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La recette d’un thriller réussi aux saveurs bondiennes


Aujourd’hui, un article sur un film qui n’est pas un James Bond, et qui ne se veut pas une parodie, un pastiche ou un concurrent à la franchise James Bond. Les seuls éléments pouvant lier au premier abord ce film aux aventures de 007 seraient le fait qu’il s’agit d’un blockbuster et que les personnages de l’histoire pratiquent l’espionnage : une forme d’espionnage un peu particulière puisqu’il s’agit d’espionnage industriel passant par les rêves, où l’action et les décors démesurés défient les lois de la gravité.
Donc, peu de choses à voir avec notre espion anglais.  Cependant, j’ai retrouvé, en regardant ce film, un plaisir pas si éloigné que ça du plaisir de regarder un James Bond. Parmi les nombreux films vus ces deux dernières années, peu de blockbusters m’ont enthousiasmé à ce point. À quoi est due cette impression ? Peu être au fait d’être simplement en présence d’une grosse production juste bien réalisée.

Rêves bondiens

Commençons par la présence de certains éléments que l’on retrouve dans l’univers de James Bond et qui sont réutilisés dans un autre registre dans le film : Tout d’abord l’exotisme des lieux. Bien sûr, beaucoup des lieux de l’histoire sont censés être des destinations rêvées. Cependant, le film a été tourné majoritairement dans de vrais décors (montagnes enneigées du Canada, hôtel de Tokyo, ruelles de Tanger (après Bond et Bourne…), rues humides de Londres et ensoleillées de Paris.
Bref, de beaux décors, variés, aux quatre coins du monde, passage de différents types de villes (modernes, pauvres, traditionnelles) à des lieux plus naturels, et surtout, sans abuser des destructions intempestives des grands monuments célèbres qui sont l’apanages de grosses productions explosives. J’y ai retrouvé en partie le plaisir des James Bond a voyager dans des lieux connus, mais en parti anonymés où l’action est plus importante que la simple dénomination du lieu.
Ensuite, les personnages et leur métier. Tout comme dans les Bond, on est en face de professionnels (les extracteurs de rêves) contre d’autres professionnels (qui savent défendre le monde de leurs pensées). Tous savent faire leur travail et le font avec un certain style, de façon classe et souvent en smoking. Leur travail est tout aussi improbable que les aventures d’un agent secret tel James Bond. Les cascades auxquels ils se prêtent sont tout aussi incroyables que celles auxquelles se livrent 007, mais elles sont effectuées avec un naturel qui n’est pas désagréable à regarder.

Je précise que d'habitude, je ne supporte pas Marion C.
Passons aux personnages. Comme dans les Bond, on est en présence d’un héros cynique et professionnel, en relation avec des alliés hauts en couleurs (les personnages secondaires étant, à mon goût, trop souvent édulcorés et sous développés dans les grosses productions). Effectivement, ils sont largement stéréotypés, mais loin d’être ramenés au simple rang de faire-valoir. De plus, on a le droit à deux femmes tournant autour du héros qui pimentent l’action. Elles ne se limitent pas au simple rôle de cruche dans les pattes du héros, ou de princesse en détresse à sauver. Ça fait du bien d’avoir des femmes fortes, avec une personnalités rentrant vraiment en contact avec le héros.
Quant à la réalisations, deux autres éléments me rappellent le plaisir de regarder des Bonds. Tout d’abord les scènes d’actions. J’affirme que pour un film de son ampleur, Inception n’abuse pas des effets spéciaux. On en a le droit à une forte dose pour recréer la démesure des villes, et de leur écroulement, mais sans négliger non plus une recherche esthétique dans l’image. À noter que le film n’a pas céder aux sirènes de la 3D si à la mode en ce moment.
Les scènes d’actions elles, incorporent visiblement un nombre important de cascades réalisées en décors naturels. Cet effort de réalisation est typique des films de Bond, et s’éloigne des autres gros films d’action qui, à mon grand regret, délèguent de plus en plus au numérique la charge de réaliser des combats hors du commun.
Le dernier élément est tout aussi important pour moi, c’est la bande son. Omniprésente, soit ! Forte, soit ! Mais reconnaissons tout de même qu’elle accompagne bien et continuellement l’action. De plus, elle présente de bonnes variations sur le thème principal du film sans tomber dans le piège du leitmotiv. Enfin, la BO est loin de la soupe électronique qui constitue le fond sonore de bien des films d’action.
Voila pour le volet bondien. Ces ingrédients me plaisent particulièrement dans les films d’actions et thrillers. Les éléments constitutifs d’un film sont tout aussi important que l’histoire elle même. Je trouve davantage de points communs entre la franchise Bond et Inception qui réutilise certaines méthodes au services d’une intrigue originale, qu’avec un film classique nous parlant d’espions de trahisons et d’action en négligeant l’effort de réalisation.

