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[Chronique] Aimons Pierce Brosnan et Meurs un autre jour !

Certaines opinions font tellement consensus qu’elles prennent parfois trop de place sur internet.

dcinjbJe comprends maintenant que les fans de Bond qui ne sont pas fans de Daniel Craig doivent en avoir plein les oreilles des éloges de son 007. Je comprends que les déçus de Skyfall se sentent seuls face aux nombreuses personnes du public tout à fait satisfaites par Bond 23. Il y a eu l’époque de danielcraigisnotbond.com, où cracher sur Daniel Craig était le sport en ville.

La tendance actuelle est de penser pis que possible du dernier film de Pierce Brosnan, et plus généralement de la performance de l’acteur irlandais qui aurait rendu Bond trop super-héros et trop détaché de l’action.

Tout comme Roger Moore dont le Bond était non-violent et humoristique, je ne vois pas pourquoi l’on condamnerait le Bond de Pierce Brosnan qui offrait un super-espion contemporain à une époque où c’est ce qu’on attendait de lui : un action man qui rappelle Sean Connery, tout en fournissant le divertissement nécessaire.

Alors évidemment, si l’on prend pour modèle le Bond de Daniel Craig qui est sombre et s’en prend plein la figure, dans la lignée du genre imposé par les Jason Bourne, le Bond de Brosnan fait pâle figure, et Brosnan le dit lui même. Dans le documentaire Everything or Nothing, il va même jusqu’à se désolidarisé de Meurs un autre jour en déclarant qu’il ne sait pas comment ils en sont arrivés à un tel film.

Mais en ce qui concerne Meurs un autre jour, je trouve dommage de mettre le fim aux poubelles de la franchise aussi vite et définitivement. Les mots « voitures invisibles » et « kite surf sur vague numérique » sont des raisons valables d’en vouloir eu film, mais à mon avis pas suffisantes pour condamner tout le film. Je commencerai donc ma défense avec deux images : oui il y a eu le kite surf sur la vague numérique, mais il y a eu aussi une superbe scène de surf en ouverture, parfaitement composée et en prises de vue pourtant bien réelles.

Alors oui, les clins d’œils aux anciens Bond ne sont pas subtils, les personnages secondaires sont des archétypes, les effets spéciaux en Islande et en Corée sont trop extraordinaires pour y croire. Mais si l’on fait exception de la partie islandaise (les dernières 30 minutes du film), je trouve que Meurs un autre jour fait bien son boulot. On peut ne pas aimer Madonna, mais notre Bond a droit a de très bonnes scènes de détention, il affronte valeureusement le Colonel Moon en Corée avec une belle course poursuite sur Hovercraft et défie agréablement Gustav Graves sans peur des dégâts dans la club Blades.

La poursuite de Zao est un très bon moment d’espionnage bondien dans la veine des classiques de l’époque Connery, l’échange d’espions en Corée fonctionne à mon avis très bien. La transformation de Zao de terroriste en méchant défiguré est haute en couleur comme bien des Bond des années 80s.

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Meurs un autre jour fournit même une réponse au 11 septembre en nous montrant pourquoi l’ami 007 n’étais pas là pour sauver le monde ce jour là.

M : Pendant votre absence, le monde a changé
Bond : Pas pour moi !

Et effectivement, Brosnan, toujours aussi à l’aise dans le rôle depuis Le Monde ne Suffit pas arrive à promener Bond à travers la planète de façon crédible. Les retrouvailles à Londres offrent de bons moments et… j’ose le dire : j’aime l’idée de la voiture invisible, surtout que la technologie tombe rapidement en panne. Sur le coup, je me suis dit « Ah bon ? C’est un peu fort mais pourquoi pas« . Mais le retour de l’Aston Martin et du siège éjectable après 15 ans valait bien ces petits moments de fantaisie.

En fait, Meurs un autre jour répond parfaitement aux deux défis de l’époque, et de la période Brosnan en général : d’une part, le film arrive à montrer que Bond peut toujours être cool, à l’aise et à la hauteur de la situation dans un monde en proie aux guerres terroristes. De l’autre, il arrive à montrer qu’il n’a pas à avoir peur de toute la fureur des jeux vidéos qui envahissaient nos écrans en 2002. En offrant une Bond Girl laracroftesque (pour ne pas dire grotesque), et un Bond capable de jouer de ces gadgets comme sur n’importe quelle Xbox, 007 réussit à montrer qu’il est un action man tout a fait acceptable.

Rajoutez à cela le savoir faire des équipes en charge de l’action, et on obtient une course poursuite sur la glace qui n’a rien de ridicule.  Là où Meurs un autre jour perd les pédales, c’est à mon avis en essayant des scènes d’actions pompées sur le cinéma américain adapté des comics qui vont trop loin et font passer Bond de l’extraordinaire au fantastique, ce qui n’est pas dans son ADN (ce final dans l’avion surarmé frise la science fiction). Comme le disait un fan sur internet : Les scénaristes avaient plein d’idées intéressantes. La mauvaise décision a été de toutes les utiliser dans ce film.

