En 1954, le producteur/réalisateur Gregory Ratoff avait acheté à Ian Fleming les droits d’adaptation cinématographique de Casino Royale. Ratoff a en tête de filmer le roman les années suivantes et en 1957 il fait appel à Ben Hecht pour l’écriture du script. Hecht (1894-1964) était un grand scénariste d’Hollywood et un de ses plus prolifiques.
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Après s’être lancé en tant que journaliste, Hecht s’est mis à l’écriture de romans et pièces théâtre. Hecht est surtout connu pour son travail en tant que scénariste de film. Il a participé à l’écriture de plus de 150 films ! Ses crédits les plus célèbres incluent Scarface (1932, qui connaîtra en remake en 1983), Les Nuits de Chicago (Underworld, 1927), Les Enchaînés (Notorious, 1946) ou encore Autant en emporte le vent (Gone with the Wind, 1939) pour lequel il ne fut pas crédité.
Le 20 avril 1957, Ratoff est en possession d’un script de Casino Royale d’un scénariste inconnu dans lequel James Bond… Est curieusement absent ! Le personnage a été en effet été remplacé par un homme d’affaires (gangster ?) américain nommé Lucky Fortunato. Vesper est également aux abonnées absentes, remplacée par une autre fille nommée Suzi qui est la maîtresse de Le Chiffre. (En savoir plus sur ce script).
Les années passent mais le film ne voit toujours pas le jour. Cependant, en 1960, le Times annonce que la 20th Century Fox travaille sur le film et lâche les noms de deux acteurs qui seraient rattachés au projet : Robert Morley et Peter Finch. (Je vous laisse imaginer la réaction de Kevin McClory qui s’affairait à cette époque à créer le premier film de 007 avec Fleming…).
Alors que Casino Royale semble être sur les rails, Gregory Ratoff décède d’une leucémie le 14 décembre 1960. Sa veuve vend ses droits sur Casino Royale à son ancien agent, Charles K. Feldman (qui avait déjà acheté 50% des droits à Ratoff plus tôt), et en 1962 celui-ci aborde Howard Hawks pour qu’il réalise le film. Si Hawks parait intéressé au début, il ne tarde pas à quitter le projet. Feldman n’abandonne pas et approche Ben Hecht pour l’écriture d’un script.
Aujourd’hui nous allons nous intéressé aux scripts de Casino Royale écrits par Hecht pour Feldman. Le journalise Jeremy Duns avait déjà écrit sur le sujet dans son ouvrage Rogue Royale: The Lost Bond Film by the ‘Shakespeare of Hollywood’ dont nous avion parlé sur ce blog. Mais vu que j’ai depuis été en mesure de mettre également la main sur ces scripts, il m’a semblé devoir moi aussi me pencher sur le sujet.
Début d’intrigue de décembre 1963 : Specter, esclaves et chanteuse kidnappée
Pour Ben Hecht, l’histoire du roman ne semble pas suffisamment longue pour en faire tout un film. Il décide donc de l’étendre en imaginant une sorte de prologue dont il rédige l’intrigue sur 8 pages datés du 17 au 20 décembre 1963.
L’intrigue s’ouvre à Bagdag où des caravanes sont en train de rejoindre un ancien château/palais arabe qui abrite le quartier général de « Specter » (en non SPECTRE). Specter est semble-t-il aussi le nom de Numéro Un. Son numéro 2 est un certain Faustino décrit comme un noir « ancien hypnotiseur, magicien et expérimentateur psychologique » ayant vécu aux États-Unis.
Numéro 1 achète aux marchants d’esclaves venus dans les caravanes une cinquantaine de nouvelles filles pour son empire du vice. Numéro 1 ne se base pas que sur le physique, il recherche des filles classes qui ont de l’éducation. Il est particulièrement intéressé par une jolie rousse d’origine grecque nommée Justine ; celle-ci a été par le passé acquitté de trois meurtres, dont celui de son propre père (qui apparemment la violait). « Ce n’est pas une grande prouesse que de tuer un homme alors qu’il est préoccupé par vos charmes », dit-elle. Numéro 1 va bien évidemment l’acheter, en disant qu’il a un travail spécial pour elle.
Ils sont ensuite rejoints par Tautz, un gradé d’une organisation d’espionnage russe décrit comme un génie des mathématiques ; Numéro 1 lui demande de se joindre à lui. On apprend alors que Numéro 1 serait aussi Colonel d’un service d’espionnage russe et qu’il a utilisé de l’argent que lui avait confié Moscou pour se créer un empire mondial de bordels et se lancer dans le trafic de drogue. Il s’attend à devenir l’homme le plus riche du monde d’ici cinq ans ; en bonus les drogues et putes ont tendance à faciliter le travail qu’il effectue pour la Russie. Après avoir entendu cela de Numéro 1, Tautz décide de rejoindre Specter.
Le héros sera cette fois James Bond (Quoi que… Comme nous le verrons). Avec les deux premiers films de EON de sorties à cette époque, avoir un Lucky Fortunato ou tout personnage autre que Bond serait stupide maintenant que le personnage est connu (bien que la Bondmania ne soit pas encore arrivée et que Bons baisers de Russie n’est même pas encore sortie aux États-Unis).
À Londres, James Bond reçoit une nouvelle de la part de M. La jolie chanteuse/actrice Gloria Dunn a disparu. Cela inquiète M dans la mesure où son père, le professeur McNeil Dunn, est l’un des principaux scientifiques nucléaires de Grande-Bretagne : peut-être a-t-on enlevé sa fille pour faire pression sur lui ? Bond va rendre visite au père qui lui dit que sa fille est toute sa vie, il joue ses disques encore et encore. Le professeur a reçu une note/lettre disant seulement : « Alger Specter Vite ».
Bond se rend donc à Alger et y rencontre « son ami américain », Felix Leiter. Leiter est ici dans le cadre d’une mission de lutte contre la drogue car il y a trop de dépravation à Washington avec « la moitié des membres du Congrès » ayant une addiction à la drogue. Bond va de son côté rencontrer un inspecteur de police pour se renseigner sur Gloria. Il apprend de celui-ci qu’une fille a réussi à échapper à Specter.
À la casbah, Bond et Leiter croisent Faustino et Victor (le Numéro 3 de l’organisation). Leiter reconnait Faustino et décide de le filer pendant que Bond va s’installer dans un café. Il y a une chanteuse dans le café et en l’écoutant Bond reconnait la voix : Gloria Dunn. Il l’approche et elle explique comment elle est tombée dans la drogue.
Justine les rejoint dans le vestiaire et dit qu’elle aussi s’est enfuie d’un bordel de Specter. 007 décide de les déguiser en garçons et sort dans les rues de la casbah avec elles. Là, Justine décide d’assommer Bond et y parvient ; Gloria se met alors à combattre Justine mais se fait maitriser par cette dernière. Bond a eu toutefois le temps de regagner connaissance et se cache alors que Justine est rejointe par Faustino et Victor qui emportent Gloria.
Bond apprend par la suite que Specter va bouger toutes ses filles d’Alger à Naples. Il monte sur un bateau de Spectre où sont ces filles mais est repéré et doit s’enfuir.
Bond et Leiter se rendent à Naples où Specter a un bordel. Bond prend une fille et la quitte pour chercher Gloria dans l’établissement, il la trouve à moitié droguée dans une chambre. Justine et d’autres filles arrivent et combattent Bond ; Bond se sert alors de Justine comme bouclier humain pour sortir du bordel.
Après cela on nous dit qu’il y a une scène où un raid est mené sur un château allemand qui est un autre bordel de Specter. Gloria et son père y sont trouvés, morts.
« Maintenant commence l’histoire de Casino Royale », lit-on alors que le document se termine.
Script du 20 février 1964 : pédophilie, nom de code, bordel allemand et boue
Le 13 janvier 1964, Hecht écrit à Feldman pour lui dire qu’il espère lui faire parvenir un premier script de Casino Royale d’ici les prochains jours. Hecht ajoute dans son courrier : « je n’ai jamais eu autant de fun dans l’écriture de films que dans celui-ci ».
Le 20 février 1964, Hecht complète un script de Casino Royale. Malheureusement, comme c’est le cas avec beaucoup d’autres scripts du film écrits par le scénariste, toutes les pages n’ont pas survécu à l’épreuve du temps. Seule une quarantaine de pages ont survécu dans ma copie.
Hecht a décidé d’abandonner son idée de prologue du fin décembre, qui de toute façon n’était pas des plus excitants, pour en écrire un autre.
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Le script commence par une séquence de prégénérique s’ouvrant le bâtiment des Nations Unis à New York, comparé à un « aquarium international ». Trois représentants d’état (dont un anglais et un américain) quittent ensemble le bâtiment dans une limousine et rejoignent un appartement new-yorkais où les attendent trois filles de petite vertu, dont une qui a apparemment treize ans. « Nous ne garantissons pas son âge, mais elle porte le chemisier mi-long d’une fille de 13 ans, une jupe d’enfant minuscule, des chaussettes et des mocassins, un ruban dans les cheveux et porte quelques livres scolaires », précise Hecht.
Nos hommes sont en train de faire avec les filles ce pour quoi ils les ont payés quand deux agents américains débarquent dans la chambre. L’un d’eux est Felix Leiter. Les agents demandent aux filles de se rhabiller. L’enfant dit aux agents :
– Tina Monterey (l’enfant) (une cracheuse de feu sans rien d’enfantin) : Sortez d’ici, sales porcs ! C’est une propriété privée.
Leiter dit que les filles ont un rendez-vous avec un avion qui va les ramener chez eux. Un des hommes d’État demande à Leiter si il sait qui il est : Leiter lui assure que oui, ajoutant que les journalistes seront là d’ici 15 minutes.
Tandis que nous voyons maintenant Leiter accompagner les trois filles à un avion de l’aéroport pour les expulser des États-Unis, le prégénérique se termine alors que des journalistes filmant cela expliquent aux téléspectateurs qu’une commission d’enquête sénatoriale a récemment déclaré la guerre contre les maisons de prostitution fréquentées par les officiels. Un sénateur explique qu’il s’agit notamment d’une mesure préventive pour éviter que des secrets d’État ne tombent aux mains d’espionnes à la Mata Hari.
