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Le monde ne suffit pas et les rapports de Yarborough

En 1999, si vous aviez un ordinateur Windows 95 (ou 98 pour les plus riches) et un modem 56k (ah ce son et cette vitesse) vous vous êtes peut être rendus sur le site de Le monde ne suffit pas histoire d’y glaner les dernières news. Le site proposait notamment quelques rapports du tournage d’un certain Yarborough, un personnage que l’on estime fictif et à l’identité mystérieuse… Aujourd’hui le site officiel du film n’existe plus (et personne n’a pas estimé utile de déplacer le savoir qui s’y trouvait vers les nouveaux sites officiels) mais nous avons remis la main sur ces rapports. Cependant j’ai bien peur que ne soit plus vraiment intéressant à lire maintenant, vous êtes prévenus, c’est plutôt une lecture réservée aux fans hardcore de 007…

Rapport n°1

twine-020La prise de vue numéro Un est annoncée : c’est le début du tournage du dix-neuvième film de James Bond…

Les choses commencent en douceur : un homme sort d’un ascenseur. Mais ne vous inquiétez pas, Yarborough peut révéler que ce n’est qu’une partie de la séquence d’ouverture, une partie essentielle du « cocktail Bond », qui sera suivie de cinq minutes d’action spectaculaire au plus haut degré qui donnent le ton avant le générique d’ouverture.

Un homme sort d’un ascenseur ? Spectaculaire au plus haut degré ? Relaxez-vous, l’équipe Bond sait ce qu’elle fait. À ce point de l’histoire, plusieurs gorilles sont déjà morts de mort violente, Bond est descendu en rappel le long d’un immeuble de Bilbao, une mystérieuse beauté, armée jusqu’aux dents, a fait son apparition et M a rappelé Bond à l’ordre. Et tout cela avant même la séquence d’ouverture !

C’est un jour important pour le metteur en scène Michael Apted. Vétéran de plusieurs productions à grande échelle, il confie à Yarborough qu’il trouve qu’un James Bond n’a pas de commune mesure avec d’autres films.

Tout est à une échelle tellement plus grande par rapport à ce que j’ai fait auparavant que chaque jour est une aventure.

Le premier jour du tournage nous amène dans les entrailles d’un immeuble qui s’élève sur les bords de la Tamise comme un ancien ziggourat. Mais, bien sûr, comme c’est du cinéma, nous sommes dans le studio E, à Pinewood, c’est à dire à une cinquantaine de kilomètres de l’immeuble véritable. C’est aussi bien car dans deux minutes tout un étage va sauter. Nous verrons l’immeuble véritable à un stade ultérieur du tournage, lorsque l’équipe se rend sur la Tamise pour une sensationnelle séquence de poursuite dans de puissantes embarcations.

Le complexe de studios de Pinewood est le cadre naturel de la série des James Bond. Mais c’est la première fois que Pierce Brosnan joue le rôle de 007 à Pinewood. Pour Goldeneye, les producteurs ont dû chercher ailleurs car tous les studios de son étaient pris. Ils ont donc repris un aéroport désaffecté à Leavesden et l’ont simplement transformé en studio. Cela fut une telle réussite que lorsqu’ils voulaient y retourner pour Demain ne meurt jamais, ils ont trouvé qu’un certain cinéaste appelé Lucas y tournait un film de science-fiction ! Une fois de plus, Pinewood était pris et ils ont donc construit un autre studio à Frogmore.

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Mais ils sont maintenant de retour chez eux. Comme l’a dit le producteur Michael G. Wilson à Yarborough :

Nous sommes partis pendant 10 ans mais c’est le quinzième James Bond réalisé à Pinewood, nous sommes donc ici chez nous et c’est merveilleux d’être de retour.

Yarborough, agent secret de la production, est tout à fait d’accord (le producteur a toujours raison !).

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Nous aurons tout le temps de rencontrer les acteurs et l’équipe de tournage dans le semaines qui viennent et il y aura beaucoup de montagnes à gravir et de bâtiments à faire sauter avant de mettre le point final ! Et Yarborough vous racontera tout !

Rapport n°2

Yarborough, notre représentant sur place, nous envoie ce rapport en direct du plateau…

Comme il l’a révélé dans son dernier rapport, tout au début du film, les services secrets britanniques MI6, qui emploient James Bond, ont eu quelques difficultés par suite d’une bombe dans leurs chambres fortes. Heureusement pour eux, ils possèdent un centre d’opérations en Écosse, Castle Thane, où l’équipe de tournage s’est rendue.

Là aussi, les scènes en extérieurs seront tournées en Écosse mais les scènes en intérieurs seront tournées dans les studios de Pinewood. Le Production Designer, Peter Lamont, qui a obtenu un Oscar pour Titanic, a apporté des touches ultras modernes à une demeure seigneuriale écossaise.

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C’est là que nous rencontrons pour la première fois une des actrices principales, Sophie Marceau. Elle joue le rôle d’Elektra, fille de Sir Robert King, ami de M qui a trouvé la mort dans cette explosion au siège de MI6.

Ce n’est pas la première fois que Sophie tourne dans des superproductions, elle a connu ça avec Baveheart. Mais, elle aussi, dit à Yarborough que les films James Bond sont tout à fait spéciaux :

Ce sont des fantasmes dans un monde réel et pour un acteur, c’est fantastique, car tout est possible. Aujourd’hui, c’est mon deuxième jour, et je n’en parlerai donc pas trop mais c’est sensationnel car je peux vraiment y aller.

unit_1256C’est aussi sur ce plateau que Judi Dench a ses premières scènes mais, fidèle à son rôle de Chef des Services Secrets, elle ne peut pas révéler trop de choses, même à Yarborough.

