Commander James Bond France

Bondmania estivale

Les livres de Fleming et le fétichisme bondien


Quelle joie d’être en vacances et de pouvoir donner libre cours à sa Bondmania ! Mais à chaque période correspond une passion différente ! Être fan demande de la rigueur, et un constant renouvellement sous peine de se lasser. L’année dernière, ma passion pour Bond s’est assouvie dans la lecture de textes sur Bond ; l’année précédente était consacrée à ce blog et à Quantum of Solace. Il fallait trouver un nouvel exutoire de ma folie bondienne pour la saison 2010. À force de regarder les films, j’en connais presque intégralement la bande son. Mes DVDs ne possèdent pas le doublage allemand pour se familiariser avec la facette du Bond germanique, je n’ai pas de matériel pour expérimenter les Bond sur jeux vidéos. Cet été sera donc consacré au Bond littéraire.

Les éditions Robert Laffont
J’avais déjà lu les James Bond il y a quelques années, en français dans une vieille traduction de 1986 (Moonraker présentant les aventures autour du Vise-lune sous le titre d’Entourloupe dans l’azimut). Les romans ne m’avaient pas trop emballés, mais j’avoue que j’étais assez jeune pour pouvoir les apprécier. Ce qui m’a donné envie de les relire est en partie du aux nombreuses rééditions qui ont été faite des œuvres de Fleming, et en particulier de la série rééditée en 2008 des aventures de Bond par Penguin, avec les illustrations de Michael Gillette.
Élément de collection
J’assouvis ma bondmania énormément par les objets dérivés. Si c’est dur à suivre au niveau du porte-monnaie, c’est une façon de s’approprier le film de façon complètement matérielle, voire limite fétichiste (il suffit de regarder l’étagère de n’importe quel fan de James Bond pour s’en assurer). À ce plaisir s’ajoute aussi celui de posséder de beaux objets : de belles éditions DVD à la hauteur des films, des miniatures des voitures de Bond rappelant les scènes cultes des films, des jeux de cartes faisant revivre les personnages de Bond, etc. Si on a souvent le sentiment frustrant de n’être qu’un rouage ciblé par le système marketing d’EON et consort (en nous pompant notre argent via des produits dérivés dont le prix de fabrication avoisine le dixième du prix de vente), on en vient à l’oublier quand on est pris dans les rouages de la collectivite.
Les livres de Fleming remplissent cette fonction. Bien sûr, j’aurais pu assouvir ma passion dans l’omnibus des aventures de Bond en 2 volumes et épargner de ce fait pas mal d’argent. Ça aurait été le plus raisonnable, mais je lis rarement deux fois un même livre en plusieurs années. Tant qu’à s’immerger une nouvelle fois dans les aventures du Bond des années 1950s, autant garder un objet qui rappellera le plaisir ressenti à vivre ces aventures. Le choix du livre devient alors déterminant, et stimule largement le plaisir de lire le roman lui même. Ainsi, les unes après les autres, les magnifiques silhouettes colorées des James Bond girls viennent s’empiler sur la table de nuit. J’accorde un bon point pour la section marketing qui a établit la feuille de route du dessinateur. Les Bond girls nues qui servent de support au titre du livre sont un agréable croisement entre les créatures décrites dans les romans, et les figures que l’on garde à l’esprit après avoir vu les films.
Cette collection n’essaie pas d’être “Ultimate Edition” ou “vintage”, elle représente un agréable croisement entre le mythe bondien, exotique, tape-à-l’oeil et coloré, et le coté roman de gare et aventure indépendante que donnait Fleming à ses livres. L’illustration recroise la structure des romans : même enchainement, même caractère pour quasiment tous les alliés bondiens (quelque soit leur nationalité), idem pour les ennemis (50% de roux, 90% de laids) et des femmes (comportement et place dans le livre). Même cheminement de Bond dans l’aventure, mêmes réflexions machistes, cynique, mélancoliques pour l’agent au permis de tuer. Chaque histoire change juste d’avatar.
Mais quel plaisir de redécouvrir la même histoire avec une couleur, des descriptions différentes. Quel suspense à observer comment une même partie se déroule, dans des univers différents (atolls des caraïbes vaudou, campagne anglaise nucléaire, banlieues américaines mafieuses, vieilles villes françaises joueuses, glacier soviétique machiavélique…). Inutile de ré-expliquer ce qu’Umberto Eco a déjà très bien décrit dans son essai. À mon stade de fan, autant dire que le schéma narratif fonctionne à merveille. Ce Bond littéraire ne me lasse pas, n’est pas du tout prisonnier de son époque.
Aventures mis à part, je me rends compte au fur et à mesure, que tous les éloges adressés à Fleming ne sont pas entièrement démérités. L’écrivain britannique est très fort. Contrairement à bien des auteurs de blockbusters littéraires d’aujourd’hui, Fleming ne joue pas sur les cliffhanger et le suspense qui pousse un chapitre après l’autre. L’auteur anglais donne aux aventures de Bond des airs de romans de gare, pour éviter qu’on ne l’aborde comme quelque chose de trop sérieux. Mais à l’intérieur, malgré le rythme rapide, la majeure partie du roman est composé de réflexions et de descriptions. L’intrigue avance à travers les différents points de vue des personnages, chacun apportant son vécu à une action minime. En décrivant chaque scène à travers différents perception, l’histoire s’enrichit de l’atmosphère intérieure des personnages. J’ai pris un réel plaisir à ce style en lisant Bons Baisers de Russie : la première partie ne fait pas figurer Bond, mais l’action y est réellement prenante, malgré la froideur du système communiste décrit. La Conspirazia décrite fait figurer pas moins de 8 points de vue internes de ce qui se prépare, depuis la perception d’une libellule sur le corps de Grant jusqu’au général G à la tête du service.
Cet assemblement de point de vue au service d’une intrigue assez simple, permet d’étoffer ce qui se passe. À tel point que la partie d’échec décrite dans chaque livre semble totalement originale, et donne au lecteur les points de vue des deux joueurs (le bon et le méchant). Et quel plaisir de relire les descriptions des lieux qu’a fréquenté Fleming. Qu’importe qu’il s’agisse d’un rapport, d’une histoire, ou de la description de ce que voit Bond. Chaque ville devient unique et hautement riche en détails, par ce qu’elle est entourée de ces réflexions cyniques qui donnent cet aspect noir aux histoires d’espionnage de Fleming. L’exotisme, et l’excitation du voyage (ajouté aux luxes des James Bond Girls et des multiples repas que Bond s’enfile) donnent une dynamique au texte qui rend les aventures de Bond toujours aussi agréables à lire 60 ans après.

