Commander James Bond France

Au service secret de Sa Majesté : le shooting script

George Lazenby n’a fait qu’un seul Bond, mais quel film ! À l’origine c’est Sean Connery qui devait faire Au service secret de Sa Majesté puisque les producteurs avaient envisagé que ce serait le film qu’ils ferraient après Goldfinger ; le scénariste Richard Maibaum avait même remis à cet effet une intrigue à la production le 15 juin 1964. Finalement EON s’attaque plutôt à Opération Tonnerre. Comme le précise The James Bond Archives de Paul Duncan, Maibaum remet un script le 29 mars 1966 dans lequel on trouve une Aston Martin amphibie, une poursuite contre un espion de Blofeld (Phidian) à travers le réseau ferré souterrain de la poste de Londres et un combat sur un téléphérique contre un personnage qu’il prend pour Blofeld (idée similaire au final de OHMSS dans 007 Legends). Mais à nouveau Au service secret de Sa Majesté est mis de coté, cette fois en faveur de On ne vit que deux fois.

Le livre de The Making of On Her Majesty’s Secret Service de Charles Helfenstein résume une dizaine de scénarios imaginés pour le film (certains dans lesquels Bond est victime d’une explosion qui l’oblige à subir de la chirurgie esthétique pour expliquer le changement d’acteur, d’autres où il est enfermé dans une cage avec un chimpanzé à la place de salle des machines du téléphérique, etc…).

De notre côté nous possédons un « shooting script » de 146 pages (les 53 premières datés du 5 septembre 1968 ; les 93 dernières étant des « révisions du 8.10.68 »). Il n’y a pas de nom sur la page mais nous assumons qu’il a été écrit par Richard Maibaum, avec quelques dialogues supplémentaires de Simon Raven (il y a la scène où Tracy cite Elroy Flecker). Comme on peut s’en douter avec la mention « shooting script », celui-ci est très similaire au film qui sortira en 1969, fidèlement adapté du roman du même nom écrit par Ian Fleming.

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Tout commence par une séquence du Gunbarrel tout ce qu’il y a de plus classique, au détail près que l’on nous précise que « le visage de Bond est dans l’ombre, non identifiable ».

La caméra nous montre ensuite un plan d’un immeuble de 7 ou 8 étages où des employés des deux sexes entrent pour travailler ; avant de finalement nous montrer la plaque « UNIVERSAL EXPORTS, LTD. ». Ici le script commence diffère du film puisque nous sommes toujours dans le hall de l’immeuble, où un membre de la sécurité vérifie les accréditations des employés qui viennent d’entrer. La caméra se concentre sur un « homme d’entretien âgé, le visage tacheté, une moustache malpropre, portant une clé anglaise et une ventouse » qui s’avance vers le bureau.

Homme de la sécurité : (gaiement) Bonjour, double 0-sept.

L’homme d’entretien fait un grognement qui montre qu’il n’apprécie pas et passe le bureau. Nous enchaînons alors sur une scène qui se trouve dans le film, où M parle d’équipement obsolète avec Q et demande à Moneypenny si 007 a été localisé. Les dialogues y sont très légèrement différents et se terminent avec une phrase de Moneypenny qui n’est pas dans le film :

Moneypenny : [Les réponses à nos enquêtes du Caire, d’Amsterdam et de Madrid sont négatives, monsieur…] Mais la Station R, Reykjavik, semble penser que Double 0-Sept est en Islande !

Il se trouve que non puisque, comme dans le film, il est au volant de son « Aston-Martin » (modèle non précisé ; la suite du script suggère qu’il s’agirait de la DB5) au Portugal. Les descriptions sont assez fidèles à ce que les spectateurs verront l’année suivante, au détail près que Tracy conduit une Bugatti (orthographié « Bugati », même si plus tard on nous précise « (ou une autre voiture sélectionnée) ») au lieu d’une Mercury Cougar (film) ou d’une Lancia Flaminia Zagato Spyder (roman). Elle ne le double pas Bond (il voit juste sa voiture garée). La révélation du visage du nouveau Bond devait se faire au moment où il disait : « Mon nom est Bond. James Bond » après avoir sauvé Tracy de la noyade (dans le film elle arrive un peu plus tôt, lorsqu’il sort de la voiture et se déshabille).

George Lazenby On Her Majesty's Secret Service

Le script précise le prénom des deux hommes de Draco sur la plage : Moreau (qui tient le pistolet) et Klett. Le combat contre eux est assez différent, à un moment Klett tire vers Bond et ce dernier semble faire alors le mort jusqu’à ce que son adversaire se rapproche. Klett finit enroulé dans un filet de pêche. Tracy manque de peu de renverser Bond en s’enfuyant à l’aide de son Aston Martin et il la regarde s’en aller en Bugatti.

