Depuis que Casino Royale a été publié en 1953, un grand nombre de personnes est rapidement devenu fan du monde de l’agent secret James Bond 007, autorisé à tuer. Le nombre de fans a augmenté, notamment à l’étranger, lorsque le premier film est sorti en 1962. Cependant, tous les pays du monde n’aimaient pas le super espion britannique. Abj007 et 007 Forever nous proposent de regarder comment était traité James Bond derrière le rideau de fer, voici une adaptation française de leurs articles :
L’espion que l’on n’aimait pas
L’éloge funèbre de Ian Fleming qui suit a été écrit par le journaliste Yuri Zhukov et fut publié dans le numéro du 30 septembre 1965 de la Pravda. Signifiant la « vérité », ce journal était la publication officielle du Parti communiste de l’Union soviétique :
James Bond vit dans un monde cauchemardesque où les lois sont écrites à la pointe d’une arme à feu, où la coercition et le viol sont considérés comme des valeurs/courage et où l’assassinat est un truc drôle. Tout cela est conçu pour enseigner aux gens d’accepter les pitreries des Marines américains quelque part dans le delta du Mékong du Vietnam, ou les agents du renseignement de Sa Majesté à Hong Kong et Aden. Le travail de Bond est de protéger les intérêts de la classe des propriétaires, et il n’est pas mieux que les jeunes Hitlers qui se vantent qu’ils pourraient agir comme des bêtes sauvages en étant capable de tuer sans penser.
Son créateur est Ian Fleming, qui s’était fait passer pour un correspondant du Times en Russie en 1939, était en réalité un espion pour les nations capitalistes. Bien qu’il soit maintenant mort, James Bond ne peut pas être autorisé à mourir parce qu’il enseigne à ceux qui sont envoyés pour tuer au Vietnam, au Congo, en République dominicaine et dans beaucoup d’autres endroits.
Ce n’est pas un hasard que des agents fictifs du contre-espionnage soviétique, représentés sous forme de caricatures, figurent invariablement dans le rôle des adversaires de Bond, parce que Bond tue à droite et à gauche les hommes que Fleming voulait tuer : Russes, Rouges et Jaunes. Bond est dépeint comme une sorte d’archange blanc détruisant les races impures.
Le culte Bond a commencé en 1963, lorsque le leader américain, le président Kennedy, qui ne se doutait pas que certains héros américains avec le permis de tuer finiraient par le tuer, a déclaré que les livres de Fleming étaient sa lecture de chevet.
Comme avec une baguette magique, tout a changé. Les puissantes forces réactionnaires ont immédiatement donné le feu vert à Fleming. Et dans James Bond, il a créé un symbole de la civilisation qui a utilisé des bombes pour noyer la voix de la conscience.
Les hommes et les femmes qui permettent à leurs talents d’être utilisés dans la fabrication de films sur les exploits de cet homme sont aussi coupables de promouvoir les objectifs honteux des capitalistes occidentaux.
Des propos, qui comme vous l’avez constaté, ne sont pas des plus élogieux. Il faut dire que l’auteur de cet article, bien qu’il dise beaucoup de sottises, a au moins raison sur le fait que dans les romans de Fleming, Bond affronte régulièrement des agents du SMERSH, agence de contre-espionnage soviétique (qui n’avait cependant pas beaucoup à avoir avec le vrai SMERSH qui était déjà dissolu à l’époque où Fleming écrivait ses romans).
Avec ses romans où Bond sort toujours vainqueur de ses affrontements contre le SMERSH et ses plans moralement discutables, Fleming n’était pas bien vu à l’Est et ses romans y étaient tout bonnement bannis. Yuri Zhukov n’hésite d’ailleurs pas à se raccrocher à quelques propos discutables de Bond pour critiquer ce que représente l’agent : par exemple, la phrase sur le viol fait peut être écho à « toutes les femmes aiment être semi-violées » de L’espion qui m’aimait.
