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Les novélisations de Bond par Christopher Wood

Sept Bond comme vous ne les avez jamais vus.
L’espion qui m’aimait et Moonraker

Il arrive un moment où tout fan de James Bond se lasse inévitablement de regarder les mêmes films qu’il connaît déjà par cœur. Alors comment redécouvrir ces films quand on a déjà lu les romans originaux et que l’on ne veut pas se jeter du second étage dans l’espoir de devenir amnésique (une solution que l’on ne saurait que trop vous déconseiller) ?

Hélas, il n’existe pas de solutions miracles, l’une d’elles consiste à lire les scripts, une autre à attendre un certain temps, et une dernière consiste à se plonger dans le monde des novélisations. Mais alors, qu’est-ce qu’une novélisation ?

Une novélisation est l’adaptation sous forme de roman d’une histoire développée à l’origine dans un autre média (film, série télévisée, jeu vidéo, etc…). En tout, sept films de James Bond ont été officiellement novélisés : L’espion qui m’aimait, Moonraker, Permis de tuer, GoldenEye, Demain ne meurt jamais, Le monde ne suffit pas et Meurs un autre jour ; par trois auteurs successifs : Christopher Wood, John Gardner et Raymond Benson.

Ces récits n’étant pas forcément des plus intéressants, les articles que nous allons consacrer au sujet vont avant tout se concentrer sur les différences entre les films et leurs novélisations. Ayant décidé de faire dans le genre exhaustif, on s’excuse d’avance du style qui peut paraître un peu fourre-tout par moment… Quoi qu’il en soit, voici donc l’occasion d’apprendre quelques détails intéressants qui n’apparaissent pas dans les films !

L’espion qui m’aimait

Novelisations L'espion qui m'aimaitLorsque Ian Fleming a vendu les droits d’adaptations de ses romans à Harry Saltzman et Albert R. Broccoli, il ne leur donna pas l’autorisation d’utiliser l’intrigue et les personnages de L’espion qui m’aimait (Motel 007) ; seulement le titre pouvait être utilisé. Effectivement, ce roman est particulier à bien des égards, et son accueil a été si mauvais que Fleming a rédigé une lettre à son éditeur pour expliquer pourquoi il l’avait écrit ainsi. Il a même été jusqu’à demander à ce qu’il n’y ait aucune réimpression ou version de poche du roman.

Dans la mesure où le scénario du film n’avait donc absolument rien à voir avec le roman original, EON Productions a autorisé, pour la première fois, qu’une novélisation basée sur le script d’un film de Bond puisse être écrite. L’agent littéraire de Ian Fleming, Peter Janson-Smith, a déclaré : « Nous n’avions pas la main dessus [les novélisations de Christopher Wood], nous avons dit aux gens du cinéma que nous allions exercer notre droit légal de gérer les droits des livres. Ils ont choisi Christopher Wood parce qu’il était l’un des scénaristes [du film] à l’époque, et ils ont décidé de son salaire. Nous avons eu nos instructions à ce sujet, mais à partir de là, ces livres basés sur des films sont devenus comme tout autre roman de Bond – nous contrôlions les droits de publication ».

L’espion qui m’aimait a donc fait l’objet d’une novélisation par Christopher Wood. Elle a été publiée en 1977 au Royaume-Uni sous le titre de James Bond, The Spy Who Loved Me (afin d’éviter la confusion avec le roman de Fleming) et en 1977 en France, chez Julliard puis chez Presses Pocket en 1978, sous le titre de L’espion qui m’aimait. La novélisation marque aussi le retour du James Bond littéraire après quatre années d’absence depuis The Authorized Biography.

Lorsque l’on se décide à lire une novélisation, l’une des premières appréhensions que l’on a, c’est la peur de lire exactement la même chose que dans le film, et donc de s’ennuyer devant un livre qui n’a finalement que peu d’intérêt. Eh bien, ce qui est génial avec L’espion qui m’aimait, c’est que ce n’est pas du tout le cas ! Effectivement, bien que la novélisation reprenne le scénario du film écrit par Richard Maibaum et Wood lui-même, il y a pas mal de grosses différences entre les deux œuvres, dont beaucoup sont tirées d’anciens scripts du film !
Avis aux aficionados du James Bond littéraire, sautez cette partie du dossier et procurez-vous le livre, celui-ci vaut vraiment le coup !