Bond : Ça n’est jamais arrivé avant, Double 0-Sept… [Qui sera remplacé par « Ce n’est jamais arrivé à l’autre » dans le film.]

Dégoûté, il jette un pistolet, puis l’autre, dans les vagues, se retourne, et marche péniblement, l’air malheureux, de la plage vers la route.

GÉNÉRIQUE DU DÉBUT.

Nous retrouvons directement Bond dans le bureau de Moneypenny (dans le film cette scène arrive bien plus tard, après que Bond ait retrouvé Tracy au casino et fait la connaissance de son père après s’être fait enlevé). M retire Bond de l’Opération Bedlam (en réalité orthographiée « Bedlem » dans le script), les dialogues sont très similaire au film, à quelques différences près. Exemple : le fait que 007 se réfère à M par les mots « le Directeur » à deux reprises (« Écrivez un mémo pour le Directeur, Moneypenny »). Il finit par dire à Moneypenny de présenter sa lettre de démission à M, avec quelques mots supplémentaires comparé au film :

Bond : Présentez-le gentiment Au Monument qui est là-dedans. (Indiquant la porte de M) Avec mes compliments !

Puis Bond s’en va dans son bureau pour le vider. Dans le script, le seul et unique objet apparenté à un précédent film de Bond est la montre-garrotte de Bons baisers de Russie. Moneypenny a changé la demande de résignation de Bond en une demande de congé et avant de partir, dans une scène absente du film, Bond passe dans Q-lab où se trouve le « nouveau modèle » d’Aston Martin :

Q : Le dernier modèle. Vous pouvez le casser durant vos vacances.
Bond monte à bord.
Bond : Il n’y a pas de levier pour incliner le siège ?
Q : Non, Double 0-Sept. Nous ne considérons pas que faire l’amour de manière confortable est essentiel.
Bond : Votre département sous-estime toujours les exigences personnelles de mon travail, Q.
Q : Nous n’avons toujours pas développé un substitut pour cela, Double 0-Sept.
Bond sourit, démarre le moteur, et conduit l’Aston Martin hors du garage.

Bond prend ses vacances au Portugal (il s’agit des scènes qui arrivent plus tôt dans le film) et arrive à l’Hotel Palacio (le script suggère d’utiliser l’entrée arrière du lieu car elle est « plus photogénique »). À la réception de l’hôtel, Bond dit « Come estax » (Como está) au lieu de « Fine » en simple anglais, puis nous le retrouvons plus tard au casino. Comme dans le film il sauve à nouveau Tracy en payant sa dette de jeu (« J’espère que ça vaudra 20 milles francs », lui dit-elle en l’invitant dans sa chambre. Dans le film c’est un simple « J’espère que ça le(s) vaudra, partenaire »). Bond se bat contre un homme (Che Che) dans la suite de Tracy, la chorégraphie du combat est différente du film (Bond l’assomme avec la bouteille champagne) et s’en va dans sa propre chambre (sans se servir une bouchée de caviar). Bond y retrouve Tracy, tout se passe comme dans le film à l’exception de quelques lignes de dialogues :

Script :
Tracy : Je suis ici pour affaires.
Bond : Vraiment ? Fleur de Rochaille n’est-il pas trop capiteux pour cela ?
Tracy : Donc vous vous y connaissez en parfums. Qu’attendez-vous ?
Bond : Personnellement je pense que faire l’amour de sang-froid est plutôt ennuyant.
Tracy : Traitez-moi comme une femme que vous avez achetée dans la rue.
Bond : Je ne les fréquente pas. Écoutez, vous ne me devez rien.

Film :
Tracy : Je suis ici pour affaires.
Bond : Vraiment ? Le Bleu n’est-il pas trop capiteux pour cela ?
Tracy : Donc vous vous y connaissez en parfums, que connaissez-vous d’autre ?
Bond : Un peu les femmes.
Tracy : Pensez à moi… comme une femme que vous venez d’acheter.
Bond : Qui achète ? Écoutez, vous ne me devez rien.

OHMSS script (2)

À son réveil Tracy n’est plus là, il parle (en portugais) au service d’étage, avant de rejoindre la réception. Bond se fait enlever par les hommes de Draco (Toussaint, Raphael et Che Che) et est amené à leur patron en voiture Daimler (dans cette scène les dialogues humoristiques ne sont pour la plupart pas présent).