Je suis plus impliquée cette fois, c’est tout ce que je peux dire, étant chef de MI6, je ne peux vraiment pas vous en dire plus !

Même avec une nomination pour un Oscar pour son rôle dans Shakespear in love, Judi conserve beaucoup d’affection pour son rôle de M.

C’est vrai que j’adore jouer ce rôle, il est merveilleusement écrit.

Nous en apprendrons davantage sur M et le reste de l’équipe à mesure que le tournage avance.

Rapport n°3

Tournage à Bilbao… Yarborough vous a déjà fait partager certains secrets du premier jour de tournage. Quoique ces scènes fassent partie de la séquence d’ouverture, le film commence en fait à Bilbao, sur la côte nord de l’Espagne.

L’équipe James Bond a voyagé dans le monde entier et elle est maintenant habituée à ce que son arrivée suscite un certain niveau d’excitation de la part du public. Mais même un vétéran comme Yarborough a été sidéré de l’accueil qu’elle a reçu.

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« Ce qui se passe à Bilbao est époustouflant. On s’attend évidemment à voir des gens mais pas à une telle réaction » dit Pierce Brosnan, lorsque lui-même et Yarborough se trouvèrent entourés de milliers de fans hystériques.

Même la pluie battante ne diminua pas l’enthousiasme de la foule et la conversation de Robert Carlyle et de Yarborough fut constamment interrompue par des gens qui demandaient un autographe.

prod_newsflash3_2bigJe n’arrive pas à le croire, c’est tout à fait incroyable. Je n’ai vu ça que lors de premières et avoir une réaction de ce type lorsque nous arrivons simplement pour deux jours de tournage, c’est fantastique. Ils sont véritablement emballés.

Comme vous l’avez appris ailleurs dans ce site, Robert Carlyle joue le rôle de l’infâme Renard et c’est à Bilbao que ses machinations sont révélées pour la première fois à James Bond.

twine-set01Mais pourquoi Bilbao ? Il faut dire que c’est l’amour de l’art qui a attiré l’attention des cinéastes sur cette ville, ou pour être plus précis, un grand interêt pour son nouveau musée, le Guggenheim. C’était exactement l’arrière-plan que Michael Apted voulait pour cette scène d’ouverture.

C’est beau, c’est exotique et c’est aussi contemporain. Nous filmons le James Bond du millénaire et c’est un bâtiment pour le millénaire, c’est la raison pour laquelle nous sommes ici.

Plus tard, dans cette séquence d’ouverture, nous verrons une autre nouvelle construction étonnante : le Dôme du millénaire, en cours de construction sur le méridien de Greenwich, à Londres. Mais cela sera seulement dans quelques semaines, avant nous avons encore beaucoup de choses à vous dire !

Rapport n°4

Les impératifs des calendriers de tournage constituent toujours un problème pour les metteurs en scène. Il arrive que les acteurs ne soient disponibles que pendant une période limitée et toutes leurs scènes doivent donc être compressées en deux semaines de tournage, ce qui ne donne pas beaucoup de temps pour développer les rapports entre les personnages ou le personnage même. Mais ce n’est pas le cas pour ce film !

Le calendrier du Monde ne suffit pas a permis à tous les principaux acteurs de commencer à travailler presque immédiatement. Comme le metteur en scène, Michael Apted, l’explique à Yarborough :

Durant les trois premières semaines et demie, j’ai filmé tout le monde, ce qui est sensationnel, parce que je sais maintenant que tout va bien, ils sont tous excellents et nous avons établi l’atmosphère.

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Yarborough vous a présenté Sophie Marceau il y a quinze jours. Elle reviendra plus tard mais, dans l’intervalle, nous nous rendons sur le plateau de 007 à Pinewood pour rencontrer deux autres acteurs principaux : Denise Richards et Robert Carlyle.

Denise est Christmas Jones, spécialiste en armes nucléaires qui, ayant juste fait la connaissance de James Bond, se trouve avec lui en butte aux machinations de Robert Carlyle. Elle n’a pas pu cacher son enthousiasme pour ce rôle :

C’est une opportunité incroyable pour moi et tout le monde est si sympathique et professionnel. Michael Apted est étonnant et Pierce Brosnan est merveilleux, ce qui fait que j’ai beaucoup de chance de faire partie de l’équipe et que cela m’excite beaucoup.

L’infâme Renard prépare un mauvais coup (comme d’habitude) dans une installation d’essai nucléaire au Kazakhstan. Yarborough se doit de rester discret mais il peut dire qu’après le passage de Renard, ils ont intérêt à vérifier leurs stocks !

Quoique franchement intimidé par Robert Carlyle maquillé en Renard, Yarborough a été content de constater qu’il est aussi enthousiaste que Denise.

Je pense que c’est un honneur que de tourner dans un James Bond; ces films appartiennent à l’histoire, c’est le numéro dix-neuf et si vous pensez à tous les acteurs qui ont joué les « méchants » au cours des années, Robert Shaw, Christopher Walken, des gens comme ça… c’est un honneur que d’en faire partie.

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C’est tout aussi bien qu’ils soient tous si enthousiastes car une série de scènes de nuit, toujours ardues, est annoncée. Mais dans le prochain rapport, Yarborough vous donnera quelques tuyaux, appris au cours des années, qui rendent les choses plus faciles.

Rapport n°5

Yarborough vous a promis de vous donner un ou deux secrets professionnels sur la façon de survivre à un tournage de nuit. C’est une question qui préoccupe beaucoup les cinéastes à l’heure actuelle car la première et la deuxième équipe de tournage ont travaillé toute la nuit sur des séquences différentes.

