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Retour sur la première femme fatale à affronter et succomber à Bond.

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D’accord, il est un peu conventionnel  d’écrire un article sur un personnage de la saga, lorsque son interprète vient de mourir. Mais le décès de Zena Marshall le 10 juillet 2009 me donne “l’occasion” de rédiger cet article que j’avais en tête depuis un bout de temps.

Une Bond girl typique, mais unique

Outre le fait que son interprète vient de nous quitter, pourquoi s’intéresser au sort de Miss Taro, au milieu d’environ 250 James Bond Girls qui peuplent la saga ? Et bien tout simplement car Miss Taro inaugure une longue catégorie de Bond girl, et est même un exemplaire unique en son genre. Il est hélas dommage que la sulfureuse Sylvia Trench et le mythique bikini d’Honey Rider aient fait de l’ombre à ce personnage, qui se pose entre ces deux conquêtes majeures de 007.
Le premier aspect (ou rôle) de Miss Taro dans le film est bien entendu d’assurer l’exotisme. Asiatique, et occidentale à la fois, elle est la secrétaire de tous les jours qui se transforme en femme fatale. Femme moderne dans son bureau et par ses habits, elle possède en revanche une forte personnalité, et semble faire parti définitivement des beaux décors de la Jamaïque. Bond n’a aucune difficulté à la séduire. Cela permet de présenter l’univers bondien comme un monde où les femmes sont des oiseaux si faciles à attirer (poétique non ? :lol:).

Une femme fatale construite

xena2Mais Miss Taro inaugure aussi la catégorie des femmes fatales et des traîtresses de l’agent secret . Elle est le premier adversaire féminin auquel Bond fait face directement (Sylvia Trench s’était jeté dans ses bras sans opposition, et la photographe ne faisait pas le poids face à Quarrel). La construction de son personnage est de ce point de vue éloquente. Contrairement à Sylvia Trench qui est directe et sans gène (presque masculine), et Honeychild qui se présente de toute évidence pure et innocente, dénudée autant physiquement que moralement (elle est ouverte est honnête avec James), Miss Taro est toute en dissimulation.
Elle offre à l’agent britannique le contraste explosif du chaud et du froid. Lorsqu’elle rencontre Bond, elle est très stricte et discrète dans son tailleur de secrétaire, mais laisse deviner une assurance et un charme, auquel s’ajoute le vice de la curiosité par les trous de la serrure. Sa voix au téléphone est suave, mais elle exhibe une position langoureuse lorsqu’elle parle à Bond. Enfin, elle est timide et embarrassée chez elle, alors que ses charmes s’offrent au regard de Bond. Cette dissimulation de sa beauté ne fait que renforcer des charmes propres aux femmes fatales.
missL’accent est d’ailleurs mis sur les atours de sa féminité qu’elle arrange pour Bond : coiffure longue mais soigneusement arrangée, formes magnifiques qu’elle couvre d’une robe de chambre (dans sa scène avec 007) ou mises en valeur par ses collants qu’elle choisit quand James lui téléphone. Le rouge à lèvre, le vernis à ongles, le miroir, sont autant d’éléments qui qualifient sa dissimulation et son utilisation délibérée de ses charmes pour aguicher Bond. Son nom même, se résume même à un “Miss”, la classant par rapport à son genre plutôt que par rapport à l’identité que lui procurerait un prénom. Le Taro, quant à lui, renvoie facilement au jeu de carte : imprévisible, et malgré tout attractif par ses atouts et ses risques.

Un affrontement pour Bond

Le personnage de Miss Taro aide en plus à établir le James Bond cinématographique à l’écran, avant de l’envoyer sur l’île du docteur. Les relations entre Bond et la secrétaire permettent à Sean Connery d’y transposer le personnage de Fleming, en mettant en valeur le coté machiste et pas dupe face aux femmes. On a déjà vu tout les atours dont se parait Miss Taro pour charmer Bond, et l’exotisme qu’elle dégage. Le spectateur y est bien évidemment sensible, et temps007 surmonte ces deux aspects. Tout les “tours” de l’espionne sont bloqués par Bond : il la surprend à espionner, et la pousse donc à quitter son rôle de secrétaire pour celui de séductrice en l’invitant. Il surmonte le piège du corbillard et arrive comme si de rien n’était devant une Miss Taro “à nue”. Il lui arrache un baiser avant qu’elle n’ait eu le temps de s’habiller pour ça. Enfin, il s’en débarrasse dans la voiture, et comme ultime réplique, il se moque de son vernis à ongle, montrant ainsi qu’il n’est pas dupe des charmes déployées par la femme. Celle-ci ne peut plus rien faire que de lui cracher au visage.
En ce qui concerne l’exotisme, qui n’est pas familier au spectateur, Bond affiche un détachement comme s’il avait l’habitude, et n’hésite pas à dominer la créature de sa personnalité : il téléphone alors qu’il est au lit, prend sa serviette à la Bond girl sitôt arrivé chez elle et regarde l’heure alors qu’elle l’embrasse. Pour l’époque, on peut dire que les scènes entre 007 et Miss Taro avaient de quoi choquer, et était assez osées, que ce soit de la part du comportement de Bond, ou de l’attitude de la femme.

Un personnage loin des clichés

Plutôt que de se résumer à un objet de jouissance et d’amusement pour Bond ou de décors pour l’aventure, Miss Taro a tout de même une personnalité, et on voit qu’elle n’est pas femme fatale par nature. On ne peut pas non plus la ranger dans la catégorie “traître” ou “sous-fifre”. Tout au long du film, on la voit hésiter, perdre son assurance et essayer de résister à Bond. On sent que comme les autres adversaires de l’agent, elle craint son supérieur et n’ose pas lui désobéir, tout en étant pas insensible aux charmes de Bond.
Son personnage est donc poussé par la peur du Dr No, et ralentit par Bond qu’elle craint car elle ne sait pas à quoi s’attendre de sa part. C’est le contraire de Fiona Volpe qui elle, est guidée par son caractère, et cherche l’affrontement avec James. Si l’on y réfléchit, le personnage de Miss Taro est unique en son genre, et ne réapparaîtra pas dans d’autres personnages de la saga, à part sous la forme de Rosie Carver que l’on envoie dans le pattes de Bond, dans Vivre et Laisser Mourir.

Merci Zena !

Je terminerai en gardant le meilleur pour la fin. Outre le fait d’être un personnage assez riche, et construit de façon intéressante. Sa scène avec Bond reste délectable, car tout comme Bons Baisers de Russie, avec Tatiana Romanova, la scène de drague reste un condensé de l’univers bondien qu’on peut savourer. Tout y est : espionnage et exotisme en toile de fond, un personnage féminin caricatural (la femme fatale) mais développé en tant que tel, un agent 007 à l’aise, classe, et plein d’humour, et une action qui nous fait tous rêver, mais présenter comme naturelle :

Mrs Taro : What are you doing ?
Bond : Me ? Nothing. You see ? I’m not doing anything.
nothing

Jamesbonderies

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  • Je rajouterai pour ma part qu’elle la James Bond Girl ayant certainement le plus influencé l’incarnation même du personnage. Les autres n’ont finalement été, pour la plupart, que des copies plus ou moins réussies.
    Il est également intéressant de remarquer que le personnage de Miss Taro a par la suite été transposé dans de nombreux autres films n’ayant pas forcément la même portée, dont notamment OSS 117.

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