La rencontre entre Bond et Draco est similaire au film mais il y a quelques différences comme 007 qui lance le couteau sur le 15 du calendrier (il n’y a donc pas de ligne de dialogue sur la superstition) ou quand Olympe prend congé, Draco dit : « Ses fins de jeux sont irrésistibles » au lieu du « Elle joue aussi un très bon jeu d’échecs » du film. Draco donne aussi moins de détails sur son épouse, se contentant juste de dire : « sa mère était une gouvernante anglaise qui a quitté son monde pour pour partager ma vie de jeune bandit. Mais ça, c’est une autre histoire ». Quand il parle de Tracy, les lignes sont aussi légèrement différentes :

Draco : Je lui aie trop donné. Je ne lui ai rien apporté à part un gigolo pour mari qui s’est tué dans sa Maserati avec une de ses maîtresses. Depuis il y a eu des liaisons amoureuses, escapades, n’importe quoi pour oublier. J’ai lui ait coupé les vivres pour qu’elle redevienne raisonnable. Maintenant elle vit en vendant ses bijoux, la vie est sans valeur pour elle…

Un peu plus loin, nous avons le droit à un « merde » (écrit en français) et une référence à de la violence conjugale (« battre » sera remplacé par « dominer » dans le film) :

Draco : Psychiatrie ! Merde ! Ce dont elle a besoin, c’est d’un homme, pour la battre, pour lui faire assez d’amour pour qu’elle l’aime ! Un homme comme vous, M. Bond.

Quand Draco lui propose la dot en or, 007 dit qu’il n’est « pas intéressé par se marier » (dans le film il dit qu’il n’a pas besoin de cet or, mais ajoute plus tard une ligne qui n’est pas dans le script, dans laquelle il dit qu’il aime être un célibataire).

Après la rencontre de Draco, nous enchaînons avec la fête d’anniversaire de Draco qui se déroule au Portugal près d’un « château imposant » qui appartient à ce dernier. Partant du château, Draco et Bond arrivent à chevaux à l’arène avec le taureau tandis que Tracy y arrive en Bugatti. Il y a un échange en Bond et Draco avant qu’elle ne les rejoignent :

Draco : Mes taureaux sont célèbres pour leurs qualités de combattants. Nous testons les plus jeunes ici.
Bond : Je ne suis pas un aficionado. La vue du sang ne m’amuse pas.
Draco : Mais le taureau n’est pas tué dans notre pays. Si c’était le cas, je ne les élèverais pas.
Bond : Remarquable compassion… pour un homme de votre profession.
Draco : …ou de la vôtre. Si tout cela vous appartient un jour à vous et Teresa, élevez des canaris…

Lors de la rencontre avec Tracy, les dialogues sont différents :

Tracy : Tu sembles être en très bonne santé…
Draco : Toi aussi. Un peu mince peut-être. Mais viens, nous avons un invité d’honneur.
Il les présente.
Draco : M. Bond ; Teresa
Bond : (faisant une courbette) : Comtesse…
Draco : Pego Teresa ! Ça te faisait toujours rire quand tu étais une petite fille !
Tracy : Je ne suis plus une petite fille, papa…
Elle s’en va.
Bond : Elle ne semble pas vraiment très enthousiasme de me voir…
Draco : Je la connaît. Donnez-lui le temps.

Les dialogues entre Olympe et Tracy sont loin d’être aussi travaillés que ceux du film, à peine nous dit-on :

Olympe : Formidable, votre Anglais.
Tracy : « Mon », Olympe ?

La suite de la discussion entre Bond, Draco et Tracy est également différente du film (même si elle reste similaire). La plus grosse différence arrive à la fin de cette scène puisque, bien que Bond part rejoindre Tracy après avoir obtenu ses informations, la scène où il la rattrape devant sa voiture est absente du script. Autre abonné absent du script : la scène du montage amoureux qui se fait sous la musique We Have All the Time in the World dans le film.

L’absence de ces deux scènes importantes n’empêchent pourtant pas Bond et Tracy d’échanger des regards dans la voiture de Draco (regards qu’il n’approuve étrangement pas, selon les indications scéniques) qui roule dans les rues de Genève (et non Berne) pour se rendre au bureau d’un certain « Gebruder Gumpold » (et non « Gumbold »). Ici les scènes sont très similaires au film, la seule différence notable étant l’absence du magazine Playboy.

007 fait part de ses découvertes à M et se rend au College of Arms pour rencontrer Sir Hilary Bray qui lui montre un dessin du blason de Thomas Bond. L’artiste qui a réalisé le dessin, Phidian, prend congé, laissant les deux hommes seuls.

Il n’y a pas du tout de dialogue ici, c’est comme s’il manquait quelques chose (d’ailleurs on passe étrangement des indications scéniques n°141 à 144 sans qu’il ne manque pourtant de page). Puis Bond demande :

Bond : Vous avez embauché du nouveau personnel récemment ?
Sir Hilary : Seulement Phidian, la semaine dernière. Le pauvre garçon n’avait pas travaillé depuis si longtemps qu’il m’a offert ceci [montrant un presse-papier se trouvant sur le bureau] en guise de sa gratitude. Sculpté par lui-même.
Bond vient au bureau, prend le presse-papier et l’examine.
Sir Hilary : Il a du talent, n’est-ce pas ?
La caméra se rapproche alors que Bond dévisse la tête du lion, qui révèle un minuscule microphone. Ses doigts l’enlèvent.
Bond : Très.