Dans la novélisation, le SMERSH (Smiert chpionam, l’ennemi de Bond dans les premiers romans) est toujours actif et poursuit encore James Bond (bien que Fleming ait indiqué dans ses romans que cet organisme ait été dissout). Le SMERSH apparaît dès le début, au cours de la séquence du “pré-générique” dans laquelle Bond s’échappe en ski sur le sommet de l’Aiguille de la Mort, massif montagneux près de la ville de Chamonix. La novélisation explique en détail comment Bond s’est retrouvé dans le chalet avec la fille, Martine Blanchaud, qu’il a rencontré dans un casino. Après la mystérieuse mort de Fekesh, SMERSH apparaît encore une fois et capture Bond avant de le torturer en branchant une génératrice sur ses parties génitales ; cette fois pour qu’il leur donne un microfilm contenant les plans du système pouvant localiser des sous-marins (Bond s’échappe après avoir tué ses deux interrogateurs). Les membres du SMERSH de la novélisation comprennent la Bond-girl Anya Amasova et son amant Sergei Borzov (tué par Bond lors de la poursuite en ski) ainsi que le colonel général Nikitin, un personnage évoqué dans le roman Bons baisers de Russie, et qui remplace le personnage du général Gogol (absent de la novélisation). Nikitin est d’ailleurs du genre nettement moins sympathique que Gogol…

D’autres différences incluent le méchant Karl Stromberg, ici renommé en Sigmund Stromberg, l’auteur nous donne d’ailleurs sa “biographie” : né en Suède d’un père pêcheur, Stromberg a été élevé par une tante de sa mère qui n’avait pas eu d’enfant avec son mari. Il travaillait consciencieusement à l’école (on dira plus tard qu’il avait un quotient intellectuel très élevé) et s’intéressait déjà à la vie des fonds marins. Il n’était pas rare qu’il reste des heures devant un vivier d’un restaurant de la ville de Magmo, même en plein hiver. Plus grand, il a réussi à obtenir un piranha qu’il gardait dans sa chambre, sa mère adoptive n’osait pas lui poser de questions, Sigmund lui faisait peur. Quand il était contrarié, il subissait une étrange métamorphose : il rentrait ses lèvres dans sa bouche, son teint devenait pâle alors que ses yeux devenaient rouges et qu’il tremblait d’une rage silencieuse.
La nuit, Sigmund partait en quête de nourriture pour son piranha, il était essentiel pour lui qu’il soit nourri avec des animaux encore vivants… Sigmund Stromberg s’intéressait également beaucoup au travail de son oncle, un entrepreneur de pompes funèbres. Quand il a eu 17 ans, ses parents adoptifs ont trouvés la mort dans un mystérieux accident de voiture et Sigmund a reprit l’entreprise de pompes funèbres qu’il a fait prospérer. Cependant il n’était honnête avec ses clients pour les crémations, dés qu’ils avaient le dos tourné, il déplaçait les corps des cercueils couteux à d’autres en contreplaqués et dépouillait avec ses employés les cadavres de leurs bijoux et dents en or avant de les expédier dans le four crématoire.
À la fin de la Seconde Guerre où presque toute la flotte marchande d’Europe avait été coulée, il déplaça son entreprise à Hambourg et (avec l’aide du Plan Marshall) il plaça son argent dans l’armement avant d’entreprendre des relations amicales avec des armateurs grecs. Ses premiers cargos firent place à des pétroliers, et à l’âge de 25 ans il était millionnaire en dollars.
Quand il comprit que le monde n’était pas gouverné pas des rois ou des présidents mais par des criminels comme la Cosa Nostra, il décida de lui-même de devenir un criminel. Un “heureux hasard” s’est produit lorsqu’une explosion a éliminé les chefs des plus grandes organisations d’Europe qui se réunissaient sur un de ses pétroliers… Trois mois plus tard, après une série de transactions complexes, Stromberg reprend les affaires d’un criminel Grec qui fut tué suite à l’explosion.

Requin (nommé « Jaws » dans la version de française du roman) a aussi le droit à sa propre “biographie” : ce dernier, de nationalité polonaise, s’appelle en réalité Zbigniew Krycsiwiki et a été arrêté lors de la répression par la police secrète d’une émeute en 1972 pendant laquelle il jetait des pavés dans les rues. Les policiers l’ont jeté dans une cellule, les mains menottées derrière le dos et s’en sont donnés à cœur joie avec leurs matraques ; réduisant ainsi sa mâchoire en bouillit. Laissé pour mort, il parvient à s’enfuir de prison en tuant quelques gardiens et rejoindre le port où il embarque clandestinement sur l’un des cargos de la flotte de Stromberg. Découvert à moitié mort par l’équipage, on prévient Stromberg qui décide de venir voir en personne le passager clandestin, intrigué par les rapports qu’il a reçus sur sa taille et son apparence. Pour Stromberg, la laideur de Krycsiwiki était séduisante, il y voie là une créature qui aurait plus venir des profondeurs les plus obscures de l’océan. C’est ainsi que Stromberg pris contact avec un ancien docteur nazi, Ludwig Schwenk, qui avait effectué plusieurs expériences macabres sur des cobayes humains. Celui-ci s’intéressa au cas de Zbigniew Krycsiwiki et lui fit implanter une mâchoire d’acier après quatorze opérations. Sacrifice indispensable pour la faire fonctionner : celle-ci est reliée aux cordes vocales de Requin ; il lui est donc ainsi impossible de parler.

