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2001 : Norman contre le Sunday Times (et Barry) : aux origines du Bond Theme [2/3]

En mars 2001, Monty Norman et John Barry se trouvent salle n° 13 de la High Court de Londres. Les deux hommes ne sont pas du même côté : en effet chacun d’eux prétend être l’auteur du fameux James Bond Theme et essayent d’en convaincre les jurés. Parmi les personnes venues observer le procès se trouvent un certain Peter Greenhill, membre du groupe The John Barry Discussion Group de Yahoo sur lequel il résume aux internautes le déroulement de l’affaire jour après jour.

Le groupe Yahoo n’est plus consultable de nos jours mais les rapports de Greenhill sont toujours trouvables, reproduits sur le site The John Barry Resource de James Ollinger.

Bien qu’ils ne puissent pas être considérés comme sans erreur ou neutres (Greenhill étant un fan de Barry), ces rapports dont nous vous proposons la traduction française ci-dessous permettent de voir les deux versions contradictoires (celle de Norman et de Barry) sur la création du Bond Theme.

La semaine dernière on avait vu les circonstances qui avaient amené Norman à porter plainte contre le Sunday Times (et rappelons-le non contre Barry) pour diffamation et le premier jour du procès (le 5 mars 2001). Si vous avez loupé la première partie :

2001 : Norman contre le Sunday Times (et Barry) : aux origines du Bond Theme | Partie 1

Jour 2

Le second jour, Monty Norman a témoigné toute la journée et ce n’est toujours pas terminé. Norman a démontré comment la mélodie de Good Sign, Bad Sign s’est développée après avoir divisé les notes dans le Riff de guitare. D’après la réponse de Barry, il était évident qu’il pensait que Norman avait tord.

Norman continue d’être amer quant à la façon dont l’article dénature sa carrière et une quantité de temps a été consacré à ses réalisations dans le domaine de l’écriture musicale. Le problème est que Barry est l’un des meilleurs compositeurs de films. Norman a-t-il déjà été l’un des meilleurs compositeurs musicaux, au sommet avec Richard Rogers, Stephen Sondheim, Andrew Lloyd Webber, Boubil/Schönberg ? Personnellement, je ne le pense pas.

Norman a travaillé une fois de plus pour Broccoli et Saltzman sur leur film suivant, Call me Bwana, en écrivant le thème et cette fois juste quelques moments forts. Muir Matheson a écrit le reste. À la fin du film, Norman a approché Saltzman pour un contrat et on lui a dit « L’argent ! Si vous voulez parler argent, on ne peut pas faire affaire » et ce fut la fin de sa relation de travail avec les producteurs de la franchise.

Un développement intéressant est survenu tard dans la journée. Le jury a envoyé une note au juge lui demandant s’il était autorisé à connaître les redevances que Norman a perçu jusqu’à présent sur le « James Bond Theme » et quel pourcentage cela représente sur ses revenus totaux. Norman a dit qu’il voulait bien le dire, seulement aux membres du jury, mais le juge lui a répondu qu’il serait entendu en audience publique. Il doit recueillir les informations pour le lendemain.

J’étais assis derrière Laurie Barry qui était charmante et a demandé pour qui j’écrivais toutes ces notes (25 pages jusqu’à présent). J’ai dû admettre que j’étais un modeste fan qui écrivait sur des (forums de) discussions à propos des musiques de films. Elle était intéressée par mon point de vue sur la façon dont l’affaire se déroulait, en particulier le lien supposé entre Dr. No’s Fantasy et le deuxième Bebop. Elle a dit que John tient à raconter sa version des événements et a attendu 39 ans pour le faire.

Il y a beaucoup de détails fascinants dans cette affaire et je recommande à toutes les personnes intéressées de consulter la transcription quand ce sera terminé.


Jour 3

John et Laurie Barry n’étaient pas au tribunal aujourd’hui. Monty Norman est arrivé l’air un peu plus fatigué que les deux derniers jours. Pas étonnant dans la mesure où il a été soumis à 5 heures d’interrogatoire intensif hier, puis a dû rentrer chez lui et farfouiller ses comptes pour obtenir les informations sur les redevances perçues sur le « James Bond Theme ». Il a donné des chiffres approximatifs pour 12 années :

  • 1976 : 9 000 £
  • 1977 : 7 000 £
  • 1978 : 6 000 £
  • 1979 : 5 000 £
  • 1980 : 7 000 £
  • 1990 : 22 000 £
  • 1991 : 32 000 £
  • 1992 : 29 000 £
  • 1993 : 20 000 £
  • 1994 : 23 000 £
  • 1998 : 112 000 £
  • 1999 : 213 000 £

Au total, les redevances des ces 12 années représentent (sans tenir compte de l’inflation) 485 000 livre sterling.