Sir Hilary est abasourdi alors que Bond lui montre le microphone et c’est le début d’une scène d’action majeure qui sera partiellement filmée avant d’être annulée afin de ne pas « rallonger le film de manière inutile ».

Bond : Où est-il ? S’il rapporte ce qu’il a entendu, on est foutus !

Sir Hilary reprend ses esprits et mène rapidement 007 hors de son studio ; ils montent rapidement les escaliers jusqu’au troisième étage, où se trouve le studio de Phidian. Bond sort son arme et se dirige vers la porte. D’un coup de pied il l’ouvre, suivit de près par Sir Hilary, et découvre que Phidian ne s’y trouve pas. Une fenêtre est toutefois ouverte dans le fond de la pièce et 007 s’y rend en courant pour y jeter un œil. Sur place il voit Phidian en train de descendre une série de toits de bâtiment. Bond le vise avec son arme à travers la fenêtre mais décide de ne finalement pas tirer : il faudrait être chanceux pour le toucher. 007 éloigne son arme, monte sur le rebord de la fenêtre, et se laisse tomber hors du champ de la caméra.

Voir aussi : notre dossier sur les scènes coupées du film.

Pendant ce temps, Phidian a réussi à atteindre le niveau du sol et disparaît désormais derrière un coin de rue. La caméra nous montre Bond descendre un toit après l’autre, un angle de dos est demandé alors qu’il descend le dernier toit : dans l’arrière-plan nous voyons Phidian tourner dans un coin, vers la cathédrale Saint-Paul, et disparaître. Bond le poursuit dans la rue avec la cathédrale en arrière-plan mais finit par le perdre dans le trafic.

OHMSS script (2)

Bond regarde autour de lui et sort de la caméra. Un plan nous montre un édifice de quatre étages (King Edward Building) dont le premier est occupé par un bureau de poste. Des gens y entrent et en sortent. Phidian se trouve à l’intérieur : il est en train de finir d’écrire un télégramme et se tourne vers le comptoir lorsqu’il voit Bond dans le bâtiment. Il se dépêche de rentrer le télégramme dans la poche de sa veste et se tourne vers l’entrée qui est la plus éloignée de Bond. Dans un plan de caméra où l’ont voit Bond de dos, 007 repère Phidian en train de courir vers l’entrée. Bond se met à sa poursuite, heurtant une fille qui porte des colis.

Phidian sort du bureau de poste, prend à droite, se dirige vers une sorte de porte et regarde derrière lui : Bond est toujours à sa poursuite. Il voit un garde de la poste passé près de lui et entre par la porte, dont un panneau indique « entrée interdite », et arrive dans une zone de dépôt. Il court entre des camions, certains en mouvement, d’autres garés près d’une plateforme pour (dé)charger le courrier qu’ils transportent. Phidian monte sur la plateforme et se retourne pour observer : Bond vient vers lui à travers les camions.

OHMSS script (3)

Phidian décide de se glisser dans une chute (de 2,5 mètres), utilisée pour envoyer les sacs de courrier jusqu’à un tapis roulant. Il descend du tapis, derrière lui Bond atterrie sur le tapis. Phidian glisse sur une autre chute de 6 mètres à 45°, avec une section circulaire : Bond fait de même. En bas se trouve des ouvriers travaillant, chargeant des sacs de courrier sur un chariot sur rails. Phidian passe à travers la salle de contrôle d’autres chariots ; Bond le cherche mais ne le voit plus.

Dans l’arrière-plan, un wagon chargé s’éloigne de la station (ils sont automatisés, pas de chauffeur). Bond voit le passage qui mène à la salle de contrôle et s’y rend ; il voit Phidian descendre un quai en courant et disparaître dans un tunnel haut de 2,7 mètres et large de 3 mètres. 007 y entre et sort son arme de son holster à l’épaule alors qu’il approche d’un aiguillage. Il entend des bruits de pas vers la déviation et s’approche avec précaution de leur provenance. Le son d’un chariot approchant étouffe progressivement les bruits de pas ; Bond se plaque contre le mur du tunnel et continue de progresser vers la source des bruits de pas. Soudain Phidian lui saute dessus depuis un renfoncement.

Les deux hommes se battent alors que le son du charriot qui se rapproche devient plus fort. Ils tombent à côté de la voie, Bond est heurté à la tête et s’écroule contre le mur du tunnel. Le son du chariot devient très fort, il est visible à l’arrière-plan, des étincelles sur les rails l’illuminant un peu. Phidian se penche pour empoigner 007 et le jeter sur les rails, mais Bond donne désespérément des coups de pied vers lui : Phidian chancelle en arriére vers les rails électrifiés. Un flash aveuglant et un cri de Phidian se font voir et entendre. L’instant d’après le chariot le heurte, poussant son corps hors des rails pour le projeter contre un mur du tunnel.