Un autre aspect de ma Bondmania estivale et de pouvoir redécouvrir les aventures de Bond sur un écran suffisamment grand (via rétro-projecteur). Autant dire que les aventures de Bond prennent une autre dimension en quittant le grand écran. J’arrive à saisir comment le kitch des films de Moore, et le trop plein explosif des aventures de Brosnan ont pu plaire autant au public. En découvrant ces films sur petits écran, on oublie que ce sont avant tout des films d’actions pour grand public, et qui sont donc fait pour le grand écran. Tout de suite, on profite deux fois plus de l’action magnifiquement orchestrée de ces films plus agés que moi. J’en viendrai presque à les redécouvrir…

Pas de doute la dessus : l’été sera bondien et savoureux !

Jamesbonderies

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  • Euh…Les meilleures traductions Françaises des romans de Fleming sont incontestablement celles réalisées par Plon ( filiale des Presses de la Cité ) dans les années soixante . Et parvenir à mettre la main sur les version ‘ tie in ‘ ultra collector de Goldfinger ,OHMSS ou Vivre & Laisser Mourir est encore possible de nos jours . Evitez comme la peste les soit-disants ‘ nouvelles traductions ‘ de chez Bragelonne, qui tentent maladroitement de ‘ moderniser ‘ Fleming . Et tâchez de mettre la main sur le génial ‘ Des Villes Pour James Bond ‘ chez Plon ( trad du premier volume – on attend tjrs le second…- de ‘ Thrilling Cities ‘… )