Le premier conseil, le plus important, est : « lisez le script ! » car si vous êtes quelqu’un qui aime aller se coucher avant 10 heures du soir, avec une tasse de chocolat chaud et un bon livre, vous devez éviter à tout prix un script qui contient les mots « Extérieurs de nuit ». Yarborough commence toujours par éplucher le script pour rechercher des phrases qui contiennent les mots « plages », « soleil » et « pays exotiques » ; c’est la raison pour laquelle il est toujours prêt pour les James Bond ! Cependant, en professionnel aguerri, Yarborough admet que, de temps en temps, un tournage de nuit est inévitable et que, si l’on prend les précautions qui s’imposent, il peut même être agréable.

Par exemple, Le monde ne suffit pas nous amène à Bakou, sur les rivages de la mer Caspienne, dans la région maintenant appelée Azerbaïdjan. Une équipe est sur les lieux et, une fois de plus, cela va chauffer. Le service artistique a fait des merveilles. Il construit et l’équipe de tournage démoli ! Un immense réseau de passerelles et plates formes a été érigé et, bien sûr, il finira en morceaux. Et parce que les chenapans aiment être actifs quand les honnêtes gens dorment, ces dégâts auront lieu de nuit. Cela présente aussi des avantages artistiques, comme l’explique Gerry Gavigan, premier assistant metteur en scène de la première équipe :

Le travail de nuit peut être intéressant car l’éclairage peut être très frappant.

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Participer à un tournage de nuit, c’est subir un décalage horaire. Tout est à l’envers. Vous allez travailler à l’heure où les gens rentrent chez eux. L’équipe est convoquée à 4 heures de l’après-midi et commence par prendre le petit déjeuner. À minuit, elle déjeune, car une industrie qui se spécialise dans la création d’illusions n’a pas de problèmes à jouer avec l’heure des repas ! C’est également un point très important au sujet des tournages de nuit : il faut toujours garder un œil sur le service de restauration. Les producteurs attentionnés ont décidé que soupes chaudes et sandwichs doivent être servis toute la nuit et ce ravitaillement est très bien accueilli entre les explosions.

Un autre conseil à suivre impérativement est qu’il faut s’habiller chaudement. Comme le dit la feuille de convocation : « N’oubliez pas : vêtements pour la pluie/sous-vêtements chauds/chaussettes épaisses/chapeaux/écharpes/gants. Gros godillots recommandés ». Yarborough dirait plus simplement : « Portez tous les vêtements de votre garde-robe à la fois ». Tant pis pour la mode, il fait toujours beaucoup plus froid que ce que vous aviez prévu. Beaucoup de membres de l’équipe de tournage ont travaillé à -30 degrés °C à l’intérieur du Cercle Arctique et ils disent tous qu’une nuit de tournage en hiver en Angleterre peut être pire ! Comme dit Gerry Gavigan, ça peut se résumer ainsi :

Je veux bien travailler la nuit tant que je suis habillé chaudement et que je ne me mouille pas.

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Quel est donc le conseil final de Yarborough ? Ne soyez pas une star de cinéma ! Pensez un peu à Pierce Brosnan : pendant que le reste de l’équipe se relaxe dans de gros manteaux, il est forcé de porter un costume d’une élégance caractéristique de James Bond. Chic.. .mais pas chaud !

Rapport n°6

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Lors de ces dernières semaines, Yarborough vous a fait connaître quelques aspects du tournage. Mais, dans le cas d’une production à si grande échelle, cela ne représente que la partie émergée de l’iceberg. De nombreuses autres personnes travaillent hors plateau pour préparer le tournage.

Une des personnes les plus occupées est peut-être Richard Sharkey, qui dirige les séquences en extérieurs et qui est chargé d’organiser les prises de vues sur la Tamise. À ce jour, Yarborough vous a présenté la toute première scène du film, tournée à Bilbao et la séquence suivante, tournée dans le quartier général des services secrets, MI6. L’apothéose de tout cela et le début d’une autre séquence mouvementée est une poursuite sur la Tamise.

Cela n’a l’air de rien, mais pensez aux implications : une poursuite en bateau, menée à un rythme effréné, le long d’un des cours d’eau les plus encombrés du monde, des tirs de mitrailleuse devant le Parlement, avec des explosions sur les berges de la City, centre financier de Londres.

Comme l’avoue le producteur Michael Wilson, ce n’est pas évident !

C’est quelque chose que personne n’avait jamais tenté de faire auparavant et quand je vois la logistique que cela demande, cela ne m’étonne pas !

Yarborough a donc été étonné de voir Richard Sharkey de si bonne humeur lorsqu’il le rencontra sur les lieux.

Il y a beaucoup de problèmes mais tout le monde nous a vraiment aidé. Nous avons dû obtenir l’autorisation des autorités portuaires de Londres pour permettre à Bond de faire environ 40 noeuds sur la Tamise alors que normalement la vitesse est de 8-10 noeuds sur ce fleuve.

(Pour ceux qui ne sont pas des vieux loups de mer comme Yarborough, 40 noeuds représente environ 70 km/h). Pour Richard et son équipe, le problème n’est pas limité à un seul point :

La poursuite est considérée comme une seule entité mais cette poursuite couvre en fait de 20 à 25 lieux et son organisation a donc été un véritable défi !

Bond poursuit un personnage que nous connaissons seulement par son nom de Cigar Girl, qui s’enfuit sur le fleuve, ravageant tout sur son passage. Ce rôle est joué par l’actrice italienne Maria Grazia Cucinotta. Yarborough a pu constater que, tout comme les autres acteurs, elle pense qu’il s’agit là d’une chance exceptionnelle.

J’ai grandi avec ces films, je voulais rencontrer James Bond et je n’arrive pas encore à croire que je suis ici.