Les chiffres des années précédentes étaient dans un autre livre dans une autre maison. Le bond dans les revenus des années 90 serait dû aux sorties de CD et à la remontée en popularité des films (ndt : alors que Bond était absent des cinémas lors de la première moitié de cette décennie ?). Le grand saut entre 98 et 99 serait quant à lui dû aux jeux vidéo tels que Goldeneye 007. Norman dit que le « James Bond Theme » représente une part « très importante » de ses revenus totaux.

La sortie du vinyle LP (1963) de Dr No a été discutée. La défense affirme que Norman a proposé Dr. No’s Fantasy comme le Bond Theme, l’a enregistré mais s’est vu être rejeté par Broccoli et Saltzman. Norman rejette cela en disant que c’est un mythe (un mot qu’il utilise souvent) : il dit qu’il considérait effectivement Dr. No’s Fantasy mais qu’il l’a écarté de lui-même car il manquait à cette musique la sensation nécessaire pour être le thème.

Sur le vinyle de Dr No, le morceau d’ouverture s’appelle « James Bond Theme » (le Bond Theme que nous connaissons et aimons tous), l’avant-dernier morceau s’appelle « The James Bond Theme » (une version de Dr. No’s Fantasy). Norman prétend qu’il n’a rien à voir avec [le choix des] titres. United Artists Music a tout gâché, utilisant très peu de sa partition et pas moins de quatre versions de Dr. No’s Fantasy [en réalité 3].

Un article de magazine citant Terence Young comme « n’aimant pas » Underneath the Mango Tree et disant que la partition de Norman était désastreuse (« mining disaster music ») a été remis à Norman. Monty a dit que Young n’aimait pas la musique des Caraïbes et n’était pas non plus enthousiaste d’avoir Sean Connery comme James Bond, disant initialement qu’il serait un « désastre, désastre, désastre ». Selon Norman, avec Young, tout était un désastre.

Il a été dit directement à Norman que Noel Rogers (directeur de l’édition musicale pour United Artists Music à Londres) avait négocié l’accord avec Barry en tant qu’accord pour sauver la face pour Norman qui était à court d’idées pour le Bond Theme. Norman a rejeté cela comme un non-sens. Norman a un journal qui contient quelques dates clés des événements mais dans lequel il en manque malheureusement d’autres. Il reconnait avoir inscrit des détails dans son journal quand cela lui convenait.

Norman avait demandé à Burt Rhodes d’orchestrer la musique de Dr No et prétend avoir demandé à Barry d’orchestrer le « James Bond Theme » pour avoir quelqu’un ayant une réputation dans le monde de la pop afin de produire un hit.

Norman, soutenu par Burt Rhodes, dit que lui et Rhodes ont rencontré Barry dans un café de la rue Denmark le samedi 9 juin 1962 pour lui donner la version piano du « James Bond Theme » afin qu’il l’orchestre. La défense dit quant à elle que cette réunion avait pour but de discuter de Call Me Bwana.

L’affaire a pris une mauvaise tournure lorsque Norman a accusé Barry d’être très heureux de laisser se propager les mythes selon lequel il a écrit le Bond Theme, que Barry croit en sa propre publicité et que c’est ce qu’il se passe si vous vivez à Hollywood [Barry vivait en fait dans l’État de New York]. Hier Norman avait montré son côté désagréable quand il a mentionné que Barry était allé à une session de travail le week-end à sa maison d’Essex [celle de Norman] avec une « fille scandinave ». Cela n’était pas pertinent pour l’affaire et était probablement destiné à embarrasser Barry qui était avec avec sa femme au tribunal.

Une grande discussion a eu lieu au sujet d’une interview du magazine Music From the Movies. Dans la version originale, Norman avait déclaré que son Bond Theme original n’avait jamais été enregistré. Cependant, quand Norman a vérifié l’article, il a supprimé cette section. Norman a dit que Music From the Movies était un petit magazine et qu’il n’était pas sûr qu’il soit toujours en circulation.

