pourra reprendre le tournage que d’ici une semaine environ. La production est en train de réorganiser le plan de travail mais sur un Bond il y a toujours beaucoup à faire !
Justement, Chris Corbould et son équipe d’Effets Spéciaux a pris une nette avance côté voitures. Dans les ateliers, Nick Findlayson concocte les tous derniers gadgets dont la Section Q dotera l’Aston Martin tandis qu’Andy Smith et ses infatigables co-équipiers veillent à ce que les voitures, ainsi modifiées pour les besoins du film, restent au top de leurs performances.
Vous vous souvenez sans doute de mes craintes concernant les versions « 4 roues motrices » de nos voitures. Je me suis dit qu’il était temps d’aller vérifier où en était l’équipe chargée de modifier l’Aston Martin et la Jaguar.
Je me suis donc rendu à la piste d’essais de Chobham où l’on fait tourner les voitures à différentes vitesses pour résoudre tout problème potentiel. Comme le dit si bien Andy : « Ca passe ou ça casse ! »
Un éclair flou, fonçant sur la piste, m’accueille : visiblement la version « 4 roues motrices », ça passe… et ça marche ! Andy jubile : « C’est la première fois qu’elle monte à plus de 160. Pour un pilote, c’est le rêve, mais pour les oreilles, ce serait plutôt le cauchemar. Elle fait un bruit d’enfer ! »
Voulez vous le constater par vous-mêmes ? Allez vite regarder la vidéo du site [plus disponible]. Il s’agit bien sûr d’une simple voiture-test : la peinture n’est pas finie et la Section Q n’y a pas encore ajouté sa petite touche personnelle.
Il s’agit d’une des quatre Aston Martin qui seront utilisées pendant le tournage puisqu’il y en trois autres, tout aussi magnifiques. Sans oublier les quatre Jaguar et les quatre modèles d’origine en parfait état, nécessaires aux close-ups. Mais Andy se demande si, au final, celles-ci serviront beaucoup étant donné le scénario : « D’après les story boards, les poursuites en voitures sont plutôt du genre costaud. Attention les dégâts ! »
Et bien sûr, elles se dérouleront à quelques milliers de kilomètres… Je vous en dirai plus prochainement…
Mise à jour
(6 mars 2002) Bonne nouvelle ! Pierce, totalement rétabli, a déjà repris le chemin des studios. Merci pour votre sollicitude et tous les vœux que vous lui avez envoyés pour son prompt rétablissement. Cette semaine, devant le flux de vos questions, je me suis dit qu’il était temps de faire une petite mise à jour.
Marc Smith nous a demandé si Michael Madsen jouait bel et bien dans ce nouveau Bond. Et bien oui ! « Mr. Blonde » nous a rejoint et incarne Falco, un agent de la NSA : rassurez vous, il n’y aura pas de numéro d’oreille coupée dans ce film ! Pour tout vous dire, Falco n’était pas un grand fan de Bond au départ… mais je fais confiance au légendaire pouvoir de séduction de 007.
Toby Webb, lui, s’interrogeait sur le remplacement de Simon Crane, qui jusqu’à présent coordonnait toutes nos cascades, par George Aguilar. Mais ce n’est que justice : remarqué pour son excellent travail, Simon est devenu premier assistant réalisateur (sur Tomb Raider sorti l’an dernier, par exemple). Vic Armstrong occupant cette fonction depuis fort longtemps sur les Bond, George nous a rejoint en tant que coordinateur des cascades. A son palmarès, citons le dernier film de Steven Soderbergh Ocean’s eleven et celui de Martin Scorsese Gangs of New York.
Quant à Sanna, auto-proclamée « Porte-parole des fans de Tanner », elle voulait savoir si Michael Kitchen allait à nouveau incarner l’agent du MI6 Bill Tanner. Désolé ! Très demandé, ce comédien caméléon ne sera pas des nôtres cette fois ci, mais j’ai été très heureux de retrouver la semaine dernière son confrère Colin Salmon, alias Robinson, sur le plateau.
« PPK ou P99 ? » nous demande à son tour Steve T. « Dans le film précédent, Bond utilisait les deux. Délaissera t-il totalement le PPK pour le P99 cette fois ci ? ». Cette question était clairement du domaine de l’armurier de la Action Unit. Il travaille pour Baptys, une maison considérée comme solide par l’industrie cinématographique anglaise. C’est elle qui fournit toutes les armes qui seront utilisées pendant le tournage de Bond 20. Il me confirme que 007 s’en tiendra au seul Walther P99 calibre 9 muni d’un chargeur de 15 cartouches.
Destination : Islande
(14 mars 2002) L’annonce de notre titre final, Die Another Day, a reçu un bel accueil jusqu’en Islande où vient d’arriver notre Action Unit pour filmer une des scènes les plus importantes du film. Yarborough était bien sûr du voyage ! Si vous avez un atlas, repérez la calotte glacière de Vatnajökull au sud-est : c’est là que nous travaillons.
La dernière fois que Bond était venu tourner en Islande, c’était pour les besoins de la séquence d’ouverture de Dangereusement vôtre, l’île servant de « doublure » à la Sibérie. Aujourd’hui, l’Islande est un lieu clé du tournage à part entière. Notre méchant, Graves, a choisi cette partie du monde pour donner une soirée à laquelle James Bond s’est bien entendu invité : d’où l’importance d’une Aston Martin à quatre roues motrices ! Dans le scénario, Bond est poursuivi sur un lac gelé par Zao, au volant de sa Jaguar. Évidemment, l’équipe des Effets Spéciaux n’avait qu’une obsession : tout cela allait-il marcher comme prévu ?
Leur chef, Chris Corbould, se demandait non sans quelque inquiétude si la surface du lac serait assez solide pour supporter le poids d’une voiture de deux tonnes. On avait fait tous les tests, équipé les voitures de caisses de flottaison et les techniciens de combinaisons de survie mais l’incertitude règnerait tant qu’on ne serait pas confronté à la réalité du terrain, complètement gelé.
On avait les nerfs à vif lorsqu’on a lancé les deux bolides, sans savoir s’ils allaient ou non couler à pic.
Heureusement, diverses conditions climatiques nous ont été extrêmement favorables. Trois semaines seulement auparavant, le lac n’était pas assez gelé pour y travailler alors qu’à présent le froid intense épaissit la glace (qui fait déjà trente centimètres) de jour en jour. Parallèlement et au grand étonnement des locaux, le ciel est dégagé, offrant une succession de belles journées. Vic Armstrong, qui dirige l’Action Unit, a deux jours d’avance sur le planning, un bonheur dont il est bien conscient !
Lorsque nous sommes venus en repérage, il y avait beaucoup de soleil, mais beaucoup de vent aussi. Il est totalement tombé, seul le soleil est resté au rendez-vous : nous avons une chance incroyable.
Vic travaille à Jökulsàrlòn sur un lagon de glace profond de trois cents mètres dont la température avoisine moins 10 degrés Celsius près du glacier où il prend sa source, et peut descendre bien plus bas selon la violence des vents. Malgré le froid, Chris Brook, l’administrateur de production en Islande, est fou de joie.
Ce lagon est un lieu unique, fantastique. Par exemple, vus d’ici, les icebergs paraissent incroyables. Mais lorsque vous vous en approchez sur la glace elle-même, ils prennent toute leur dimension : ce sont des colosses hauts de trois étages, merveilleusement sculptés par les vents. Ils sont impressionnants.
C’est vrai, ils le sont. Mais franchement, n’est il pas tout aussi impressionnant de voir une Aston Martin foncer à toute allure sur la glace, poursuivie par une Jaguar équipée d’une fonction unique en son genre, l’option mitrailleuse ? C’est un défi que seul Bond et ses équipes pouvaient relever… et un pari qu’eux seuls pouvaient remporter !
