Aujourd’hui CJB vous propose la traduction de deux interviews réalisées par MI6-HQ de Steve Cole, auteur des derniers romans de La jeunesse de James Bond.
Shoot to Kill
Comment êtes-vous venu à travailler sur le projet ?
C’était un peu quelque chose d’inattendu, j’ai été approché par la Fleming estate à travers mon agent en décembre 2012 et ils m’ont demandé si je pouvais être intéressé par l’écriture d’une nouvelle série de romans La jeunesse de James Bond. Comme vous pouvez l’imaginer, je n’ai pas eu besoin d’y réfléchir pendant longtemps ! Je n’avais pas de concurrent, mais je devais leur démontrer comment j’allais aborder le projet avec un synopsis et quelques échantillons de chapitres. Ensuite, j’ai rencontré le conseil de Fleming en personne pour discuter et prendre en compte leurs commentaires. Le feu vert final est arrivé peu de temps après, à ce moment-là je séjournais dans un hôtel à New York que je trouvais convenablement Bondien.
À quel point cela a-t’il été difficile de concevoir un roman dans un « univers » déjà peuplé, où tant de faits et de règles sont déjà établies ?
Eh bien, j’avais la technique pour avoir déjà rempli mes propres univers de fiction avec des faits et des règles. Je trouve qu’avoir quelques restrictions pour travailler peut améliorer la créativité.
Quelle marge de liberté vous avait été donnée par IFP (Ian Fleming Publications) ? Comment cela a-t-il influencé la forme de l’histoire ? Deviez-vous suivre Charlie Higson ou pouviez-vous situer l’intrigue dans une époque contemporaine ?
Il a toujours été question de faire un roman qui se déroulerait à l’époque ; le contexte historique est un point de différence et de style qui permet au Jeune Bond de se démarquer des autres thrillers pour jeunes adultes du marché. Quant à la liberté sur l’intrigue, on m’a simplement demandé de venir avec des idées qui seraient ensuite discutées au conseil de Fleming et approuvées. J’ai rencontré Corinne et Jo d’IFP en décembre 2012 et proposé le cadre d’Hollywood ainsi que le titre, puis me suis mis à écrire mes idées pendant Noël et le Nouvel An en un synopsis très détaillé.
L’histoire a été équilibrée par plusieurs personnages féminins forts, tels que Tori. Aviez-vous prévu cela ?
Oui, cela était vraiment en haut du programme que j’avais pour ce livre.
Il y a très peu de choses sur Bond durant ses années scolaires, avez-vous cartographié les moments clés de l’arc narratif de votre série ou allez-vous écrire chaque livre indépendamment ?
J’ai un plan général pour ce qui se passera, bien que les idées arrivent d’elles-mêmes lors de l’écriture, donc la flexibilité est importante.
Quel a été l’aspect le plus pénible lors de l’écriture ce roman ?
Je pense que ce fut probablement de devoir rester silencieux pendant si longtemps alors je voulais crier [que j’écrivais ce roman]. J’ai écrit la première ébauche sans que pratiquement aucun membre de ma famille proche ne sache ce que je faisais à part écrire « un roman historique » [comme je leur disais].
Filmer des actes de violence est quelque chose que l’on voit malheureusement de plus en plus souvent aujourd’hui, lorsque vous avez conçu l’histoire, vous attendiez-vous à ce que votre roman imite la vie si facilement ?
Pas vraiment, non. Mais je voulais prendre quelque chose que les adolescents comprendraient et qui serait relié à tant d’aspects de leur monde qui implique des bribes visuelles, comme Instagram et Vine, et donc je pensais lui donner une tournure Jeune Bond.
Votre Bond commence à développer des contours plus durs et des problèmes de confiance dans ce roman, Est-ce que ce sont des thèmes que vous souhaitez poursuivre dans votre série ? Comment vous sentez-vous à propos de la brutalité du personnage, notamment dans un roman destiné à des jeunes adultes ?
Mon point de vue sur les romans de La jeunesse de James Bond est que ces aventures le poussent le long de la route qui le conduira à son avenir professionnel, donc ces problèmes [qu’il rencontre] devront être abordés/traités. Je pense que tous les adolescents ont des problèmes similaires, et ils ne sont pas toujours résolus gentiment.
Avez-vous inclus des références personnelles dans le livre ?
J’ai essayé de ne pas m’y laisser tenter !
Pouvez-vous nous parler un peu des titres rejetés et des idées de couverture ? Avez-vous eu besoin d’effectuer quelques modifications majeures à l’histoire ? Si oui, qu’avez-vous trouvé le plus difficile à couper ?
« Shoot to Kill » a toujours été le titre dès le début : « shooting movies (filmer des films) / shooting guns (tirer avec des armes) », la connexion marche et il me semblait tout à fait Bondien. La couverture avait à l’origine des éléments plus stylistiques dans la police d’écriture, comme l’incorporation de l’hôtel de ville de Los Angeles dans le H de SHOOT. En ce qui concerne les modifications, elles ne furent pas trop douloureuses. La principale était de perdre/supprimer un personnage pour rendre le cours du récit plus net et plus tranchant. Cela signifiait attribuer différents motifs/intentions à des personnages existants afin de préserver la forme de l’histoire, ce qui était un défi amusant et à améliorer le livre dans l’affaire.
