Parmi les nouvelles qui atteignent inévitablement mes oreilles (et que j’essaye d’éviter), celle du choix du français Mathieu Amalric, pour incarner le méchant de Bond 22 est arrivée. Le jour où je l’ai appris, c’était la première fois que j’entendais parler de lui. Depuis, j’ai regardé sa filmographie, et j’ai vu récemment un film où il joue. Cette première rencontre (si l’on peut dire) avec cet acteur formidable m’a enthousiasmé sur son entrée dans la saga !!!
Je suis d’accord avec vous, prétendre approuver la nomination de Mathieu alors que j’ai vu royalement un seul de ses film peut sembler ridicule. En fait, c’est une de mes fâcheuses tendances de me forger des avis à partir de pas grand chose. Cela dit, je pense que Rois et Reine, (c’est ce film que j’ai vu) donne un bon aperçu des capacités de cet acteur.
Mathieu Amalric, un vrai acteur
Ce qui m’a étonné la première fois que j’ai regardé la filmographie de M.A. c’est la diversité des films où il a joué ainsi que son extraordinaire productivité ! Que ce soient des films à grand public, des thrillers (Munich de Spielberg), des comédies, des films engagés (la question humaine), des essais érotiques (L’histoire de Richard O.), ou des films sensibles (Rois et Reine), Mathieu Amalric a à son compteur une variété impressionnante d’expériences filmographiques. Le plus impressionnant est que la critique lui est presque toujours favorable. Il suffit de voir le César du meilleur acteur qu’il a remporté cette année. On peut aussi rajouter qu’il n’a pas la langue dans sa poche (voir sa lettre lors de la cérémonie des Césars ) ce qui fait de lui un acteur engagé dans, et à l’extérieur de ses films.
Outre son adaptabilité à toute sortes de rôles, c’est sa capacité à exprimer des sentiments qui m’a frappé la première fois que je l’ai vu. Je parle ici de Rois et reine d’Arnaud Desplechin. Dans ce film, M.A. est vraiment impressionnant dans son rôle de gars instable. Il parcours en un clin d’oeil la colère, le calme, le désespoir, la joie, la folie, la peur etc. À tout moment, il arrive à donner à son regard cet air de fou malade mental (amélioré par la coiffure), puis il atteint une froideur extrême qui devient flippante. Une scène plus tard, on le retrouve chaleureux et rassurant, presque gai. Toutes ces impressions se fondent en un seul personnage mais à aucun moment ces différentes attitudes ne sont contradictoires. C’est toujours le même homme, et on devine la profondeur du personnage intérieur. Je parle ici du rôle d’Ismaël dans Rois et Reine, mais j’imagine sans problèmes ses capacités étendues à d’autres rôles. J’ai surtout hâte de voir le Scaphandre et le Papillon. Je suis sûr que interpréter un paralytique ne l’empêche pas de rester super expressif !
Parfait pour être méchant
Je suis super content qu’un acteur qui d’habitude se réserve pour des films modestes mais excellents rejoigne le casting de cette grosse production qu’est James Bond. Tout d’abord, il parle très bien l’anglais, ce qui va être formidable lorsqu’on regardera le film en V.O., mais aussi en français. Et puisqu’on parle de nationalité, c’est aussi une bonne chose que le prochain méchant soit français. Sans être chauvin, ça faisait longtemps que les français n’avaient pas dit Good bye Mister bond !. Même si Sébastien Foucan (Mollaca, le terroriste qui saute dans tout les coins dans C.R.) est français, on ne peut pas dire que ce soit très visible. Pour trouver des ennemis français, il faut remonter à Louis Jourdan (Kamal Khan dans Octopussy, 1983) ou Michael Lonsdale (Drax dans Moonraker, 1979) ou encore Hervé Villechaise (Tric Trac dans L’homme au pistolet d’or, 1973). C’est donc super que ce soit cet acteur français qui incarne le second méchant du Bond joué par Craig.
M.A. a tout ce qu’il faut pour devenir un ennemi mémorable dans l’histoire de la saga. Cet air inquiétant qu’il a avec les cheveux en arrière sur la première photo officielle (voir ci-dessus), ces yeux inquiétants qui annoncent la folie. Il peut devenir un vilain très dangereux avec cette folie machiavélique (que j’imagine très bien chez lui) qui rend les ennemis de Bond si inoubliables (et qui manquait au Chiffre). Il a aussi de quoi faire un ennemi moderne crédible et menaçant par sa froideur. Il annonce d’emblée le chef qui dirige dans l’ombre, un peu à la Carver ou à la Graves mais en plus noir. J’ai déjà hâte de voir la première rencontre entre James et l’ennemi qu’il incarnera.
Bref, après Mads Mikkelsen l’inquiétant banquier des terroristes, Mathieu Amalric va donner du fil à retordre à notre Bond. Et même s’il ne lui en donne pas, je n’ai aucune inquiétude sur sa capacité à rejoindre le grade de ses prédécesseurs, et pourquoi pas, à devenir aussi mythique que Goldfinger, Blofeld et Largo.
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