  • Votre soumission à l’idéologie du désir qui structure la société de consommation actuelle me répugne au plus haut point. Quelle misère de voire toute cette aliénation à la marchandise si fièrement étalée comme principe de vie particulier et égotiste !
    N’oubliez que le libéralisme libertaire, dernier reflet pour l’heure du néo-kantisme bourgeois, se situe sur le même axe que le néo-fascisme, monsieur Ytterbium…
    D’ailleurs votre pseudonyme même résonne comme la sinistre abdication face à l’Idéal moderne de la Science, qui n’est que le moteur proprement délirant du Progrès sans limites humaines et écologiques.

  • Qu’en termes élégants tout cela est bien dit !!! Je vois soudain la terre de mes certitudes s’ouvrir sous mes pieds, me laissant entre-apercevoir le gouffre capitaliste sans fond dans lequel mon âme s’oublie et se souille irrémédiablement !
    Je rappellerai juste que la saga James Bond en elle même n’est pas l’avatar d’un modèle alternatif au système de la production marketing qui caractérise ce segment du cinéma et de la littérature.
    Si mon égo s’assouvit dans ces quelques objets bondiens, ce n’est pas pour autant que ma vie en est tout autant aliénée ou que je n’ai pas d’autres objets de passion, d’intérêt ou de principe pour remplir mon existence.
    L’essentiel est d’être conscient de ce qu’on dit ou de ce qu’on fait, de prendre la juste la mesure de sa passion, savoir d’où elle vient, comment se sont construits ses dépendances et addictions, et connaître les dessous marketing les moins glorieux d’où peuvent naître des divertissements, des passions, ou des bons films.
    Autant être franc dans ce qu’on dit et ce qu’on pense, et éviter de se cacher derrière l’avatar de la pensée de grands hommes, en appliquant sans distinctions leurs concepts et vocabulaire à n’importe quelle situation. Car après tout, ne vivre que à travers les théories d’un philosophe, n’est-ce pas aussi se fermer à d’autres pensées et être moins tolérant vis à vis des autres personnes ?
    Ytterbium, l’aliéné de la science qui rigole bien devant ses / ces lyriques logorrhées

  • Ce qu’il faut souligner ici, c’est que Michel Clouscard est un “penseur” bourgeois anti-progrès, de la même manière que Christopher Lasch, Jean-Claude Michéa ou d’autres. De plus, ils ont été repris par des activistes d’extrême-droite comme Alain Soral, ce qui prouve que leur “pensée” anti-progrès n’a aucun avantage révolutionnaire pour les masses oppressées par le capitalisme. Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao, eux, n’ont jamais été repris par l’extrême-droite, et ce n’est pas pour rien…
    Mais votre réponse Ytterbium prouve tout de même votre soumission à la culture bourgeoise obscurantiste, que promeut la saga James Bond, qui défend ainsi l’oppression impérialiste, sexiste et capitaliste !!! La science marxiste-léniniste-maoïste (MLM) se penchera un jour plus en détails sur cette saga cinématographique de la même façon qu’elle l’a fait avec “Avatar”, “un film fasciste, qui relève de la révolte contre le monde moderne. Il est une sorte de fondamentalisme de Ben Laden, dans une version hollywoodienne.”
    Pour que naisse la dialectique masse/avant-garde ! Vive la projectualité révolutionnaire et l’antagonisme prolétarien !

  • Non ! Martine Aubry est la dirigeante bourgeoise d’un parti social-démocrate, qui par sa nature même est donc le frère du fascisme. Nous l’avions déjà démontré avec l’Humanité, ce journal où une bande-dessinée (Pif le chien) soutenait que le jambon-beurre était supérieur au hamburger car il était “bien de chez nous” !!! Il est remarquable qu’en période de crise du capitalisme la social-démocratie révèle sa vraie nature en participant à la construction de l’idéologie génocidaire.
    “Nos drapeaux seront rouges du sang des fascistes !”

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