Après le générique, un homme que les indications scéniques nomment « Notre héros » entre dans le bureau de Moneypenny à Londres. Son physique n’est pas décrit.
– Notre héros : Vous êtes Mlle Moneypenny ?
– Moneypenny : Oui.
[…]
– Notre héros : Vous insistez toujours sur le fait que M souhaite me voir tout de suite pour un projet Double 0 ?
– Moneypenny : Ce sont ces propres mots.
– Notre héros : On ne peut que dire que vous avez une belle poitrine mais que votre soutien-gorge est un peu trop serré. Aux États-Unis, nous considérons ça comme antisocial. Merci pour le message.
L’homme entre dans le bureau de M :
INTÉRIEUR – BUREAU DE M, CHEF DU SERVICE SECRET BRITANNIQUE
M est assis derrière un bureau plat. Un homme de 45 ans, un visage fort, perspicace. Notre héros entre…
– M : Bonjour, Monsieur Bond.
– Notre héros : Monsieur Bond ? (Souriant) Je savais qu’il y avait une erreur, M, que vous ne m’aviez pas demandé.
– M : Aucune erreur, James Bond.
– Notre héros : Un excellent nom. Si [seulement] j’en étais digne, monsieur.
– M : Je pense que vous l’êtes.
– Notre héros : Merci.
– M : La mort de James Bond fut un sacré coup pour le département. Mais il nous a laissé un beau cadeau : son nom. Depuis la mort de Bond, plusieurs de nos agents ont pris part à des opérations sous son nom. Cela ne perpétue pas seulement sa mémoire mais ça déboussole aussi l’opposition. Considérablement. Est-ce clair, Bond ?
– Bond (devenu son nom) : Tant bien que mal.
– M : Vous devrez changer de tailleur, mercerie, et bien sûr, d’armement.
– Bond : Je suis très content de mon .38 automatique.
– M : Ça ne le ferra pas. Un automatique risque de s’enrayer lors d’une surchauffe. Je vous donne les armes de Bond.Il tend deux armes de Bond.
– Bond (les examinant) : Ça ferra l’affaire. Mais si ça ne vous dérange pas, je ne vais pas commencer à boire des martinis. Bourbon, sec. Pas d’eau. Pas de glace. Parfois, une petite bière.
– M : Sacrilège. Mais aucune objection.La porte s’ouvre. Un homme portant une mallette entre.
– Bond : Maintenant que j’ai été correctement baptisé, je suppose que vous avez une petite mission à la James Bond en tête.
– M : Tout à fait. Prenons le rapport, Hadley.L’homme, Hadley, retire un paquet de papiers de sa mallette.
– Hadley (lisant) : À M, de chef de S. Projet pour l’élimination de la campagne de corruption sexuelle menée par l’organisation d’espionnage Specter en Europe libre. Une chaîne de maisons closes employant une armée de prostituées de luxe ébranle d’important d’hommes d’État, de scientifiques et philosophes du monde libre. À ce jour, cette agression sexuelle contre le monde libre a été responsable de la défection d’experts nucléaire et personnalités politiques : neuf Allemands, huit Britanniques, huit Américains et onze Français.
– M : Attendez.Hadley fait une pause.
– M : Intéressé, Bond ?
– Bond : Subversion par la luxure. Une triste utilisation du sexe.
– M : Ce n’est pas tout à fait nouveau, mais ça n’avait jamais été aussi brillamment organisé. (À Hadley) Deuxième page, paragraphe trois…
– Hadley (lisant) : L’opération sexuelle du chef de Specter n’est pas précisément connue. S est enclin à croire les rumeurs que le chef du nouvel empire du vice de Specter est le Colonel von Chiffre, alias Big Belly [Gros Ventre], alias Herr Zero, l’un des agents les plus impitoyables de Specter.
– M (à Hadley) : Pause. (À Bond) Pas de doute à ce sujet dans mon esprit. Chiffre est le génie dégénéré que nous devons écarter des affaires. Quel est votre avis, Bond ?
– Bond : Un raid sur les maisons closes n’est pas vraiment mon genre. En fait, en Jamaïque mon casino hôtelier comprenait une sorte d’annexe pour les distractions masculines et féminines. Je n’avais rien à voir avec cela moi-même. Ça a vu le jour tout seul. Lorsqu’il y a une demande pour un produit, le produit fini par apparaître d’habitude.
– M : Nous avons tout ça dans nos archives, Bond.
– Bond : Alors vous savez ce que je pense des bordels. Une stricte neutralité.
M dit que ce ne sont pas des bordels mais plutôt des « armes de Chiffre ». Bond demande pourquoi ne pas demander à la police d’intervenir et M et Hadley expliquent que des politiciens et policiers ayant fréquentés ce genre d’établissement, ils ne sont pas enclins à intervenir pour les faire fermer à cause de photos/vidéo d’eux prises à leurs insu pendant l’acte.
Le plan d’attaque de M est de mettre la main sur les vidéos de chantages afin de notamment pouvoir délier les mains des pouvoirs publics. Bond sera assisté par un autre agent, une femme nommée Vesper Lynd.
– Bond : Je pense qu’avoir une femme pour ce travail, ce serait comme amener de l’eau à une rivière [coals to Newcastle].
M explique que Vesper est une femme honorable ; « ça semble être une nouveauté », commente Bond.
– M : Son père Jonathan Lynd fut un des 0-0-7. Il a été tué en service il y a deux ans, Vesper était en formation pour prendre sa place. Excellente linguiste, et son score au tir l’année dernière était de 95.4.
Bond quitte le bureau de M et se rend à son propre appartement où il doit rencontrer ladite Vesper. Celle-ci est décrite comme dans la vingtaine et entre chez Bond. Il lui demande à voir la tache de naissance sur sa jambe droite que M avait mentionnée. « C’est absurde », dit-elle indignée mais s’exécute.
Bond propose un verre à Vesper mais celle-ci lui répond qu’elle ne boit pas, « M ne m’avait pas parlé de cet handicap », dit-il. Pendant qu’il se sert un bourbon elle lui dit qu’elle a fait des recherches sur l’Histoire de la prostitution et les raconte les grandes lignes.
À ce stade, Bond l’embrasse [soudainement] avec une soudaine ardeur. Vesper passe instantanément de conférencière à combattante. Libérant un bras, elle lance le bord de sa main vers le cou de Bond. Bond intercepte le coup.
– Bond : Cessez le feu. Je vérifiais juste le rapport de M sur votre caractère. […] Vous semblez être le produit annoncé : une vierge belliqueuse. Je ne savais pas que ça se faisait encore.
Bond lui dit de ne pas s’inquiéter : il ne recommencera pas. Ils vont alors prend un avion pour Hambourg car c’est là que se trouve le Waltz Palace, l’un des plus gros bordels de Specter.
– Vesper : [L’enseigne] emploie une quarantaine de prostituées, toutes hautement qualifiées.
– Bond : En quoi ?
– Vesper : Je suis sûr que vous serez en mesure de le découvrir par vous-même, monsieur Bond.
Arrivé en Allemagne, ils vont parler à un policier nommé R. von Gleichen, dont la description nous dit « un fort visage de Rommel ». Il explique qu’il a les mains liées car Specter fait chanter ses supérieurs. Bond lui dit que son plan d’attaque sera la « Madame » qui tient l’établissement. Von Gleichen s’est renseigné sur elle : Lili Wing, une Eurasienne de 28 ans addict à la drogue que Bond connait très bien car elle a résidé à son hôtel jamaïcain il y a quelques années et même eu une relation avec lui pendant trois mois.
– Gleichen : J’espère que je ne vous embarrasse pas, monsieur Bond.
– Bond : Pas du tout, Capitaine. Ce n’est pas secret un que je ne suis pas vierge.
[…]
– Gleichen : Une coïncidence quelque peu inhabituelle, n’est-ce pas ?
– Vesper : Pas spécialement, capitaine. Je suis sûre que nous rencontrerons un certain nombre de dames de bordels qui étaient d’anciennes petites amies de M. Bond.
– Bond : Vous augurez que notre projet sera agréable, Mlle Lynd.
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Gleichen fournit un chauffeur à Bond et Vesper qui les amène dans l’avenue Reeperbahn, quartier rouge de la ville avec ses « 5 000 prostituées » selon les statistiques de Vesper. Bond descend devant le Waltz Palace, Vesper veut venir avec lui mais Bond lui dit que non, pas pour ce qu’il a faire. Il n’a pas besoin d’une femme dans ses pattes alors qu’il va essayer de rallumer la flamme de son ex. Vesper accepte de l’attendre à l’hôtel.
À l’entrée, un allemand surnommé « Le Major » décrit comme musclé, chauve et avec un monocle, ouvre la porte à Bond. Le bordel comporte une salle de cinéma où un film (apparemment érotique, avec des airs d’inceste) est projeté, mais Hecht nous dit qu’il n’y aura pas de plan montrant le film en question (on entend juste quelques dialogues). Il y a aussi une salle de bal où des filles dansent sur une valse devant des clients dont l’éventail varie de l’adolescent au cinquantenaire.
Bond choisit deux filles et leurs demande de l’amener à Lili Wing, ce qu’elles font. Lili est décrite comme jolie et est présentement en compagnie d’une autre femme nommée Georgiana « Georgie » vêtue d’une « chemise avec un nœud papillon d’homme ». Lili et Georgie semblent être bisexuelles. Un jeune homme athlétique et à la voix efféminée nommé Otto est avec Lili et Georgie.
– Lili (aux deux filles de Bond) : Vous pouvez retourner à la piste de dance, jeunes filles.
– Fille : Mais on a été payé pour [toute] la nuit, Madame.
– Lili : Alors allez dans vos lits et ayez un bon repos.
Lili, Georgie et Bond laissent Otto pour aller dans une chambre. « Le même nom ? » demande Lili, « non, un nouveau : James Bond », répond notre héros. Lili lui demande si la Jamaïque est toujours aussi bien et ajoute à l’attention de Georgie : « quand il m’a largué, il m’a envoyé deux centaines de roses ». Georgie sort chercher des boissons/nourritures.
– Lili : As-tu entendue dire que je me suis marié après la Jamaïque ?
– Bond : Non, je serais venu et t’aurais sauvé.