La défense prétend que le « Vamp » vient de l’intro de Poor Me de Barry. Burt Rhodes a dit qu’il aurait pu être basé sur le vamp de 1939 d’Artie Shaw [en réalité 1938, sa musique nommée Nightmare] ou sur celui de Lonely House de Kurt Weill ; ces musiques ont été jouées et ont des vamp très similaires.


Jour 4

Le jour 4 a commencé avec le témoignage de l’ex-Mme Norman, Diana Coupland (maintenant Diana Miller). Elle est particulièrement connue au Royaume-Uni pour son rôle dans la série comique Bless this House d’ITV avec Sid James. Elle a également été chanteuse au début de sa carrière. Elle a épousé Monty Norman en 1956 et ils ont divorcé en 1975. Mme Miller avait l’habitude d’aider Monty quand il travaillait sur des partitions et chantait souvent les rôles féminins. Monty a toujours discuté de ses compositions avec elle. La méthode de Norman consistait à produire un thème, puis à le modifier et à produire une « top line » (mélodie) prête pour l’orchestration. Elle a dit que Burt Rhodes produirait (ensuite) une version piano de la musique prête à être transmise à un orchestrateur. C’est sa voix que l’on entend sur Underneath the Mango Tree, censé être chanté par Ursula Andress alors qu’elle sort de la mer dans sa première apparition dans Dr No. Elle a dit que la chanson avait été utilisée dans un autre film de Bond [en fait Au service secret de Sa Majesté, pendant environ deux secondes] mais qu’elle n’a pas été payée pour cela. Elle a ajouté que Monty n’avait pas écrit le « James Bond Theme » en Jamaïque quand ils étaient sur place en janvier-février 1962 mais qu’il y réfléchissait. Il a ensuite dit qu’il avait eu l’idée d’utiliser la chanson Good Sign, Bad Sign de la comédie musicale abandonnée The House of Mr Biswas. Finalement, John Barry a été invité à l’orchestrer. Elle a dit qu’à cette époque Barry n’était pas très connu.

Barry et Norman se sont rencontrés une fois à l’appartement de ce dernier. Diana se souvient clairement de leur avoir fait du thé/café et de les avoir laissés travailler. Elle pouvait entendre Monty chanter et jouer du piano. Elle savait que c’était Monty car c’était très bien (!) [ou parce qu’au contraire c’était joué de manière très mauvaise, selon le site de Norman]. Il y a eu une réunion plus tard à la maison de campagne de Norman à laquelle Barry est arrivé avec une « jolie fille scandinave ». Elle a dit que les producteurs étaient satisfaits de la musique de Monty. Ils ont utilisé une partie de la partition de Monty pour un film ultérieur (Bons Baisers de Russie). Lorsque des rumeurs disant que Norman n’avait pas écrit le « James Bond Theme » ont commencé à circuler, Monty a d’abord été amusé, puis irrité, et à une occasion en a parlé à son conseiller juridique / avocat. Quand elle a lu l’article, elle était en colère et a téléphoné à Monty pour lui dire qu’elle serait heureuse de témoigner s’il intentait une action en justice. Elle a dit qu’avant de faire sa déclaration écrite, elle n’avait pas discuté témoignage avec Monty parce que « cela n’était pas nécessaire ».

Lors du contre-interrogatoire, elle a déclaré que Dr. No’s Fantasy était la première tentative de Norman au « The James Bond Theme » mais elle ne se souvient pas qu’elle ait été présentée aux producteurs. Elle a déclaré qu’elle et Norman se sont toujours bien entendus avec les producteurs pendant la création du Dr No et suppose donc qu’ils étaient satisfaits de ce que son mari produisait. Elle n’était pas présente lorsque le rôle de Barry a été discuté. La défense a avancé que la réunion à la maison de campagne n’avait rien à voir avec Dr No car le samedi 9 juin, Rhodes/Norman rencontraient Barry pour lui donner une version piano du Dr No. Norman à Paris le mardi 12 juin est revenu à Londres tard le samedi 16 juin. Le « James Bond Theme » a été enregistré pour la bande originale le jeudi 21 juin aux studios CTS. Par conséquent, la réunion à la maison de campagne avait probablement été une visite non professionnelle ou en relation avec Call Me Bwana.

