Journaliste spécialisé dans le cinéma, Philippe Lombard auteur de « Les grandes gueules du cinéma Français », « L’univers des tontons flingueurs », « Tintin, Hergé et le cinéma » gère également sur internet le blog Quantum of bond qui regorge d’anecdotes, d’observations, de comparaisons en rapport avec James Bond. Aujourd’hui donc, nous vous proposons le témoignage d’un passionné !
Quel est votre parcours cinématographique jusqu’à votre première rencontre avec l’agent secret ?
Un parcours « classique », je dirais. En 1978, j’ai six ans et je vois en salles La Guerre des étoiles et Superman. Après, c’est Le Trou noir, E.T., Flash Gordon, L’empire contre-attaque, tous les blockbusters de l’époque, quoi ! Sauf qu’en 1979, allez savoir pourquoi, mes parents ne veulent pas m’emmener voir Moonraker… Je garde donc une certaine frustration par rapport à James Bond (d’autant que les films ne passent pas encore à la télé) et je dois attendre l’été 1981 pour pénétrer enfin dans son univers. Le cinéma du village provençal où je passe mes vacances projette Goldfinger. Je me souviens de mon enthousiasme quand les lumières se sont éteintes, j’allais enfin voir un Bond ! Autant dire que le film m’a emballé. Deux mois plus tard, Rien que pour vos yeux sort sur les écrans et là, j’en profite ! Je regarde les reportages de RécréA2 et de Temps X, je lis les articles dans Télé Juniors… Je porte à l’affiche du film une vraie affection, car elle me rappelle beaucoup de souvenirs…
Parlez-nous de la Première de GoldenEye en 1995, l’ambiance dans la salle et quelles étaient les attentes après 6 années d’absences ?
Les années qui ont suivi Permis de tuer ont été très pénibles à vivre en tant que fan. Songez que pendant cette période, on avait que le dessin animé James Bond Jr. à se mettre sous la dent ! J’ai même pensé que la série était terminée. Aussi, quand la production de GoldenEye a démarré, je me suis senti revivre ! Je me souviens surtout de la conférence de presse de juin 1994, qui introduisait Pierce Brosnan. À l’époque, il n’y avait pas internet, et on a eu l’info au JT de 13h ! Bon, il était barbu, car il allait tourner Robinson Crusoë, mais quand même, la machine était relancée ! Fin 1995, j’ai réussi avec trois copains à me faire inscrire à la projection de presse (je ne sais d’ailleurs plus comment, car je n’étais pas encore journaliste), qui avait lieu au Paramount Opéra. On était comme des fous ! Et nous n’étions pas les seuls, la presse faisait ses choux gras du retour de James Bond, il y avait une vraie attente. J’ai trouvé que la façon dont le personnage était traité dans le film était vraiment intelligente. Tout le monde se moque de lui, le traite de ringard, mais au final, c’est quand même lui qui sauve le monde. Brillant !
Quelles sont les démarches de réalisateurs qui vous ont le plus séduits dans la saga ?
Un Bond n’est pas un film d’auteur, ou alors il faut mettre le mot « auteur » au pluriel. Car les producteurs Barbara Broccoli et Michael G. Wilson sont très présents à toutes les étapes, tout comme les scénaristes et les réalisateurs de 2de équipe. Donc, je trouve un peu difficile de juger de la patte d’un réalisateur sur un film comme ça. Après, évidemment, on peut apprécier certains partis pris de Skyfall que l’on peut attribuer à Sam Mendes. J’ai un faible pour John Glen, ce réalisateur « à l’ancienne », un technicien qui a débuté comme monteur, et cela se voit dans sa réalisation, le rythme est toujours soutenu, rien n’est laissé au hasard.
Comment est né le blog Quantum of bond ?
D’un malentendu. Pierre Fabry, le rédacteur en chef du Le Bond, la lettre d’info du Club James Bond France, m’avait refusé deux articles après la sortie de Casino Royale et ça m’avait énervé…;-) donc, j’ai décidé de créer ce blog afin d’avoir toute liberté d’écriture. J’avais encore en tête le Le Bond d’autrefois, qui était un fourre-tout sans ligne éditoriale. Pierre en a fait une vraie revue et c’est tout à son honneur. Donc, il a eu raison de refuser mes articles ! Ce qui est amusant, c’est que Quantum of Bond est devenu plus tard une rubrique du Le Bond !