Pendant que Richard Sharkey prépare la grande scène de Maria, d’autres membres de l’équipe assurent que tout fait boum… mais sans catastrophe !

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Sur les quais de Victoria, au cœur du quartier londonien de Docklands, l’équipe des Effets spéciaux teste diverses explosions pour maximiser l’effet en minimisant l’impact. Pour le collègue de Richard, Simon Marsden, ce travail est compliqué par la présence d’un aéroport international à proximité.

Les tests que nous avons faits ici ont très bien marché et nous les avons coordonnés avec l’aéroport de la City. Nous avons travaillé en collaboration avec la tour de contrôle pour nous assurer de ne pas gêner les avions qui nous survolent.

Une fois de plus, Yarborough est bien d’accord avec le producteur : ce n’est pas étonnant qu’on n’ait jamais tourné auparavant en ces lieux. Et tout cela avant même que James Bond n’arrive au Dôme du Millénaire ! Nous en parlerons la semaine prochaine.

Rapport n°7

La semaine dernière, Yarborough vous a fait découvrir les détails du tournage de la séquence d’ouverture sur la Tamise qui atteint son point culminant au Dôme du Millénaire à Greenwich.

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Greenwich est le faubourg londonien où est situé l’observatoire dont le méridien a été pris comme méridien d’origine, longitude zéro, etc… Si vous pensez qu’on fait beaucoup de tapage au sujet du millénaire dans votre localité, vous devriez voir ce qu’on prépare à Greenwich, site du méridien. Sous la supervision de l’état, un énorme dôme couvrant 20 acres, ce qui est la plus grande structure de ce genre au monde, est en cours de construction ; ce sera en quelque sorte une Exposition Universelle dans la partie Est de Londres.

Se dressant à la fois au-dessus d’un terrain vague industriel et du cynisme de ses détracteurs, le Dôme est devenu un symbole impressionnant, la toile de fond qui s’imposait pour amener la série James Bond dans le prochain millénaire. Il n’y a qu’un petit problème.

Il est prévu que les travaux de construction du Dôme seront achevés à temps pour son inauguration en fanfare le 31 janvier 1999. Cependant, pour satisfaire l’équipe de James Bond, il aurait dû être fini il y a de cela quelques semaines ! Il y a donc deux groupes, tous deux très occupés et travaillant selon des calendriers différents, qui essayent de synchroniser leurs efforts. Un des intervenants majeurs, Neil Lamont, Directeur Artistique du film, a expliqué ce qui se passe à Yarborough.

C’est très difficile pour le moment car il est évident que leur planning prévoit que tout sera achevé pour le millénaire et ils sont obligés de faire avancer certains projets pour s’adapter à notre propre projet.

Richard Sharkey, le régisseur général, est sur place :

Nous avons dû collaborer étroitement avec les responsables du Dôme pour qu’il ait l’air achevé alors qu’en fait il ne sera inauguré que dans 8 mois ! Cela nous a donné un peu mal à la tête car je sais que l’équipe du film va arriver à l’heure fixée et tout doit être prêt !

Mais un optimisme à tout épreuve est la caractéristique d’un régisseur général compétent :

Petit à petit, ce champ de boue se transforme en plateau de tournage.

La scène en préparation rassemble beaucoup de techniques mais, comme toujours, les cinéastes insistent pour tourner les cascades pour de vrai, ce qui signifie que ce que nous verrons sur l’écran s’est réellement produit. Cela semble si facile quand c’est le coordinateur des cascadeurs, Simon Crane, qui l’explique à Yarborough :

Le bateau arrive au Dôme et Bond saute du bateau dans un ballon qui est en train de s’envoler.

Est-ce que cela marchera ? Est-ce que le site sera prêt ? Yarborough sera le premier à vous le dire…

Rapport n°8

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Lorsque la production du film commença en janvier, un des principaux soucis était la neige ou plutôt le manque de neige ! Yarborough s’habitua à voir tout le monde faire triste mine dans le bureau de production lorsque les rapports sur la neige arrivaient d’Europe.

Dans une scène clé du film, Bond et Elektra skient pour échapper à des assaillants mystérieux qui volent grâce à des parachutes motorisés et donc évidemment la neige joue là un rôle important. Par conséquent, les producteurs ont choisi Chamonix pour filmer cette séquence. Ils savaient que les Alpes françaises leur donneraient un fabuleux arrière-plan mais, comme le metteur-en-scène de la deuxième équipe de tournage, Vic Armstrong, l’explique à Yarborough : « même James Bond ne peut rien faire contre le mauvais temps » !

Tout le monde sait maintenant qu’en février tous les records météorologiques furent battus en Europe et le poids de la neige a eu pour résultat une série d’avalanches tragiques dans les Alpes. L’équipe de tournage du James Bond, qui se trouvait à Chamonix lorsque cette ville fut dévastée, fit bon emploi de ses compétences. Comme le dit le producteur Michael G. Wilson à Yarborough :

Ce sont tous des spécialistes et nous avons été heureux qu’ils participent au travail de sauvetage.

L’équipe de tournage a heureusement réchappé au pire mais la recherche de lieux de tournage éloignés signifie qu’elle était constamment à la merci des éléments.

« Les lieux de tournage sont assez inaccessibles, surtout quand il neige », dit Vic Armstrong à Yarborough, qui avait mis ses vêtements les plus chauds. « C’est comme lorsqu’une armée avance, l’équipe compte 170 personnes et nous devons faire en sorte qu’ils soient prêts à tourner à 8 heures du matin, après leur petit déjeuner. C’est un environnement très hostile ».