OHMSS script (4)

Blotti contre le mur, Bond se relève alors que le bruit du charriot diminue. Il s’approche du corps de Phidian et sort le télégramme de sa veste ; il avait écrit (à l’intention de Blofeld) : « GEBRUDER GUMPOLD. ZURICH. CONSIGNATION PAS COMME SPÉCIFIÉE. PHIDIAN. ». La lumière est plus intense : nous sommes de nouveau à l’intérieur du bureau de poste et Bond, avec un stylo, raye le mot « PAS ». Tendant le télégramme à un employé :

Bond : Un câble direct, s’il vous plaît.

Il sort son portefeuille hors de sa poche alors que l’employé compte les mots.

Maintenant 007 doit s’assurer que la mort de Phidian ne paraisse pas de trop suspecte aux yeux de Blofeld. La nuit tombée, à la gare de Saint-Pancras, Bond porte un sac de voyage alors qu’il se dirige vers un train en compagnie de M. L’activité de la gare est normale.

M : Je suis maintenant convaincu que De Bleuchamp est Blofeld. Sinon je ne serais pas d’accord pour cela.
Bond : Nous n’avons pas d’alternative, monsieur. Il va incontestablement sentir le coup fourré si Phidian disparaît tout simplement ou s’il est retrouvé mort dans de mystérieuses circonstances.
M : Où fait-il la navette ?
Bond : St. Albans. C’est son train habituel pour rentrer à la maison.

La caméra s’arrête alors qu’ils se stoppent à côté d’un wagon. À l’arrière-plan, une locomotive diesel avec un seul wagon-passagers recule vers eux. M et Bond regardent un cheminot attacher les wagons. Le conducteur sort et prend place sur le quai entre les deux wagons. Un passager approche et commence à monter dans celui qui se trouve juste derrière la locomotive mais le chauffeur le stop :

Conducteur : Désolé monsieur, ce wagon est plein.

Le passager se rabat sur le second wagon, d’autres personnes embarquent derrière lui. Les voix dans les haut-parleurs répètent les trains qui vont partir, incluant celui de St. Albans.

M : Bonne journée.
Bond : Merci monsieur.

Bond embarque dans le wagon qui suit la locomotive, le conducteur embarque derrière lui. Le train démarre et passe à travers Londres et sa banlieue. La caméra filme à travers le verre de la porte d’un compartiment du wagon dans lequel Bond a embarqué : Phidian est très mort, se balançant légèrement avec le mouvement du train. La caméra recule légèrement : il est assis entre deux autres corps. Puis la caméra recule le long du couloir, filmant d’autres compartiments. Six personnes dans chaque, tous mortes. La caméra s’arrête sur le dernier compartiment : Bond est assis entre deux macchabées. Il regarde sa montre, prend son sac, puis se lève.

007 sort de son compartiment et se dirige vers la porte arrière du wagon. Il l’ouvre et nous voyons que les deux wagons-passagers ne sont pas reliés par le passage « accordéon » habituel. Bond frappe à la porte du second wagon et quelqu’un l’ouvre : il s’agit de Q, déguisé en cheminot.

Bond : (lui tendant le sac) Vous vous êtes surpassé, Q.
Q : (ouvrant le sac) Ce n’est rien, vraiment. La morgue est en remplie.

Bond retourne dans le premier wagon tandis que derrière lui, Q est occupé à décrocher le second wagon avec une clef anglaise tirée du sac. Bond traverse le couloir tandis que la caméra évite de remontrer les corps ; s’en suit une vue arrière filmée par hélicoptère du second wagon se détachant du reste du train. 007 ouvre la porte du premier wagon et monte dans la locomotive, le conducteur lève les yeux alors qu’il le rejoint et ils regardent une horloge.

Le train approche d’une tour d’aiguillage, un homme qui se trouve dedans regarde une horloge et opère le changement de voie. À l’intérieur de la locomotive qui se dirige maintenant vers une voie de garage, Bond et le conducteur revêtissent un casque et une veste protectrice. Le train s’approche dangereusement de wagons de marchandises garés et le conducteur, puis Bond, sautent de la cabine. Ils heurtent le sol avec plusieurs roulades. La locomotive se crashe dans les wagons de marchandises de la voie de garage.

Bond : (se tournant vers le conducteur) Atroce. Au moins ils n’ont pas senti la douleur.