Lorsque l’on parcourt Quantum of Bond on accède à beaucoup d’histoires de tournages, d’anecdotes très détaillées, comment avez-vous collecté toutes ces informations ?
Je m’intéresse aux coulisses du cinéma depuis toujours. Je lis beaucoup de livres sur le sujet, de mémoires d’acteurs, et j’archive des articles, des dossiers de presse, etc. Cela m’a été très utile pour le site web Histoires de tournages, puis ensuite sur Quantum of Bond. Sur Bond, j’ai gardé beaucoup de choses, notamment des magazines anglo-saxons. Et puis, j’ai un certain sens de l’observation en matière de films, je vois toujours le petit détail que personne ne voit. Récemment, je me suis rendu compte dans On ne vit que deux fois que l’on aperçoit le haut des cheveux de Jan Werich, qui a joué Blofeld quelque jours avant d’être remplacé par Donald Pleasence. Et ça, ça me réjouit pendant une semaine…
Avez-vous des projets littéraires sur 007 ?
J’aimerais beaucoup écrire un livre sur James Bond, j’ai d’ailleurs plusieurs projets en stock mais rien de signé pour l’instant.
Quel lien faites-vous entre les romans de Ian Fleming et les films ?
J’ai découvert les livres assez tard, vers 1992, et j’ai tout de suite adoré ! Je ne mettais le visage d’aucun acteur sur Bond, car il était vraiment différent de celui des films. Je ne cherche pas non plus à retrouver l’esprit spectaculaire de la série dans les romans ; en revanche, j’adore quand les scénaristes mettent du Fleming dans les scénarios. Il avait un style et une imagination bien à lui et revenir aussi régulièrement à lui permet de ne pas s’éloigner de l’essence même de l’univers et du personnage. La rencontre entre Bond et Vesper dans le train dans Casino Royale (le film), où chacun devine des éléments sur l’autre, vient d’une scène du roman Opération Tonnerre. Ce n’est pas visible, pas estampillé « Fleming Touch », mais j’aime bien ça, car on comprend que les auteurs replongent dans les bouquins.
Dans le débat consacré à James Bond sur GameOne, vous semblez apprécier la dimension « aventure/action » pouvez-vous développer ?
Pendant longtemps, jusqu’au début des années 80 disons, quand on voulait voir le summum en termes d’action, de cascades, de spectaculaire, on allait voir un James Bond ! Il y avait des moyens, mais aussi un style que l’on ne trouvait pas ailleurs. Comme le saut en parachute Union Jack dans le prégénérique de L’espion qui m’aimait. Après, évidemment, il y a eu les Die Hard, les Terminator, etc. – faits d’ailleurs par des gens qui avaient grandi avec les Bond – et la série a dû s’accrocher pour rivaliser, mais c’est toujours un élément important. J’adore quand les scènes d’action sont vraiment insérées dans le scénario, quand elles ont un sens. Comme, par exemple, la poursuite dans le métro dans Skyfall et l’arrivée de Bond à la commission où M est entendue.
Et à part Bond d’autres passions ?
Le cinéma est ma passion. J’aime le cinéma de genre, d’action, le western italien, les films « bigger-than-life »… J’adore le cinéma français « d’avant » : Henri Verneuil, Belmondo, Audiard, Gabin, Yves Robert, Lautner… En ce moment, je m’intéresse particulièrement aux films de super-héros et je lis quantité de comics. Mon autre passion est l’écriture et, bien sûr, j’écris… sur le cinéma.
Quels sont vos projets pour l’année 2015 ?
J’ai trois livres prêts à sortir : en février Les 100 films les plus populaires du cinéma français (chez First), en mars 365 répliques de cinéma cultes expliquées (au Chêne) et en avril 200 infos incroyables mais vraies sur le cinéma (chez First, encore). Après, on verra !
Merci à Philippe Lombard
Propos recueillis par Maxence Pauc
Commenter