En dépit du fait que de Bond ne combatte pas SMERSH dans les films, l’organisation soviétique ayant été remplacée par SPECTRE (une organisation apolitique non affiliée à un quelconque pays) la propagande soviétique a toujours dénigré Bond au fil des années. Les choses n’ont pas beaucoup changé lorsque Sean Connery a participé au film soviético-italien La Tente rouge (1969). Non, Bond était toujours banni.
Pourtant les films de James Bond faisaient certains efforts. Certes dans leurs intrigues il y avait clairement des rivalités et magouilles entre l’Est et l’Ouest, Bond tuait occasionnellement des soldats et des agents soviétiques, mais l’accent des films était tout de même plus souvent mis sur la coopération Est-Ouest, notamment via le général Gogol. Comme le disait Roger : « C’est cela la détente, Camarade ». On remarquera que les grands méchants d’origine soviétique (Orlov, Koskov) que Bond a combattu, étaient en réalité des renégats qui agissaient sans l’approbation de leur pays. Enfin Bond ne pénétrait que très rarement sur les territoires des pays du Bloc de l’Est.
Même dans la littérature il y avait un arrière-gout de « détente » puisque dans les romans qui ont suivi la mort de Fleming, Wood et Gardner ont fait collaborer Bond et son service avec le SMERSH et le KGB (007 sauve même Mikhaïl Gorbatchev et son « gouvernement »), à l’exception du roman No Deals, Mr. Bond où Bond combat un général soviétique. Après la fin de la guerre froide, Gardner écrira un roman de Bond dans lequel le méchant élabore un complot visant à faire renaitre le communisme international…
Le Spécimen rare de l’Est
Bien que Bond n’était pas très bien vu et que ses aventures étaient bannies des pays l’Europe de l’Est, deux pays en particulier ont eu un avant-gout de Bond bien avant la chute du rideau de fer. La Yougoslavie et la Tchécoslovaquie, deux pays satellites « parias » ont effectivement eu le droit à quelques éléments de la Bondmania :
Le République fédérative socialiste de Yougoslavie a toujours été le « mouton noir » du bloc soviétique. Le chef d’État, le maréchal Tito, avait conduit ses partisans à se débarrasser des occupants allemands essentiellement par leurs propres moyens (n’ayant reçu de l’Armée rouge qu’une aide limitée) et avait politiquement rompu avec Staline en 1948 pour diverses raisons. Après cette rupture, le pays ne fut plus vraiment affilié au bloc de l’Est, Tito a choisi une politique de neutralité internationale (la Yougoslavie n’a pas pris part au Pacte de Varsovie) et un système socio-économique où les entreprises étaient gérées par ceux qui y travaillaient, et non de manière centralisée par l’État, s’est progressivement mis en place.
Dijamanti Su Veciti, un film que nous connaissons plus sous son titre français Les diamants sont éternels a réussi à s’afficher dans les cinémas yougoslaves seulement quelques années après sa sortie (probablement en 1973). Apparemment, le film a été importé à partir d’une source italienne inconnue et a été annoncé par des affiches italiennes grossièrement altérées et avait le droit à de mauvais sous-titres, mais il était tout de même bien là.
La République socialiste tchécoslovaque (avec la Hongrie) était un autre pays qui se voulait plus libéral que les autres pays de l’Est. Même un peu trop, puisque suite au programme le « socialisme à visage humain » d’Alexander Dubček, le pays fut envahi par les troupes du Pacte de Varsovie. Cela fut suivi par la « Normalisation », qui visait un à « retour à la normale » ou plutôt à la « norme communiste » de laquelle la société tchécoslovaque avait dévié.