OHMSS script (5)

Ils s’éloignent vite des lieux. À partir de maintenant nous entrons dans la partie du script daté du « 8.10.68 » et nous y retrouvons des scènes qui sont présentes dans le film puisque Bond arrive dans une gare suisse (Lauterbrunnen) en train. Campbell est présent, tenant un journal sur lequel on peut lire « 18 MORTS DANS UN CRASH DE TRAIN. Panne d’aiguillage dans la banlieue nord » (un vestige de ceci existe dans le film où il est possible de lire sur le journal : « 19 personnes tuées dans un accident du rail à l’heure de pointe »). 007 approche de lui, prétextant avoir du mal avec son parapluie, et lui dit :

Bond : Restez aussi près que possible et contactez-moi dans trois jours, le temps de recueillir le premier versement [time to collect the first installment].

Bond rencontre ensuite Irma Bunt et Grunther : ils vont à un héliport dans un traîneau (il est précisé que son conducteur s’appelle « Hans ») et il y a un là un dialogue que l’ont est pas sûr de comprendre lorsqu’il monte dans le traîneau :

Bond : Lucky Alphonse
Irma : (perplexe) Lucky Alphonse ?
Bond : L’homme du milieu.

Bond fini par arriver au Piz Gloria (selon le script il devait y avoir à l’arrière-plan un « mat de communication à l’air impressionnant » qui se rétractait avant que l’hélicoptère arrive et qui se remettait à sa position d’origine après l’atterrissage). Les choses se déroulent comme dans le film et les dialogues sont similaires (notons que Irma ajoute qu’il « y aura une autre surprise pour vous » quand il la rejoindra pour le dîner et que Bond siffle la chanson de Le Prisonnier – série télé sortie un peu avant le film – dans sa chambre après avoir constatés les mesures de sécurité qui l’êmpechent d’en sortir).

Bond, portant le kilt, rencontre les anges de Blofeld durant le dîner. Il y a Ruby (Anglaise), Nancy (Italienne), Sue Ann (Américaine), Denise (Française), Maureen (Irlandaise), et cinq autres (Chinoise, Argentaine, Australienne, Indienne, Hongroise et, je cite, « une négresse Jamaïcaine »).

OHMSS script (4)

Lorsque Irma demande à Bond s’il va bien après que Ruby ait écrit son numéro de chambre avec le rouge à lèvres, la réplique est plus ambigus que le film : « Une… er… crampe qui vient d’arriver » (sera remplacé par « Juste une petite raideur dans l’épaule »). Il rencontre ensuite Blofeld, puis couche avec Ruby (durant le discourt hypnotique de Blofeld, on peut noter qu’il y a « ce sera notre secret, à vous et moi… Notre secret car personne n’aime autant les poulets pour comprendre » après le « je vous dirais quoi faire, je vous dirais quand, je vous dirais comment »).
Le script précise que la personne à qui Bond dit « Eh bien, on se remet au travail » s’appelle Braun.

007 finit par se faire capturer (la ligne de Blofeld sur le fait que les tombes des Bleuchamps ne sont pas à Augsburg n’est pas présente dans le script). Laissé seul dans la salle du téléphérique, il se dit à lui-même à voix haute : « round and round went the ruddy great wheel… ». Les choses se déroulent comme dans le film (sauf que sur le câble Bond utilise sa ceinture au lieu des poches de son pantalon, ceinture avec laquelle il glisse d’ailleurs quelques mètres sur le câble incliné tel que s’il s’agissait d’une tyrolienne). Bond enfile des skis (sans que ne soit présent le combat contre l’homme de la réception) et s’échappe jusqu’à la station de Murren (une note dit que pour le plan large « en fait nous utiliserons plutôt la station intermédiaire qui est plus photogénique »).

Là-bas, poursuivit par les deux hommes qui accompagnent Irma (Braun et Felsen), il y a un combat dans un bâtiment rempli de cloche de vache (le script précise qu’il s’agit de la « localisation actuelle »). Il finit par rencontrer Tracy à la patinoire (qui porte une courte jupe noire et une parka rose en fourrure) et ils se dirigent vers sa Bugatti (ils s’embrassent près de la voiture des méchants pour passer incognito). Quelques dialogues changent un peu comme :

Script :
Bond : Merci Tracy. Tu des yeux affûtés et une belle… Bugatti.

Film :
Bond : Merci Tracy. Tu des yeux affûtés et des beaux… lobes d’oreilles.

Ou quelques additions :

– [Tracy : Juste un sportif d’hiver. Et papa m’a dit où le trouver].
Bond : Tracy… tu ne devrais pas me suivre partout.
Tracy : Ce sont les ordres de papa. Il pense que tu es merveilleux.
Bond : Moi aussi. Mais je n’autorise pas les gens… à me poursuivre quand je suis sur un boulot.
Tracy : Je ne ne te poursuis pas. Je fais juste te secourir.
Bond : Pas la peine d’être orgueilleuse.
Tracy : Dois-je m’arrêter pour que tu me mettes la fessée ?
Bond : Appuyez sur l’accélérateur, Comtesse. Le travail avant le plaisir.
Elle sourit et accélère.