– Lili : Ta voix me fait toujours vibrer. C’était un homme très laid. Cependant, il possédait un palais sur la Riviera. Vingt serviteurs, un yacht. Et Georgie. Georgie était mon cadeau de mariage de mon cher mari. Il était très excentrique. Nous avons divorcé au bout d’un an.
Lili lui dit avoir deviné qu’il est après le colonel von Chiffre dans la mesure où celui-ci doit venir au Waltz Palace ces prochains jours. « J’ai toujours admiré tes activités en tant que qu’officiel du gouvernement. Souviens-toi, je t’ai aidé une fois en Jamaïque ».
– Bond : Est-ce que tu vas m’aider ?
– Lili : Aime-moi un peu d’abord.
Notre héros l’embrasse « passionnément » quand soudain la porte s’ouvre et une femme entre :
– Lili : Ma successeure, Madame Chiffre, numéro sept. Anciennement Comtesse Gita ou quelque chose du genre.
C’est une visite inattendue, Gita vient transmettre de nouveaux ordres de von Chiffre concernant les vidéos de chantage. On constate qu’il y a une sorte de rivalité entre les deux femmes, avec Gita qui est persuadé que Lili a une relation avec von Chiffre. « Je préfère encore coucher avec un lézard plutôt qu’avec votre mari », dit Lili à Gita qui ne la croit pas. Bond empêche Gita de frapper Lili en disant : « pardonnez-moi, mais je n’aime pas voir une belle femme mal se comporter ».
Gita s’en va en claquant la porte.
– Lili : Elle est folle. As-tu vu ses yeux ? Il y a de la folie en eux. Chiffre aime ça. Il lui raconte des mensonges sur lui et moi, pour la rendre folle. Cela lui donne du plaisir.
Hecht semble s’être inspiré de ce passage du roman pour créer Lili Wing (le côté agent de cette dernière sera d’ailleurs exploité dans une autre version du script comme on le verra plus tard) :
– Chapitre 2 du roman : À presque tous égards, [Le Chiffre] est un admirable agent de l’URSS, mais ses habitudes physiques grossières et ses prédilections sont un talon d’Achille dont nous avons pu profiter de temps à autre et l’une de ses maîtresses est une Eurasienne (No 1860) contrôlée par la Station F, qui a pu récemment avoir un aperçu de ses affaires privées.
Bond essaye de se renseigner sur les nouveaux ordres, mais Lili lui dit « plus tard » : pour le moment elle veut coucher avec Bond et c’est ce qu’elle fait.
Le chien de Lili vient réveiller Bond, il est dans le lit avec cette dernière. Georgie est non loin endormi sur le canapé. Lili dit qu’il est temps de bouger les films avant que Gita ne s’en occupe. Bond demande où Chiffre stock tous ses films : sur son yacht à Portofino, dit Lili. Bond propose de substituer la cargaison de films du Waltz Palace par des films vierges et laisse Lili et Georgie s’en charger.
Bond sort du bordel et le chauffeur de von Gleichen le prend dans sa voiture où il s’endort sur l’épaule de Vesper.
Plus tard Bond et Vesper vont à leur rendez-vous avec Lili et Georgie qui a lieu dans un café lesbien ; Hecht décrit la clientèle en disant qu’elle semble sortir des tableaux de Henri de Toulouse-Lautrec. Pas forcément quelque chose que l’on s’attend à voir dans un film de Bond, ni même un film de cette époque avec la censure veillant au grain.
– Vesper : Je n’ai jamais été à un rendez-vous lesbien auparavant. Elles ont l’air plutôt tristes, vous ne trouvez pas ?
Lili a apporté les bandes/films dans son sac à main, Bond les récupère et sort avec mais est suivi par Otto. Bond monte des escaliers et se retrouve face au Major accompagné d’un autre homme ayant un bandeau sur un œil, Black Patch. Bond est donc coincé avec des ennemis devant et derrière lui ; il tire alors avec son arme sur les lampes qui illuminent l’escalier et il y a un bref combat. Bond fuit avec les bandes et monte dans un taxi, les hommes de Specter montent dans un autre voiture pour le poursuivre.
Le trafic ralentit devant eux et notre héros sort du taxi ; poursuivi, il entre dans un café. Le lieu est du genre malfamé, avec plein de prostitués (certaines étant même des enfants d’entre 9 et 12 ans !), « la piste de dance habituelle du café a été transformée en arène de lutte, d’un genre étrange. Elle est recouverte d’une couche de boue ». Deux femmes presque nues se battent violemment au centre de l’arène.
Nous remarquons ici que le Major dit « l’Américain » pour désigner notre héros. Bondsaute et se cache dans la boue de l’arène mais les combattantes trébuchent sur lui. Vu que tous les trois sont couverts boue, les filles confondent Bond avec l’adversaire. Bond se fait malmener par les combattantes comme s’il était dans un combat de catch. Durant l’affrontement, Bond tire les cheveux d’une combattante et la perruque de cette dernière lui reste entre les mains. Bond enfile la perruque, continue à combattre les filles avec difficulté (il n’a qu’un bras de disponible, l’autre tient le sac à main contenant les bandes) et fuit l’arène, poursuivi par une combattante.
Pendant ce temps le Major remarque la combattante sans perruque toujours dans l’arène et la confond avec Bond à cause des cheveux courts : pan ! Il lui tire dessus.
Malheureusement je n’ai pas la suite du script.
Script non daté : baccarat, télépathe et autre ex
Un autre script incomplet, date inconnue mais qui semble plus récent (dans la mesure où le méchant n’est plus nommé Colonel von Chiffre mais Colonel Chiffre tout court) nous donne une idée de ce qu’il devait se passer dans la suite des pages du script du 12 février.
Ce script faisait 148 pages, toutefois seule une cinquantaine de pages ont survécus. En effet ma copie commence à la page 68 avec Bond demandant à Vesper Lynd où elle a eu « ce sac à main létal ». Fait sur mesure par Hadley, répond-elle.
Nous voyons le colonel Chiffre rejoindre une table de baccarat du Casino Royale, s’y dirigeant comme s’il allait sur un « champ de bataille ». Bond s’y dirige aussi pour observer la partie quand il est soudain aborder par une femme, Mila Brant, qui se dit étonner de le trouver, son « amant préféré », à Royale. Plus loin Vesper et l’« inspecteur » Mathis observent cette nouvelle venue, prêts à agir si elle se montre hostile vers Bond, ce qui n’est pas le cas.
Alors que Bond s’approche de la table, debout en train d’observer Chiffre et la partie, nous voyons des sous-titres en bas de la scène. Comme s’il s’agissait de traductions des dialogues d’un film étranger. Les sous-titres expliquent le jeu de baccarat. Ils donnent la valeur des cartes, les objectifs et la signification d’une main à cinq points ; le privilège de choisir de tirer une troisième carte ou s’arrêter à cinq.
Près de la table se trouve aussi un cinq compagnons de Chiffre : Otto, Black Patch, le Major, Billie (une femme) et un certain Dr. Mesker. Chiffre est apparemment obèse, plusieurs personnes le qualifient de gros dans au long du script.
Un des joueurs attablés reçoit un coup de téléphone et s’excuse, demandant à Bond de le remplacer pendant qu’il va répondre. James s’installe donc à la table de baccarat, il joue plusieurs manches contre Chiffre mais perd basiquement à chaque fois. Mathis et Leiter se demandent comment Chiffre s’y prend pour tricher. Pendant ce temps Mila se penche vers Bond :
– Mila : Mon chéri. Tu avais l’habitude de dire que mes baisers te portaient chance.
Elle l’embrasse, Vesper voit cela.
– Bond : Chance ou non, ils sont très plaisants.
Le colonel Chiffre propose d’augmenter les mises, Bond (et le casino) acceptent. Leiter et Mathis vont demander au casino de fermer l’établissement pour aujourd’hui et le personnel vient annoncer la fermeture à la table de baccara. Bond et Chiffre se disent à demain, ce dernier sort du casino « tel un monarque » et Mathis veut assigner des hommes à la protection de Bond :
– Bond : Non merci. Je ne pense pas qu’ils s’en prendront au pigeon qui fournit des œufs en or. Bonne nuit.
Bond, Vesper et Leiter montent en voiture et l’Américain, (qui surnomme Bond « Jamie »), explique qu’il a peut-être trouvé la manière dont Chiffre triche :
– Leiter : Le docteur Mesker. J’ai finalement réussi à le replacer. L’absence de barbe noire m’a perturbé pendant un moment. [Son nom est] professeur Mendoza, il avait un numéro vaudeville de télépathe il a dix ans.
– Bond : Je n’ai jamais croisé de vrai [télépathe].
– Leiter : Cette nuit vous l’avez. Je l’avais convoqué suite à une lettre qu’il avait envoyée au bureau ; il voulait devenir agent. Il m’a fait une démonstration de ses pouvoirs. Il fut capable de lire tout ce que j’avais dans ma tête. Chéries, proches, mourants, nombres, noms ; vraiment très troublant. On ne l’a pas engagé car mon chef ne croit pas en la télépathie.
[…]
– Vesper : Je me souviens maintenant, le docteur Mesker faisait des signes à Chiffre. Tapait sa bouche, tirait son oreille.
Leiter a aussi un petit cadeau supplémentaire pour Bond : deux millions de la part des États-Unis qui sont inquiets à ce que Chiffre rembourse Specter.
Bond arrête la voiture à l’« hôtel Royale ».
Il entre dans la chambre de Vesper et vérifie qu’il n’y a pas de micro. Elle dit qu’elle aimerait voir Chiffre mort, « Malheureusement, c’est contre les ordres » dit Bond. Il est sur le point de partir mais Vesper lui propose de rester pour un verre. Elle dit avoir une bouteille de la liqueur préférée de Bond. Un verre de bourbon en entraîne un autre et Vesper qui n’as pas l’habitude de boire, perd connaissance, saoule.
Il a pris une décision. Il soulève Vesper et la porte jusqu’à la chambre. Bond dépose Vesper sur le lit. Il commence à la déshabiller. Il enlève d’abord ses chaussures, puis sa robe de soirée. Elle est allongée en soutien-gorge, bas et un porte-jarretelles. Bond retire les jarretelles et ses collants. Puis il regarde sa nudité pendant un moment. Bond se penche sur elle et embrasse son visage. Se redressant, il soupire et la glisse sous les draps, la couvre avec la couette. Il se tourne et sort de la chambre.