Diana Coupland/Miller a dit qu’elle était certaine qu’il y a eu deux réunions entre Barry et Norman. Elle a également dit qu’à une occasion, Monty lui avait donné une enveloppe à livrer à l’appartement de Barry alors qu’elle faisait des répétitions tout près. La défense a déclaré que ce n’était probablement pas un manuscrit musical, car Norman ne pouvait écrire de la musique que de manière très basique. À ce stade, Mme Miller a déclaré que Paul McCartney et Irving Berlin ont utilisé des méthodes de composition similaires et que « M. Barry n’a pas écrit White Christmas » !

Le témoin suivant était Rina Norman, l’épouse actuelle de Monty depuis octobre 2000, bien qu’ils entretenaient une relation depuis mars 1995. Rina est agente de probation et travailleuse sociale indépendante. Elle a déclaré qu’elle et Monty étaient sortis le soir du 11 octobre 1997. Sur le chemin du retour ils ont ramassé un exemplaire du Sunday Times du lendemain dans un garage. Quand ils sont rentrés à la maison, Rina est allée se coucher et Norman est resté un moment pour lire le journal. À 2h00 elle s’est réveillée et a remarqué qu’il n’était toujours pas venu se coucher. Il était dans le salon. Il avait l’air pâle et était courbé, il avait l’air froissé et était totalement dévasté. Il a dit : « lis ça ». Le lendemain il y a eu plusieurs appels téléphoniques, dont ceux de Burt Rhodes, Diana Miller et Stanley Black. L’article a jeté une ombre sur les trois dernières années et demie de Norman et il n’a jamais oublié l’article du Sunday Times à un seul moment. Elle a dit que son mari était très fier du « James Bond Theme » et qu’elle l’a encouragé à se battre pour ce qui est juste, bien qu’elle n’ait évidemment aucune connaissance personnelle des événements de 1962.

Chaque partie avait un musicologue pour témoigner. Leurs rôles est de considérer le « James Bond Theme », Good Sign, Bad Sign, Dr. No’s Fantasy ainsi que diverses compositions de Barry, et d’examiner les similitudes et différences entre elles, bref leurs relations.

Certains de ces témoignages/similitudes sont techniquement difficile à comprendre pour un non-musicien comme moi et, je suppose, pour plusieurs membres du jury.

Le Dr Stanley Sadie de l’accusation est le premier à être appelé. Sadie était un étudiant en musique à Cambridge et a fait des études de troisième cycle là-bas. Il a été professeur de musique au Trinity College of music et a été critique musical pour The Times pendant 17 ans. Il est membre du comité éditorial du US Journal of Musicologists et est spécialisé dans la musique du 18e siècle, mais estime également le jazz, le rock, etc. Le Dr Sadie a établie 60 mesures du « James Bond Theme » ainsi :

  • 1-4 Le Vamp – 2 mesures répétées
  • 5-10 Riff de guitare – 2 mesures répétées deux fois
  • 11-12 Deux dernières mesures de Riff – descente en demi-ton frappante
  • 13-20 Répétition du Riff – mais avec une légère variation de trombone (uniquement sur l’enregistrement)
  • 21-24 Répétition du Vamp
  • 25-28 Bebop 1 – phrase à 4 mesures
  • 29-32 Bebop 1 répétition de 25-28 sauf que les deux dernières notes sont différentes
  • 33-40 Bebop 1 répétition de 25-32
  • 41-42 Bebop 2 – début du Riff sous forme modifiée, c’est-à-dire que la mélodie est liée au Riff
  • 43-44 Répétition de 41-42
  • 45-46 Point culminant central à Bebop2
  • 47-48 Vamp
  • 49-56 Riff
  • 57-60 Se termine par le Coda qui est liée à 25-28

Le Dr Sadie a déclaré que l’idée fondamentale du « James Bond Theme » : le Riff, est dérivée de Good Sign, Bad Sign. L’idée principale dans la section centrale est également dérivée, avec des intervalles modifiés, de Good Sign, Bad Sign.

Le Vamp n’est pas dérivé de Good Sign, Bad Sign, mais les vamps ont tendance à être une propriété commune. Le Vamp du « James Bond Theme » est, selon Burt Rhodes, le « numéro 49 dans le manuel de l’arrangeur ».

Le Dr. Sadie relie 11-12 (les deux dernières mesures du riff) à deux accords de guitare à la fin de la section centrale de Dr. No’s Fantasy. Ceci est très controversé.