Ils finissent par échapper aux hommes de Blofeld et se réfugient dans une grange. Ici les dialogues sont différents et contrairement au film et au roman, ce n’est pas Bond qui est à l’origine de la demande en mariage :

Bond : Désolé pour le logement, Comtesse.
Tracy : On aurait dû appeler pour réserver.
Bond : Si j’avais pu avoir Londres…
Tracy : Tu es chanceux, tu auras une autre chance.
Bond : Mais quand ?
Tracy : Calme toi, James. Tu es un agent adulte maintenant.
Bond : Je sais. Et je pensais avoir tout vu. Mais ça…
Tracy : À quel point c’est mauvais, James ?
Bond : Je suis désolé. Je ne peux pas en parler. Ne sois pas vexée.
Tracy : Je ne suis pas vexée, James. La première chose que j’ai apprise dans la vie c’est de ne jamais interférer. Donc je ne le fais pas et je te promets de ne jamais le faire.
Bond : Tu es tout de même venue au Piz Gloria.
Tracy : Je n’interférais pas. J’attendais.
Bond : Reposons-nous.
Tracy : Est-ce que je t’ai manqué au moins ? Là-haut dans les montagnes.
Bond : J’avais… beaucoup pour m’occuper. Le corps et l’esprit.
Tracy : Je comprends.
Bond : Pas vraiment. J’ai… utilisé dans gens, Tracy. Utilisé des femmes pour mon boulot. Et j’y ai pris du plaisir.
Tracy : Si ce n’était pas le cas, est-ce que tu l’aurais bien fait ?
Bond : Tu t’en fiches ?
Tracy : On oublie, James. J’ai utilisé des gens aussi. Et sans même l’excuse du boulot. Est-ce que ça te gêne ?
Bond : Non. Je ne peux pas me le permettre.
Tracy : Donc on se comprend au final. Très peu de personnes le ferraient. Épouse-moi, James. C’est pourquoi le mariage est fait… pas pour interférer mais pour comprendre… pour… la camaraderie.
Bond : (l’attirant tendrement vers lui) Pour toujours ?
Tracy : Non James. Rien de dure éternellement. Juste pour la camaraderie.
Un silence. Puis il l’attire vers lui et l’embrasse.
Bond : Où va-t-on passer notre lune de miel, Mme Bond… ?
Elle essaye de lui répondre, mais elle n’a pas assez confiance en elle pour le faire. Elle pleure, s’essuie les larmes, Bond embrasse les doigts qui ont essuyé les larmes et la tient près de lui.

Dans la scène suivante, Blofeld et ses hommes arrivent à la grange vide. Ils se lancent à la poursuite de Bond et Tracy et il y a là une référence au roman puisque le chasse-neige qu’ils croisent n’est pas un véhicule autonome mais un chasse-neige qui est monté à l’avant d’un train. Un méchant tombe dedans (le script ne demande pas que de la neige couleur sang en sorte) :

Bond : (dialogue optionnel) Dommage que Blofeld ne puisse attraper le même train.

Il y a l’avalanche provoquée par des grenades (et non une fusée éclairante) de Blofeld (« note : l’armée Suisse dit qu’elle peut en déclencher une pour nous », peut-on lire). Tracy est kidnappée et Bond rejoint Londres, on peut noter une ligne supplémentaire :

M : L’Opération Beldlam est morte. Vous comprenez ?
Bond : Oui, monsieur. Je sais reconnaître la voix de Judas quand je l’entends.

Alors que Bond et Draco s’approchent en hélicoptère du Piz Gloria, il y a une autre ligne de dialogue de Tracy à Blofeld :

Tracy : Pas avant que vous n’ayez fini toute cette magnifique histoire. Je dois tout savoir sur vous. Allez-y. Qu’est-il arrivé après que vous vous soyez échappé de prison pour la première fois ?

Lors de l’assaut on notera que la scène où Bond fait sa glissade sur le ventre sur la glace tout en mitraillant est absente, ou encore que Bond n’utilise pas un appareil-photo miniature pour photographier la carte (qui est en fait un globe dans le script) : il prend des notes à la place.

OHMSS script (1)

Bond : (suivant Blofeld dans la caverne, criant, ironique) Continuez de courir, Blofeld. Il ne reste plus que 30 secondes avant que tout n’explose.

Une autre ligne de dialogue de Draco à l’intention de Toussaint, l’homme qui a réglé les explosifs :

Draco : Si ça foire, je devrais te tuer, ici dans cet hélicoptère, de mes propres mains.