La couverture originale (gauche) fut aussi changée avec un nouveau modèle d’arme (droite) après que certains fans aient pointé le fait que le pistolet de l’original date de 1938, alors que l’intrigue de Shoot To Kill prend place en 1934.
Heads You Die
Comment s’est passé l’écriture de ce second roman comparé au premier ?
Je suppose que je me sentais un peu plus à l’aise avec James cette fois, et avec ma voix pour la série mieux établie, je pouvais vraiment m’appuyer sur les autres personnages. Je dirais que l’ensemble du processus d’écriture a pris plus de temps que Shoot to Kill ; j’ai écrit et réécrit assez férocement pour avoir le livre que je voulais.
Dans l’édition spéciale du livre, vous nous donnez un aperçu de votre processus de recherche ; pouvez-vous nous parler de vos recherches et de l’écriture d’Heads You Die ?
La recherche initiale a pris beaucoup de temps parce que je ne voulais pas seulement que les histoires évoquent des visions du passé comme toile de fond ; je voulais aussi utiliser la technologie de l’époque pour influencer l’intrigue. Ainsi, après avoir décidé que je voulais mettre James sous l’eau, j’ai fait beaucoup de recherches sur la plongée dans les années 1930, et ainsi constaté que dans ces temps pré-scaphandre il y avait un fort mouvement de jeune qui plongeaient en eau profonde avec un appareil respiratoire fait maison, très dangereux. Donc j’étais très heureux d’amener ce danger dans le monde du jeune Bond. Et bien sûr, il y a toutes sortes de moyens de transport dans une intrigue aussi mouvementée que celle-ci, ce qui signifiait faire des recherches sur les hydravions, yachts, motos, voitures chics… Donc cela prend du temps pour construire ce monde historique : vous devez en apprendre beaucoup sur le sujet, puis laisser de côté 90% de cela afin de ne pas submerger le lecteur ou ralentir le rythme. C’est ici que les modifications et les révisions sont si importantes pour le roman.
Êtes-vous allez à Cuba ou votre visite était-elle virtuelle ?
J’aime visiter les lieux à chaque fois que cela est possible, mais avec mon programme, je n’ai malheureusement pas pu me lancer dans un voyage à Cuba. Cependant, j’ai l’impression d’avoir passé beaucoup de temps là-bas ! Pour être honnête, beaucoup de choses ont changé depuis les années 1930, il y avait une bonne quantité de choses que je n’aurais pas été en mesure de rechercher en première main. Cependant je l’ai regardé une tonne d’images d’actualités, des films touristiques contemporains, lu des articles de magazines et des romans se déroulant là-bas. J’ai aussi retrouvé un guide de l’armée américaine sur Cuba datant du début du 20e siècle, des photographies et des blogs et toutes sortes. Une fois que vous pouvez imaginer l’emplacement dans votre esprit, vous pouvez commencer à le vendre au lecteur.
Avez-vous basé des personnages d’Heads You Die sur des gens que vous connaissez ?
Pas vraiment, cette fois-ci. Je recrutais des acteurs et actrices dans mon esprit : une Lisa Bonet des années ’80 pour Jagua, par exemple, et peut-être Eva Green pour La Velada ! Je suppose que le personnage d’Hugo est probablement proche de moi-même…
Qu’est-ce qui a vous amener à vous concentrer sur un petit groupe de personnages ?
Dans les romans, je pense que les gens que Bond rencontre mettent en lumière son propre caractère, donc vous voulez des gens qui vont faire ressortir les différentes facettes de sa personnalité et vous permettre de les explorer. À l’origine, il y avait un peu plus de personnages ; plus de jeunes plongeurs du Suicide Club, plus de méchants et de victimes… mais il y a une dynamique assez intense dans l’intrigue qui vient des relations entre ces personnes, et je ne voulais pas la diluer en mettant trop de personnages dans le roman.
[SPOILER] Verrons-nous le retour de La Velada ?
C’est une bonne question.
Comment allez-vous mesurer personnellement le succès de Heads You Die ?
Si les lecteurs tournent les pages, alors j’ai fait mon travail.
Il y a des touches de Dr Shatterhand dans le plan de Scolopendra. Était-ce intentionné ? Par combien d’itérations l’intrigue est passée avant de finir par ce que nous avons aujourd’hui ?
Ce n’était pas intentionnel, mais l’ensemble du mythe Bond est toujours en train de chuchoter doucement à l’arrière de l’oreille quand j’écris ces romans. Le plan crapuleux du méchant a toujours été toujours présent, mais il y a eu beaucoup de changements dans son exécution. Scolopendra était d’abord un roumain nommé Dracul, puis il est devenu un brésilien près des Amazone nommé Lobo, avant de devenir un Cubain… et La Velada était sa riche épouse avant d’avoir un plus grand rôle et gagner en mystère. C’était amusant de remodeler et affiner les personnages et leurs motivations.
Qu’est ce que nous réserve le prochain Young Bond ?
Sa prochaine aventure sera publiée plus tard cette année. Je viens de terminer les corrections…
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