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Octopussy : une fâcheuse habitude…

Retour en 1983 avec deux critiques de journaux qui ne manquent pas de piquant

Malgré les résultats honnêtes au box office, Octopussy est loin de susciter l’enthousiasme des critiques. Tirée des archives de MI6-HQ, nous vous proposons la traduction de deux critiques particulièrement ironique et lucides sur la 13e aventure de James Bond. La première provient du numéro du Time du 27 juin 1983 et se plonge dans les pensées des archétypes vieillissants d’Octopussy. La seconde du New York Times de 10 juin 1983 fait le bilan de la recette habituelle du cocktail James Bond.

L’article du ‘Time‘ – quand Bond s’oublie à méditer

« Vous avez la fâcheuse habitude… de survivre« , ironise Kamal Khan en même temps qu’un léger tic agite sa mâchoire.
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James Bond s’autorise un sourire en coin. Même s’il n’a rencontré le prince afghan en exile que récemment, 007 est bien trop familier de ce type de personnage. En 12… non 13 missions au service cinématographique de sa Majesté, il a du confronter son astuce et son talent face à certains des ennemis les plus sinistres du monde moderne. C’était des hommes imposants tels que Drax, Blofeld, fous et sarcastiques comme Auric Goldfinger. D’une certaine façon, ce Kamal, trafiquant issu de la Jet Set, semble se trouver plutôt en dessous de ces prédécesseurs, réduit qu’il est à de petits trafics, et la vilainie de son personnage se limitant à l’appât du gain. Il semble las et frêle, comme un oiseau en voie de disparition ou un vase en porcelaine. Il mériterait à peine de mourir dans d’atroces souffrances.
Bond jette un regard de l’autre coté du plateau de Backgammon, et se permet d’étendre son sourire en bâillement : Je couvrirai cette mise avec mon œuf Fabergé si ça ne vous dérange pas.
Les yeux de Kamal semblent trahir une légère douleur. Peut-être est-il en train d’appréhender l’aventure trop familière qu’on leur a réservé à eux deux : un dîner à base de tête de mouton farcie, un safari en costume avec Bond dans le rôle de la proie, une course poursuite à travers un bazar, un combat impliquant une scie circulaire portable, des équilibristes acrobates et le tout terminant probablement pas la mort de l’Afghan. Ou peut-être s’agit-il d’un simple réflexe d’intense ennui sur le visage d’un célèbre joueur de polo appelé Louis Jourdan ?…
« Vous pouvez m’appeler Octopussy », murmure la femme. Elle est bien sûr magnifique, son corps fin et pourtant voluptueux entouré d’une robe à la fois très simple et très coûteuse. Bond peut sentir le parfum du danger au moment où il se rencontrent. À partir de ce moment, jusqu’à la scène suivante dans le lit de la Bond Girl, il aura suffit de quelques regards entre professionnels, et le scène d’amour elle même n’aura été qu’un moment de grand sport, les finales de Wimbledon du sexe en quelque sorte. Maintenant l’affrontement est terminé, et Bond, au lieu de se préparer à la présence probable d’une tarentule sous ses draps rumine dans ses pensées. Est-elle la bonne ou la vilaine James Bond Girl ? Dans chacune de ses missions, il semble qu’il y ait toujours l’une d’entre elle, ce qui fait… voyons, 24, non 26 d’entre elles, chacune parfaite et passionnée, chaque pair de Bond girls étant plus indulgente par rapport à son âge qui augmente. Les espions éprouvent-ils de l’anxiété, ou peut-être de l’herpès ? Ou sont-ils simplement lassés par la répétition de la perfection.
« Grunt! Pow! Gnar! Ouch!!! »
Alors qu’il applique la pression précise d’un pouce sur la tempe d’un des Thug de 2 mètres de haut de Kamal, Bond devient méditatif. Quand il a commencé à jouer ce jeu du « Sauver le Monde », lorsqu’il était encore le brutal Sean Connery et que le monde était beaucoup plus jeune, James Bond avait été pour le public le modèle d’une certaine classe et ambition. Le Savoir-faire représentait l’aristocratie du style : quel vin laisser décanter, quelle marque de cigarette fumer, quelle arme de poing porter sous son aisselle. Maintenant qu’il est Roger Moore, vingt ans plus tard, Bond a dégénéré pour un modèle de mâle mélangé à quelque chose ressemblant à un anachronisme assez extraordinaire.
Oh, bien sûr, il sait toujours nous distraire, à défaut de nous procurer beaucoup de plaisir.