Originalité et maitrise de l’histoire

Jamesbonderies mises à part, ce film m’enthousiasme par l’idée du film qui, pour un blockbuster, évite de nombreux travers inhérents à ce genre. Pas de baratin autour d’un héros “élu”, destiné à maitriser les rêves, pas de séparation blanc-noir entre les personnages principaux. Le film consiste davantage à chevaucher la fantaisie des rêves et les projections de l’esprit qui se manifestent. Alors d’accord, les combats sont escamotés et tirent parfois sur le jeu vidéo ; l’idée de s’affranchir de la pesanteur n’est pas nouvelle ; les idées freudiennes père-fils sont tout à fait classiques ; l’obsession de la personne disparue n’a rien d’innovant.

Mais reconnaissons que pour un film qui convoque ces registres, il n’en abuse pas en tombant dans un mélo intégral, dans un jeu vidéo complet (comme Matrix), ou dans le film d’un psychotique obsédé par ses visions (comme Shutter Island). Enfin, Inception ne profite pas du concept des rêves pour se construire un terrain de jeu où développer toute son histoire pour y miser son originalité (comme l’Imaginarium du Docteur Parnassus). Le scénario se corse en forçant le spectateur à le suivre dans les 36 strates de rêves emboités. Le film se rapproche davantage de ses comics présentant un univers spécial, développé au fur et à mesure des épisodes pour en exploiter toutes les possibilités et les aptitudes des personnages.
Soyons clair, je ne veux pas dire par la que Inception est LA révélation cinématographique de l’année, ni qu’il amorce une quelconque rupture. Je ne dirai même pas que c’est un film génial. Il lui manque effectivement toute une dimension pour qu’on arrive à s’apitoyer vraiment sur les histoires de cœur des personnages, et pour que les rêves présentés deviennent vraiment digne de la folie de l’imagination. Mais ça fait plaisir d’avoir enfin un film d’action pas trop formaté, qui ne prend pas le spectateur pour un idiot, qui veille à ce que les acteurs jouent réellement devant la caméra de façon crédible plutôt que de n’être que les pions d’un grand délires d’effets spéciaux.
En attendant un prochain James Bond, voici enfin un thriller qui assouvie ma soif de films d’actions correctement réalisés !

Jamesbonderies

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  • Une nouvelle fois Christopher Nolan nous a prouvé qu’il est un très grand réalisateur et qu’il pouvais encore repousser les limites. Après avoir ressuscité Batman, Nolan nous bluffe avec Inception. Le casting est époustouflant, bémol pour Marion Cotillard que je n’arrive toujours pas à apprécier, j’aurais préféré Mélanie Laurent dans ce rôle. Inception est original aussi car il rend hommage à certains films. Il y a du James Bond en Leonardo DiCaprio, la forteresse enneigé nous fait penser au Piz Gloria d’Au service secret de sa majesté”, la chambre à “2001, L’Odyssée de l’Espace” et bien sur “Matrix”. Christopher Nolan souhaiterais réaliser un jour un James Bond, je serais partant mais j’ai peu d’espoir.

  • Encore un bijou signé Nolan, qui combine de mieux en mieux le spectaculaire à l’intellect.
    Au-delà des interprétations et des relectures que l’on pourra consacrer à l’histoire du film, Inception nous invite déjà dans l’esprit du réalisateur et sa cinéphilie. C’est ainsi que l’on perçoit une somme de sa filmographie (l’aspect cérébral de Memento ou Insomnia ; la mise en abîme du cinéma comme dans Le Prestige ; l’urbanisme, la photo bleu et glacée de The Dark Knight) et ses influences. Ainsi, le prologue ouvrant sur la fin d’une mission évoque inévitablement les pré-génériques des James Bond quand le rêve de niveau 3 révise tout simplement OHMSS.

  • On est d’accord !
    J’ai revu le film hier, et ai d’autant plus apprécié le passage dans la neige qui a rappelé les James Bond à certains de mes amis qui ne sont pourtant pas fan. Mais au final, le moment qui pour moi est le plus bondien, est quand DiCaprio / Cobb se retrouve dans la position de sniper, à devoir tirer sur une femme, et qu’il y renonce. Ça m’a rappelé The Living Daylights.
    Mais indépendamment des liens bondiens qu’on peut y voir, ce film reste pour moi savoureux, tant par son histoire que par sa maitrise. Dommage qu’il manque certains éléments pour étoffer le rythme et donner parfois plus de sensibilité et de légèreté à l’intrigue. Mais en 2h40 de film bien rempli, on peut difficilement s’étaler…

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