Bond retourne dans sa propre chambre, entre une arme à la main puisqu’il voit que la lumière est allumée, et trouve Mila dans son lit.
– Bond (rengainant son arme) : Pas la bonne arme.
Il se déshabille devant elle pour se mettre en pyjama puis il manque une page du script. Plus tard nous avons Vesper qui téléphone à Bond qui est toujours avec Mila, elle dit se sentir mal, empoissonnée. Bond se rhabille et va rejoindre Vesper ; Mila essaye de l’en dissuader en retirant sa robe de nuit. Bond jette un regard appréciatif mais la laisse pour retrouver Vesper et il me manque là une autre page.
Vesper semble toutefois se sentit plutôt bien et nous avons Bond qui lui dit que Mila serait une envoyée de Chiffre. Bond part retrouver Mila dans sa chambre, pendant que Vesper traite celle-ci de « dame de bordel » ou « Une sexe machine, c’est toute qu’elle est ».
Après un saut de 7 autres pages manquantes, Bond semble avoir gagner une grosse somme contre Chiffre en ayant réussi a trompé les pouvoirs de Mesker, mais Chiffre a encore de l’argent en réserve.
– Leiter : Si Chiffre joue encore.
– Bond : Il le ferra.
– Leiter : Je veux dire contre vous.
– Bond : Il le devra. […] Règles du casino.
Vesper et Bond décident d’aller faire un tour à la plage.
Pendant ce temps Chiffre (accompagné de Mesker et ses autres compagnons) se rend en limousine à sa villa située une falaise et où se trouve « madame Gita Chiffre », la femme de Chiffre. Il est demandé des plans de caméra de dos de cette dernière, et lorsqu’elle se retourne :
Elle nous est méconnaissable. Son visage exotique est détruit. Les balles ont déchiré sa peau quand Bond l’a utilisée comme boulier humain, elle a des traces de peaux plissées et mortes. Son œil droit a disparu, un œil en verre se trouve à sa place. Sa voix vient à travers un tube qui a été inséré dans son larynx déchiré. La voix est inhumaine, métallique.
Le colonel Chiffre réprimande Mesker pour son échec qui a conduit à sa précédente défaite aux cartes :
– Mesker : Oui. Oui. Quelque chose est arrivé à mon don. […]
– Chiffre : Combien M. Bond vous a payé pour mettre en échec votre talent ?
– Mesker : Rien, rien. [Chiffre lui demande de lire son esprit] […] Je ne vous ai pas trahi ! Colonel Chiffre, non, non ! Je ne veux pas être exécuté par Specter !
Chiffre toutefois n’en croit pas un mot (alors que Mesker dit la vérité) et demande à Otto d’exécuter Mesker, ce qu’il fait de deux balles. Le tout alors que pendant toute la scène un autre homme de main jouait du piano de manière imperturbable.
Après cela Chiffre se dit que Mesker était peut-être innocent après tout, mais il est trop tard pour faire quelque chose. Les hommes du Chiffre disent que Specter n’attendra pas plus longtemps et que Bond va avoir l’avantage dans la prochaine partie au vu de ses fonds ; mais Chiffre dit qu’il n’a pas l’intention de laisser Bond jouer.
– Chiffre : Notre homme du casino vient juste de téléphoner. James Bond passe son après-midi sur la plage. […] Les balles appellent à une enquête de police et cela pourrait interférer avec ma partie au casino ce soir et demain. […] La mort de Bond doit paraitre accidentelle.
Il manque encore quelques pages puis nous retrouvons sur celles qui ont survécu Bond sur un bateau, en train de se battre au corps à corps contre deux hommes de Chiffre : Black Patch et Anton. Bond tue Anton en frappant Anton avec un crochet, la pointe rentre dans sa tête par l’œil. James saute à l’eau, laissant seul Black Patch sur le bateau avec la bombe qu’il était venu placer : le bateau explose et la tête « décapitée » de Black Patch tombe à l’eau.
Mathis approche dans un autre bateau et repêche Bond.
Bond débarque en smoking au casino et s’installe à la table de Chiffre, « désolé, je suis un peu en retard ». Un regard de haine se voit dans les yeux du colonel. Ils ont alors un duel au baccarat pendant que de plus en plus de spectateurs viennent s’amasser près de la table. Chiffre fini par perdre et quitter le casino.
Il manque une page suite à laquelle nous retrouvons Bond en train de dévisser une plaque sur une porte d’un café pour y cacher son chèque de 37 millions de francs. Il revisse la plaque et entre dans l’établissement, où Vesper le rejoint. Elle n’a pas l’air en forme, elle lui répond que ces dernières heures ont été dures :
– Vesper : Attendre sur la plage, alors qu’ils pensaient que vous vous étiez noyé. Puis le jeu. L’attente.
Le serveur leur apporte leurs boissons et informe Vesper qu’il y a Mathis au téléphone pour elle.
Malheureusement il manque une vingtaine de pages, après quoi nous retrouvons Bond en train d’être torturé par Gita qui frappe ses testicules. Soudain quatre hommes masqués et armés font irruption dans la pièce et descendent Gita, Otto, le Major et Billie ; Chiffre parvient quant à lui à s’enfuir.
– Un des hommes de Specter : Nos ordres sont d’exécuter le traître, Chiffre. Mais nous n’avons pas d’ordre pour vous tuer. En fait, il semble que nous vous ayons sauvé la vie. […] Vous êtres un agent britannique de M. [Ouvrant un couteau] Cela vous identifiera, au cas où vous travaillerez à nouveau contre la Russie.
Après une page manquante, nous avons Mathis dans un hôpital qui se renseigne sur l’état de santé de Bond : « qu’il soit vivant est déjà un miracle en soit, qu’il redevienne un homme sera un second miracle », explique un docteur.
Mathis rend visite à Bond et lui raconte les dernières nouvelles, notamment que colonel Chiffre a disparu sans laisser de trace : personne ne sait où il est, pas même les Russes il semble. Mathis l’informe également que M envoie de nouveau Vesper à Royale, pour assister Bond dans sa convalescence.
Il y a un trou d’une dizaine de pages avant que nous retrouvions Bond avec Vesper. « Bonne nuit, douce Vesper » dit-elle alors qu’elle rend son dernier souffle. « Pendant un moment un sourire reste sur son visage, les yeux fermés ». Vesper est morte.
On retrouve juste après Bond dans le bureau de M, en compagnie de Hadley.
– M : Le seul endroit tranquille sur notre globe tourmenté est un endroit que vous connaissez bien, Bond : la Jamaïque. Je suggère que c’est l’endroit parfait pour vous pour passer des vacances.
– Bond : Je ne veux pas de vacances, monsieur. Dites-moi si quelque chose se présente. Je serais dans mon appartement.
– M : Le père de Vesper sera bientôt là. Il est désireux de vous rencontrer.
Mais Bond ne veut pas, il sort le sac à main de Vesper qui contient un pistolet et dit à M de plutôt présenter cela à son père en lui disant qu’elle s’en est à peu près montrée digne (?). Il salut, « j’attendrai de vos nouvelles, M », sort du bureau et FIN.
Autre script non daté : le fiancé de Vesper
Un autre script qui m’est incomplet et d’une date inconnue. Là aussi la première page ayant survécu montre le colonel Chiffre s’installant à une table de baccarat au casino (on nous apprend qu’il été notamment supposé y avoir des scènes à Capri avant cela). Les compagnons de Chiffre sont ici nommés Erik, Dr. Mesker et major Akov. Il n’est pas prévu de sous-titres pour expliquer aux spectateurs les règles du baccarat. Bond prend la place d’un joueur qui s’en va et les règles de cette table nous dit-on est que les joueurs ont obligation de tirer si leurs cartes font moins de 5 et de rester à plus de 5. Nous constatons aussi que le nom de Mila est Vigne (et non Brant).
Les choses se passent de manière similaire au précédent script étudié, avec Bond perdant. Ici Leiter qui a reconnu Mesker fait passer une note à Bond lui demandant d’arrêter de jouer pour aujourd’hui (au lieu de faire fermer tout le casino). Toujours dans le casino (et non en voiture), Leiter révèle les pouvoirs de Mesker à Bond :
– Leiter : Professeur Mendoza, consultant spirituel. Il avait une large et chic clientèle à San Francisco. Nous avons eu quelques plaintes à son sujet. Il donnait des conseils en investissement. Conseils en amour. Conseil de carrière. Et de manière générale il bouleverse la vie de ses clients. Je l’ai appelé pour une séance privée. Un sacré garçon. Il a tout lu dans mon esprit, y compris le fait que j’étais un agent du gouvernement essayant de le piéger. Tous les noms dans ma tête. Proches. Chéries, passés et présents. Il les a tous décrits. Les mourants. Tout. Puis il a ri comme un fou et m’a proposé une démonstration de son pouvoir. J’ai pensé à des chiffres. Il les a devinés aussi vite que je les pensais. La même chose avec les mots, les phrases. Vraiment très troublant. […] Vous pourrez utiliser Mesker demain.
– Bond : En pensant mal…
– Leiter : Vous tenez une main de cinq, vous pensez à trois. Pour une main de six, vous pensez à sept. Vous jouerez un double jeu. Ça va faire dérailler Chiffre.
Assez absurde : Hecht et Leiter n’ont toutefois pas l’air de penser que Mesker pourrait deviner l’intention de Bond de le piéger de la sorte…
Bond dit être quelque peu à sec et Leiter lui donne de l’argent. Bond raccompagne Leiter et Vesper à l’hôtel « Splendide », Vesper veut prendre un verre avec Bond et il y a là une information assez importante :
– Bond : Je vous suggère d’arrêter de vous hérisser comme une vierge vestale quand je m’approche. Je joue franc jeu avec vous. Vous avez accroché mon cœur, d’une manière particulière. Mais vous êtes amoureuse de quelqu’un que vous voulez épouser. Tony…
– Vesper : Oui.