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Non seulement les lieux étaient hostiles mais, comme d’habitude, les cinéastes ont décidé de se compliquer la vie en ajoutant des séquences aériennes ! Ces hommes magnifiques dans leurs machines volantes sont dirigés par le coordinateur des cascades, Simon Crane :

Notre souci principal était en fait de faire voler les machines volantes. Nous avons parcouru l’Amérique pour trouver ces machines et nous les avons ensuite adaptées pour les rendre plus rapides, beaucoup plus manoeuvrables et aussi pour qu’elles correspondent à ce que l’on attend dans un film de James Bond.

Rapport n°9

Durant le tournage d’un film, il est parfois difficile de se souvenir qu’il existe un monde extérieur. Mais même Yarborough, qui se concentre beaucoup sur le tournage, est content de la distraction apportée par le fait que Judi Dench a obtenu un Oscar et un prix BAFTA.

Avec sa grande simplicité et son sens de l’humour, Judi Dench est toujours la bienvenue sur les plateaux mais elle est particulièrement appréciée par les membres de l’équipe de tournage des James Bond. C’est la troisième fois qu’elle joue le rôle de M, patronne de Bond, et la plupart d’entre eux la connaissent donc bien. Yarborough est toujours heureux de se joindre à elle pour une tasse de thé entre les prises.

Ce qui est agréable avec les James Bond c’est l’ambiance familiale qui y règne parce ce sont les mêmes personnes qui sont employées en chaque occasion. Je ne parle pas seulement des acteurs, je parle aussi de l’équipe de tournage. C’est vraiment très, très bien parce que c’est comme si on travaillait dans une troupe de théâtre.

Quand Judi fut engagée pour jouer le rôle de la patronne des services secrets britanniques dans Goldeneye, cela représentait une coupure importante avec la tradition.

C’était un changement total car le rôle avait toujours été tenu par un homme. Cela modernise la situation et c’est vraiment amusant de jouer la patronne de James Bond.

Le rôle de la Reine Elisabeth, qu’elle tenait dans Shakespeare in love, peut sembler très différent de celui de M mais elle révéla à Yarborough que sauver le monde demande autant de travail que de régner sur l’Angleterre.

Il faut aborder ce rôle exactement de la même façon que les autres rôles mais, en tant que « M », vous avez un texte merveilleux à dire.

Judi voit également des parallèles entre son metteur en scène de Le monde ne suffit pas, Michael Apted, et John Madden, metteur en scène de Shakespeare in love et Mrs Brown.

Michael est très apprécié des acteurs. Il a un grand sens de l’humour et c’est très agréable de travailler avec lui parce que, dans le cadre de ce qu’il décide de faire, il y a une énorme flexibilité. C’est le même genre d’arrangement avec John Madden – tout est terriblement bien organisé mais, dans les limites de cela, vous êtes tout de même libre de faire des choses.

Michael Apted apprécie Judi tout autant qu’elle l’apprécie.

Judi Dench a un rôle beaucoup plus important que précédemment, c’est une si grande actrice.

Pierce Brosnan est d’accord : « Judi Dench est merveilleuse en M ».

Et Pierce confie à Yarborough que, dans cette histoire, les rapports entre lui et M se développent.

Nous voyons davantage le rapport qu’elle a avec Bond. Les deux personnages ont une certaine affection l’un envers l’autre.

Mais que se passe-t-il dans ce nouveau rôle ? Hélas, Judi ne peut pas le dire.

Elle est plus impliquée cette fois parce qu’elle dirige le MI6, je ne peux pas vous en dire plus !

Il est évident qu’un prix, même s’il s’agit d’un Oscar, ne fait que s’ajouter aux autres prix qui encombrent la maison de Judi. Nommée DBE (Dame de l’Empire Britannique, distinction décernée par Sa Majesté la Reine en témoignage de son talent) en 1998, elle a déjà reçu 5 prix BAFTA. Mais bien qu’elle ait l’habitude de recevoir des prix, l’obtention d’un rôle dans un James Bond a de l’importance pour Judi.

Mon mari est très, très excité et ma fille aussi. Je suis très bien traitée et je m’amuse beaucoup.

Mais elle est professionnelle jusqu’au bout des ongles et la qualité du rôle a beaucoup d’importance :

Je l’adore, j’adore jouer ce rôle, vraiment, et il est merveilleusement écrit.

Rapport n°10

Nous avons laissé notre séquence de la Tamise littéralement en suspens il y a de cela deux semaines. Yarborough est heureux de rapporter qu’en dépit de toutes les difficultés possibles, le bateau est arrivé à destination sans encombre, toutes les scènes tournées au Dôme du Millénaire se sont très bien passées et les cinéastes ont pu traverser le fleuve dans les délais prévus pour quelques feux d’artifice. Nous nous sommes jusqu’ici essentiellement penchés pour cette séquence sur les cascades et les lieux de tournage mais les explosions et le bateau ont eux aussi susciter toute l’attention du département des Effets Spéciaux.

Dans notre histoire, Bond prend l’un des jouets de Q pour une promenade sur le fleuve à la poursuite de notre mystérieuse traîtresse. Si c’est un jouet fabriqué par Q, l’équipe des effets spéciaux sait qu’elle sera de service. Elle est dirigée par Chris Corbould.

« Il y a peu de choses que ce bateau n’a pas », avoua Chris à Yarborough dans le tumulte de ses ateliers. « La BMW du dernier film possédait beaucoup de gadgets mais ce bateau en a probablement deux fois plus ».

Bien sûr, équiper de gadgets un bateau plutôt qu’une voiture pose certains problèmes comme l’explique l’un des superviseurs de l’atelier, Nick Finlayson.

Nous avons ajouté tant de choses au bateau, nous espérons qu’il flottera quand même !

