En pleine post-production du prochain James Bond, Sam Mendes, un fan avide de cricket, s’est offert une pause dans les studios de la BBC et l’émission « Test Match Special », pour commenter les chances de l’Angleterre face à l’Australie lors du championnat en cours. Bien sûr, la conversation a dérivé sur James Bond, et le réalisateur de Skyfall et SPECTRE nous parle un peu de son travail une fois que le tournage s’est terminé. (source : MI6 HQ)
[SAM MENDES] SPECTRE est un film plus gros que Skyfall. Quand nous étions à la dernière cérémonie des BAFTA, j’ai compté les acteurs et l’équipe du tournage, puisque je voulais accepter la récompense au nom de tout le monde. J’ai fais le calcul moi même et il y avait plus de mille personnes, et on ressent vraiment l’investissement et tout le travail accompli. SPECTRE est filmé dans davantage de destinations. Nous étions à Mexico, Tanger, le nord du Sahara, Rome, les Alpes et Londres. Nous avons fermé d’importants quartiers de Londres à la circulation, et je m’excuse auprès de toute personne dans la soirée a été gâchée ces dernières semaines parce que nous filmions autour de Westminster Bridge. Mais ça a été un effort incroyable. Un des moments les plus satisfaisants pour le réalisateur est quand on a finalement fini le tournage.
Et on peut dire que tout recommence quand on s’attaque au montage. En vérité, on réalise quatre fois un film : quand on l’écrit, quand on prépare le tournage et compose son équipe, quand on tourne le film et enfin quant on le monte et qu’on rajoute la musique.
Cette quatrième étape est juste en train de commencer. Si l’on est bon dans son travail en tant que réalisateur, on veut être présent dans tous les départements et l’on veut pouvoir influencer toutes ces composantes. C’est votre film et votre vision. A la différence du théâtre, d’où je tire l’essentiel de mon métier, je ne pense pas que le théâtre soir le medium du réalisateur, alors qu’un film l’est à part entière. Vous pouvez blâmer le réalisateur si vous avez passé une mauvaise soirée au cinéma, parce que tout repose sur ses épaules.
J’ai fait le film que j’avais envie de voir pour Skyfall, et je pense que j’ai réussi à faire la même chose cette fois-ci pour SPECTRE. En tout cas je l’espère parce que pour l’instant, ça émerge juste de tous les plans que nous avons tournés, comme c’est toujours le cas lorsque l’on arrive à la table de montage. En ce qui concerne l’histoire, tout est plus ou moins fixé. Mais tout réalisateur vous dira que si l’histoire est tout pour le film, l’histoire en elle même ne suffit pas. J’ai passé beaucoup, beaucoup de temps avec la musique pour ce film et il y aura plus de 100 minutes de bande son pour SPECTRE. Ça représente beaucoup de musique. Il y a aussi beaucoup d’effets spéciaux et de travail sur le son. Il y a plein de manières de foutre en l’air votre film, même à ce stade tardif de la production, même avec une bonne histoire. Vous devez rester totalement concentré, et il s’agit presque de tout recommencer à zéro lorsque l’on passe à cette étape. Pour moi, le montage est le moment le plus agréable puisque le travail le plus dur est derrière moi, et que tout tourne maintenant autour de la narration.
Pour moi, la saga James Bond dans son ensemble a été un cadeau inattendu et merveilleux à ce point de ma carrière. Ce n’est pas seulement faire un film, c’est la relation que l’on a avec le public, le dialogue qui s’établit tout au long du processus, du début à la fin. On doit accepter le fait que tout ce que vous faites va être critiqué et débattu depuis le titre jusqu’à la bande son, depuis le casting jusqu’à la bande annonce.
Je suis le plus heureux lorsque je répète une pièce ou que je monte un film. Lorsque j’ai fini un film, j’ai généralement envie de revenir au monde du théâtre. Ça donne l’impression de revenir chez soi : ça semble contrôlable par rapport au chaos d’un plateau de tournage. Mais ce ne sera pas long avant que j’ai envie de faire un nouveau film, et j’ai beaucoup, beaucoup de chance de pouvoir faire des allez retours entre les deux.
J’ai dis « non » la dernière fois [pour réaliser la suite de Skyfall], et j’ai fini par le faire et être moqué par tous mes amis, dont Micheal Atherton [l’ex capitaine de l’équipe anglaise de cricket], qui ne s’est pas privé du plaisir de me rappeler que j’avais dis non la dernière fois et que je finis par quand même tourner ce film. Mais je pense que c’est probablement la fin. Je pense que cinq ans pour deux films… ça me semble presque comme une grosse expérience qui touche à sa fin, même si on vient juste de finir de tourner. Ça a été une expérience fantastique qui a changé ma vie, mais je ne pense pas que je pourrai y revenir de nouveau. C’est plus un choix de mode de vie qu’un travail. On doit tout mettre en suspens pour pouvoir s’y consacrer.
Source : MI6 HQ, traduction assurée par CJB
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