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Mais si l’on oublie ces dépassements, je pense qu’il faut reconnaitre que le Bond de Pierce Brosnan a bien négocié cette dernière boucle même s’il dérape un peu sur les bords. C’est divertissant, très beau visuellement (à part le final, mais je pense à la direction du pré-générique) et tout à fait dans la moyenne de ce qu’on peut attendre de Bond à la fin des années 90.

Après tout, les films de Bond ont toujours alterné entre des moments exagérés pour revenir aux sources. Sans Meurs un autre jour, il n’y aurait pas eu de Casino Royale. C’est juste dommage que l’on n’ai jamais offert à l’ami Brosnan la possibilité de montrer de quoi son Bond était capable dans un registre plus noir.

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Pour terminer, je vous propose cette critique de Frederic Strauss dans Télérama que je trouve assez juste et avec laquelle je suis plutôt en accord :

La superbe séquence d’ouverture annonce le programme : pour James Bond, il s’agit de surfer sur la réalité la plus houleuse qu’il ait jamais connue, la nôtre. Assez courageusement, ce vingtième film affronte donc une délicate question : mais que faisait 007 le 11 septembre 2001 ? Il croupissait dans une prison infernale, en Corée du Nord, et il y serait encore si les Américains n’avaient craint qu’il ne parle sous la torture.

Soupçonné d’être une petite nature, il est désavoué par les services secrets britanniques, qui n’ont qu’un seul plan de réinsertion pour lui : il fera la vigie aux Malouines. L’honneur n’est pas sauf, et puisque l’héroïsme n’est plus ce qu’il était, l’ex-super agent devra prouver qu’il sert encore à quelque chose. Aux efforts fournis par les scénaristes pour le remettre en piste avec une certaine crédibilité s’ajoutent ceux de Lee Tamahori, très concentré sur sa mise en scène et sommé de faire ses preuves lui aussi, puisque c’est son premier Bond.

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Le résultat est un film qui a de l’esprit et de la tenue, et qui reprend avec mesure le chemin des fantaisies d’antan : une clinique de La Havane spécialisée dans le changement d’ADN, un roi du diamant qui a fait construire en Islande un hôtel de glace, une brune torride et une blonde réfrigérante… Peu à peu, tout l’univers de 007 est à nouveau en place. Mais ce puzzle est surtout plaisant pour ceux qui savent jouer avec toutes ses pièces, citations, symboles et souvenirs compris.

C’est dans ses efforts pour séduire, suppose-t-on, les jeunes spectateurs que le film est le moins convaincant : à savoir des scènes d’action plus proches du jeu vidéo que du cinéma, presque toutes réunies dans la seconde partie du film. Une scission générationnelle qu’incarne Halle Berry, d’abord James Bond girl à la Ursula Andress pour les anciens, puis clone de Lara Croft pour les nouveaux fans. Avec tous ces calculs, on s’étonne presque que le compte soit plutôt bon

Commenter

  • Une belle idée de « réintégrer » ce film mal-aimé et désavoué… Bravo pour cet article et le « courage » d’aller à contre-courant du bien pensant consensuel ! Surprenant aussi la justesse de la critique de Télérama, plus enclin à descendre sans vergogne ce genre de divertissement que de lui trouver des circonstances atténuantes…
    Pour ma part, j’avais plutôt bien aimé le film à sa sortie mais je suis devenu plus critique avec le temps, sans être influencé pour autant je le précise. Toute la première partie jusqu’au retour de 007 en action m’a convaincu. Destabilisé dans un premier temps (on en était pas encore à la période plus noire de l’ère Craig…) mais emballé par cette direction. Le reste est effectivement une maladroite tentative de plaire aux plus jeunes. Le syndrome envahit hélas de plus en plus de films : celui de lorgner du côté du jeu vidéo ultra découpé.
    Heureusement, les récentes aventures de Bond au cinéma nous ont montré qu’un retour aux sources, tout en étant « rafraichies », étaient ce qu’il y avait surement de mieux à faire… C’est juste dommage pour Pierce Brosnan qui reste, à mes yeux et malgré ses récentes déclarations, un excellent interprète pour 007.

  • Désolé mais non, impossible de réhabiliter Die another day, c’est le Moonraker de Pierce Brosnan. Pourtant, il avait fait une belle entrée dans le rôle de James Bond avec GoldenEye. Sa sortie est malheureuse.

  • Je ne pense pas que Meurs un autre jour était prévu comme une sortie, mais c’est vrai que le final et les 30 dernières minutes font vraiment tâche si on les compare à des scènes comme le pré-générique de Goldeneye.
    En revanche, mis à part Goldeneye, les finaux des films avec Brosnan ont toujours été de gros feux d’artifices de n’importe quoi, depuis le délire militaro-terminator de TND au grand n’importe quoi volant de DAD en passant par l’apnée en sous-marin de TWINE.
    Maintenant, quand je regarde Meurs un autre jour, je m’arrête systématiquement à la fin de la partie islandaise pour rester sur une impression pas trop mauvaise.

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