Construction d’un terrain de golf… en Islande !
(22 mars 2002) « Ce sera un des Bond les plus excitants à ce jour » : c’est du moins ce qu’affirme Terry Bamber, le Directeur de Production, bien connu pour son enthousiasme. Il faut bien reconnaître que cet inconditionnel de la série des Bond sait de quoi il parle. Son père était déjà accessoiriste sur le premier, Docteur No, et Terry en est déjà à son quatrième Bond (un conseil au passage : ne le branchez pas sur John Barry, c’est son fan numéro un !) Son excitation est-elle justifiée ? Je commence à le penser moi-même. Et pas seulement parce que les scènes d’action y sont plus spectaculaires et sensationnelles que jamais, mais aussi à cause de cette attention donnée à une foule de détails : dans la saga Bond, les détails ont leur importance !
Prenez par exemple le plan séquence qui nous fait découvrir l’Islande. Bond s’y rend pour assister à une grande soirée médiatique que Graves donne au milieu des terres gelées d’Islande. En arrivant au volant de son Aston Martin, 007 croise d’autres invités jouant au golf sur la glace. Là où d’autres productions auraient recours à de grossières images de synthèse, l’équipe d’un Bond se retrousse les manches et construit tout un terrain !
Ce plan durera quelques secondes, mais c’est ce sens de l’humour et du détail qui permettent à de telles scènes de largement contribuer à la longévité de la saga.
James Hambidge, directeur artistique de la Action Unit, et Rob Cowper, son directeur artistique adjoint, se partagent la lourde tâche de construire l’un des terrains de golf les plus septentrionaux de l’hémisphère. D’autant plus délicat que s’ils n’ont rien de golfeurs chevronnés, ils savent qu’il y a parmi eux un vrai pro : Vic Armstrong qui dirige l’Action Unit… Seule certitude : le terrain de golf devra être à la hauteur !
Bizarrement, ce premier plan nécessitait de faire venir plus de neige. Bien que l’Islande ne souffre d’aucune pénurie de ce côté là, des vents cinglants avaient emporté la neige, laissant le sol à nu là où nous allions tourner. Le temps, quant à lui, restait clément. Finalement, une brusque chute de neige ayant recouvert la terre de dix centimètres, cette précaution s’averra inutile.
Ces vents, qui avaient balayé les neiges jusqu’à l’Atlantique, avaient au début gêné les hommes de la section aérienne. Une fois les vents tombés, tous reprirent la voie des airs : des experts de premier ordre comme le pilote Marc Wolff qui tourne ici son 9ème Bond. L’Action Unit bénéficie non seulement de sa longue collaboration avec Vic Armstrong mais aussi de son incroyable adresse dans les airs. La configuration du terrain crée des conditions de vol difficiles : les vents descendent en courbe du sommet des icebergs et forcent les hélicoptères à se poser brutalement. Croyez moi, lorsqu’on vole à moins de 15 centimètres du sol, il vaut mieux bien connaître les caprices des vents !
Après tout, pas question d’abîmer le terrain de golf !
Voir aussi : notre dossier sur les scènes coupées du film.
Rencontre avec les scénaristes
(27 mars 2002) Félicitations à deux de nos cinéastes « Oscarisés » : Chris Munro, qui a gagné dans la catégorie du meilleur son pour La Chute du faucon noir et Halle Berry sacrée Meilleure Actrice pour A l’ombre de la haine. Au lendemain des résultats, toute l’équipe les fêtait allègrement et tous s’accordaient à dire qu’elle avait aussi remporté l’Oscar de l’élégance (bien que Chris Munro l’ait talonnée de près avec son pantalon écossais !).
Je suis sûr que tous deux seraient les premiers à reconnaître que sans scénaristes, point de films et point de prix ! Tout commence avec eux et Meurs un autre jour ne fait pas exception. Nos deux scénaristes, Neal Purvis et Rob Wade, sont une mine d’informations utiles sur ce film et je me tourne souvent vers eux pour répondre à vos questions tant ils baignent dans l’univers de Bond. Je suis allé les voir pour discuter avec eux de la question posée par Andrew Dodson.
« Je voulais juste savoir si les aventures et les scénarios étaient tirés des livres de Ian Fleming ou si les producteurs engageaient des écrivains pour les imaginer et les écrire ».
En fait, Neal et Rob ayant travaillé sur le dernier Bond, « Eon Productions » les avait engagés pour écrire le scénario d’abord : les idées en ont naturellement découlé. Cela fait bien longtemps que tous les livres de Ian Fleming ont été portés à l’écran. Neal nous explique comment ils commencent : face à la page blanche, littéralement !
Nous arrivons avec des idées, des informations glanées dans des revues scientifiques ou sur internet, des armes intéressantes et les dernières avancées technologiques par exemple. Il ne nous reste plus qu’à imaginer la nouvelle odyssée de Bond.
Rob ajoute : Une partie des idées vient de l’actualité mondiale. Puis nous en dévions. À la fin, c’est souvent l’actualité qui nous rattrape !
Par exemple, et sans trop dévoiler notre intrigue, la presse publiait la semaine dernière un article relatant les exploits d’un trafiquant de diamants. Ils offrent une extraordinaire similitude avec ceux de notre scénario que j’ai pourtant lu il y a six mois environ.
Voyons s’ils sont aussi pointus sur vos autres questions ! Celle d’Eric J. Brokaw, par exemple.
Eric se souvient d’une scène dans Demain ne meurt jamais où Bond répugne à utiliser un clavier en caractères chinois. Pourtant, n’est-il pas censé être diplômé de Cambridge, avec mention très bien, en langues orientales ? Alors, c’est quoi le scoop ? demande-t-il. James Bond est-il oui ou non à l’aise en chinois ? D’ailleurs, combien de langues parle-t-il couramment ?
Entre nous soit dit, nous pourrions vous citer les langues suivantes dans lesquelles Bond n’a aucun mal à se faire comprendre des autochtones : l’afghan, l’arabe, le français, le chinois (le cantonnais et le mandarin), l’allemand, le grec, l’italien, le japonais, le russe, l’espagnol et le turc. Dans Demain ne meurt jamais, on l’a même vu se remettre assidûment au danois. Mais je suis sûr que nos chers internautes sauront en citer d’autres !
Mais ce n’est pas parce qu’il sait parler le chinois qu’il peut le taper sur un clavier : son problème venait peut-être de là. Pourtant, dans Le monde ne suffit pas, il semblait à l’aise pour taper des données informatiques. « M » lui aurait-il fait prendre des cours de dactylographie après sa mission dans Demain ne meurt jamais ?
D’ailleurs, un certain « M » nous écrit d’Australie (mais il ne peut s’agir de Judi Dench que je viens de croiser sur le tournage) pour me demander le second prénom de Bond. Comme il a l’habitude de se présenter ainsi : « Bond, James Bond », et même si « James » est la réponse plausible, j’ai préféré avoir l’opinion sans doute plus éclairée de nos deux scénaristes. Ils m’ont confirmé qu’il n’avait pas de second prénom, ce qui correspond bien à ce que nous savons de l’origine du nom lui-même. Il vient d’un livre intitulé Birds of the West Indies écrit par un certain James Bond et dont Ian Fleming gardait un exemplaire chez lui, en Jamaïque. Allez donc écouter la vidéo sur notre site où Pierce Brosnan en parle.
Conversation avec Lindy Hemming
(3 avril 2002) Vous êtes nombreux à vous intéresser à la façon dont s’habille 007. Et qui d’autre serait plus à même de vous répondre que Lindy Hemming, la chef costumière sur tous les Bond interprétés par Pierce Brosnan ?
Scott Crae voulait par exemple savoir comment on avait défini le style et choisi le « look Bond » sur les trois derniers films.