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Yarborough a observé le bateau sur la Tamise et peut confirmer que ce n’est plus une préoccupation. Non seulement il flotte mais, avec son moteur à réaction, il vole presque. Chris Corbould en convient :

C’est un bateau extrêmement puissant ; je n’ai jamais vu un bateau tourner comme ça.

Et Chris a pratiquement tout vu. Le monde ne suffit pas est son neuvième film Bond, son expérience sur 007 commença avec L’espion qui m’aimait et il fut promu à son poste de direction du département pour Goldeneye.

Les James Bond n’étonnent toujours. Je ne sais pas où ça va finir. Ça devient de plus en plus énorme.

Tout comme Yarborough. Mais ça, c’est à cause du service de restauration, et c’est une autre histoire !

Rapport n°11

La semaine dernière, Yarborough vous a fait faire un petit tour du côté des effets spéciaux, mais il ne faut jamais oublier qu’un James Bond ne se limite pas aux explosions et aux cascades. Sans un casting judicieux, la série n’aurait jamais connu le succès que l’on sait.

Prenez les méchants du film par exemple. Vous avez déjà rencontré Renard, le plus allumé de nos « méchants », joué par Robert Carlyle. Mais chacun des personnages qui tente de barrer la route à 007, apporte un petit quelque chose en plus à l’histoire.

Cette année, la moisson de méchants a une saveur internationale. Prenez Ulrich Thomsen qui joue le rôle de Davidov par exemple. C’est un acteur respecté, au talent reconnu dans son Danemark natal ; et c’est la première fois qu’il tourne en langue anglaise comme il l’explique à Yarborough.

J’étais vraiment aux anges quand on m’a proposé le rôle mais en même temps, ça m’a fait bizarre parce que pour moi, les James Bond ce sont des films que l’on va voir au cinéma, alors, être l’un des acteurs… ben, y’a quelque chose qui cloche, je devrais être assis au rang des spectateurs.

Venu tout droit d’Allemagne, nous avons Claude-Oliver Rudoph qui joue le rôle d’un Colonel russe du nom d’Akakievich que Renard détourne du droit chemin.

C’est un plaisir et un honneur pour moi d’être dans ce film parce que dans toute l’histoire de Bond, il n’y a eu que trois allemands: Kurt Jurggens, Gert Frobe et Gotz Otto et c’est ce que j’appelle une belle distribution, c’est pour ça que je suis là.

Dans le rôle de Gabor, un des gardes du corps, on trouve un néo-zélandais, John Seru. Il est lutteur professionnel, il n’a donc pas fait beaucoup de cinéma mais il aime son rôle de méchant.

Tous ces trucs de méchants, tirer sur les gens, les hélicoptères, les poursuites, les scènes de bagarres et tout ça : c’est génial !Alors quand ils m’ont donné le rôle, vous imaginez un peu !

Il y a une chose que tous ces acteurs ont en commun : ils ont grandi avec les films de James Bond.

Ulrich, c’était surtout les gadgets qui lui plaisaient. « Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé les films d’espionnage et ils avaient aussi tous ces gadgets. Toutes ces petites choses, vous voyez ce que je veux dire ? » «Quand j’étais jeune j’adorais Bond » avoue John à Yarborough. « À l’époque mon numéro de téléphone, à la maison, était 361007. Alors à l’école, quand on me demandait mon numéro je répondais 361 James Bond ».

Et s’ils connaissent bien les films de James Bond, ils savent qu’ils ont peu de chance d’arriver intacts à la fin du film. Mais au moins ils se seront bien amusés entre temps !

Rapport n°12

Passons des bêtes… à la belle. Yarborough n’est pas mécontent de troquer les méchants de la semaine dernière contre Sophie Marceau, l’une des vedettes féminines du film, bien qu’il ne soit pas toujours facile de parler avec l’actrice française qui ne s’arrête que rarement et qui préfère observer ce qui se passe sur le plateau. Remarquez que quand vous êtes vous-même réalisatrice et que vous tournez dans des films depuis aussi longtemps qu’elle, cela se comprend.

Ça représente plus de la moitié de ma vie ; j’ai commencé à 13 ans et je m’intéresse énormément à ce que font les autres. Et dans ce film là… c’est tellement gigantesque, c’est vraiment très intéressant et absolument passionnant.

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Sophie joue bien sûr le rôle d’Elektra King, une vieille amie de M qui hérite d’un empire commercial colossal à la mort de son père. Elle raconte à Yarborough combien elle adore le rôle :

Elle est très puissante parce qu’elle possède des pipelines. Elle vient d’une famille très influente. Alors on a d’elle cette image de femme d’affaires énergique mais je pense qu’il y a aussi chez elle beaucoup de douceur et de féminité, sinon Bond ne serait pas tombé amoureux d’elle.

Bien qu’elle ait grandi sur les plateaux de tournage, Sophie a trouvé le temps d’aller voir les James Bond. Ce qui l’impressionne le plus, c’est à quel point les cinéastes sont restés fidèles au personnage de Bond, au fil des ans, tout en poussant à chaque fois le film dans une nouvelle direction.

Au niveau du fil conducteur du film, le personnage de Bond demeure fidèle à lui-même. Mais c’est plutôt bien que les choses évoluent, cela permet d’enrichir le film.

Sophie remarque plus particulièrement que les rôles de femmes sont devenus plus réalistes :

Les films devraient ouvrir la voie, c’est une bonne chose que les James Bond soient toujours à la pointe de la technique au niveau des gadgets et des scènes d’action mais c’est bien aussi qu’ils abordent des questions auxquelles tout le monde peut s’identifier.

Après tout, comme dit Sophie, « On ne peut pas se passer des femmes »…ce n’est pas Yarborough qui la contredira !