Les sous entendus peuvent toujours nous faire grimacer, et avec l’aide d’une équipe de cascadeurs bénie, Bond peut sans aucun doute continuer son chemin à force de pirouettes, à travers des moments tendus, jusqu’à ce qu’il soit plus vieux que vieux. D’ici là, il sera joué par Anthony Andrews ou Michael Jackson, et son adversaire sera un octogénaire du style de Norman Bates ou de Rocky Balboa alors que la femme du film sera toujours jeune et jolie…
Encore un autre combat, et pas de cicatrices. Encore un holocauste nucléaire d’éviér, et maintenant, une autre femme à ses cotés, « la bonne cette fois », devine-t-il.
Tout est bien avec l’OTAN, alors au dodo, avec deux martinis, au shaker mais pas à la cuillère, comme l’agent 007 lui même.
Bond lève son verre et regarde d’un air entendu les yeux verts de Bond-Girl-numéro-26 : « À la survie ma chère », dit-il juste avant de s’endormir.

L’article du ‘New York Times‘ – une recette bien rodée

Avouons le : la série sensationnelle et interminable des films de James Bond n’est pas sur le point de s’arréter, et pour une bonne raison : ces aventures sont les fictions « à la Star Wars » pour les habitués de tout âge. Octopussy, le 13e épisode de la série qui a commencé avec Dr No en 1962 est par ailleurs meilleur que bien d’autres.
Le film qui s’ouvre aujourd’hui au National et dans les autres salles de cinéma ne prétend à aucun moment être basé sur quoique ce soit, à part sur le personnage de Ian Fleming et le grand sens de l’humour et de l’astuce de ses producteurs.
L’agent 007 fait face à une succession de dangers indescriptibles et de femmes avenantes si absurde, exagérée et facétieuse qu’elle a dépassé en longévité toute ses imitations. Roger Moore, qui joue James Bond encore une nouvelle fois, ne rajeunit pas, mais son personnage non plus. Les deux sont devenus gracieusement indissociables.

L’ensemble de l’histoire est à peu près incompréhensible, mais je suis maintenant sûr que les personnages impliquent un général Soviet complètement fou (Steven Berkoff), craint à la fois pas les Russes et par les Alliés ; un prince Afghan décadent (Louis Jourdan), qui parie avec des dés pipés et n’hésiterait pas à faire exploser le monde pour son profit personnel, et une nabab glamour donnant son nom au titre (Maud Adams), qui vit sur un palais flottant à Udaipur en Inde, à partir duquel elle opère un empire international d’hôtels, de compagnies aériennes et de cirques est-allemands.
Le but de toute aventure de James Bond étant ses incroyables gadgets, le film inclue un avion de poche et ses variations déclinées au fur et à mesure des poursuites qui, comme tout grand gag de vaudeville, repose sur l’enchaînement des surprises jusqu’à atteindre celle qui dépassera toutes les autres. Dans Octopussy, les meilleurs de ces surprises sont concentrées dans un pré-générique hilarant dans lequel Bond vole à Cuba, une autre séquence en Inde où il se trouve aux prises avec un tigre lors d’une « chasse »pour le moins inhabituelle et une dernière de l’autre coté du rideau de fer, mettant en scène une voiture, un train de cirque et une bombe atomique.
George MacDonald Fraser, Richard Maibaum and Michael G. Wilson sont responsables de l’histoire et du scénario qui est filmé par John Glen. Celui-ci réussit d’ailleurs bien mieux cette fois-ci qu’avec Rien que pour vos Yeux. Toutefois, les ingrédients du film sont ostensiblement meilleurs, et le budget visiblement plus large. Les décors gérés par Peter Lamont sont à la fois extravagants et drôles
Octopussy a été classifié PG (« autorisation parentale recommandée ») et contient des galipettes à caractère sexuel de basse intensité et des scènes de destruction plus cartoonesque que violemment réalistes.
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Découvrez nos autres archives et traductions des critiques au moment de la sortie des films, notamment celle de l‘Homme au Pistolet d’Or et les chroniques de Roger Ebert.
Source : MI6-HQ

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