Nous avons tenté de lui donner une allure beaucoup plus classique et donc plus indémodable visuellement, contrairement aux vêtements portés par Roger Moore qui étaient trop connotés années 70 pour perdurer. Nous avons opté pour un style moderne, aussi classique qu’épuré, qui nous semblait correspondre au personnage. Pierce tient à rendre celui-ci crédible jusque dans les détails. Il ne faut jamais perdre de vue la vérité du personnage.
Lindy a une vision très précise de Bond et de son rapport aux vêtements :
C’est un homme qui peut partir n’importe où, se sentir chez lui partout, un homme aussi impeccable dans le feu de l’action qu’imperturbable après !
Finalement, comment avoir le look de Bond ? C’est simple. Il suffit d’acheter la plupart de ses chemises et de ses cravates chez Turnbull & Asser, ses chaussures chez Church et ses costumes italiens chez Brioni. A un détail près : 007 les fait faire sur mesure…
Les costumes faits par Brioni sont merveilleusement coupés. Pierce dit toujours que dès qu’il les enfile, il se métamorphose en James Bond. Je choisis personnellement les superbes tissus dans lesquels ils seront taillés.
Lindy, depuis le temps, est consciente de l’ampleur de sa tâche (la moindre cascade fait appel à dix, voire quinze costumes) et adore le côté montagnes russes d’un Bond.
Travailler sur un Bond est devenu pour moi une véritable affaire de famille : une fois qu’on connaît les gens, c’est tellement plus facile d’aller leur parler pour comprendre leurs désirs. Sans compter que ce réalisateur rend vraiment le travail facile.
Malgré ces belles paroles, et pourtant forte d’une quatrième expérience, Lindy ne s’est toujours pas faite à l’idée de ce qui arrive à ses créations de rêve !
Ce que j’en pense vraiment ? Hélas, il semblerait qu’on s’acharne à tester de nouvelles méthodes, de plus en plus dingues à chaque fois, pour détruire mes vêtements. Sur un Bond, ça ne s’arrange jamais pour moi !
Michael G. Wilson vous répond !
(9 avril 2002) Généralement, sur ce site, nous parlons de gens qui sont soit devant, soit derrière, la caméra. Mais il existe parmi nous une personne qui fait les deux !
Jeremy M. Gustafson, qui s’auto-décrit comme un « Fanatique de James Bond », voulait des détails sur les prouesses d’acteur de notre producteur : « J’ai remarqué les brèves apparitions de Michael G. Wilson dans Goldeneye et Demain ne meurt jamais. A-t-il également fait un caméo dans Le monde ne suffit pas, et si oui, dans quelle scène ? »
Et bien oui ! Mais il faut y regarder à deux fois pour ne pas le rater… Il apparaît dans la scène du casino, ce que révèle cette photo de plateau. Il fera également un caméo dans ce nouveau Bond mais il m’a fait jurer de ne pas en dévoiler les circonstances. A vous de jouer lorsque le film sortira en novembre !
Je suis allé lui demander l’origine de ses apparitions à l’écran :
Je crois que cela a commencé sur le tournage de L’espion qui m’aimait et depuis, je me suis amusé à faire de petits caméos sur tous les films. Parfois, on aperçoit juste ma main ! En fait, c’est un truc qui nous fait tous marrer !
Cette conversation se déroulait sur un pont entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, lieu d’une scène dramatique clé du film. Tout en parlant, nous regardions l’équipe mettre en place le décor de la prochaine scène et j’en ai profité pour obtenir une réponse à la question posée par Jacques Belzile. Jacques voulait connaître l’origine du nom «Eon Productions », qu’il sait n’avoir aucun lien avec l’expression « Everything Or Nothing » (« Tout ou Rien ») comme on a déjà pu le suggérer. Ce nom viendrait- il alors de Charles de Beaumont, Chevalier d’Eon et espion français du 18ème siècle ?
Raté ! Mettons les choses au clair : Michael me confirme qu’il n’y faut voir rien de plus que ce qu’en dit le dictionnaire lui-même.
Aeon (US) eon, n 1. temps infini, période incommensurable. 2. éternité.
Le temps, justement, a prouvé la pertinence d’un tel choix mais je doute fort que quiconque aurait pu imaginer une telle longévité et une telle renommée, quarante ans après Dr No !
Et pour finir, la question de David K. Pressman : « Qui est le vrai boss, Michael G. Wilson ou Barbara Broccoli ? » La seule réponse, diplomatique à souhait, a aussi l’avantage d’être l’exact reflet de la réalité : les deux, mon capitaine !
Bonjour d’Andalousie (Espagne)
(19 avril 2002) Je dois reconnaître qu’à un moment, durant ces deux semaines de tournage en Espagne, nous avons tous eu le sentiment d’être abandonnés par notre chance proverbiale.
Nous avions choisi Cadix pour y tourner quelques scènes situées en réalité à Cuba, où Bond a suivi les traces de notre méchant. C’est là qu’il va rencontrer pour la première fois Jinx, interprétée par Halle Berry. Mais le printemps andalou semblait hésiter à pointer son nez et au lieu des ciels azurés et des douces températures escomptées, nous avions droit aux orages et aux vents.
Michael Wilson, le producteur, ne voyait guère tout cela d’un bon oeil.
La nature nous est hostile. Nous subissons des orages en série, rarissimes pour la région. Nous avons affronté pluies, vents et nuages, et les météorologues n’en voient pas la fin.
Mais attendre ou gémir ne servent à rien : un film, ça n’attend pas ! Les équipes s’attaquèrent aussitôt aux scènes d’action qui ne dépendaient pas du beau temps. Cependant, Lee Tamahori, le réalisateur, avait un vrai problème : comment filmer le plan choc, Jinx émergeant de la mer pour affronter James Bond ? Les scénaristes, Rob Wade et Neil Purvis, avaient écrit cette scène en hommage clin d’oeil à Ursula Andress dans Dr No. Difficile alors d’imaginer un même impact si l’on voyait Halle sortant des flots par une après-midi… façon Deauville sous la pluie !
Au bout de cinq jours de temps horrible, Michael Wilson décida de faire le point :
Les températures sont de 10°C, les vents soufflent à 50 km/heure et l’eau est à 10° environ, un peu dur pour une rencontre romantique où Halle Berry surgirait, telle une Vénus des eaux, non ?
Heureusement, les prévisions pessimistes de la météo s’avérèrent fausses : dès le lendemain, le ciel était au beau fixe. Commentaire de Lee : « Le beau temps est revenu, tout comme nos fans ! »
Pierce était ravi de pouvoir tourner cette scène avec Halle sous le soleil espagnol :
C’est génial de pouvoir réellement vivre tout cela: l’écume des vagues, le ciel bleu et cette splendide femme qui soudain émerge des flots.
La même splendide femme qui avait déjà attiré votre attention, suite à un problème oculaire. Bien sûr, vous avez dû lire sur ce site le communiqué de presse, mais pour tous vous rassurer, voici ce que nous en a dit la principale intéressée, Halle :
Ce n’était vraiment rien. Nous tournions une scène lorsque j’ai reçu un peu de poussière dans l’oeil. J’ai vu un médecin parce que c’est la norme sur les tournages, tout simplement : mieux vaut prévenir que guérir ! J’ai pris des gouttes pour les yeux, suis rentrée chez moi et le lendemain, j’étais fraîche comme une rose.
Conclusion : l’Espagne, un début difficile mais une fin heureuse sur tous les fronts !!!
Bienvenue au « Projet Eden »
(25 avril 2002) Il y a quelque temps, je vous vantais les vertus cinématographiques de L’Islande. Pourtant, bien plus près de chez nous, nous tournons depuis peu dans un lieu tout aussi extraordinaire à sa manière : le Projet Eden, en Cornouailles. Remarquez, on se rend plus vite à Reykjavik qu’en Cornouailles : il y a cinq heures de voiture entre les studios de Pinewood et ces lointains extérieurs au sud ouest de l’Angleterre !
