Sander Hicks et Jim Hatfield à la Book Expo America (2001)
Demain sort la traduction française du roman non-officiel de James Hatfield intitulé « The Killing Zone », l’occasion pour CJB de revenir sur la vie très « mouvementée » de l’auteur. RaoulWolfoni nous a en effet concocté une courte biographie de cet auteur à la vie digne de celle du personnage joué par Leonardo DiCaprio dans Arrête-moi si tu peux ! La version complète, ainsi que toutes les sources, seront disponibles dans le dossier se trouvant à la fin la traduction française.
Hatfield… James Hatfield
James ‘Jim’ Howard Hatfield est né le 7 janvier 1958 à Bentonville, en Arkansas. Son père était vétérinaire, spécialisé dans les poulets (la région accueillait alors Tyson Chichen, une société spécialisée dans la viande de poulets), et sa mère travaillait dans la distribution chez Walmart, une chaîne américaine de grands magasins. Adolescent, il était passionné par l’écriture, et avait demandé une machine à écrire électronique à ses parents pour son douzième Noël. Ayant reçu une éducation très religieuse, il était destiné à épouser la fille du curé…
Mais à la place, il abandonna le collège, se maria, puis divorça rapidement (il se remaria plus tard et eut une petite fille avec sa nouvelle épouse), fut arrêté pour avoir fait des chèques sans provision, avant d’être enfin inculpé à sept mois de prison pour plusieurs cambriolages.
En 1976, à sa sortie de prison, il rejoignit un groupe d’adolescents de Bentonville qui partait s’installer dans la métropole la plus proche, Dallas (Texas). Hatfield aurait alors travaillé un temps pour une compagnie pétrolière, et écrit plusieurs articles de divertissement.
Finalement, il se mit à travailler pour la société CFC, une compagnie financière ayant des propriétés subventionnées par l’État dans tout le Texas. L’un des directeurs de cette compagnie était Delores Kay Burrow, une femme qu’il tenta par la suite de tuer.
Mais auparavant, et durant des années, il vola des dizaines de milliers de dollars à CFC, en accusant la société d’être « un nid à cupidité et à corruption », sans contrôle sur les mouvements de fonds gouvernementaux.
En 1985, Hatfield, annonça à ses collègues qu’il avait gagné un concours pour écrire le prochain livre de James Bond, et ainsi continuer la série initiée par Ian Fleming.
Mais comme le précisa l’une de ses connaissances au Washington Post le 19 mars 2000, ayant aussi admis que Hatfield voulait alors vraiment devenir auteur : « Les années passèrent, et nous n’avons jamais vu le livre. On s’est demandé si tout cela était véridique. ». Hatfield finit par sortir son livre en 1985, intitulé « The Killing Zone ».
Ses collègues, suspicieux, appelèrent l’éditeur du livre, et apprirent que Hatfield avait payé pour que son livre soit publié. Hatfield admit plus tard au Washington Post qu’il s’agissait d’une autre de ses tromperies : « J’étais tellement confiant que mon travail serait retenu que je m’en suis vanté auprès de tout le monde. Lorsque je n’ai pas été retenu, je l’ai publié moi-même et l’ai vendu à tous ceux que je connaissais. C’était vraiment comme de se prendre une claque, mais ce n’était rien comparé à maintenant. ».
Il aura malgré tout continué jusqu’à la fin de sa vie à soutenir aux personnes qu’il y avait vraiment un concours, alors que celui-ci n’a jamais réellement existé.
En février 1987, Hatfield, dont les détournements avaient été démasqués par sa directrice, Delores Kay Burrow, avait démissionné. Mais durant son préavis, il paya 5.000 dollars à un réparateur de télévisions pour poser une bombe sous la voiture de Burrow. Le coup a raté (la bombe a explosé sans faire de victimes), et Hatfield fut condamné à cinq ans de prison. Durant son procès, Hatfield a argumenté qu’il avait fait cela pour rendre service à un autre directeur de CFC, Lawrence R. Burk, qui l’avait promu et qui participait avec lui au détournement de fonds.
De plus Burrow aurait fait chanter Burk avec une ancienne affaire ex-conjugale.
Hatfield précisera plus tard qu’il ne souhaitait pas réellement que l’attentat réussisse ;
« Honnêtement, je pensais et j’espérais que l’homme que j’avais payé s’enfuirait avec l’argent, et ne poserait pas la bombe ». Mais son avocat dans l’affaire, Michael Eaton, déclara quant à lui qu’un témoin avait entendu Hatfield dire plus d’une fois à quel point il était « irrité par le fait que cette femme incompétente soit sa supérieure », et combien il aurait voulu prendre sa place.