Rapport n°13

Il y a quelque temps, pendant la séquence des passerelles, Yarborough ronchonnait contre les tournages de nuit. Et voilà ! Juste au moment où ses biorythmes étaient à nouveau réglés comme du papier à musique grâce à un tournage de jour sur la Tamise, voilà que la deuxième équipe revient aux tournages de nuit ! Là encore, il s’agit de la séquence des passerelles mais cette fois, ils travaillent dans un lieu différent, Aldershot, et avec une autre équipe : l’Equipe aérienne.

Dans le bouquet final de cette scène, 007 et ses collègues sont attaqués par un hélicoptère ; mais puisque nous sommes dans un James Bond, il n’est pas seulement équipé de mitrailleuses et de fusées. Les réalisateurs exigent que l’hélicoptère transporte une immense tronçonneuse.

Comme c’est souvent le cas dans les James Bond, c’est une idée basée sur la réalité mais qui a été poussée un tout petit peu plus loin. C’est Marc Wolff, pilote et coordinateur aérien qui est responsable de faire fonctionner la tronçonneuse volante.

Elles sont principalement utilisées au Canada et en Scandinavie pour couper les arbres qui empiètent sur les lignes à haute tension dans les zones très reculées.

C’est pourquoi l’équipe a déplacé le plateau de Pinewood à Aldershot, ce genre de vol à basse altitude est tout simplement impossible autour d’un studio, même pour Marc Wolff, vétéran de l’industrie cinématographique […]. C’est son septième James Bond et comme Vic Armstrong, metteur en scène de la 2ème équipe, le dit à Yarborough, il joue un rôle vital :

Très franchement, je ne pense pas qu’on puisse faire une séquence comme celle-là sans Marc Wolff ; il est indéniablement le meilleur.

Parfois, son travail consiste à être une plate-forme de caméra volante — dans d’autres cas, c’est l’hélicoptère lui-même qui est la star. Vous vous souvenez de Rien que pour vos yeux ?

Nous avons pris Blofeld sur le ski de l’hélicoptère et nous l’avons fait tomber dans une cheminée d’un quartier de l’est de Londres ; c’était une bonne séquence.

On peut parfois entrevoir Marc lui-même sur l’écran, mais c’est difficile de le reconnaître sous le maquillage.

Le tout premier James Bond sur lequel j’ai travaillé était L’espion qui m’aimait. J’ai dû m’habiller comme Caroline Munro dans un ensemble pantalon blanc et une longue perruque et nous pourchassions Bond. Sa voiture est entrée dans l’eau, s’est transformée en sous-marin, a tiré un missile sur nous et nous a fait sauter.

C’est la routine pour un pilote qui essuya le feu de l’ennemi pour la première fois au Vietnam lorsqu’il servait dans l’armée américaine. Mais aujourd’hui, ses priorités sont différentes :

Porter de l’action à l’écran sans mettre des vies en danger.

Comme le dit Vic Armstrong :

Il est très courageux, mais il est également très raisonnable, c’est pour cela qu’il a duré aussi longtemps.

Rapport n°14

Après le vacarme et les frissons de notre visite à l’unité aérienne, Yarborough ressentit le besoin de passer quelque temps dans un endroit un peu plus calme. Il est toujours intéressant de rendre visite à l’équipe de modélisation, mais là non plus les choses ne sont pas de tout repos.

Les voitures passent en trombe, les hélicoptères s’écrasent et les ballons explosent ; le travail des autres unités est répliqué ici, mais en miniature.

Oubliez les paroles d’Orson Welles qui disait que faire un film, c’était comme jouer avec un train électrique géant, ici, il y a tous les jouets dont un enfant pourrait rêver. Comme le dit John Richardson, Superviseur des effets en miniature :

Ça me permet de faire tout ce que je faisais quand j’étais gosse, mais sans me faire disputer.

Remarquez que John a débuté dans l’industrie cinématographique alors qu’il était encore à l’école. Son père Cliff, était un pionnier des effets spéciaux et il a transmis son enthousiasme à son fils qui travaille maintenant sur son septième James Bond.

À chaque James Bond, notre objectif est de faire plus grand et plus fort, c’est ça le défi.

Le département de John prend la relève lorsqu’il y a des problèmes d’échelle ou d’ordre pratique. Par exemple, pour Le monde ne suffit pas, il y a un chantier et un pipeline qui s’étendent sur des kilomètres à travers les montagnes du Caucase. L’équipe de John a recréé le site aux studios Pinewood. Yarborough y est passé la semaine dernière et en voyant les crêtes enneigées au lointain, même un vieux routier comme lui a été complètement convaincu par les perspectives que les réalisateurs avaient créées.

Et puis, il y a la scène du sous-marin. A strictement parler, cet engin de 13,5 mètres n’est pas vraiment ce que l’on appelle généralement une maquette et il lui faut plus d’une baignoire pour pouvoir flotter. John et son équipe l’ont emmené aux Bahamas pour les séquences sous-marines…

Le sous-marin est un protagoniste très important ; nous devons le voir faire tout un cirque sous l’eau, dans un environnement naturel.

Malgré son expérience sur d’autres films qui vont d’Un pont trop loin à Starship troopers, John Richardson garde une affection toute particulièrement pour les films de James Bond.

Toute l’atmosphère dans les films de Bond vient de l’époque de Cubby Broccoli, tout le monde se connaissait et on avait l’impression d’être en famille. Les producteurs Barbara Broccoli et Michael Wilson ont hérité de cette ambiance. Pourvu que ça dure…

Rapport n°15

Au cours des derniers mois, Yarborough vous a guidé d’une équipe à l’autre à la découverte d’un certain nombre d’unités. Il nous reste encore à découvrir l’une des unités les plus animées, celle des cascades, dirigée par Simon Crane, qui compte parmi les cascadeurs les plus expérimentés du métier.