Là, se niche une grappe de biomes qui reproduisent ainsi, à eux seuls, cette formidable vie végétale tropicale : plus de 100 000 plantes représentant 5000 variétés différentes.
Notre méchant, Gustav Graves, joué par Toby Stephens, est connu pour sa défense de l’environnement, une couverture publique en total désaccord avec ses véritables intentions. L’équipe est donc venue ici pour tourner certaines scènes décrivant quelques unes des activités économiques de Graves, ainsi que l’explique le réalisateur Lee Tamahori.
Il a fait construire une biosphère entièrement climatisée dans le seul but de prouver au monde qu’il est un mec bien, qu’il rend à la nature un peu de ce qu’il lui prend.
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p style= »text-align: justify »>Les responsables du Projet étaient nerveux, au début, à l’idée d’autoriser l’équipe du Bond à pénétrer à l’intérieur des dômes. Mais Lee tenait tant à y tourner qu’il consentit à toutes les restrictions.
Il est très difficile, lorsque vous gérez sur un film des centaines de techniciens et beaucoup d’action autour de vous, de pouvoir s’intégrer au planning d’un autre. D’habitude, on investit totalement un lieu qu’on a loué pendant plusieurs jours. Au cours de toutes les discussions où nous étions au grand complet, un seul obstacle s’élevait toujours : une fermeture totale des lieux. Nous ne voulions plus reculer tant l’endroit était cool. On s’est dit qu’il valait mieux s’adapter, et c’est ce que nous avons fait.
Malheureusement, Lee a besoin de tourner des plans de jour et des plans de nuit. Pour tourner les deux sans bousculer les horaires d’ouverture des lieux, l’équipe travaillait à un étrange rythme hybride : entre 3 et 5 heures du matin, puis une pause pour aller dormir à l’hôtel avant de revenir à la tombée du jour pour tourner encore quelques heures, puis nouveau départ pour l’hôtel avant de se réveiller pour capter la lumière de l’aube. C’est un rythme de travail forcené, mais pour Lee, le jeu en valait largement la chandelle !
L’engineering est époustouflant : une bâche de plastique à double épaisseur capable à la fois de retenir les températures internes et de résister au poids de l’homme. Incroyable ! On adore être dans cette bulle et c’est génial d’y tourner.
Si vous désirez avoir de plus amples informations sur cette extraordinaire re-création des Tropiques dans ce coin aux confins de l’Angleterre, visitez leur site : www.edenproject.com.
Surfer avec Laird Hamilton
(3 mai 2001) Lorsque les producteurs contactent la personne idéale à leurs yeux pour servir le scénario, ils peuvent légitimement penser que celle-ci se montrera intéressée : un luxe, compréhensible lorsqu’on a 19 Bond derrière soi ! Il était donc logique qu’ils fassent appel à Laird Hamilton pour les scènes de surf, spectaculaires comme il se devait. Si vous êtes fan de ce sport, sautez le prochain paragraphe : vous savez déjà tout de Laird…
Pour les autres, ceux qui préfèrent fendre les flots sur du solide, type bateau de croisière, sachez que Laird Hamilton est le roi de la vague déferlante. Né à Hawaï, il fit ses débuts de surfeur à l’âge de trois ans. Écoutez le :
Avec mes amis, nous avons révolutionné le surf et le big wave riding. Nous avons découvert une technique, le towing, où nous utilisons des jet skis pour littéralement nous tirer vers la vague, ce qui nous a permis de surfer pour la première fois des vagues gigantesques.
Aux yeux de la production, Laird offrait aussi un autre avantage : il savait travailler avec une équipe de tournage. Après tout, l’art de surfer ne sert à rien sur un Bond s’il ne s’accompagne d’un autre savoir-faire : la coordination technique avec les caméras : « Mais cela marche dans les deux sens, rétorque Laird, l’équipe de tournage doit aussi assurer de son côté ! »
Nous ne sommes pas dans la configuration d’un tournage normal, où les caméras sont fixes dans l’attente du mot « Moteur ! ». Ces types sont des spécialistes de l’action, de la mer, de la montagne. Ils n’en sont pas à leur premier coup d’essai, ce sont de vrais maîtres en la matière.
Si Laird est d’Hawaï, ce n’est pas pur hasard : là, se trouvent les vagues les plus hautes et parmi elles, « Jaws », qui prend sa naissance sur son littoral. Dans notre scénario, il faut non seulement que les surfeurs soient excellents mais que certains soient capables d’exécuter une chute culbutée avant de plonger dans le rouleau.
Faire exprès de chuter peut être dangereux. Cela entraîne des complications bien spécifiques parce que, contrairement à la chute accidentelle, elle fait moins appel à l’instinctif. Si vous vous écrasez normalement sur une vague, vous fonctionnez sur le mode de l’instinct ; par contre, s’il s’agit d’un acte volontaire, il faut penser à la façon d’y parvenir et vous faites appel à tout autre chose. Heureusement, nous sommes très bien suivis par l’équipe. Et puis, à nous d’essayer de jouer la prudence au cœur d’un océan fantasque…
Vu de la plage, il ne semble pas que nous ayons la même définition de « prudence», mais Laird semble sûr de lui.
Nous avions déjà passé en revue les besoins du tournage avec le réalisateur et les producteurs : rien ne nous avait paru infaisable ou invraisemblable.
Malgré tout, le mauvais temps aurait pu être dévastateur. D’ailleurs, une fois la scène en boîte, Laird avoua ceci :
Les gars, vous devez plaire à quelqu’un, là haut : tout vous sourit, même la nature. Vous auriez très bien pu avoir de la pluie et du vent pendant 2 ou 3 mois sans jamais obtenir les conditions de tournage nécessaires.
De fait, la séquence fut filmée juste après Noël, et ces conditions n’ont plus jamais été réunies depuis. Par chance, donc, nous avons pu tourner nos plans pendant cette brève parenthèse où elles l’étaient toutes à notre avantage. Mais ne vous avais-je pas dit, en guise d’introduction, qu’engager le meilleur, c’est obtenir le meilleur ?
Petite visite surprise au Palais de Buckingham
(13 mai 2002) Par un dimanche matin, pour des extérieurs pourtant proches, nous nous retrouvons debout, fin prêts malgré l’heure. Nous sommes au cœur de Londres et les plans aériens doivent être terminés avant 9 heures : dès 5 heures, des membres de l’équipe, les yeux encore pleins de sommeil, se retrouvent autour de l’énorme machine à thé du quartier général dressé sur le Mall.
Notre méchant a concocté de nouveaux plans diaboliques mais pour masquer ses intentions et jeter de la poudre aux yeux des médias du monde entier, il a décidé de tenir une conférence de presse. Bond oblige, ce n’est pas en métro qu’il arrive mais en parachute. Et devant le Palais de Buckingham, s’il vous plaît !
Toute scène d’extérieur demande une véritable préparation, mais lorsqu’il s’agit de filmer devant une résidence royale, préparation est un faible mot. Tony Waye, le producteur exécutif, brosse ainsi le tableau :
L’équipe chargée des repérages n’a pas eu une tache facile ici, mais tout le monde s’est montré incroyablement coopératif à notre égard. Ils ont même hissé pour nous le drapeau de l’Union Jack (le drapeau du Royaume-Uni) à 5 heures du matin, au lieu de 8 heures : ils ont été merveilleux.
Un hélicoptère (piloté par Marc Wolff, naturellement) doit décoller de Pinewood à 6h15 pour transporter les cascadeurs. Sur place, devant le Palais, nous devons nous assurer que toutes les caméras sont prêtes à filmer le saut depuis l’hélicoptère au moment précis du survol. Au risque de me répéter : Bond oblige, tout a été méticuleusement planifié de telle sorte qu’à l’heure dite, tout le monde est en place, les yeux tournés vers le ciel.
