Première collaboration du duo Purvis & Wade, l’histoire concoctée par le duo de scénaristes s’empare des rôles récurrents et des codes habituels des films de James Bond pour les plonger dans une intrigue dense et exigeante, sans pour autant renoncer aux actions et personnages hauts en couleur !
Alors que le compte a rebours pour le 21e siècle a commencé, ils est bon se savoir qu’il y a toujours un nombre sur lequel vous pouvez toujours compter.
Bond ? Bond ! C’est ainsi que commence la bande annonce du Monde ne suffit pas dont la sortie à Noël 1999 coïncide parfaitement avec l’arrivée du redouté bug de l’an 2000, et de cette date fatidique où l’on pense que tout va changer.
Rarement Bond aura été aussi en phase avec l’actualité. Tout est fait pour rappeler les changements du monde d’aujourd’hui, à commencer par le pré-générique. Pour la nouvelle année, Bond est de retour à Londres pour la première course poursuite de la franchise dans la capitale depuis le lancement des films. Bond y montre qu’il peut y utiliser ses gadgets explosifs avec autant d’aisance que partout ailleurs dans le monde, et se paye même le luxe d’escalader le dôme du millénaire fraîchement inauguré.
Mais si Le Monde ne suffit pas célèbre la survie de 007 au XXe siècle, le film prend également très au sérieux les nouveaux défis du XXIe : nous affrontons donc le premier méchant terroriste de la franchise avec Renard, ainsi que le premier attentat lancé sur la capitale. Adieu les armées privées, les guerres mondiales et les destructions du monde. La menace de ce Bond correspond à la première préoccupation de l’époque : le pétrole et ceux qui le possèdent. On peut dire au revoir aux États et nations : russes en anglais sont logés à la même enseigne. Bond et ses alliés évoluent dans un monde économique instable où ce sont les actions terroristes qui mènent la danse.
Est-ce que pour autant ces nouvelles thématiques en rapport avec l’actualité changent l’atmosphère de ce 19e James Bond ? Justement non ! Le scénario du Monde est clairement le point fort du film : il mélange intelligemment ces nouvelles préoccupations avec les vieux ressorts des aventures de Bond et les visages familiers de la saga.
On retrouve donc le parrain russe Valentin Zukovski, de vieilles bombes datant de l’URSS, des princesses/héritières en détresse, des traîtres russes et hommes de main aux dents d’or (Davidov & Bull), et Istanbul, l’éternelle ville des espions. Sauf qu’aucun de ces éléments classiques ne se cantonne à son stéréotype : les vieilles bombes russes sont piratées par les terroristes, les héritières en péril ne sont pas si innocentes qu’elles y paraissent, les ennemis de la mafia russe d’hier sont aussi la cible des hélicoptères des méchants. Même au MI6, il y a du chamboulement : Q tire sa révérence, la BMW indestructible du précédent film est coupée en deux en 5 minutes, l’insubmersible M se montre faillible, biaisée vis à vis de son passé et kidnappée.
Bref, si l’action est classique et Pierce Brosnan évolue dans son smoking comme un poisson dans l’eau, le duo Neal Purvis et Robert Wade, pour sa première participation à la saga, passe l’ensemble des codes de la saga au shaker, au lieu de les remuer gentiment à la cuillère. Cela nous donne des scènes classiques de tortures alternées avec des poursuites dans les pipelines à 100 à l’heure. M nous montre ses ressources sur le terrain, Bond se retrouve à devoir tuer de sang froid, et même le terroriste Renard, un méchant qui fait lui même son sale boulot, montre qu’il n’est pas si méchant que ça, et simplement amoureux.
Le Monde ne suffit pas a évidemment des passages un brin forcés, comme cette James Bond girl pompée sur Lara Croft dont on ne sait pas bien ce qu’elle vient faire dans l’intrigue. Mais alors que tout le monde se prépare à faire la fête pour l’an 2000, quel n’est pas notre bonheur de voir l’ami Bond affronter une menace enfin crédible, avec tout le panache habituel propres aux aventures de Bond ?
Bonjour.
Merci pour cet article, que je partage.
Quand j’avais vu « Le Monde ne suffit pas » au cinéma, j’étais un brin jeune et je l’avais trouvé un peu « classique » dans son traitement (par rapport à « Demain ne meurt jamais » qui faisait plus « jeune ») … mais je l’ai revu récemment et mon avis à évolué.
C’est un excellent épisode, peut-être l’un des meilleurs de l’ère Brosnan. Le film est particulièrement bien écrit et mêle habillement les relations personnelles entre les différents personnages et la menace de terrorisme mondiale. La caméra est aussi bien maitrisée, les mouvements sont fluides (rien à voir avec les scènes d’action de « Quantum of solace » monté avec un stroboscope qui fatigue à la longue)
Évidemment, on est tous d’accord pour dire que Christmas Jones est too much dans cette histoire etc.
Le duo de scénariste a bien bossé pour cette première. Que s’est-il passé pour « Meurs un autre jour » ? Quel dommage ! Quel dommage que Pierce Brosnan termine son aventure bondienne sur ce film.
La première heure de « Meurs un autre jour » est parfaite … mais arrivé en Islande, c’est du grand n’importe quoi. Si « Meurs un autre jour » avait été plus sobre, je suis certain que Pierce aurait eu droit à son 5e film. Quel triste gachi. Je l’ai encore en travers la gorge …
Longue vie à ce site.
Merci pour tout
Merci beaucoup Ben ! Je partage ton avis sur Meurs un autre jour. Je ne comprends pas ce qui leur a pris une fois arrivé en Islande, mais ça n’avait plus grand chose à voir avec Bond