La Lotus Esprit est quant à elle rouge (comme dans Rien que pour vous yeux) et Requin se trouve dans l’hélicoptère pendant la poursuite. Il est également expliqué comment 007 arrive à passer son Walther PPK dans les aéroports, les personnages de Sheikh Hosein et de Naomi n’existent pas dans la novélisation. Bond poursuit Stromberg sur le Liparus en feu et Requin reste fixé à l’aimant lorsque le requin arrive (dans le film Bond le relâche dans le bassin) et se fait manger par l’animal. La secrétaire de Stromberg s’appelle Kate Chapman.

En plus des nombreuses différences et ajouts, Wood nous fait carrément du Fleming aussi bien dans le style que dans l’intrigue ! Le personnage de Bond tient plus de celui de Fleming que de celui de Roger Moore. Enfin, L’espion qui m’aimait est souvent considéré comme l’une ou la meilleure novélisation de James Bond.

James Bond 007 et le Moonraker

Novelisation 2Moonraker est le second et dernier film à être novélisé par Christopher Wood. La novélisation a été publiée en 1979 au Royaume-Uni, sous le titre de James Bond and Moonraker, puis la même année en France aux éditions Fleuve noir, sous le titre de James Bond 007 et le Moonraker. L’histoire reprend le scénario du film que Wood a lui-même écrit. Comme pour sa première novélisation, l’auteur n’a pas eu de contact avec Glidrose, au lieu de cela, il a directement travaillé avec l’éditeur Jonathan Cape.

Contrairement à L’espion qui m’aimait qui montrait des différences significatives entre le livre et le film, la novélisation de Moonraker est presque identique au film. On peut toutefois relever quelques différences : le personnage de Corinne Dufour est renommé en Trudi Parker et, contrairement à la plupart des romans de James Bond, Q est bien appelé Q et non « major Boothroyd ». La raison pour laquelle le Moonraker est envoyé en Angleterre qui est donnée est qu’il doit y recevoir une technologie anti-missiles d’interceptions.

La description physique de Drax est proche de celle que Fleming fait dans Moonraker (cheveux roux, visage défiguré, …) et on trouve également une trace germanique dans sa voix. La scène de la chasse n’existe pas dans la novélisation, mais Corinne/Trudi trouve la mort de la même manière. La course poursuite en gondole est plus courte et son dénouement est différent : il n’y a pas de coussin gonflable (ce qui est bien). La novélisation inclue également la « Love Chamber », une scène coupée du film dans laquelle les astronautes de la station de Drax faisaient des choses pas très catholiques…

Le personnage de Requin (nommé « Dents d’acier » dans la version de française du roman) n’apparait pas dans la scène en parachute, ni dans la course poursuite en bateaux en Amérique du Sud ; sa petite amie Dolly n’existe pas dans la novélisation (Wood a avoué qu’elle n’était pas de son idée et qu’il la haïssait). Sur le téléphérique, Holly utilise l’un de ses gadgets pour contrer Requin. Un satellite soviétique est envoyé à la station spatiale de Drax avant l’arrivée des Américains. Les hommes de Drax possèdent des véhicules lors du combat spatial, c’est d’ailleurs grâce à l’un d’eux que Requin désarrime le Moonraker 5 ; durant ce même combat, la priorité de Bond est de neutraliser une tourelle défensive durant une sortie dans l’espace.

Les motivations de Drax sont également approfondies : il justifie son investissement dans le programme spatial américain pour ne pas laisser aux Soviétiques le contrôle de l’espace. Le but de son plan est de régler, entre autres, les futurs problèmes de surpopulation qui entraîneraient, selon lui, plus de famine, de pollution et de guerres (qui feraient disparaître les héritages des civilisations, les arts…).

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Restez connectés pour la suite de la chronique sur les novélisations de James Bond !
Épisode 2 : Permis de tuer et GoldenEye
Épisode 3 : Demain ne meurt jamais et Le monde ne suffit pas
Épisode 4 : Meurs un autre jour et les novélisations de Chris Moore

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

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