Tout comme pour la scène de surf, les producteurs se sont assurés les services du meilleur : le premier à sauter n’est nul autre qu’Allan Hewitt, un ancien membre du Régiment de Parachutistes connu sous le nom de Red Devil. Selon lui, tout est dans la compréhension profonde que l’on a de son équipement.
Il s’agit de bien connaître son parachute. J’ai plus de 3000 sauts à mon actif avec ce modèle : je crois commencer à bien comprendre ses subtilités !
Tous les médias du monde (ou plutôt les figurants jouant leurs rôles) sont là, caméras aux aguets… Rosamund Pike, alias Miranda Frost, élégante dans son tailleur pantalon, attend… Gerry Gavigan, le premier assistant réalisateur, nous avertit de l’arrivée imminente de l’hélicoptère qui, soudain, apparaît en décrivant des cercles au-dessus de nous.
« Action ! » Nos yeux sont rivés sur Allan Hewitt en chute libre : son parachute s’ouvre et voici que dans la pure tradition d’un Bond, il flotte au delà de l’Union Jack, survole comme en apesanteur le Palais de Buckingham avant d’accomplir un atterrissage parfait sur le matelas de sécurité, devant les acteurs et les techniciens.
Le drapeau flotte sans frémir, tant les conditions météo sont presque idéales : une bonne visibilité, pas de vent, et cela malgré des conditions adverses pendant les quelques derniers jours. Après les souffrances infligées par les intempéries espagnoles, on nous devait bien ce break !
Cependant, vu du ciel, il en était tout autrement selon Allan :
À 2000 pieds, le vent souffle en fait à 20 nœuds. Puis, lorsqu’on atteint 500 pieds, plus rien, c’est très étrange…
La séquence est même en boîte plus tôt que prévu et nous pouvons laisser place nette au Premier Bataillon des Gardes Ecossais qui va défiler.
Même un film de Bond ne peut rivaliser avec une coutume ancestrale : la cérémonie de la Relève de la Garde !
Peter Lamont. Profession : Chef Décorateur
(21 mai 2002) Voir un Bond, c’est aussi forcément remarquer l’importance du chef décorateur et de son travail. Car c’est à lui et à son équipe qu’on doit les spectaculaires décors et les extérieurs à couper le souffle découverts par 007 au fil des années.
Peter Larmont commença « sa » saga Bond comme dessinateur sur Goldfinger, ce qu’il est toujours. Devenu chef décorateur sur Rien que pour vos yeux, il signa tous les décors qui suivirent, à l’exception de celui de Demain ne meurt jamais. Une pause qui lui valut un Oscar pour Titanic.
On commence toujours devant la fameuse page blanche, puis cela évolue.
D’évolution en évolution, le Art Department semble le suivre sans sourciller sur des tournages et des extérieurs de plus en plus variés. Peter et toute son équipe sont plus désireux que jamais de vous montrer à l’écran du jamais-vu.
Nous voulons montrer des choses qui ne l’ont jamais été ; et si nous sommes amenés à utiliser quelque chose de résolument unique, moderne, Bond ne s’en portera que mieux !
Mais les détails comptent tout autant. Prenez la couleur des voitures, par exemple. Peut-être vous souvenez-vous d’avoir lu sur ce site que la Jaguar de Zao est d’un vert particulièrement vif.
Ceci fut décidé après mûre réflexion, plusieurs autres couleurs ayant été envisagées et testées face à l’Aston Martin.
C’est le « Racing Green » Jaguar, et cela fonctionnait très bien sur la glace. L’écurie Jaguar étant très sensible à la ligne pour les différents Grands Prix, la voiture avait un vrai look.
Ce n’est qu’au moment où l’on voit la voiture rouler sur un lac gelé en Islande qu’on commence à apprécier à sa juste valeur l’importance d’une décision prise en Angleterre des semaines auparavant.
Mais Peter ne manque jamais de rappeler l’importance d’avoir autour de lui une formidable équipe : « Je n’ai de talent que si mes hommes en ont. »
On pourrait ajouter : si toutes les équipes du film en ont. Si beau fut-il, tout décor réalisé par l’Art Department pourrait, éclairé par un mauvais directeur de la photographie, soudain sembler horrible. Heureusement, aucune inquiétude de ce coté là : nous sommes entre les mains expertes de David Tattersall.
Tenez, un exemple : Peter a reconstruit l’exacte réplique du « Eden Project » où s’étaient tournés des extérieurs. Apparemment, tout est identique, mais la problématique est différente : comment réussir à parfaitement rendre l’effet de lumière, filtrée par les dômes, sur le plateau E de Pinewood ?
Lorsqu’on voit le vrai « Eden Project », l’effet est saisissant. Lorsqu’on voit le nôtre, on se dit que David Tattersall l’a éclairé de main de maître.
Une des méthodes prônées par Peter, pour s’assurer que la production toute entière saura comment fonctionneront les décors, consiste à construire des maquettes.
Je préfère de loin faire construire des maquettes car cela permet une vision tri-dimensionnelle. Nous avons une micro caméra et la reproduction du palais de glace s’est révélée très précieuse pour le réalisateur : lorsqu’il est venu la voir, soudain, tout lui est apparu en 3D.
Bien entendu, nous vous ferons voir cela et ce qu’il en a fait… un autre jour !
Rencontre avec les media au festival de Cannes
(30 mai 2002) À jour nouveau, nouveau décor…
À Pinewood, acteurs et techniciens accueillent en général avec soulagement le week-end qui ponctue un rythme de tournage hebdomadaire épuisant. Mais vendredi dernier, au lieu de rentrer chez lui, Pierce Brosnan dut affronter des problèmes de contrôle aérien pour une nouvelle destination : l’aéroport de Nice.
Le Festival de Cannes fêtait ses 55 ans et Pierce avait décidé d’y passer le week-end pour rencontrer les journalistes du monde entier.
Bien sûr, James Bond se sent chez lui dans le Sud de la France : de Menton à Marseille, aucune table de jeux n’est à l’abri de ses redoutables talents. Commentaire de Pierce :
Ici, Bond est chez lui. Je dirais même que c’est un lieu qui lui va droit à l’âme !
Et pourtant, c’est une première pour Pierce Brosnan, qui se décrit comme un « puceau cannois »… Alors Pierce, un mot pour résumer cette aventure ?
Incroyable !
Pourtant, cette année, certains détails facilement repérables ne pouvaient manquer de le faire se sentir en terrain connu. Le logo de Meurs un autre jour se dessinait fièrement sur le ponton du célèbre Hôtel Carlton tandis que l’Aston Martin de 007 était garée juste devant l’entrée de l’hôtel.
Le Festival de Cannes est un véritable test d’endurance pour tout metteur en scène qui s’y aventure. Entre les médias et les soirées, difficile de trouver un instant pour souffler. La venue de Pierce fut comme distillée à souhait lors d’une soirée riche en rencontres.
À cinq heures, il commença par un photo-call sur la plage du Noga Hilton où il était arrivé (évidemment !) par bateau. Après avoir été mitraillé par les flashs des photographes sous des cieux menaçants (et oui, le temps n’est pas toujours au beau fixe sur la Côte d’Azur), il remonta à bord pour le court trajet jusqu’à l’hôtel Majestic où l’attendaient les journalistes de télévision.
Rejoint par sa femme Keely, il s’adressa à chacune des télévisons alignées sur le ponton de la plage du Majestic avant de rejoindre ses partenaires à un cocktail sur la plage orchestré par la MGM, le distributeur du film.
