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James Bond et le terrorisme

Alors que la France est sous le choc, et que la capitale vit dans la terreur d’une nouvelle attaque, on vous propose un voyage dans les films de James Bond et les visages du terrorisme que 007 a combattu. De Dr. No à SPECTRE, retour sur les visages d’une paranoïa mondiale à laquelle Bond répond, et sur la façon dont la menace terroriste évolue à l’écran, toujours plus proche de nous.

Bond a toujours combattu le terrorisme si on part de la définition qu’un acte terroriste est un acte de violence pour atteindre un but politique. Après tout, le SPECTRE, principal adversaire de Bond dans les années 60s ne signifie-t-il pas Service Pour l’Espionnage, le Contre-Espionnage, le Terrorisme, la Revanche et l’Extorsion.

Des conspirations pour la guerre froide

Cela a cependant beaucoup évolué depuis Dr. No qui détournait les fusées américaines. En effet, dans les années 60, le terrorisme se rapprochait plus de la conspiration, assortie d’une bombe à retardement. C’était en effet la guerre froide, et les actions des méchants ne visaient pas tant les civils que le monde en général, avec la menace de déclencher un conflit nucléaire ou un engin atomique. Les raisons des méchants bondiens variaient toujours entre la rançon ou l’escalade pour la guerre : prendre le monde en otage d’une arme ou d’une guerre est ainsi longtemps resté la menace qui préoccupait le plus le public. On venait donc pour voir 007 pérenniser la Détente et désamorcer avec panache les engins atomiques.

blofeld

Le premier acte terroriste en tant que tel, menaçant directement la population plutôt que la paix mondiale est venu de Blofeld en 1969 dans Au service secret de sa Majesté : son intérêt, un titre et de l’argent, mais la menace constituant à transformer de belles jeunes filles en anges de la mort infiltrées de par le monde et prêtes à répandre un virus est ce qui se rapproche le plus des attaques terroristes dont a été victime Paris ce 13 novembre 2015.

Dans les vieux Bond, et jusque dans Demain ne meurt jamais les civils sont souvent absents des menaces terroristes des méchants, ceux-ci préférant comploter pour détruire le monde, ou obtenir un avantage financier via de grosses explosions.

Quand la violence et les victimes apparaissent à l’écran

Le terrorisme, comme violence envers les populations pour contraindre ou attaquer un État s’est plutôt révélé dans les années 19670 et 1980. Ces méchants ne sont pas tant des terroristes que des barons de la drogue et trafiquants du nom de Kananga, Whitaker ou Sanchez : sans viser directement les populations, leur empire repose sur les victimes faites par les ventes d’armes, d’héroïne et de pavot.

C’est cependant dans les années 1980 que les films ont commencé à montrer les visages des victimes des méchants : si dans Vivre et laisser mourir, aucun consommateur de drogue ne sera montré, Octopussy, Dangereusement Votre et Tuer n’est pas jouer nous montrent les dégâts provoqués par la folie des ennemis. Le public d’un cirque, les travailleurs d’une mine, les populations afghanes sont autant de victimes collatérales bien réelles qui augmentent la menace du plan du méchant : quand on voit la population insouciante qui risque de mourir d’un moment à l’autre, le suspense change par rapport à une annihilation bien plus générale de la terre, ou une bataille entre deux camps (comme les commandos américains ou les ninjas contre les hommes de main du SPECTRE ou de Goldfinger).

sanchez

Ces menaces publiques et les exécutions brutales ont longtemps été ce qu’il y avait de plus violent dans les James Bond, en particulier quand n’importe quel innocent peut être éliminé de façon brutale : l’empire de Sanchez est l’exemple le plus abouti, avec Félix Leiter et les compagnons de Bond durement réprimés par la mafia des méchants (l’intelligence de Permis de Tuer est justement de retourner cette violence contre les hommes de main de Sanchez eux même). On retrouvera cette menace dans Quantum of Solace quand les alliés boliviens de Green puniront Mathis et Fields en l’espace d’un quart d’heure pour s’être mêlés de ce qui ne les regardait pas. Le film nous montrera aussi pour la première fois Bond dans le désert face aux populations qui souffrent du plan du méchant.