Il est donc intéressant de se demander comment un éditeur tchécoslovaque, appelé Magnet, a réussi à passer à travers la censure en publiant deux romans de Fleming en tchèque : Docteur No et Golden Phantom (Goldfinger) traduits par Vladimír Minarik, avec toutefois une grande altération : les références à SMERSH étaient évitées, et une nouvelle organisation, seulement connue sous le nom ABC, l’a remplacé. Cependant, il n’y a pas eu d’autres James Bond jusqu’aux années 1990.
Bien sûr, certains Soviétiques voyageaient aussi à l’étranger et rapportaient parfois des livres. Certaines des personnes qui ont par la suite lu ces livres ont été surpris de découvrir que James Bond était un homme différent de celui que la propagande soviétique tournait constamment en dérision. C’est par exemple le cas d’un critique russe qui avait reçu d’un ami un exemplaire de Bons baisers de Russie. L’homme ne pouvait pas croire qu’un tel roman était écrit par le fameux « ex-espion et écrivain infâme de thriller antisoviétique » Ian Fleming.
Les Soviétiques ont aussi vraisemblablement reconnu que les histoires d’espionnages écrites d’un point de vue marxiste-léniniste pourraient être très puissantes pour favoriser leur philosophie politique. Par exemple le romancier bulgare Andrei Gulyashki a été approché pour le KBG pour écrire un roman dans lequel le héros Avakoum Zakhov (du contre-espionnage bulgare), affronterait James Bond et triompherait de lui ! Gulyashki s’est vu attribué le privilège de voyager en Angleterre pour effectuer des recherches et a rencontré Glidrose (les détenteur des droits sur les romans de James Bond) en 1966. Vu que Gildrose ne lui a pas donné l’autorisation d’utiliser le personnage de Bond ou son matricule, menaçant de poursuite judiciaire si le livre était publié dans des pays de l’Ouest, Gulyashki nommera l’antagoniste « 07 » dans ce livre nommé Avakoum Zakhov Versus 07. « 07 » est un « agent décadent, mais beau, d’une puissance corrompu de l’Ouest » que le livre tourne en ridicule. Le roman sera traduits dans quelques pays du Pacte de Varsovie, dont la Russie.
En dépit de ces quelques « failles dans la matrice », il semble que Bond n’ait jamais débarqué vraiment en Europe de l’Est, jusqu’à ce que certains événements se produisent après la sortie du film L’homme au pistolet d’or…
Bons baisers de Russie
En 1975, Cubby Broccoli est officiellement invité en République socialiste fédérative soviétique de Russie qui espère qu’il viendra un jour filmer ici. L’homme au pistolet d’or est montré à l’ambassade américaine à l’occasion. Accueillis par la femme de l’ambassadeur, de nombreux hauts fonctionnaires du KGB ont assisté à la projection spéciale et ont été surpris par l’exécution technique. Le Président du KGB et futur secrétaire général de l’URSS, Iouri Andropov, a aimé le film, et selon les rumeurs, des films de James Bond ont plus tard été projetés à l’intérieur des murs du Kremlin. L’Homme au pistolet d’or fut apparemment le premier à être projeté au Kremlin et selon Roger Moore, après la projection, un dignitaire soviétique a lancé à propos de Scaramanga : « Nous ne l’avons pas très bien formé » (Scaramanga ayant fait partie du KGB). On dit aussi que Léonid Brejnev aurait regardé Bons baisers de Russie, obtenu via l’ambassade britannique, pas moins de trois fois.
Cubby Broccoli a toujours été intéressé par la perspective de filmer un James Bond en Union soviétique, surtout avec un titre comme L’espion qui m’aimait. Imaginez ce film dans des lieux réels… Les autorités étaient plutôt coopératives et ont permis à Broccoli de tourner un film à l’intérieur de l’URSS, mais pas un Bond qui était un peu la marque du style de vie décadent capitaliste. Broccoli a discuté d’une aventure potentielle interculturelle, The Cowboy and the Cossack, mais la Warner était déjà intéressé par le projet. Les Soviétiques auraient aussi voulu que Cubby fasse un film sur un communiste américain, John Reed, mais Broccoli n’était pas intéressé et le film qui fut plus tard tourné par Warren Beatty, sous le titre de Reds.