En 1992, toujours au Texas, Hatfield fut accusé pour son détournement de fonds, Burrow, la femme qu’il avait essayé de faire assassiner, était l’un des témoins de l’affaire. Hatfield fut condamné à 15 ans de prison, puis à 5 ans supplémentaires pour avoir effectué une fausse déclaration sur un document administratif.
En 1994, Hatfield bénéficia d’une liberté conditionnelle, et s’installa en Arkansas, où il écrivit au moins cinq livres, dont plusieurs livres de science-fiction sur les séries Star Trek et X-Files, ainsi qu’une biographie de Patrick Stewart, un acteur de Star Trek.
En 1998, il écrit un livre provocateur : « Le cartel Bush » (Fortunate Son ; également publié en France sous les noms de « L’itinéraire d’un fils privilégié » ou de « Bush l’imposteur : Le passé d’un voyou devenu président »), où il allègue que le Président élu en 2001 a reçu tout au long de sa vie un traitement préférentiel, durant sa scolarité, mais également via ses contacts professionnels, pour lui permettre de devenir candidat aux postes de Gouverneur, puis de Président. Selon lui, Bush a réussi non grâce à son talent, mais uniquement grâce à ses relations familiales. Hatfield argue également dans son livre que le 43ème président des États-Unis a été arrêté en 1972 pour possession de cocaïne, épisode étouffé par son célèbre père, ancien président lui aussi. Il dit également qu’il à échappé à une affectation au Vietnam pendant la guerre, et parle des relations existantes entre la famille Bush (et son entreprise Arbusto Energy), et la famille Ben Laden avant les attentats du 11 septembre 2001…
Les presses St Martin’s, qui éditaient le livre, ont arrêté sa publication en octobre 1999 et ont ordonné un rappel de ceux déjà publiés après avoir eu vent du passé tumultueux de Hatfield (même si entre-temps, le livre avait rejoint le palmarès des best-sellers du New York Times) ; en effet, le livre reposant en grande partie sur la crédibilité de l’auteur et sur ses sources restées anonymes (Clay Johnson et Karl Rove, le plus proche conseiller politique de Bush, furent ensuite avancé par Hatfield comme étant deux de ces mystérieuses sources), la mise au grand jour de son passé judiciaire le discréditait totalement.
Selon plusieurs sources, les livres auraient été brûlés par les presses St Martin. Hatfield aurait aussi, selon lui, reçu des menaces de mort sur lui et sa famille de la part du camp Bush.
Un journaliste, avec qui Hatfield avait eu des échanges de mails très réguliers pendant longtemps, a déclaré « Jim m’a dit avoir découvert que son ordinateur avait été mis sous surveillance ; c’est à la suite d’un bug et après avoir demandé à un technicien de réparer son ordinateur que celui-ci a précisé à Hatfield que quelqu’un avait installé un dispositif permettant de surveiller ses correspondances ».
Le livre fut republié, en janvier 2000, par les presses Soft Skull, appartenant à un chanteur de rock punk proche de Hatfield, Sander Hicks. Mais l’élection présidentielle en cours, les menaces des avocats du parti républicain, et les librairies peu enclines à distribuer le livre marquèrent, un nouveau coup d’arrêt à la distribution du livre.
Une troisième réédition eut lieu, en 2002, mais là encore l’accueil ne fut pas au rendez-vous.
Le 18 juillet 2001, une femme de chambre du Days Inn (un motel de Springdale, en Arkansas) a retrouvé le corps de Hatfield, mort apparemment des suites d’une overdose, dans la chambre 312.
Selon la Police, il s’agissait d’un suicide, car Hatfield avait laissé un mot parlant de ses soucis financiers, de son livre sur Bush et de ses problèmes d’alcool.
Il avait alors 43 ans, et était recherché par la police pour des fraudes à la carte de crédit… et selon plusieurs personnes, le doute plane encore sur le fait qu’il s’agisse bel et bien d’un suicide… (certaines sources ont émis l’idée qu’il s’agirait en réalité d’un assassinat ordonné par l’entourage de Georges W. Bush).
En 2002 est sortie un documentaire de 90 minutes intitulé « Horns and Halos » sur « Le Cartel Bush » avec Jim Hatfield lui-même et Sander Hicks. Il a été réalisé par Suki Hawley et Michael Galinsky. Ce dernier traite du contenu et de la controverse du livre, des déboires de l’auteur suite à sa publication et des difficultés de l’éditeur Soft Skull Press pour le remettre sur les étagères. Horns and Halos à gagné et à été nominé pour plusieurs prix du meilleur documentaire dans divers festival de cinéma en 2002. La version DVD contient quand à elle différent bonus, dont quelques interviews supplémentaires avec l’auteur.
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Restez connecté jusqu’au 14 décembre pour découvrir la version française de « The Killing Zone » ! (N’hésitez pas non-plus à retourner sur nos précédents articles sur le sujet, quelques modifications y ont étés apportés.)
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