C’est une question d’attitude et de prise de conscience. Le métier de cascadeur requiert une excellente coordination mais il faut également savoir se concentrer à 100% et oublier sa peur. C’est normal d’avoir peur avant une cascade mais il faut puiser dans cette peur et la canaliser afin de réaliser la tâche à accomplir.

La trajectoire professionnelle de Simon diffère légèrement de la norme :

J’étais en fac de droit, ça ne me plaisait pas du tout et j’avais toujours aimé le sport : la gym, le parachutisme, la plongée sous-marine alors un jour quelqu’un m’a dit que je devrais être cascadeur. J’ai arrêté mes études et j’ai passé trois ans dans un cirque pendant que j’apprenais le métier.

Là encore, Simon et l’équipe ont l’intention d’être à la hauteur des autres James Bond grâce à des cascades à vous couper le souffle exécutées sans trucage. Yarborough vous a déjà amené sur le plateau de la séquence d’ouverture sur la Tamise et de la séquence de ski à Chamonix, des cascades classiques dans la plus grande tradition des James Bond. Mais l’équipe tire également le meilleur parti possible de la technologie la plus moderne. Simon, qui a travaillé sur Titanic a repris la technique qu’il avait utilisée dans ce film lorsque le bateau se dressait soudainement et précipitait les passagers le long du pont et l’adapta pour une séquence sous-marine dans Le monde ne suffit pas. Une immense plate-forme mouvante fut construite à l’intérieur du sous-marin afin que les acteurs puissent être ballottés dans tous les sens à l’intérieur.

C’est une zone beaucoup plus restreinte que ce que nous avions sur Titanic. Ça fait un drôle d’effet à l’intérieur, parfois, on n’a pas l’impression de bouger jusqu’à ce qu’on soit obligé de se tenir à quelque chose. C’est plus facile lorsque l’on est sur un bateau parce qu’on est à l’extérieur et qu’il y a l’horizon.

Bien que Simon ait participé à de nombreux films à grand spectacle, les James Bond occupent une place particulière dans le cœur d’un cascadeur.

Lorsque j’étais la doublure de Timothy Dalton, je me disais : tu es vraiment un cascadeur maintenant. J’ai grandi avec les films de James Bond, et me voilà maintenant en train de doubler James Bond.

Avoir grandi avec les films de James Bond ; c’est un thème qui revient souvent lorsque Yarborough parle à l’équipe, mais qu’en est-il de l’homme aux commandes ? Est-ce que le réalisateur, Michael Apted, dépensait son argent de poche pour aller voir Bond au cinéma ? C’est ce que Yarborough a l’intention de découvrir…

Rapport n°16

prod_newsflash16_2bigCeux d’entre vous qui lisent régulièrement les élucubrations de Yarborough auront sans aucun doute remarqué un certain nombre de points communs entre ses rapports. A maintes reprises, nous avons rencontré des techniciens qui ont travaillé sur plusieurs James Bond et qui sont déterminés à faire du dernier le meilleur.

Mais qu’en est-il de celui qui dans ce film fait figure de nouveau venu, le metteur en scène ? Depuis le jour où Pierce Brosnan enfila le smoking de 007, les producteurs ont insufflé une bouffée d’air pur aux films en faisant appel à un nouveau metteur en scène pour chaque film.

Cette fois-ci, il s’agit bien entendu de Michael Apted, un cinéaste à l’expérience considérable qui compte à son répertoire des films comme Coalminers’s daughter, Gorilles dans la brume, Nell et la série documentaire 7Up. Cependant, l’importance des films de Bond et les attentes du public peuvent même intimider un vieux routard tel que lui.

C’est un film extraordinairement populaire ; il faut donc que je me surpasse et que je leur donne ce qu’ils veulent. C’est vraiment stressant lorsqu’un film suscite autant d’attentes.

Un des autres aspects du tournage d’un de James Bond qui a frappé Michael est la taille de l’équipe :

Il y a une très grande collaboration au sein de l’équipe, non seulement entre moi-même et Vic Armstrong de la 2ème unité mais également entre John Richardson qui fait toutes les maquettes, ce qui est important, et Mara Bryan qui fait tout le travail sur ordinateur. Dans un certain sens, mon travail consiste à garder une vue d’ensemble pour m’assurer que les efforts de chacun s’inscrivent dans un tout. C’est pourquoi, dans un film comme celui-ci qui est si compliqué, c’est la qualité de la collaboration qui fait la réussite du film, chaque personne contribue à la réalisation de l’ensemble.

Pierce Brosnan participe lui aussi à cette collaboration :

Michael est excellent, c’est un type vraiment génial, je lui fais entièrement confiance.

Pierce connaît mieux que personne le personnage de Bond et apprécie un metteur en scène qui en a conscience :

Il a écouté ce que j’avais à dire sur le personnage, l’importance d’avoir un dialogue crédible sur lequel on peut s’appuyer et travailler. Dialogue qui part d’une base réelle et émotionnelle et qui sert d’appui au personnage. C’est pourquoi j’ai vraiment adoré faire ce film.

Mais comme le souligne Michael, ce sont les spectateurs qui auront le dernier mot :

Au bout du compte, c’est le public qui décidera de la qualité du film. En ce qui me concerne, les choses n’auraient pas pu mieux se passer.

Yarborough

À suivre sur CJB, les rapport de Meurs un autre jour par Yarborough

Clement Feutry

Fan passionné de l'univers littéraire, cinématographique et vidéoludique de notre agent secret préféré, Clément a traduit intégralement en français le roman The Killing Zone et vous amène vers d'autres aventures méconnues de James Bond...

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