Malheureusement la suite de ce dialogue se trouve sur des pages qu’il me manque. Bond retourne voir plus tard Vesper (probablement après avoir trouvé Mila dans sa chambre) et Vesper lui dit avoir reçu un coup de fil de Mathis indiquant que Mila était une hôtesse d’un des bordels de Chiffre.
– Vesper : Elle recrutait aussi des prostituées pour son endroit.
– Bond : Terrible fille.
– Vesper : Je dirais « répugnante ».
– Bond : Juste une bonne travailleuse.
Vesper dit vouloir aller à la plage avec Bond. Pour l’instant il prend un oreiller et dit qu’il a besoin de dormir pour être en forme contre Chiffre.
Il manque quelques pages et nous retrouvons Colonel Chiffre tuer Mesker après sa première défaite, puis après d’autres pages absentes nous avons Vesper sur une plage demandant à Bond de l’embrasser. Bond va ensuite faire une baignade quand soudain un bateau trainant un skieur nautique (avec deux hommes de Chiffre : Jago et Mitzik) approche de Bond qui est dans l’eau. Le skieur tient une matraque et donne un coup à Bond avec.
D’autres pages manquent à l’appel et nous avons Vesper et Bond à un café après sa victoire aux cartes. Il a notamment commandé des œufs brouillés et du café.
– Bond : Votre main est très froide, Vesper. Qu’est ce qu’il y a ?
– Vesper : Rien.
– Bond : Vous avez eu des nouvelles de votre fiancé, Tony ?
– Vesper : Non.
– Bond : Mais vous vous sentez coupable vis-à-vis de lui.
– Vesper : Je ne sais pas ce que je ressens. Sauf…
[…]
– Bond : Laissez-moi le dire pour vous : « je vous aime ».
[…]
– Vesper : C’est le cas, c’est le cas.
Ils sont interrompus par un serveur qui vient dire à Vesper qu’elle a un appel de Anthony Czarnecki, son fiancé, qui téléphone depuis un hôpital. Pendant qu’elle s’absente répondre, Mila Vigne s’installe à la table de Bond :
– Mila : Tu ne dois pas vouloir me voir. […] Je sais que tu trouvé à propos de moi. J’ai travaillé pour ce monstre […]. Les Russes vont l’attraper et le tuer. Je suis libre maintenant. […] Oh James […] pardonne-moi.
Bond se rappelle soudain que le serveur qui est venu annoncé le coup de téléphone n’était pas le même qu’auparavant. Mila s’accroche à lui mais « il tient son poing prêt à la frapper. Elle le lâche ». Bond court désormais à la sortie pour trouver Vesper. Il me manque basiquement le reste du script.
Script du 8 avril 1964 : le vrai Bond, route des Alpes, Giovanna et fin un peu plus « heureuse »
85 pages ayant survécues d’un script du 8 avril 1964 s’ouvrent sur le même prégénérique qu’en février et la première chose à relever, et pas des moindres, est que le héros est cette fois vraiment James Bond dans ce script ! Fini l’histoire du nom de code avec un américain qui emprunte son identité, nous sommes face au vrai Bond.
– Bond : Je n’arrête pas de me demander, Mlle Moneypenny : comment puis-je gagner vos faveurs ?
– Moneypenny : Vous pourriez essayer de demander. [Un buzzer sonne] Mais pas maintenant, M vous demande.
Bond rejoint M et son « aide », « Hugh Hadley ». Bond est briefé sur sa mission qui est similaire à avant. M précise que les films de chantage du colonel Chiffre seraient à Hambourg et dit toujours que Vesper s’est entraîné pendant deux ans (mais ne précise pas à quoi ici).
« Votre mission est de trouver les films érotiques du chiffre et de les détruire », dit M. (Étrange, n’aurait-il pas été peut-être plus intéressant pour le MI6 de les ramener en un seul morceau afin d’avoir la possibilité d’exercer des pressions sur les personnes dedans ?).
Vesper rencontre Bond à son appartement dans une scène similaire à avant (y compris le baiser non consenti), sauf que la boisson de Bond n’est plus précisée et que désormais Vesper dit « vous êtes un agent 007, avec le privilège de pouvoir tuer en cas de nécessité ». Vesper a aussi désormais cette phrase :
– Vesper : Les hommes qui fréquentent les bordels sont généralement incapables d’avoir des relations sexuelles décentes.
Les choses différent, à l’issue de leurs rencontres ils ne partent plus ensemble en Allemagne et Lili Wing n’est plus une ex de Bond dans cette version :
– Vesper : Notre contact à Hambourg est Lili Wing. Elle est la Madame d’un bordel appelé « The Waltz Palace » […]. Mais depuis ces deux dernières semaines, nous n’avons plus rien entendu de la part de Lili Wing. […]
– Bond : M a dit que vous partiez ce soir.
– Vesper : Oui.
– Bond : Je suppose que vous allez passer trois jours au Waltz Palace, en tant que l’une des filles de Madame Lili.
– Vesper : Oui.
[…]
– Vesper : Je croiserais les doigts [pour garder ma vertu].
– Bond : Entre autres choses.
Elle lui donne rendez-vous au Waltz Palace samedi, d’ici là elle aura idée complète « des activités de Chiffre en tant que producteur de films ».
Vesper partie, il y a ensuite une petite scène sur un yacht de luxe nommé Gita où Chiffre est avec ses hommes nommés : Mesker, Otto, Ilya, le major Akov et Fleurot (avec un cache-œil noir, comme Black Patch dans une précédente version). Elle sert notamment à introduire les noms des hommes de Chiffre ainsi que la notion que Mesker a des pouvoirs télépathiques.
Bond arrive en voiture au quartier à l’avenue Reeperbahn de Hambourg. Pendant que Bond est dans la salle de bal du Waltz Palace ; Gita, Otto, Ilya, Anton et Fleurot rejoignent Lili Wing qui est avec Georgie dans une pièce du bordel. Dans ce script-ci il ne semble pas avoir de rivalité entre Gita et Lili, leur relation est cordiale et même amicale.
– Gita : Je ne suis pas la femme de Chiffre. Je suis sa prisonnière sur un bateau.
– Lili : Je suis heureuse que vous ayez plus vous en échapper pour une petite heure.
Bond voit Vesper et Georgie dans la salle de bal :
– Bond : Bonjour, je suis Jimmy.
Bond choisit Vesper et se dirige vers une chambre avec elle. Celle-ci lui dit de ne pas parler car il y a des micros partout dans le bâtiment. Elle décide de l’amener dans la chambre de Lili : il y a une caméra mais pas de micro. Bond donne son plus grand jeu d’acteur en ouvrant une bouteille de vin devant la caméra et Vesper lui dit que Chiffre a ordonné a ce que les bandes soient bougées ce soir vers un endroit qu’elle ne connaît pas et qui est jugé plus sûr par Chiffre. Bond lui rétorque qu’il va devoir se rapprocher d’elle pour être convaincant pour ceux qui regardent à la caméra. Il commence à lui embrasser l’oreille :
– Vesper : Vous surjouez un peu.
Vesper lui le nom de l’entrepôt où les bandes se trouvent pour le moment.
– Bond : Carresez le derrière et ma nuque et embrassez-moi.
– Vesper : Je ne peux pas juste battre des yeux ?
– Bond : On a dépassé ce stade.
Elle l’embrasse ; Bond lui dit qu’il va la déshabiller de sa robe :
– Vesper : S’il vous plait non, je n’ai presque rien dessous.
– Bond : C’est encore mieux.
Vesper finit par se retrouver en soutien-gorge, collants et porte-jarretelles et Bond retire ses propre vêtements. Bond continue de lui donner des conseils pour paraître comme une bonne prostituée aux yeux de ce qui regardent et Vesper qui n’a pas l’habitude de boire est un peu assommée par la boisson. Elle raconte qu’un camion va être utilisé pour déplacer les bandes, le conducteur sera un français nommé Fleurot. Ils se caressent et s’embrassent, Bond dit qu’il va la porter jusqu’au lit. « Oh non », « restez dans le rôle ».
– Vesper : Est-ce qu’on ne pourrait pas simuler une dispute ou autre chose ?
– Bond : Relax, Mlle Lynd. C’est juste du paraître.
[…]
– Vesper : Je ne me déshabillerai pas plus.
– Bond : Juste le soutien-gorge fera l’affaire.
– Vesper : Non !
Bond est en train de lui dire que son comportement ne fait pas très professionnel/agent quand soudain ils sont interrompus par Lili qui entre dans la pièce. Celle-ci leur dit que la caméra était en fait éteinte et qu’il faut se dépêcher car ils n’ont plus beaucoup de temps avant que les bandes ne soient bougées. De plus la couverture de Vesper est peut-être grillée :
– Lili : Et Georgia, cette petite idiote, jalouse de mes attentions envers toi. […] A déblatéré [à ton sujet] devant Gita. […] Fleurot a insisté pour appeler Chiffre, pour demander s’il connaît une quelconque agent Anglaise avec les initiales V.L.
Bond dit qu’ils feraient mieux de se séparer, Vesper va quitter le bâtiment avec Lili, lui partira de son côté. Ils se retrouveront plus tard sur un quai. Alors qu’il arrive près de la salle de bal, Otto, Fleurot et Ilya repèrent Bond et lui tire dessus. 007 dégomme de six coups rapides les ampoules du grand chandelier de la salle et parvient à quitter le bordel. Il grimpe dans sa voiture et les autres le prennent en chasse avec un autre voiture.
Bond quitte sa voiture et entre dans le café où il y a le combat de boue. 007 combat avec les deux filles et quitte les lieux, poursuivis par l’une d’elles. Bond arrive à un coin de rue (la combattante n’est étrangement plus à sa poursuite) et nettoie un maximum de boue avant de monter dans un taxi pour rejoindre le quai. Sans surprise le chauffeur ne veut pas le prendre, Bond l’assomme, sort le type inconscient du taxi (en glissant quelques billets sur ce dernier) et part au volant du taxi volé.
Bond arrive aux quais et voit une voiture dans laquelle se trouve Gita et d’autres hommes (Otto et Fleurot), ainsi que Vesper qui se débat dans celle-ci (Lili est aussi présente, attachée). Bond part à la poursuite de l’auto. Gita dit à Lili être très déçu d’elle et de sa traîtrise, « tu n’es pas un être humain, tu es un déchet ». La voiture de Gita se gare derrière un camion poubelle et elle demande à ses hommes de main de jeter Lili dedans.
