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IAN FLEMING ET SON ART D’ÉCRIRE 2 – James Bond chez Fleming

Second épisode de la chronique de Jacques Layani sur Fleming et son art d’écrire : Le James Bond des romans

Si les livres de Ian Fleming sont chroniqués, détaillés et amplement couverts chez nos voisins anglais, la France est assez pauvre en auteurs qui se sont penchés sur le phénomène littéraire qu’est James Bond. Heureusement, il y a quelques auteurs francophones tels Jacques Layani, qui ont accordé à l’auteur britannique toute l’attention qu’il méritait. Cela s’est traduit en 2008 par la publication de l’excellent ouvrage Ian Fleming : On ne lit que deux fois (disponible sur amazon en version papier et en ebook). À l’occasion du 60e anniversaire de la publication de Casino Royale, Jacques Layani a accepté de partager avec nous, une chronique sur Ian Fleming et son art d’écrire.

Pendant 007 articles (comme le veut le matricule du site), il va nous faire découvrir tous les secrets de construction des romans de Fleming, la mise en scène du Bond littéraire, ce qui fait de ce héros un personnage si original, ainsi que toutes les façons si particulières dont l’écrivain dispose pour créer ce monde fantasmé de l’espionnage.

Le Personnage

Si l’on est particulièrement renseigné sur la vie des ennemis de Bond, on en sait relativement peu quant à la biographie du héros. On dispose en tout et pour tout d’un dossier établi par le service secret soviétique (Bons Baisers de Russie), de quelques indications données dans la nouvelle « Bons Baisers de Paris » et d’une notice nécrologique heureusement hors de propos, publiée dans le Times (On ne vit que deux fois).

Qui est Bond ?

Ce Bond, qui est-il ? Il mesure 1, 83 mètre, pèse 76 kilos, a les yeux gris-bleu, des cheveux noirs dont une mèche descend toujours au-dessus du sourcil droit, une cicatrice sur la joue droite. Il est toujours extrêmement soigné, passant beaucoup de temps sous la douche. Il est très fort au tir, à la boxe, sait lancer le couteau. Il parle français et allemand, fume et boit énormément, est grand amateur de femmes, sait un peu de judo, est résistant à la douleur. Il est entré dans les services britanniques en 1938. Depuis 1954, il est décoré de l’ordre de Saint-Michel et de Saint-George.

Son père, Andrew Bond – un Écossais originaire des Highlands, près de Glencoe –, représentait à l’étranger la firme d’armement Vickers ; sa mère, Monique Delacroix, Suisse d’origine, était née dans le canton de Vaud. Tous deux sont décédés dans un accident de montagne aux Aiguilles-Rouges, au-dessus de Chamonix. Leur fils, alors âgé de onze ans, est élevé par une tante, miss Charmian Bond, à Pett Bottom, hameau voisin de Canterbury. Il séjourne à Paris à l’âge de seize ans, y perdant sa virginité et se faisant voler son portefeuille dans la même soirée. La suite de sa biographie (Eton, Royal Navy, grade de commander) est celle de Fleming lui-même. En 1962, il épouse Teresa, dite Tracy, fille unique de Marc-Ange Draco, chef de l’Union corse, et reste marié… quelques instants, son épouse étant assassinée par Blofeld, immédiatement après la cérémonie. On se demande d’ailleurs si, l’épousant, Bond s’est douté un instant qu’il la condamnait à mort. Voilà une courte synthèse des renseignements portés dans les documents en question. Un peu plus tard, amnésique et se croyant devenu un pêcheur japonais, Bond fera un enfant à sa compagne Kissy Suzuki, qui ne le lui dira pas et le laissera repartir à la recherche de son passé.

Il faut toutefois nuancer la description physique du personnage : 1, 83 mètre, cela signifie grand à une époque où la taille moyenne de l’homme, en Europe de l’Ouest, se limite entre 1, 70 mètre et 1, 75 mètre. Soixante-seize kilos, rapportés à la taille, cela revient à dire svelte et costaud à la fois. Posséder le français et l’allemand, c’est alors être issu d’un bon milieu et parler les deux langues de la bourgeoisie cultivée.

Une homme, rien qu’un homme ?

Le Bond du livre est un homme, rien qu’un homme. Il souffre, il encaisse, il saigne, il est sonné, il s’évanouit, il est anxieux, il a peur, il vomit, il transpire, il aime, il a des chagrins d’amour. C’est un agent secret, c’est-à-dire un fonctionnaire travaillant dans un bureau et n’effectuant que deux à trois missions par an. Il étudie des dossiers, brasse de la paperasse, rédige des rapports, déjeune à la cantine et compte le nombre de missions qu’il devra encore effectuer avant d’être radié du corps double zéro.

Au début de Au service secret de Sa Majesté, il veut démissionner, et y songeait d’ailleurs déjà dans Casino Royale, pourtant le tout premier livre. Dans « Bons Baisers de Berlin », une faute – la désobéissance aux ordres – lui inspire cette remarque : « Avec un peu de chance, ça me coûtera mon double zéro. » Surtout, dans « Bons Baisers de Paris », il est mis en scène revenant d’une mission dans laquelle il a « échoué lamentablement ». Si ces faiblesses apparaissent incroyables pour le spectateur habitué à des exploits cinématographiques parfois abracadabrants, elles restent parfaitement cohérentes pour le lecteur de textes. La richesse des livres réside entre autres dans leur humanité.

Bond et les femmes

Bond pense régulièrement au mariage tout en se demandant s’il est vraiment disponible pour un tel engagement, et s’il connaît de nombreux succès féminins, il lui arrive parfois d’être amoureux en vain. Ainsi Gala Brand, dans Entourloupe dans l’azimut, le laisse-t-elle en plan, à la fin du roman, pour s’en aller avec son fiancé, alors qu’il espérait l’emmener passer des vacances en France. Il lui arrive aussi d’être trahi (Vesper Lynd, malgré elle un agent double, se suicide quand il pense l’épouser, à la fin de Casino Royale).

Ses liaisons sont cependant parfois accomplies, comme celle avec Solitaire dans Vivre et laisser mourir, même si, de toute façon, elles prennent inéluctablement fin. Dans James Bond contre Docteur No, le héros se demande ce qu’est devenue Solitaire. Dans Bons Baisers de Russie, on apprend que Tiffany Case, connue dans Chauds les glaçons, l’a quitté pour un autre homme. Mais ses nouvelles aventures sentimentales ne seront bientôt plus évoquées au-delà du tome où elles ont vu le jour, sauf dans L’Homme au pistolet d’or, où il aura une pensée pour Honeychile Rider, connue dans James Bond contre Docteur No. Chaque fois, souvent au prix de la vraisemblance, il se retrouve seul dans la vie. Même Vivienne Michel – à qui il a laissé une lettre lui indiquant comment le revoir et signée « À jamais » – (Motel 007) ne sera plus évoquée. Le plus étonnant est qu’allant de nouveau jouer au casino de Royale-les-Eaux, dans Au service secret de Sa Majesté, il ne repense pas une seule fois à ce qu’il y a déjà vécu, ni à Vesper Lynd.

À suivre…

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Jacques Layani

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