1990 et la naissance des terroristes

Le visage du terrorisme tel qu’on le connaît aujourd’hui arrive avec l’ère Brosnan : avec la fin de la guerre froide, les États et les bombes sont toujours présents (avec la Chine et la Corée du Nord dans Demain ne meurt jamais et meurs un autre jour), mais Bond doit composer avec un nouveau type d’ennemi : le terroriste. Une personne sans scrupule qui vit dans l’ombre, s’infiltre dans les foules et est lourdement équipé. Il s’agit de Janus et Xenia Onatopp, dissimulés au sein de la mafia russe, mais capables de détourner un hélico en plein territoire français, de Renard équipé d’explosifs et de Zao qui voyage à travers la planète en restant insaisissable. Le pré-générique de Demain ne meurt jamais annonce bien la couleur, avec un marché pour terroriste, nouvel avatar du méchant, que Bond fait exploser d’un revers de main.

twine-character-7Pendant la période Brosnan, ces terroristes ne sont pas encore autonomes, et sont employés comme de vulgaires hommes de main : le techno-terroriste Gupta est engagé par Carver, Zao est au service de la Corée du Nord, Renard un terroriste transformé en employé par Elektra. Les années 1990 de l’ère Brosnan voient cependant les premières attaques terroristes des James Bond : l’attaque de Severnaya, précédée d’un vol d’hélicoptère est particulièrement violente, avec Bond, Tanner et M assistant impuissants devant leurs écrans au massacre qui a lieu en Sibérie. Le MI6 semble avoir perdu tout pouvoir dans Meurs un autre jour quand Bond est séquestré par la Corée du Nord, n’étant pas sans faire penser aux prisonniers de guerre d’Al-Quaida, détenus et échangés contre rançon à des gouvernements impuissants. Le film commence d’ailleurs avec l’annonce de Zao ayant déclenché une tuerie à une conférence pour la paix. Violence inhabituelle dans un James Bond.

– Ce que vous appelez terroriste, nous considérons ici un combattant de la paix
– Zao n’est pas intéressé par la paix dans le monde

Le Monde ne suffit pas devait annoncer le passage aux années 2000. Et en guise de prémonition, on peut dire que le film a vu juste en présentant les attaques terroristes au cœur des capitales européennes qui sont montrées dans le film : un fusil invisible tue à Bilbao, le MI6 part en fumée et Bond pourchasse la terroriste au cœur de Londres, les centres atomiques sont victimes d’un raid mené par Renard, les pipelines anglais sont dynamités, les terminaux pétroliers attaqués, M kidnappée, et le QG de Zukowski piégé. Assez violent et hyper réaliste pour un film. Intérêts politiques et financiers se mêlent en marge des Etats.

Avec l’ère Brosnan, les explosions se rapprochent de plus en plus des populations, ce qui sera la règle dans les années Craig.

L’industrie de l’ombre

Casino Royale, Quantum of Solace et Skyfall sont trois films qui mettent le terrorisme au centre du radar du MI6 : le financement, les alliances politiques, et assassinats sont tous faits par et pour des terroristes, pour leur permettre d’étendre leur influence et d’agir partout dans le monde en faisant fi des règles internationales. Il ne s’agit plus tant de déjouer les plans d’un ennemi mégalomane, que de trancher les différentes têtes d’un système trop étendu reposant sur la violence, et qui semble toujours se renouveler et être partout.

Casino Del aout 5

Malgré les menaces moins importantes dans Casino Royale et Quantum, les ennemis n’en sont que plus menaçants : les films de Craig passent tous au moins une heure à nous montrer Bond qui pourchasse des poseurs de bombe et des assassins à Madagascar, dans l’aéroport de Miami, au sein d’évènements ou de fêtes publiques (le Palio de Sienne, le jour des morts à Mexico) ou au milieu des capitales (Shanghai). Bond s’en sort toujours in extremis.