Pendant ce temps Bond monte dans la voiture où Vesper a été laissée seule et la détache. Il lui dit de partir avec la voiture et se dirige alors vers le camion poubelle. Il assomme Gita par-derrière, la prend en bouclier humain et ordonne aux hommes de main d’arrêter le broyage. Cependant ceux-ci n’obéissent pas et tirent vers Bond ; Gita est touché au visage et Lili meurt broyé dans le camion-poubelle. Bond réplique avec des tirs et parvient à tuer Fleurot.
Otto et les autres décampent en emportant Gita qui n’est pas morte mais blessée. Bond s’installe au volant du camion poubelle, déguisé en Fleurot, et se dirige vers l’entrepôt où sont les bandes de chantage. À l’extérieur de l’entrepôt des hommes sont en train de charger les 200 bandes dans un « camion massif, un van en acier » sous la supervision de Chiffre qui est là en personne.
Otto va voir Chiffre et lui dit que « les docteurs ont dit les blessures de madame Chiffre sont sérieuses mais pas fatales ». Bond arrive, gare le camion poubelle et s’approche de Chiffre en imitant la voix française de Fleurot. Il reçoit des instructions pour conduire l’énorme van jusqu’à un château en Suisse. Des hommes (Ilya et Pedro) et deux prostitués du Chiffre finissent de prendre place à l’arrière du van ; Bond démarre et quitte l’entrepôt.
Bond fini par arriver dans les Alpes au volant du van et les passagers derrières se disent que c’est quand même bizarre qu’un chaud lapin comme Fleurot ne se soit pas encore arrêté pour troncher une des putes. « Fleurot qui reste 10 heures loin d’une fille, il doit être malade » et « c’est dangereux de conduire [aussi longtemps] sans faire de pause », surtout à la vitesse à laquelle Bond roule.
Armes à la main, Ilya (et la prostituée qui se sent « insultée » que Bond/Fleurot ne l’ait pas encore touché) lui demandent de ralentir. La fille commence à ouvrir le feu mais manque Bond. Alors qu’il y a d’autres tirs, 007 saute hors du van et est assommé par l’impact. Le van sans chauffeur fini par se diriger et tomber dans un précipice de la route et montagne ; il fait une chute de 150 mètres et explose. Ses occupants et les films de chantage ne sont plus qu’un souvenir. Le corps de Bond, inconscient, roule vers le précipice mais est stoppé par un rocher.
Il semble qu’il manque quelques pages alors que notre retrouvons 007 dans un hall d’hôtel. Il rejoint sa chambre où l’attend Vesper. Ils sont contents de se voir et elle lui dit que M a donné des instructions : ils doivent partir immédiatement pour Royale à cause de Chiffre.
– Bond : Ne me dites pas que ce gars a ouvert un nouveau bordel à Royale. C’est terrible.
– Vesper : Non, Chiffre en a fini avec les bordels. Vous l’avez ruiné, James. […] La destruction des ces palais du pêché a couté au colonel Chiffre quelques 50 millions de francs, la moitié de la somme qui lui avait été attribuée par Specter pour ses activités d’espionnage.
– Bond : Specter veut récupérer son argent ou sinon…
Vesper explique que Chiffre essaye de récupérer les 50 millions aux tables de jeu de Royale et que M lui donne l’ordre de la stopper. « Avec une balle ? », demande Bond. Non : en gagnant contre lui au baccarat. M lui a fait parvenir 20 millions de francs pour se faire.
Soudain quelqu’un toque à la porte et Bond va ouvrir : là se tient une certaine Giovanna Scotti en robe de nuit.
Il manque une page (où nous aurions plus apprendre qui elle est) et nous retrouvons Bond et Vesper seuls dans une voiture direction Royale. Vesper désigne Giovanna comme une « maîtresse » de Bond. Ils remarquent qu’ils sont suivis par Otto et Anton.
– Bond : Je vais ralentir au prochain tournant. Vos pourrez sauter.
– Vesper : Mes instructions sont de vous assister, James. Je ne pense pas que cela inclut de sauter de votre voiture en plein danger. Je vais tirer sur leurs pneus.
– Bond : Non. Sur leurs têtes, si ça ne vous dérange pas.
Elle sort une arme de son sac à main mais la voiture poursuivante ne s’approche pas davantage et ralentit même. Bond comprend que Chiffre veut éviter de perdre du temps à être interrogé par la police alors qu’il a 50 millions à récupérer.
Bond et Vesper arrivent à Royale et après quelques pages manquants nous les retrouvons avec Felix Leiter ; ils tombent sur Georgie sur la plage :
– Georgie : Je suis ici avec colonel Chiffre et sa femme. Mais je n’en suis pas si heureuse.
– Bond : Qu’est-ce qui dérange notre petite dame ?
– Georgie : Tout ce qu’ils font c’est parler de tuer des gens. Spécialement vous, M. Bond. C’est extrêmement monotone/ennuyeux.
Georgie part. Bond creuse dans le sable et sort une boite contenant deux pistolets qu’il donne à Leiter. Vesper voit que Bond mate trois filles en bikini sur la plage et demande à Bond si les hommes aiment vraiment ce genre de vêtement. « J’achèterais une paire de ces timbres-post pour la prochaine fois », dit alors Vesper lorsqu’elle comprend que oui.
Pendant que Bond et Vesper vont se baigner, Felix s’assoit dans le sable et est abordé par Giovanna en bikini.
Il y a là un trou d’une cinquantaine de pages dans ma copie du script.
Nous retrouvons Bond en train de dévisser une plaque d’un café pour cacher le chèque et rejoindre Vesper (en robe de velours noir, référence au roman) à l’intérieur. À table nous apprenons que durant une scène précédente au casino, Bond a failli se faire tuer par quelqu’un qui possédait « une canne mortelle ». Un serveur vient informer Vesper qu’il y a un certain M au téléphone pour elle. Pendant qu’elle part répondre, Bond commande les ingrédients pour faire des cocktails Black Velvet, ainsi que le même menu que dans le roman (tournedos sauce béarnaise, avocat et fraises).
007 a un mauvais pressentiment et se dirige vers les téléphones : Vesper n’est pas là, seul son sac à main se trouve par terre. Il se dirige vers l’entrée et voit une voiture démarrer dans laquelle se trouve Vesper selon le portier. 007 grimpe dans sa propre voiture et une poursuite commence sur les routes du bord de mer de nuit.
Otto se trouve au volant de la voiture ennemi, accompagné par Chiffre et Anton. Vesper avec eux a, comme dans le roman, sa robe qui a été remontée et nouée au-dessus de sa tête, avec un petit trou pour qu’elle puisse respirer. Un levier est tiré dans la voiture du Chiffre et une herse tombe de l’arrière du véhicule sur la route. Bond derrière roule dessus : un pneu éclate et il finit dans le fossé, inconscient.
Les hommes de Chiffre extraient Bond de son épave, l’attachent et le font monter dans la voiture du méchant, direction une villa/bordel en bord de mer. Bond et Chiffre passent une pièce où Georgie et Giovanna sont en train de danser pendant qu’un pianiste joue une valse. Bond est amené dans une chambre où une femme se trouve dans un lit ; il est déshabillé et placé sur une chaise sans fond. Bond essaye de se débattre en frappant Otto et Anton mais ne gagne que le droit de se fait briser un doigt ; Chiffre lui avait annoncé que c’est ce qui lui arriverait s’il tentait de se débattre.
La femme se lève du lit. Les deux chiens Doberman, un mâle et une femelle, la suivent alors qu’elle marche lentement vers Bond. C’est Gita. Son beau visage est mutilé. Sa mâchoire droite n’existe plus. Le côté droit du visage est inhumainement désossé. Bond la regarde. Il reconnaît la femme qu’il a employée comme un bouclier dans la fusillade à Hambourg près d’un camion à ordures. Gita se tient debout près de la chaise-pilori où est attaché Bond.
– Gita : Vous vous souvenez de moi, M. Bond ?
– Bond (froidement, alors qu’il regarde) : Vous avez un peu changé.
– Gita : Vous allez également changer, M. Bond.Otto donne à Gita un curieux instrument. C’est une fine tige en bois de 1,2 mètre de long. À son extrémité se trouve une mince dalle de bois, 15 centimètres carrés. L’outil ressemble à un croisement entre une tapette à mouches surdimensionnée et un batteur de tapis de taille insuffisante.
Le visage déformé de Gita fait des grimaces vers l’instrument. Elle est peut-être souriante.
– Chiffre : En effet, M’sieur Bond, ma femme avait hâte de rencontrer à nouveau l’homme qui a altéré son apparence.
– Bond : Je n’ai tiré aucune balle sur elle.
– Chiffre : Vrai. Vous n’avez utilisé que sa beauté comme un bouclier. Pour sauver votre vie. Dans un combat équitable, devons-nous dire. Mais je ne me bats pas de manière juste.186. UN AUTRE ANGLE : nous voyons qu’il y a une autre bizarrerie sur la chaise-pilori sur laquelle Bond est emprisonné. La chaise n’a pas de barreaux au niveau de ses pattes. Les pieds de bois robustes ont été renforcés avec des aigles-fers.
187. UN AUTRE ANGLE : Chiffre, Gita et Bond.
– Chiffre (à Gita) : Attends.
Gita hoche la tête, sourit avec son visage détruit et regarde avec impatience l’instrument curieux qu’elle détient. La tapette à son extrémité est bien fixée à la longue poignée.
– Chiffre (tranquille et sans colère dans sa voix) : Vous êtes un agent courageux et intelligent, M’sieur Bond. Mais vous êtes un Anglais. Et tous les Anglais sont des imbéciles. Ils se précipitent comme des nigauds pour enlever les femmes qu’ils aiment des mains du méchant. J’ai parié là-dessus, M’sieur Bond. Et vous voilà, baccarat.
– Bond (tendu) : Vous êtes un peu longuet, colonel Chiffre.
– Chiffre : Vous devriez en être reconnaissant, M’sieur Bond.Il regarde Gita. Son visage mutilé sourit tortueusement vers Bond.