Sur les 50 mesures (hors Vamp), le Dr Sadie a considéré que seuls 10 n’étaient pas dérivées de Good Sign, Bad Sign :

  • Bebop 1 – 8 mesures
  • Point culminant central – 2 mesures : 45-46

Sadie a dit que le style de l’orchestration se retrouve dans les travaux antérieurs de John Barry mais que le « James Bond Theme » est « plus frappant » que ceux-ci. Il pense qu’il n’y a pas de nouveau thème de Barry dans l’œuvre mais que l’arrangement est « extrême ».

Sadie ajoute que le Riff et le Bebop 1, les parties qui proviennent le plus évidemment de Good Sign, Bad Sign, sont d’une importance fondamentale pour le « James Bond Theme ». L’idée fondamentale est celle de Norman et il est [donc] le compositeur principal.

Lors de son contre-interrogatoire, Sadie a déclaré qu’il venait d’examiner la musique et ne faisait aucune hypothèse sur ce qui s’était passé lors du processus de production du « James Bond Theme ». Il dit que Barry a arrangé et fait un peu plus. Des parties de Bee’s Knees et Beat Girl de Barry ont été jouées au tribunal et le Dr Sadie a reconnu que Barry était à l’origine d’un son particulier. Lors de la déposition du Dr Sadie, le légendaire Vic Flick est arrivé au tribunal. Vic a joué de la guitare sur le Riff de l’enregistrement original du « James Bond Theme » que l’on retrouve sur la bande-son de Dr No ; le son de guitare de Flick est un élément clé des films Bond depuis près de 40 ans (dont dans les 5 films de la saga sur lesquels il a travaillé avec Barry).

Le Dr Sadie a été le dernier témoin de l’accusation.

Le premier témoin de la défense était John Burgess. Employé A&R (Artists and Repertoire) pour les enregistrements EMI à l’époque du John Barry Seven (groupe de musique formé par Barry en 1957) dans la fin des années 50 et au début des années 60. Son travail consistait à trouver des talents pour EMI et à trouver du matériel approprié pour eux afin de mettre en place les sessions d’enregistrement et enregistrer. Il a travaillé pendant 8 à 9 ans avec Barry et sur 15 singles ainsi que plusieurs albums. Burgess a été impliqué dans le réenregistrement de juillet 1962 du « James Bond Theme » à EMI pour une sortie single, mais n’était pas impliqué dans l’enregistrement de la bande originale de Dr No. Il dit qu’il n’avait aucun lien avec Monty Norman et qu’il n’avait pas recommandé que Barry soit l’arrangeur du « James Bond Theme ». Il y a deux ans, Norman lui a téléphoné et lui a demandé s’il se souvenait qu’il avait joué et discuté avec lui. Burgess a déclaré qu’il ne se souvenait pas d’une telle chose. Il a dit que Barry ne lui avait jamais suggéré qu’il avait écrit le « James Bond Theme ». Burgess a déclaré qu’il pensait lui-même que Norman avait écrit le « James Bond Theme » parce que c’était le nom de Monty Norman qui était aux génériques des films Bond.

[Il semble que ce dont John Burgess parle est le second enregistrement du James Bond Theme par Barry, le 23 juilliet 1962, qui est sorti sur un vinyle de Columbia (Columbia Graphophone Company, appartenant à EMI) sur lequel on lit notamment « The John Barry Seven » (ainsi que « (Norman) »). Il s’agit d’une version un peu plus punchy que celle du premier enregistrement :]


Jour 5

Le témoin suivant est Wayne de Nicolo. Son témoignage a commencé le jour 4 et s’est terminé le jour 5. Il est avocat pour le Sunday Times. Une partie de son travail consiste à obtenir des déclarations de témoins, souvent par téléphone. En avril 1999 il a parlé à Peter Hunt, le monteur de Dr No. Hunt était en Californie, il avait 73 ou 74 ans et a été invité à faire une déclaration pour cette affaire. Hunt était réticent à s’impliquer dans l’affaire. Il a dit qu’il était trop vieux, que ce n’était pas son différend et qu’il ne voulait pas revenir au Royaume-Uni pour l’affaire. De Nicolo a pris des notes de ce que Hunt a raconté et les a tapées. Hunt a dit que John Barry a écrit le « James Bond Theme ». Des délais (?) ont été donnés à Norman (Norman soutient qu’ils étaient en retard). Deux sessions ont été organisées pour l’enregistrement de la bande originale. Lors de la première session, il était clair que la musique ne fonctionnait pas pour le film (parle-t-il du thème ou de la musique en général ou encore des deux ?). Terence Young a dit que quelqu’un d’autre devait venir parce que la musique de Norman était un désastre (« mining disaster music »). Le nom de Barry a été suggéré et donné à Harry Saltzman. Hunt n’a pas signé de déclaration et l’accusation a déclaré qu’il avait une mémoire gravement déficiente. Hunt pensait que le « James Bond Theme » avait été enregistré en hiver, alors que c’était en réalité en juin.