Désolé ? Pourquoi vous n’essayez pas de faire une phrase avec ça : “désolé que Le Chiffre gagne, finance le terrorisme et tue des milliers d’innocents ?”

vauxhall

Là où les Bond des années 2000s et 2010s voient juste, c’est qu’ils reprennent à leur compte la paranoïa d’une menace terroriste pouvant nous toucher jusque dans nos villes et nos aéroports, transformant même Londres en terrain d’affrontement final explosif entre Bond et son ennemi. Ces films mettent d’ailleurs l’accent sur les victimes civiles, remplaçant les espions et les militaires. L’attaque de Miami met Bond au milieu des voyageurs qui risquent de partir en fumée, le Palio nous montre des victimes succombant en pleine foule, et Skyfall nous montre les cercueils de ceux qui ont péri, et un terroriste au milieu du métro londonien.

Mettre un visage sur un ennemi intérieur

Tout ceci est plutôt sombre. Et avec ce qui s’est passé cette semaine, on pourrait se demander : “Pourquoi aller voir Bond de nouveau affronter sans succès des terroristes alors que nous en avons plein la ville ?

Je vous répondrai que aussi sombres soient les derniers James Bond, ils sont aussi rassurants. Ce qu’il y a de terrifiant dans les attaque d’aujourd’hui, c’est la capacité d’extrémistes à l’autre bout du monde de nous atteindre et de nous détruire. Les Bond visent un marché mondial, en même temps qu’ils se veulent tout de même être une grand spectacle : quand on arrive dans un James Bond, on nous fait oublier la géopolitique : ne reste que James, l’Angleterre, et ses ennemis qui viennent de l’intérieur.

Comment peuvent-ils être partout sans qu’on sache qui ils sont ?

En effet, si les derniers James Bond sont sombres, c’est qu’ils reprennent cette menace terroriste, mais lui donnent un visage, celui de notre meilleur ennemi, venant de l’intérieur.

Bond évolue parmi les morts dans le prégénérique de SPECTRE, les traitres sont parmi les gardes du corps de M dans Quantum, Skyfall s’ouvre sur la mort d’un collègue de Bond, des agents sont exécutés à l’écran et Silva est sans doute la meilleure incarnation d’un terrorisme pouvant détruire le MI6 de l’intérieur, insaisissable, sans aucune considération pour les victimes, et capables de tuer nos êtres chers.

SPECTRE © 2015 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc., Danjaq, LLC and Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved
SPECTRE © 2015 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc., Danjaq, LLC and Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved

Mais Dieu merci, Bond donne aussi un visage à cet ennemi : ces terroristes viennent de l’intérieur. Ils sont partout, mais ils sont trouvables, lors de leurs réunions typiques du Spectre, et dans le passé qui les a rendu mauvais (qu’il s’agisse de Silva ou de Oberhauser).

Oui, la menace terroriste a bien envahi les films de James Bond, mais les films leurs ont donné un visage familier : celui de l’organisation à la pieuvre rassemblant les plus grandes crapules au delà des gouvernements, celui de traîtres venus du passé qui vivent dans l’ombre, mais peuvent être anéantis, car Bond agit aussi dans l’ombre.

Les derniers films nous donnent même des leçons pour faire face à cette menace terroriste :

  • M et Bond nous ont appris dans Skyfall à garder la tête froide face à l’ennemi, et à ruser pour l’atteindre plutôt que de tomber dans la surenchère.
  • Dans Spectre, on découvre que les attaques terroristes visent en fait à augmenter notre paranoïa pour une vidéo surveillance mondiale rendant tout le monde suspect. Bond et M font encore une fois équipe pour montrer que plutôt que de céder à la paranoïa, à l’exclusion et à la suspicion, il vaut mieux être plus discret, plus intelligent.

Suivons l’exemple de Bond à la fin de SPECTRE : plutôt que de mettre une balle dans la tête d’un ennemi qui va renaître au prochain épisode, il vaut parfois mieux, monter dans notre Aston Martin, tourner le dos, aller profiter de la vie, et pourquoi pas, aller voir un James Bond au cinéma ?

J’ai mieux à faire

Dénouement à Londres
Dénouement à Londres

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