– Chiffre : Vous avez reçu un chèque à la caisse du casino pour 80 millions de francs. Étant un homme grandement rusé, vous avez caché ce chèque, dans ce café où vous vous êtes assis avec Vesper Lynd. Où avez-vous caché le chèque, M’sieur Bond ?
– Bond : Une question stupide, Chiffre.
– Chiffre (toujours gentiment) : Je désire ce chèque, M’sieur Bond.
– Bond : J’imagine bien. Peut-être que vous le trouverez.
– Chiffre : C’est peut-être possible. Mais j’espère que vous allez abréger notre recherche en nous révélant la cachette.
– Bond (tendu) : Vous m’avez ligoté. Allez, tirez.
– Chiffre : Je ne suis pas intéressé par vous tuer, cela aurait pu être fait facilement depuis que vous nous avez rejoints. Je préfère le chèque à de votre cadavre sans valeur. Je n’ai pas à vous dire pourquoi.
– Bond (sombrement) : Oui, on peut sauter cette partie.
– Chiffre : Vous avez la réputation de rendre les belles femmes heureuses, M’sieur Bond. Ma femme Gita n’est plus aussi belle qu’elle l’était, mais vous allez la rendre très heureuse dans la demi-heure qui va suivre. Permettez-moi d’expliquer comment. Elle va vous fouetter, M’sieur Bond. Elle va détruire votre virilité, lentement ; coup par coup. Si vous refusez de me dire où le chèque est caché, vous allez vous transformer en eunuque. (Chiffre fait une pause puis reprend doucement). Où est le chèque de 80 millions de francs ?
– Bond (son visage transpirant) : Vous êtes un gros porc stupide, Chiffre.Chiffre est silencieux. Bond parle de nouveau avec violence.
– Bond : Chiffre, le Napoléon des bordels, qui va se retrouver devant un peloton de Specter. Douze fusils tirant des balles dans son gros ventre. Ça va prendre au moins moins deux slaves avant que vos tripes ne pendent. Triste, il y aura un proxénète obèse de moins dans le monde.
– Chiffre (tranquillement) : Bien parlé, M’sieur Bond. Mais vous perdez. Je ne vais pas vous tuer.Il se tourne vers Gita et ajoute brusquement : « commence ».
Bond est silencieux. Il ferme lentement ses yeux. La sueur baigne sur son visage et sur son corps.
Gita frappe avec sa tapette en bois, la balançant du sol sous la chaise.
Les deux Dobermans s’hérissent en entendant le cri de douleur de Bond.
Une profonde jubilation se lit dans le visage détruit de Gita alors qu’elle frappe encore et encore. L’agonie apporte gémissement après gémissement pour Bond. Sa tête pend sous la torture.
Il lâche finalement un cri. Les deux grands chiens ajoutent leur grondement sauvage à ses cris.
– Chiffre (à Gita, brusquement) : Attends, Gita.
Le visage et le corps de Bond ruissellent de sueur. Ses yeux sont enroulés. Une inconscience bénie a presque effacé son agonie.
Chiffre prend une bouteille de whisky d’une table près de lui. Il verse du whisky dans un verre. Il saisit les cheveux de Bond et secoue sa tête debout. Il enfonce le canon de son arme entre les dents de Bond et ouvre grand sa bouche.
Puis il verse le whisky lentement et délicatement dans la gorge de Bond. Bond crachote puis commence à avaler.
Bond revit. Ses yeux injectés de sang regardant tristement Chiffre.
[…]
Après une pause, Chiffre parle en se tournant vers Otto.
– Chiffre (sèchement) : Vas chercher la fille.
Un Otto souriant sort. Chiffre gifle le visage tombant de Bond.
– Chiffre : Soyez attentif, Bond. (Bond regarde avec agonie). Lorsque les anciens Romains crucifiaient un rival politique, ils lui permettait souvent de regarder le viol de ses femelles bien-aimées : épouse, fille, mère. Je vais relancer cette ancienne coutume sous vos yeux.
189. UN AUTRE ANGLE : Anton allume une lumière de lit. Le lit est en face de Bond. Il regarde les coussins brillants.
– Chiffre : Voulez-vous sauver votre femelle bien-aimée d’une agression sexuelle ?
– Bond (cherchant à gagner du temps) : Si je vous le dis…
– Chiffre : Elle ne sera pas touchée. (Il se penche vers Bond). Où est-il ?
– Bond (parlant avec difficulté) : Dans une salière sous le siège du kiosque.
– Chiffre : Un mensonge. Mes hommes ont cherché soigneusement. Où est le chèque ?
– Bond (fermant les yeux) : Au-dessus de votre gésier, espèce de maquereau obèse.Gita commence à le battre à nouveau. Bond hurle de douleur. Il mord ses lèvres. Des grognements viennent de lui alors que Gita frappe encore et encore.
Chiffre jette du whisky dans les yeux de 007 et Gita continue de le battre. Finalement les hommes de Chiffre ramènent dans la pièce Vesper à moitié nue. Elle est sur le point d’être violée lorsque quatre hommes masqués font irruption et tuent Gita et les hommes du colonel. Chiffre prend la fuite mais ne va pas bien loin dans cette version : il se fait descendre. Son corps tombe du placard à vêtement dans lequel il s’était caché, de la lingerie féminine ensanglantée sur sa tête.
Les hommes de Specter font une marque sur la main de Bond et partent.
La scène coupe sur un hôpital de Royale où Bond est en train de dormir / faire un cauchemar allongé dans un lit, Vesper assise près de lui. Il se réveille et dit a Vesper de ne pas continuer de l’attendre, « je suis rien, rien ». Un docteur dit à part à Vesper que la « masculinité » de Bond n’est pas encore revenue et qu’il est possible qu’elle ne revienne jamais.
Plus tard Vesper retourne voir Bond, il est désormais en état de marcher et ils vont se balader dans le jardin de l’hôpital. Vesper l’embrasse et lui dit qu’elle l’aime mais Bond est toujours enclin à la rejeter, bien qu’il lui avoue « j’attendais que beaucoup de choses arrivent, incluant le jour de notre mariage ». « Pourquoi arrêter de l’attendre ? » lui demande-t-elle. Il répond qu’ils peuvent toujours regarder les oiseaux ensemble.
Plus tard Bond est visiblement en état de conduire vu qu’il se gare devant un hôtel. Il va rejoindre Vesper dans sa chambre. Quand elle entre elle peu habillée, allongée sur le lit comme malade ; elle a pris du cyanide :
– Vesper : Je suis content que tu aies plus venir. J’ai tout écrit, là-bas [sur cette lettre]. Mais laisse-moi parler avant de la lire. Au sujet que je suis une agent double. Pour M et pour Specter. […] J’étais sur le point de me marier il y a un an. Mon fiancé travaillait pour M. Il a été capturé par Specter et condamné à être exécuté. J’ai plaidé pour lui. Ils ont conclu un marché avec moi : il le gardait en vie et comme otage pendant deux ans, en échange de quoi je travaillais pour eux. C’était facile au début, car ils étaient après Chiffre. […].
– Bond : Oui, je sais. Tu as tenu Specter informé de mes mouvements…
Elle lui raconte qu’en revanche elle n’a pas simulé son enlèvement par Chiffre mais qu’elle est sûre que Bond ne la croira jamais et la considéra à jamais comme responsable de ce qui est arrivé à son corps. Comment pourrait-elle encore le regarder dans les yeux ?
Bond lui dit qu’il la croit, elle répond dit « merci » et rend son dernier souffle.
Plus tard nous retrouvons Bond dans sa propre chambre d’hôtel, un docteur vient lui apporter des médicaments de Paris pour aider à soigner son impotence : hormones, aphrodisiaques, etc… Mais il n’y a rien de garanti. Le docteur ajoute que les funérailles de Vesper étaient tristes puis laisse Bond. Ce dernier regarde les étiquettes sur les médicaments et décide de les poser à côté du lit.
Soudain Georgie entre en petite tenue dans sa chambre. Elle dit que la porte était ouverte et qu’elle a entendu qu’il rentrait à Londres, « j’ai toujours voulu aller à Londres » lui dit-elle. Elle commence à caresser son torse. « L’expression de Bond devient pleine d’interrogation/étonnement, il embrasse soudainement Georgie. […] Le sourire de Bond devient un rayon de joie […] il balaye la demi-douzaine de bouteilles d’aphrodisiaque de la table à la poubelle qui se trouve à côté ». Bond a retrouvé sa vigueur sexuelle, fin.
Autres pages : Freddic et Giovanna
Un ensemble d’autres pages non daté contient Bond et Vesper allant au restaurant, du genre luxueux. Bond a pris la table près du mur du fond, faisant face à l’entrée et le diner inclue notamment caviar et champagne. Vesper dit qu’elle si heureuse que Bond soit toujours en vie et Bond mix un cocktail « Black Velvet » avec la champagne, du Rye whisky et de la bière. Bond porte un toast à « la seule femme qui m’ait jamais sauvé la vie, puisse-elle ne jamais le regretter ». Vesper qui d’habitude ne boit pas dit trouver son cocktail terriblement immonde avant de finir le verre cul sec et en redemander un autre.
Un millionnaire nommé Frederick « Freddic » Lincokn Garmes s’approche d’eux et demande « où est-elle ? ».
– Vesper : Je n’aie pas vu Giovanna depuis qu’elle a essayé d’assassiner M. Bond. Et je serais heureuse si je ne la revoyais jamais.
– Garmes : […] Je suis amoureux de Giovanna […].
– Vesper : Vous vous êtes trouvé une nymphomane occupée, qui fait dans l’homicide en bonus.
Garmes propose 100 dollars pour un dance avec Vesper, Bond lui dit d’accepter (il sait peut-être des choses utiles). Durant la danse Garmes lui met une main une fesse et il manque une page. Plus loin Bond raccompagne Vesper à sa chambre et on lit :
– Vesper : j’étais terrifié quand je vous ai rencontré. Et vous avez essayé de me violer.
– Bond : Je n’avais pas l’intention de vous violer.
– Vesper (souriante) : Si, vous l’aviez. […] J’ai dû me battre comme une tigresse.
(Probablement une allusion à la scène du Waltz Palace, lorsque Bond et Vesper étaient devant la caméra dans le chambre de Lili).