Bien que certains dirigeants soviétiques ait déjà été sensibilisés à l’univers de Bond, à la surface cela n’avait pas beaucoup changé, les censeurs interdisaient toujours ces films à un large public. Voici un extrait d’une critique de Moonraker écrite par la critique de cinéma Anna Marynova qui a vu le film « à des fins purement éducatives ». L’article est paru dans un numéro de 1979 du journal littéraire hebdomadaire russe Literatournaïa gazeta :
Bien que l’intrigue des Bond a changé de teint depuis ces films aussi ouvertement antisoviétiques que Bons baisers de Russie au début des années 1960, ils répondent toujours aux exigences de l’idéologie bourgeoise. Moonraker, poursuit la tradition des 11 films de la Bondmania, il a non seulement le cosmique, mais aussi les valeurs directes de la culture de masse – à savoir le sexe, la violence et le super-individualisme. […] C’est la stupidité sans limites des films de James Bond qui expliquent leurs vitalités/longévités. […] Que ce soit dans l’espace ou sur Terre, James Bond est toujours seul et le même – il est en partie un surhomme, en partie espion et toujours le héros lover. […] Seuls les décors et les costumes sont différents, mais l’essence reste inchangée. […] Tant qu’il y aura de la culture de masse, l’agent 007 sera en vie – un des géants qui possèdent un attrait irrésistible pour ceux qui prônent la stupidité sur le même niveau que l’esthétique. […] [Roger Moore] ne ressemble pas du tout à ses prédécesseurs et selon les commentateurs il se distingue par le fait qu’il n’a pas de caractéristiques distinctives. […] Les idéologues bourgeois [ont infecté les cinéphiles occidentaux avec le] principe, illustré en particulier dans ce film et dans la Bond mania dans son ensemble : que le divertissement est acceptable à n’importe quel prix.
En parlant de diffusions « à des fins purement éducatives », Broccoli fut toutefois heureux d’apprendre que les cinéastes soviétiques étaient tellement impressionnés par Goldfinger, que les écoles de cinéma soviétiques utilisaient ce film pour former les futurs réalisateurs !
Irvin Kershner fut également étonné lorsque sous Gorbatchev on lui demanda de venir montrer Jamais plus jamais. Le film fut alors projeté à Moscou et selon Kershner, le public était très réceptif à l’humour ; les critiques russes étaient d’ailleurs heureux de voir un film Américain ne se prenant pas au sérieux.
Télévision
Maintenant tournons-nous vers ce qu’il y avait sur les téléviseurs d’Europe de l’Est près des frontières avec l’Occident. Pour la plupart des gens, les années 1960 étaient synonymes de Chapeau melon et bottes de cuir ou de Le Prisonnier. Malheureusement, ces deux séries n’étaient pas diffusées dans cette partie du monde. Les aventures de John Steed et d’Emma Peel étaient considérées comme ridicules… Cependant il y avait deux autres séries en particulier qui étaient autorisées et diffusées (certains pays avaient mêmes les deux) : Le Saint et Amicalement vôtre, toutes deux avec Roger Moore dans le rôle principal. Moore est devenu l’un des visages reconnaissables de la télévision pour ces pays frontières, donc si vous rencontrez un fan âgé d’Europe de l’Est, ne cherchez pas pourquoi il considère Roger comme le meilleur des Bond.
Une autre chose intéressante pour les personnes vivant là bas, était que certains ont eu la chance de regarder et enregistrer certaines des aventures de 007 diffusées sur les télévisions autrichiennes et allemandes. Ces cassettes illégales étaient des objets de collection, et c’est grâce à elle, que des gens du Bloc socialiste ont vu pour la première fois un film de James Bond !