Le témoin suivant était Vic Flick qui a raconté comment il est allé à l’appartement de Barry au moment où il travaillait sur le « James Bond Theme » pour discuter argent avec Barbara (la première épouse de Barry), qui faisait les comptes du groupe. Flick s’est rendu dans une pièce dans laquelle des papiers ayant trait au domaine de la musique étaient éparpillés. Il a discuté du « James Bond Theme » avec Barry ; John était clairement conscient que c’était un travail important pour lui et voulait bien faire les choses. Flick ne connaissait pas Norman en 1962, ni Good Sign, Bad Sign. Le journal de Vic Flick avait (d’inscrit ?) 21/6/62 CTS. Il pense qu’il y eut quelques jours entre l’enregistrement et la réunion initiale.

Le prochain est Guy Protheroe : un musicologue pour la défense. Il a étudié la musique à Cambridge et a fait des études supérieures à Oxford. Il a été scénariste pour la BBC Radio 3 et était rédacteur d’informations pour cette station de radio. Il a également été directeur artistique d’un ensemble musical qu’il dirigeait fréquemment lors de concerts. Il a participé à Tommy en tant que chef de chœur et a travaillé sur les arrangements et les paroles de la musique de 1492 : Christophe Colomb du compositeur Vangelis. Il a donné son avis sur 3 000 cas impliquant le droit d’auteur et le piratage, dont un impliquant les titulaires des droits d’auteur de diverses chansons de Spandau Ballet.

Là encore, aucune hypothèse n’a été émise concernant le processus d’élaboration du Bond Theme.

Protheroe a déclaré que la version du Riff entendue dans Good Sign, Bad Sign n’est pas particulièrement intéressante, en revanche la version du Bebop 1 est plus intéressante. Il dit que le Vamp peut être une partie importante d’une œuvre musicale et que le « James Bond Theme » pourrait être identifiable à partir du sien. Il ajoute que Good Sign, Bad Sign n’avait pas l’énergie et l’impact du « James Bond Theme ». Good Sign, Bad Sign est apparenté uniquement au Riff et au Bebop 1. D’après son expérience, le développement d’une esquisse à une œuvre entièrement élaboré peut donner au développeur les droits sur la composition. Il est d’accord avec le Dr Sadie qu’il y a eu une quantité substantielle de travail pour développer Good Sign, Bad Sign en le « James Bond Theme ».

Le tribunal a entendu Poor Me, Hit The Road To Dreamland, Beat Girl, Bees Knees et Black Stockings. Protheroe a dit qu’il n’y avait rien de semblable au « James Bond Theme » dans les œuvres de Monty Norman, mais qu’il s’inscrit naturellement dans une succession des productions de John Barry. Le Riff émane de Good Sign, Bad Sign mais n’est pas le même. Il a dit que John Barry fait au moins partie du « James Bond Theme ».


Jour 6

Mauvaises nouvelles. John Barry devait témoigner aujourd’hui, mais le tribunal a été informé qu’il souffrait d’une forme de pneumonie. Sa rupture de l’œsophage en 1988 l’a rendu vulnérable à cette maladie. Son médecin a déclaré au tribunal qu’il pourrait être en forme pour mercredi mais bien sûr il n’y a aucune garantie. L’accusation tient particulièrement à ce qu’il témoigne en personne afin qu’elle puisse tenter de discréditer ses déclarations. Même s’il n’est pas en forme mercredi, il pourrait témoigner jeudi ou vendredi. S’il ne peut pas du tout témoigner, sa déclaration sera lue au tribunal.

La suite de notre dossier :
2001 : Norman contre le Sunday Times (et Barry) : aux origines du Bond Theme | Partie 3

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

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