Bond la laisse et va dans propre sa chambre d’hôtel où il découvre non pas une Mila mais Giovanna dans une robe de nuit transparente.
– Giovanna : Puis-je avoir une cigarette ?
– Bond (lui donnant) : Voilà. Ne mettez pas le feu au lit.
– Giovanna : Je n’ai pas besoin d’une cigarette pour ça.
[Bond se déshabille].
– Giovanna : […] Vous savez que je suis employée par Colonel Chiffre. Et vous ne dites rien.
– Bond : Ça ne ferrait que ruiner une nuit intéressante pour chacun de nous deux.
Bond l’embrasse mais le téléphone sonne : « j’ai bien peur de me sentir malade, Jimmy. Le Black Velvet m’a empoisonné ». Bond va la rejoindre.
Script du 14 avril 1964 : porté disparu et demande en mariage
Après le prégénérique, c’est machine arrière toute : notre héros n’est plus James Bond mais à nouveau quelqu’un d’autre qui utilise son nom ! La nouveauté cette fois est que le James Bond original n’est toutefois pas mort mort mais porté disparu. M dit qu’il est peut-être emprisonné par opposition ou en train de se remettre d’un amour difficile quelque part ; il l’ignore. Ce script précise aussi que l’une des deux armes de Bond que notre héros se voit attribuer est un Beretta.
Une autre différence intéressante est que lorsque notre héros dit à M qu’il a une certaine tolérance envers les bordels au vu de son passé en Jamaïque, M cite quelques passages du dossier qu’il a sur notre héros.
– M : Un homme 007. Cicatrices de couteau sur l’épaule, la poitrine et le bassin, correct ? […] Arrêté dans le New Jersey, à New York et en Californie pour avoir joué à la roulette, correct ?
– Bond : Pas tout à fait, monsieur, je préfère le baccara. Un jeu plus personnel, comportant un peu d’astuce. En fait, c’est au baccara que j’ai gagné mon casino en Jamaïque.
– M : Et l’avez aussi perdu.
– Bond : C’était l’alcoolisme, monsieur.
– M : A aidé la police à fermer un bordel attaché aux casinos de jeu de la Jamaïque, correct ?
– Bond : Pas tout à fait, monsieur. Je n’ai pas aidé : j’étais neutre.
Puis Bond rencontre Vesper et il la rejoint à Hambourg. Une petite scène a été ajoutée où dans la salle de bal Bond doit choisir une fille entre Vesper et Georgie et dit que ce sera déterminé par pile ou face. Malheureusement la pièce tombe sur Georgie et Bond ment à cette dernière en disant qu’elle a mal vu, avant de partir avec Vesper. Georgie va se plaindre à Lili Wing en disant que quelque chose cloche avec Vesper, à cette occasion elle décrit notre héros comme « une sorte d’Anglais » (bien qu’il semble plutôt américain).
La prochaine différence importante est que Georgie est l’une des deux prostituées situées à l’arrière du van contenant les films que Bond conduit sur les routes de montagne des Alpes de nuit. Autre ajout : un hélicoptère vient survoler le van et lui fait signe de s’arrêter. Bond n’obéit pas, il accélère à la place. L’hélicoptère va alors se poser plus loin sur la route, Chiffre en sort avec ses hommes qui tendent une chaîne au milieu de la route, attachée entre deux arbres.
Bond signale aux hommes à l’arrière du van qu’il aimerait avoir les deux prostitués avec lui devant. Elles le rejoignent à l’avant, puis conduisant lentement, Bond éjecte Georgie et l’autre prostituée hors du van ; elles tombent sur la route, vivantes.
Bond accélère et avant même d’arriver au piège routier de Chiffre (qui ne servira donc à rien), il saute en marche du van qui fini qui fini sa course dans un précipice de la même manière que dans le script du 8 avril.
Plus loin nous avons la scène où Felix Leiter rencontre Bond et Vesper sur une plage de Royale. Bond et Leiter semblent déjà se connaître.
– Bond : Felix est un cadeau de l’Oncle Sam. Autorisé à tuer qui il veut, avant de collecter un bonus du Congrès.
– Vesper : Comme vous.
Georgie en bikini les approche et essaye de draguer Bond. Elle lui donne sa carte en lui disant de l’appeler, à Felix aussi.
– Vesper : Vous pensez qu’elle est avec Chiffre ?
– Bond : Non. Trop stupide.
Bond veut nager un peu, pendant qu’il fait ça une autre fille en bikini, Giovanna Scotti (que Vesper avait rencontré à l’hôtel avant de partir pour Royale), approche Vesper et Leiter. Giovanna dit à Vesper qu’elle espère que celle-ci oubliera Bond, elle espère l’avoir pour elle toute seule. Puis notre Giovanna demande à Felix de lui appliquer de la crème solaire, il s’exécute).
Pendant que Bond est en train de se baigner, Otto et Anton s’approchent de lui en ski nautique / parachute ascensionnel et l’assomment. Otto sur les skis attrape le corps inconscient de Bond et le remonte sur le bateau. Il manque ce qu’il se passe dans les pages suivantes.
Plus tard Bond va encaisser ses gains au casino après avoir gagné contre Chiffre : soixante millions en chèque pour lui, trente millions pour Felix en cash. Bond le remercie pour son aide financière :
– Bond : […] Rien de mieux que cette bonne vieille aide financière américaine.
– Felix : Oui, nous les Américains on aime faire plaisir. On ne réussit pas à chaque fois, mais on continue d’essayer.
Notre héros ne serait-il pas un Américain après tout ? C’est confus.
Bond rejoint Vesper au café Roi Galant puis il manque plein de pages jusqu’à ce qu’on retrouve Bond à l’hôpital après la scène de torture. Ici les choses sont différentes puisque le docteur affirme à Vesper avec une certaine certitude que la virilité de Bond devrait se rétablir d’ici peu. Bond n’a pas l’air convaincu par cela mais quand Vesper commence à l’embrasser, il semble constater que sa vigueur sexuelle est de retour. « Son expression change alors […] il regarde [Vesper] avec la “surprise heureuse” que Cortez a eue lorsqu’il a eu sa première vision de l’Océan Pacifique ».
– Bond : Qu’est ce que vous faites ce soir, Mlle Lynd ?
– Vesper : Rien du tout, M. Bond.
– Bond : Mauvaise réponse.
– Vesper : Si heureuse, d’être corrigée.
On retrouve la nuit tombée nos deux tourtereaux à l’hôtel Royale :
– Bond : Qu’est ce qu’il se passe bon sang avec toi, Vesper ? […] À chaque fois que je m’assoupis, tu sors du lit et t’assis à rêvasser à la fenêtre.
Il lui demande si elle a un autre homme ou si l’amour s’est éteint : ce n’est pas ça, répond-elle. Le téléphone sonne, Vesper répond puis explique à Bond que c’était Mathis au sujet d’une robe qu’elle a commandé à Paris.
– Bond : Pourquoi tu continues à mentir ?
– Vesper : Je ne mens pas ! C’est tout ce que tu sais me dire, entre chaque baiser : « menteuse, menteuse » ! Tu ne m’aimes pas. Sur la plage : qui est l’homme que je regardais ? […] Je ne suis pas une de ces trainés que tu as ramené dans ton lit toute ta vie. Je suis une femme qui t’aime, de tout son coeur et son âme. Et son corps !
– Bond : Je suis désolé. Je suis un peu un amateur en ce qui concerne l’amour. […] Veux-tu m’épouser, Vesper ?
– Vesper : T’épouser ?
– Bond : Oui. Je pense que nous devrions légaliser nos querelles. Tu veux me répondre, maintenant ?
– Vesper : Oui ! Oui ! Je veux t’épouser ! Pour aussi longtemps que tu le souhaites.
– Bond : Bien.
– Vesper : Seulement, ne me regarde pas avec les yeux de 007.
Le lendemain nous voyons Bond attendre dans le hall de l’hôtel, la voiture est prête pour retourner à Londres. Vu que Vesper ne descend pas, Bond se rend dans la chambre et la trouve, mourante. Elle lui confesse la même chose que dans le script du 8 avril, ajoutant toutefois que l’appel reçu la nuit dernière n’était pas de Mathis mais de Specter « insistant pour que je continue mes activités ».
Plus tard un docteur vient apporter des pilules à Bond, pour soulager son chagrin. Toutefois Bond n’en aura pas besoin : Georgie vient s’en charger. Le script se termine alors que Bond place deux gros baisers sur la bouche de Georgie.
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Seulement quatre jours après ces révisions, Ben Hecht meurt le 18 avril 1964 alors qu’il travaillait encore sur le script. Charles K. Feldman embauchera d’autres scénaristes pour continuer l’écriture de Casino Royale tels que Donald S. Sanford, Norman Foster ou encore Michael Sayers (qui en 1964 et 1965 écrirons des scripts sur lesquels le nom de Ben Hecht figurait toujours sur la couverture).
Feldman essayera de conclure un accord avec Albert R. Broccoli et Harry Saltzman pour faire Casino Royale en partenariat avec eux, mais jugeant l’offre qu’il proposait comme trop déraisonnable, les producteurs de la franchise James Bond décidèrent de passer leur tour. Il aurait ensuite approché Sean Connery, avant de faire marche arrière car celui-ci demandait trop d’argent.
Finalement Feldman décidera de faire de Casino Royale un film parodique plutôt qu’une adaptation sur un ton sérieux, le Times et Woody Allen rapportant alors que Feldman voulait faire « le Bond qui mettrait fin à tous les autres Bond » ; il voulaient alors faire définitivement stopper la saga 007. Le résultat de tout ceci fut Casino Royale de 1967, un film déplorable et chaotique et qui échoue même dans son rôle une comédie en n’étant que peu drôle. Peu de choses ont survécus du roman de Fleming et des scripts Ben Hecht dans ce film de 1967, bien que l’on puisse noter que l’idée d’avoir plusieurs agents adoptant le nom de code « James Bond » est un élément central du film. On y notera également une scène de vente aux enchères en Allemagne de photos compromettantes à caractère sexuel et la destruction de celles-ci qui ruine Le Chiffre et l’oblige à devoir jouer au casino pour récupérer de l’argent du SMERSH.
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