Le dîner terminé, en route pour la soirée MTV qui, cette année, avait choisi le thème 007 pour fêter les 40 ans de la saga Bond. Pour cadre, le palais Bulles, propriété de Pierre Cardin aux environs de Cannes. Ce fut une de ces vraies soirées, dignes du mythe cannois, qui ne démarrent vraiment qu’à la nuit (bien !) tombée… Pierce n’en eut que plus de mérite à arriver lundi sur le plateau, à 6h30 du matin, frais comme un gardon… Tout le monde ne put en dire autant, à commencer par un certain…
Une visite au palais de glace
(6 juin 2002) Peter Lamont nous racontait l’autre jour qu’il aimait construire les maquettes des principaux décors pour donner au réalisateur une idée de ce que lui permettrait l’espace. L’exemple qu’il prenait était celui du palais de glace. Il s’agit de l’édifice que Gustav Graves fait ériger en Islande pour accueillir ses invités et qui a été reconstruit sur le plateau de 007, à Pinewood même.
Ainsi, après avoir vu la maquette, le réalisateur Lee Taahori, avait pu créer une scène bien plus délire que celle du scénario original. Il voulait voir les vraies voitures foncer dans tous les sens sur le vrai décor. Ce qu’il explique ainsi :
Plutôt que d’opter pour un décor traditionnel et de faux murs, nous avons décidé de tourner une partie de la course-poursuite à l’intérieur même du palais de glace en train de s’effondrer. Concrètement, il nous fallait totalement redessiner les éléments structuraux d’un faux décor assez fragile et le transformer en un vrai décor assez solide pour permettre aux voitures d’y foncer à toute vitesse.
En d’autres termes, ce décor devait comporter des élévations quasi inaccessibles mais assez solides pour supporter le poids de plusieurs tonnes de voitures en pleine course-poursuite. Comme nous le fait remarquer Peter, il ne suffisait pas de créer un décor cinématographiquement beau.
Tout doit être contrôlé par des ingénieurs du génie civil au nom des normes santé et sécurité.
Bien sûr, la sécurité est un point important mais sur un film, l’esthétisme aussi ! Et lorsqu’il s’agit d’un palais de glace, la question de la reproduction réaliste de la glace se pose forcément… Peter et Steven Scott, son directeur artistique, voulaient que leur construction ait la riche palette de couleurs qu’ils avaient pu observer réellement pendant le tournage en Islande.
Finalement, différentes méthodes furent utilisées pour obtenir ce qu’ils voulaient. Ainsi, ils commencèrent par mettre un enduis sur les murs et le plafond.
C’est un produit à base de plastique utilisé pour les éclats de verre. Il s’infiltre pour former les glaçons que vous voyez.
Puis, à l’aide de diverses techniques (dont certaines développées spécialement pour le film), on donna à toutes les surfaces visibles le miroitement bien particulier des cristaux de glace.
Quant aux piliers de soutien, il fallait bien que l’Art Department trouve un moyen de suggérer les profondeurs et les contrastes au cœur de tels blocs de glace.
On a découvert, en broyant puis en chauffant au sèche-cheveux du plastique transparent, que cela leur donnait cet effet fragmenté, fissuré.
Et comme ce décor prend toute la surface d’un des plus gros plateaux d’Europe, imaginez le nombre de séchoirs mis à contribution !
Le résultat est plus qu’éloquent… Même lorsqu’il fait chaud dehors, sur le plateau de 007, cernés par la glace… on s’emmitoufle !
Gros plan sur Rosamund Pike
(18 juin 2002) Après 20 semaines de tournage, je me suis demandé comment les nouveaux-venus prenaient leurs marques. Tout grand film est une aventure et un parcours du combattant pour ceux qui y participent. Il m’a semblé que le moment était venu d’interroger Rosamund Pike, pour savoir comment elle s’y adaptait.
Le rôle de Miranda Frost va propulser Rosamund sous les projecteurs qui ont éclairé toutes les James Bond girls précédentes. Mais cela ne semble pas perturber sa sérénité.
C’est un rôle dont on ne peut qu’être fier. Miranda Frost, c’est une « James Bond girl » et elle le restera – tandis que moi, à la fin du film, je quitte ma panoplie de James Bond Girl pour revenir à la réalité.
Mais avant cela, elle compte bien profiter au maximum de l’expérience.
C’est comme un rêve, c’est stimulant et en même temps éperdument passionnant. Les jours passent et ne se ressemblent pas. J’étais déjà enthousiaste avant même de commencer à tourner, mais je crois que l’excitation monte de jour en jour.
C’est certainement passionnant, mais sans doute intimidant aussi de se retrouver face à 007.
En fait, personne n’est préparé à affronter James Bond sur un plateau. Quand on rencontre Pierce pour la première fois, on se dit « quel homme charmant, il est drôle et sympa » ; et puis sur le plateau, on se trouve face à James Bond, et on n’y est pas préparé. Rares sont les écrivains qui ont créé un personnage aussi éternel et intemporel que celui de James Bond. C’est formidable qu’un personnage si populaire dans les années 60 rencontre encore un tel succès. C’est vraiment extraordinaire.
Dans ce type de situation, cela peut servir d’avoir une arme à portée de main. Miranda Frost maniant le fleuret avec dextérité, Rosamund se plie à un entraînement intensif dès qu’elle a un moment de libre.
Miranda est championne olympique, alors j’ai du pain sur la planche.
Rosamund est aidée dans sa tâche par un grand maître d’escrime, l’un des meilleurs qui soit. Bob contrôle chacun des coups portés, et s’assure qu’il fait mouche ! C’est lui qui a travaillé sur Le Masque de Zorro, Le Seigneur des anneaux, Les Trois Mousquetaires et Highlander.
Lorsque je suis allé leur rendre visite, dans les salles d’escrime des studios de Pinewood, Bob était si satisfait des progrès de son élève qu’il avait déjà d’autres vues pour elle que le film.
En fait, je l’entraîne pour les Jeux Olympiques d’Athènes, en 2004. Vu ses dons naturels, elle y remportera une médaille d’or au fleuret.
Mais il lui faut d’abord terminer le film, dont le résultat ne lui laisse aucun doute.
Les films de James Bond ne cesseront jamais de plaire. Même si le public marche et retrouve ses marques, on lui a ménagé des surprises, et je pense que c’est ce mélange de repères et d’effets de surprise qui l’attire.
George Aguilar : Coordinateur des cascades
(26 juin 2002) Ma tête résonne encore du cliquetis des fleurets depuis notre visite aux salles d’escrime, la semaine dernière ; ce qui m’a incité à aller interroger George Aguilar, le responsable des cascades. Selon Pierce, dans ce film, il y a de l’action pour deux, et George n’a pas le temps de se tourner les pouces.
Les films de James Bond sont toujours riches en cascades. Ce qu’il y a de difficile, c’est qu’on n’a pas fini de travailler sur une scène qu’il faut déjà enchaîner sur une autre, avec une cascade non moins spectaculaire. Il faut être toujours prêt et sur le qui-vive.
Comme il nous l’a dit, tout coordinateur de cascades, fût-il américain, ne peut qu’être fier de travailler sur un James Bond.
Quand on est jeune et qu’on voit un James Bond, on se dit « qu’est-ce que j’aimerais travailler là-dessus ! ». Ça commence toujours sur les chapeaux de roues, vous imaginez ma joie quand j’ai décroché ce contrat.
Dans le cas de ce film, ça démarre très fort, avec plusieurs scènes explosives dont beaucoup avec notre aéroglisseur. Nous vous donnerons plus de détails d’ici une semaine. Même si l’aéroglisseur n’est pas un engin facile à manier, George se faisait encore plus de souci pour la course-poursuite en Aston Martin sur la glace.