Quelque chose de semblable est arrivé dans d’autres pays situés plus à l’est du bloc communiste. Il n’y avait pas de stations de télévision étrangères, mais les ondes radio étaient en mesure de passer le rideau de fer. Beaucoup de familles ont plus capter le programme de la BBC ou d’autres stations de l’Ouest, ce qui comprenait de la musique occidentale (dont les chansons de Bond).
L’age du VCR et magnétoscope
Les années 1980 ont vu la montée de la culture du magnétoscope/VCR en Europe de l’Est. Bien sûr, les gens pouvaient acheter (sous le manteau, le marché légal de cassettes n’existait pas encore dans ces pays) ou échanger des films soviétiques (il n’y en avait apparemment pas beaucoup, ils ont vraiment commencé à apparaitre sur cassette que dans les années 90), mais pas beaucoup étaient intéressés… Le vrai truc était d’obtenir autant de films occidentaux que possible, peu importe d’où ils provenaient. C’était un peu en soi le début du piratage de films !
La qualité n’était pas toujours au rendez-vous : imaginez un film en anglais, avec sous-titres grecs et un homme qui lit le texte par dessus dans la langue locale d’une voix monotone, peu importe si un homme ou une femme parle. Ces cassettes amateurs ont ensuite été remplacées par des plus authentiques, et à la fin des années ’80 sous ce cher Gorbatchev, on pouvait obtenir des films de Bond légalement ! Et si vous n’aviez pas de magnétoscope/VCR chez vous, il y avait des salons-vidéo où des films était diffusés sur des écrans TV par des magnétoscopes. Généralement ces salons pouvaient accueillir une cinquantaine de personnes et le ticket coutait un rouble
Quand Tuer n’est pas jouer est sorti en 1987, certains pays ont commencé à distribuer des cassettes de Bond légalement, mais la série officielle était un peu en retard… Jamais plus jamais fut l’un des premiers films de Bond qui était achetable pour les fans de Bond à l’Est, et plus tard les films « officiels » et « non officiels » ont été vendus sans distinctions.
La dernière marche
En 1989, la République populaire de Hongrie devient le premier pays socialiste à diffuser un film de James Bond au cinéma (sans compter le Dijamanti Su Veciti yougoslave). L’espion qui m’aimait s’est en effet vu offert le tapis rouge 12 ans après sa sortie, doublé par des professionnels. Quelques mois plus tard, la toute nouvelle aventure de 007, Permis de tuer était sur le chemin des salles hongroises.
Mais le monde arrivait dans une nouvelle époque, la Hongrie a obtenu son indépendante en octobre 1989, et les anciens pays socialistes accédèrent à la leur durant l’année 1991. La guerre froide et l’URSS appartenaient « désormais » au passé.
James Bond maintenant
Comment sont les choses maintenant ? Eh bien, tous les films Brosnan et Craig se sont retrouvés dans les cinémas de toute l’Europe de l’Est ; ils sont sortis dans pratiquement tous les pays. Depuis la fin des années 1990, les fans d’Europe de l’Est peuvent regarder exactement la même chose que les fans de l’Ouest. Les stations de télévision diffusent la franchise Bond maintenant, il y a d’ailleurs eu des marathons Bond sur les télévisions hongroises et ukrainiennes à l’occasion du 40e anniversaire de la franchise cinématographique. Sans compter que depuis quelques années les acteurs participent à des photocall ou Première en Russie, voir un tournage (GoldenEye a tout de même été en partie tourné à Saint-Pétersbourg tandis que Casino Royale a mobilisé la République Tchèque pour son tournage). À côté de cela il y a également des campagnes publicitaires pour chaque nouveau film.
Les VHS et DVD (piratés ou officiels) furent achetables dans tous les pays : bien qu’ils ne soit pas toujours doublés, des sous-titres sont inclus. Et puis de nos jours avec internet, tout est trouvable.