(Et il se trouve justement qu’un précédent plan de caméra a montré un dysfonctionnement au niveau de la boite à fusible qui doit déclencher des explosifs…).

Blofeld s’enfuit en bobsleigh, Bond en cherche un, mais n’en trouve pas. À la place il prend ce que le script décrit comme une « snow-shovel d’environ 0,9 m² » (une pelle à neige ?) « La pelle elle-même a des côtés triangulaires. Deux manches/poignées en acier d’environ 0.9 mètre sont attachés derrière. […] Avec les manches (l’arrière) face à lui, Bond court vers la piste. […] (NOTE : Ça a déjà été fait ! Avec succès !). En fait il a improvisé une luge/traîneau ».

C’est basiquement l’idée…

Autre bizarrerie, pendant la poursuite en bobsleigh-pelle, un plan de caméra devait montrer le bureau de Blofeld au Piz Gloria (le bâtiment n’a pas encore explosé à ce stade du script) où un courant d’air fait tomber un livre d’une bibliothèque (très spécifiquement The Decline of the West de Oswald Spengler) sur la boite à fusible des explosifs et les déclenche.

Après que Blofeld ait fini dans une branche d’arme et que Bond ait arrêté (en douceur) le bobsleigh de ce dernier, 007 tombait sur un traîneau tiré par un cheval (au lieu d’un chien saint-bernard) :

Bond : Ammenez-moi à la station la plus proche, s’il vous plaît… Et soyez prudent dans les virages.

Le script enchaîne sur le mariage de Bond et Tracy. Ici les dialogues sont significativement différents, en voici la liste complète :

M : Félicitations, et pour le Piz Gloria, toutes les filles ont été comptabilisées.
Bond : Je suis désolé que le gros poisson se soit échappé…
M : On le pêchera la prochaine fois…
Bond : Monsieur, j’espère que vous nous ferrez l’honneur d’être le parrain de notre premier…
[Bond voit Moneypenny et Q].
Bond : Vous trouverez votre homme Double-0 un jour, ma chère.
Moneypenny : Soyez bénis, James…
[Bond serre la main de Q. Draco remet une enveloppe à Bond en disant :]
Draco : Pour la première et dernière fois…
Bond : (replaçant l’enveloppe dans la poche de Draco) Elle est tout ce dont j’ai besoin, Marc Ange…
Tracy : (à la voiture) Au revoir, papa.
[Elle lance le bouquet, Moneypenny l’attrape, ils partent].
Moneypenny : (nostalgiquement) J’espère qu’ils seront très heureux…
M : Double 0-Sept un marri et un père ? Hmmm.
Il a l’air dubitatif.

Le script se termine comme le film (avec toutefois beaucoup moins de dialogues), Bond se gare sur le côté car il trouve que l’Aston Martin « ressemble à un couronnement » avec toutes les décorations, Blofeld au volant d’une Maserati (comme le roman, ce sera une Mercedes dans le film) passe près d’eux pendant que Irma Bunt tire.

Bond : (au policier) Tout va très bien… Elle se repose… Nous allons bientôt repartir… Rien ne presse… Vous voyez… Nous avons tout le temps du monde…
Sa tête reste contre Tracy, son visage enduit de son sang.

THE END

Retrouvez plus de scripts et autres éléments méconnus sur nos pages Les scripts oubliés et Orbis Non Sufficit !
(Et si jamais vous en avez que l’on a pas encore traité, contactez-nous !)

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

Commenter

  • Pour information, vous dites que le parfum de Tracy dans le film s’appelle « Le Bleu ». Hors, il s’agit de « L’heure bleue » de Guerlain.
    Concernant la scène du film où Bond est emprisonné dans la salle du téléphérique, vous indiquez que Bond chantonne : « round and round went the ruddy great wheel… ». Je pense qu’elle a bien été tournée car j’ai une copie du script de la VF où l’auteur de doublage, Charles Dorat avait prévu de l’adapter en français en mettant à la place : « Père Dupanloup sur la grande roue… » mais que finalement, il a été décidé de laisser la phrase de la version internationale. C’est ce que je comprends en regardant mon document.

    • Il est vrai que « L’heure bleue » semble plus probable, c’est d’ailleurs ce que l’ont semble entendre dans la VF. Toutefois je possède un second script du film (daté de décembre 1969, le mois de sortie du film) dans lequel on trouve « Le Bleu » (ce qu’il semble dire en VO) : https://i.imgur.com/bN6eAAY.png
      (Au passage « round and round went the ruddy great wheel… » n’est pas présent dans ce script ou dans la VO du film). Mais peut-être cela a t’il été effectivement tourné et coupé a montage ? C’est génial si tu as un script de doublage, d’autres pépites dedans ? Si jamais un jour tu veux troquer un scan de celui-ci contre un scan d’un des miens, je suis ouvert à toute proposition.

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