Le problème avec les poursuites sur neige ou sur glace, c’est l’uniformité du paysage. Quand une voiture roule sur glace, on a du mal à se rendre compte de sa vitesse car rien ne bouge dans le décor environnant, il n’y a pas de référence visuelle. Heureusement, en Islande, il y a les glaciers. Ils sont si gigantesques et si insolites que ce sont eux qui servent de référence visuelle et qui donnent l’impression de vitesse. Vic (Armstrong, metteur en scène de l’Action Unit) les a très bien filmés et a réalisé de très bons plans, sans parler de la qualité de la conduite des cascadeurs en Islande.
Pour la course-poursuite dans le Palais de Glace, on a eu le problème inverse – le paysage était trop disparate.
Les voitures roulent bien sur la glace, mais dans des galeries extrêmement étroites. Ce qui nous sauve, ce sont les marques qu’a placées l’Art Department sur les parois, pour indiquer où taper et rebondir, afin de donner l’impression que la glace vole en éclats. C’est une superbe séquence, très intéressante visuellement.
Une fois encore, c’est Mark Mottram qui double Pierce Brosnan pour les cascades. J’ai demandé à George de nous expliquer quelles étaient les qualités requises pour ce travail.
Eh bien, pas question d’être petit et gros pour doubler Pierce ! Comme pour toutes les cascades, il faut être prêt à prendre des gnons et être assez sportif. Pour doubler Pierce, il faut en plus un certain maintien, et Mark est une doublure idéale à cet égard.
Comme le souligne George, Mark n’a même pas l’occasion de jouer son rôle autant que prévu.
Pierce essaie d’aller aussi loin qu’il le peut. Il arrive que nous soyons obligés de le réfréner – et parfois sans succès.
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p style= »text-align: justify »>Compte tenu du danger, la sécurité est toujours le premier souci du coordinateur des cascades.
Dans le passé, on aurait dit « Tu pourrais sauter du haut de ce bâtiment pour cinq cents francs ? ». Mais aujourd’hui, la sécurité est une de nos préoccupations majeures. Câbles, appareillages, rembourrage ; tout a été amélioré et est mieux pensé, et chacun fait plus attention à ce qu’il fait et à sa préparation.
Le fait que toute l’équipe soit toujours sur pied après six mois de cascades exténuantes suffit à prouver la qualité de la préparation de cette production. Nous en reparlerons la semaine prochaine, avec plus de détails sur la séquence des aéroglisseurs.
Zoom sur les aéroglisseurs
(3 juillet 2002) Il y a quelques semaines, je vous ai parlé des aéroglisseurss dans les ateliers d’Effets Spéciaux. Depuis, ils ont été filmés en pleine action… Comment cela se passe t-il ?
En fait, le premier problème a été d’apprendre aux cascadeurs à les piloter. George Aguilar, le coordinateur des cascades nous donne quelques explications.
À l’exception des constructeurs, personne ne savait se servir d’un aéroglisseurs. Il a donc fallu former les doublures de Bond et du Colonel Moon pendant six semaines pour qu’ils puissent les piloter.
Vic Armstrong, metteur en scène de l’Action Unit, m’a confié que ces engins étaient un peu plus difficiles à maîtriser qu’une voiture :
Un aéroglisseurs, c’est vraiment bizarre. Ça flotte en l’air et c’est le sol qui dicte la trajectoire. Il emprunte toujours la voie offrant le moins de résistance. Supposons que vous soyez sur terrain plat et qu’une pente se dessine, il descendra la pente, quoique vous fassiez pour le rediriger. Mais c’est intéressant à regarder. Il y a quelque chose d’extra-terrestre dans la manière dont ça glisse, et je pense qu’on a une sensation bizarre en le regardant.
À quel moment du film apparaissent les aéroglisseurss ? Lee Tamahori, le réalisateur, m’a renseigné :
La séquence des aéroglisseurs est la première grande scène d’action du film. Dans tous les James Bond, la tradition veut qu’il y ait une scène d’action avant le générique. Dans ce film, elle est inédite et prenante ; ce n’est pas une vulgaire scène d’avant-générique, elle fait vraiment partie du film.
Chris Corbould et l’équipe Effets Spéciaux ont maquillé les engins style James Bond. Ils en ont même fait des véhicules militaires. Mais Vic s’est rendu compte que pousser la conception à l’extrême n’allait pas sans quelques inconvénients.
Nous avons eu énormément de problèmes avec les moteurs qui explosaient. Ils n’ont que deux cylindres et tournent à huit ou neuf mille tours.
Autre problème, et non des moindres, le lieu de tournage : Long Valley, à Aldershot, à environ 80 kilomètres de Londres.
Ce site d’essai de l’armée est très abrasif pour les véhicules. On dit que si un char tient deux semaines ici, on peut l’amener sur n’importe quel terrain, il fonctionnera toujours : c’est pour ça qu’on les teste ici. Lorsqu’on observe le sable au microscope, on s’aperçoit qu’il est acéré. Au début, nous avons eu beaucoup de problèmes avec les paliers et d’autres pièces des véhicules. Mais nous avons surmonté ces problèmes et maintenant, ils fonctionnent bien.
Cela valait-il le coup ? Lee pense que oui.
C’est vraiment spectaculaire. Vic a fait un super boulot.
Mais les aéroglisseurs peuvent-ils détrôner l’Aston Martin dans le cœur de 007 ? D’après Pierce Brosnan, non.
C’est fuyant comme une anguille !
Fin du tournage principal
(23 juillet 2002) Est-il possible que nous arrivions déjà au bout du tournage principal ? Après toutes ces semaines le nez dans le guidon, cela semble étrange d’en voir la fin…
Vous connaissez beaucoup de productions qui se terminent avec Madonna sur le plateau ? Comme vous le verrez dans un des communiqués de presse du site, Mme Ritchie nous a rejoint pour une apparition éclair dans le film, mais aucun détail n’a encore filtré à ce sujet.
Sur le plateau, ce jour-là, il y avait aussi Justin Llewellyn, fils de notre vieil ami, le regretté Desmond Llewellyn. Importateur de champagne de son métier, ce qui cadre très bien avec la famille Bond, il a été convié à servir de figurant pour cette scène.
Enfant, je suis souvent venu sur le plateau de différents films, mais c’est la première fois que je me retrouve devant la caméra.
Depuis la mort de Desmond, c’est bien sûr John Cleese qui a repris le rôle de Q. De l’avis de Justin, Desmond en aurait été ravi.
Il adorait John Cleese. Après avoir travaillé avec lui, un jour, il nous a confié que c’était l’un des hommes les plus sympas qu’il ait jamais rencontré.
Si ce film marque les débuts de Justin devant une caméra, il n’est guère dépaysé car parmi les membres de l’équipe, beaucoup connaissent la famille Llewellyn depuis longtemps.
J’ai rencontré ici tant de gens que je connaissais, et qui avaient travaillé avec mon père ! Ils en ont tous gardé de très bons souvenirs, c’est formidable. Barbara et Michael nous considèrent vraiment comme des membres de la famille Bond.
Le tournage du 20ème James Bond touche à sa fin au moment où nous célébrons notre 40ème anniversaire. Aussi nous a t-il semblé logique de conclure par cet événement. C’est ce sentiment d’appartenance à une famille qui a permis que la série se poursuive, et c’est grâce à cela que je peux affirmer, avec certitude, qu’un nouveau James Bond sortira d’ici deux ans. [lol]
Mais avant cela, il reste du chemin à faire avant la sortie mondiale de Meurs un autre jour, le 20 novembre. Je vous tiendrai au courant.
Musique de David Arnold
(5 septembre 2002) Bien que le tournage soit fini, et que la super production Bond soit en marche avec à peine une pause pour respirer : il y a encore beaucoup à faire avant novembre. Une personne qui devrait maintenant être habituée à la pression est le compositeur David Arnold, qui signe là la bande-son de son troisième James Bond. Composer la bande originale d’un James Bond est quelque chose qu’il savoure, et quand je l’ai appelé pour le rencontrer, l’atmosphère du studio était détendue et confiante.