Malheureusement, beaucoup de fans d’Europe de l’Est n’ont pas vraiment accès aux origines littéraires de Bond à cause de la barrière de la langue. Très peu des romans de Fleming et de ses successeurs ont été traduits dans les langues d’Europe de l’Est, ou pas toujours pour le mieux…
Après une courte Bond-mania, la Tchécoslovaquie (en partie devenu aujourd’hui la République tchèque) republia ses deux romans de Fleming en 1991 (cette fois avec bel et bien le SMERSH). En 1992, c’est au tour de Casino Royale, et à l’année suivante L’Homme de Barbarossa. Depuis l’éditeur Delfin a pris en charge la tâche de traduire et de distribuer des romans de Fleming en tchèque. La Hongrie est possède aussi quelques Fleming traduits et mêmes quelques novélisations de Benson ; en Croatie c’est l’éditeur Algoritam qui a récemment traduit les Fleming.
La Russie a notamment la collection complète de Fleming (pas toujours bien traduits, certaines éditions possèdent même une biographie de Ian Fleming mixé avec celle Joan Fleming !), Colonel Sun et GoldenEye. Sans compter que des fans traductions (et les originaux en langue anglaise) sont trouvables sur internet.
En revanche, vous aurez sous doute bien du mal à trouver les bandes-son, comics, ou des jouets James Bond d’époque comme l’Aston Martin DB5 dans ces pays…
[divider][/divider]
Sources : Abj007 et 007 Forever, Literary007, The Battle for Bond.
Merci de partager ça, c’est toujours super intéressant de voir la réception de Bond de part le monde.
Le matérialisme de la critique de Moonraker l’empêche peut-être de voir le côté merveilleusement nanardesque du film, mais ça reste une critique qui est sûrement beaucoup plus intéressante (« tant qu’il y aura de la culture de masse, l’agent 007 sera en vie », à méditer!) que bon nombre de critiques occidentales des films de Bond.
Merci pour le commentaire, ça me fait extrêmement plaisir !
Merci beaucoup pour cet article, j’ai toujours imaginé et eu envie de connaitre comment les gens faisaient pour regarder Bond dans les pays du bloc de l’est, votre article est vraiment super, merci pour le travail que vous faites et bonne continuation !
Merci pour le commentaire, ça m’encourage à continuer d’écrire 🙂
> la phrase sur le viol fait peut être écho à « toutes les femmes aiment être semi-violées » de L’espion qui m’aimait.
Ou encore quand Bond pense « La conquête de son corps aurait la douce odeur du viol », dans Casino Royale ou de nombreuses autres remarques rabaissant les femmes à des objets sexuels bons à jeter après usage ?
> « bien qu’il dise beaucoup de sottise »
Lesquelles ? Pour les films c’est autre chose (les films sont d’ailleurs étonnament peu anticommuniste) mais je trouve sa description assez juste. Il est de mauvaise foi, il fait de la propagande, mais rien de ce qu’il dit n’est faux non ?
Le sexisme de Bond, pas la peine d’y revenir.
Son racisme: il suffit de lire « vivre et laisser mourir » où Bond combat les mouvement de droits civiques (eux-mêmes financés par les méchants russes).
Parlant des noirs américains, ce brave Félix Leiter (qui deviendra noir au cinéma, quelle ironie) avoue aimer « leurs musiques et leurs danses » mais s’inquiètent quand même de les voir réclamer les mêmes droits qu’aux blancs : « où cela finira-t-il ? »
Quand Bond assassine le Dr NO en l’ensevelissant dans du guano, il remarque que « cette couleur lui va bien au teint ».
Réactionnaire, colonialiste, brutal… un anglais typique de l’époque quoi.
Fleming ne voulait d’ailleurs en aucun cas faire de Bond un héros parfait. Au contraire, il voulait en faire une personnage banal à qui il arrive des aventures extraordinaires.
Merci en tout cas pour cet article intéressant.