Les gens, dans ce pays, sont très fiers de la musique de James Bond et les musiciens en sont particulièrement fiers, mais nous ne le faisons pas si souvent que ça. Nous n’y travaillons qu’une semaine tous les trois ans et de ce fait, nous essayons de faire en sorte que les gens puissent en profiter, tout en travaillant évidemment dur pour obtenir le meilleur résultat.
Le cocktail “Bond” est toujours composé de lieux glamours variés et c’est aussi important pour le compositeur que pour le public, car ça lui donne des idées visuelles pour son travail.
En ce qui concerne les James Bond, je pense qu’il y a une certaine attente de la part du public mondial : il s’attend à ce que ce soit glamour, luxuriant, somptueux et sexy.
Lorsque je l’ai rejoint à l’Air Studio, situé dans le nord de Londres, il était en mode latino car il enregistrait avec son équipe la section accompagnant la scène où Bond se rend à Cuba à la poursuite de sa proie. Le lieu a donné à David une chance d’expérimenter les rythmes cubains.
Je continue à me référer aux vieux films de Sean Connery, où il portait ces chemises hawaiiennes aux couleurs vives, lorsque je vois Pierce dans ce James Bond-ci se promener avec des lunettes de soleil et une chemise décontractée. C’est super de pouvoir jouer avec l’exubérance de ce genre de musique, et avec la lumière du soleil.
Cuba représente seulement une partie du film global, et c’est pourquoi nous devrons nous revoir un peu plus tard avec David, pour remettre à jour le processus, et découvrir ce que donne l’ensemble.
Séquence d’ouverture avec Danny Kleinman
(13 septembre 2002) Notre visite au compositeur David Arnold m’a fait penser à la séquence d’ouverture, qui est toujours une partie à part entière du film. Depuis Goldeneye, ces séquences ont été créées par Danny Kleinman bien que celui-ci reconnaisse la dette que la série des James Bond a envers le concepteur original de ces parties : Maurince Binder.
On pourrait dire que 75% ou 80% de ce que je crée dans la séquence du titre est un clin d’oeil à Maurice Blinder, et c’est entièrement basé sur la structure qu’il a mise en place et que je ne voulais pas changer, car cela fait partie de l’attente du public lorsqu’il va voir un film de James Bond. Dans une ‘séquence-titre’, on s’attend à voir des filles, on s’attend à les voir un peu danser, on s’attend à ce que ce soit un peu sexy, kitsch et on s’attend enfin à un certain sens de l’humour. Je pense que toutes ces choses sont vraiment importantes et que ce sont elles qui donnent à la séquence ce côté « iconographique ».
lesquels il créé la séquence-titre, et il reste fidèle à la séries parce qu’il prend plaisir à y participer :
Je pense que si vous êtes un jeune britannique, cela fait partie de votre culture commune de développement. Quand j’étais enfant, je faisais collection des cartes dans les pochettes de bubble gum, et j’avais la petite voiture avec l’homme qui s’éjecte du toit. Cela fait partie de votre développement personnel, et une partie de ce dont je me rappelle vraiment des James Bond sont les séquences-titre. J’étais un grand fan de Maurice Binder et j’avais des frissons quand je voyais les filles nues dans les séquences, c’est un rêve d’adolescent qui devient réalité. La séquence-titre est un de ces éléments essentiels.
C’est un élément essentiel non seulement parce que c’est une partie familière des James Bond, mais également parce qu’il sert des fonctions importantes. Une de celles-ci, évidemment, est de permettre d’afficher la longue liste de noms qui composent le générique d’ouverture, mais comme Danny le souligne, la séquence a également un but narratif.
Dans les James Bond, il y a une première bande, puis la séquence-titre commence, parce que la première bande est toujours une chevauchée terrifiante, dans laquelle il y a beaucoup d’action et dans laquelle on est absorbé en pensant que c’est génial, et puis ensuite elle finit avec quelques grosses cascades, et on a vraiment besoin de respirer avant de voir le reste du film. C’est une autre fonction de la séquence-titre.
Dans Meurs un autre jour, la séquence-titre est utilisée pour faire avancer l’histoire : c’est une technique que Danny a déjà employée avant cela.
La première séquence-titre que j’ai réalisée était celle de Goldeneye, et elle était sensée être une séquence narrative bien qu’elle fût vraiment surréaliste. Elle disait « le temps passe », elle racontait que ce qui était en train de se passer dans les pays communistes était la chute du communisme. De même cette fois, la séquence était supposée être narrative ; ce qui est différent ici est en fait l’utilisation de scènes de Bond de telle sorte qu’on le voie dans la séquence, et une fois encore, c’est le temps qui s’écoule. Donc pendant les titres, on se dit « le temps est passé ». C’est presque comme un rêve.
En ce qui concerne le contenu exact de la séquence d’ouverture de Meurs un autre jour : tout ce que je peux vous dire pour l’instant est qu’en plus des filles, elle mettra en scène de la glace, du feu et des diamants.
Yarborough clôt sa session… Jusqu’à la prochaine fois
Comme le temps passe vite ! Hier encore, je vous accueillais dans les studios Pinewood pour le début du tournage, et la sortie du film est déjà là ! Dans le monde entier, on s’affère aux derniers préparatifs et les attentes grandissent. C’est une période pendant laquelle la fièvre monte pour tous ceux qui sont impliqués, mais ceux pour qui le travail est fini sentent eux aussi monter la pression. Prenez Colin Salmon, par exemple. Il apparaît désormais régulièrement dans le rôle de Robinson, le Chef du Personnel du MI6, ce qui implique, selon ses propres dires :
Que le personnage de Robinson vous suit jusque dans votre vie privée, en quelque sorte.
Malgré des apparitions nombreuses et variées tant au cinéma qu’à la télévision, dans lesquels il a pu faire preuve de son talent exceptionnel, Colin est encore perçu par beaucoup comme appartenant au monde de Bond. Comme la date de sortie du film approche, l’intérêt qui lui est porté grandit :
Les gens me posent toujours des questions et j’ai en trayon cette réponse toute prête : « si je vous le disais, je devrais vous tuer ». Parce que tout le monde est sur votre dos, tout le monde veut savoir ce qu’il se passe.
Mais tous les acteurs ne laissent pas derrière eux une traînée de sang derrière eux à l’approche de la première… Rosamund Pike trouve que faire partie d’un James Bond est quelque chose de très spécial.
Lorsque vous rencontrez un véritable fan de James Bond, que vous voyez leur visage et qu’il demande « Que faites-vous en ce moment ? » et que vous lui répondez « Je suis dans un James Bond », leur visage s’illumine complètement, et faire partie de cette institution c’est quelque chose de fantastique.
Et c’est sur cette note positive que s’arrêtent ici mes notes sur Mmeurs un autre jour. Filmer un James Bond est très difficile parce que chaque membre de l’équipe veut que chaque film soit le plus grand et le meilleur. Mais pour c’est pour cette raison même que, comme le dit Rosamund, en faire partie c’est quelque chose de fantastique.
Je vous retrouverai pour le 21i ème James Bond. D’ici là… bon film.
Yarborough
À noter que Yarborough est revenu une dernière fois pour Casino Royale : ses rapports se trouvent ici. Il peut aussi être intéressant de faire un tour sur le site de Demain ne meurt jamais.
Merci pour ce travail d’archivage superbe et essentiel.
De rien, ça fait plaisir (je pensais vraiment que cela n’intéresserait personne), c’est dommage que les trucs se perdent. En revanche je passe mon tour pour les rapports de CR (trop de traduction), je laisse ma place à qui la veut…
Bonjour Clément,
Je confirme que votre travail intéresse beaucoup de monde, même si tout le monde ne vous le dis pas hélas.
Encore merci
Merci à vous !