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James Bond face aux nouveaux espions

Il y eu une époque où le cinéma d’espionnage se résumait à :

  1. James Bond ;
  2. Les parodies des films de James Bond, copiant le glamour des films ou tournant en dérision les aventures ;
  3. Le reste des films d’espionnage, cherchant le moins possible de lien avec la franchise 007, pour suivre leurs propres thèmes, le plus souvent sans glamour et avec force de cynisme.

Aujourd’hui, Bond est toujours là, mais le paysage des films d’espionnage a beaucoup changé : on ne trouve plus beaucoup de films d’espionnage dans le cinéma d’auteur, et dès que les agents doubles sont impliqués, on a de suite affaire à de grosses productions, héritage d’une époque où seuls les blockbusters peuvent prétendre à faire autre chose que des films intimistes.

Dans le même temps, Bond a changé : depuis le début des années 2000, il y a eu la débauche de super héros qui a commencé à faire de l’ombre à la figure héroïque de James Bond. 007 devient alors un peu transparent par rapport à ces Supers hauts en couleurs, et se recentre donc sur de l’action en phase avec l’actualité contemporaine, tout en dérivant parfois dans le Super avec Meurs un Autre jour. Il y a eu aussi les Austin Powers, OSS 117 et consort, qui ont ridiculisé jusqu’au bout la façon de faire des films à la manière des anciens James Bond, et bien sûr, il y a eu le cousin Bourne qui a redéfinit ce que voulait dire “action” dans le cinéma d’espionnage.

Depuis les années 2000, James Bond a bien réussi à négocier son tournant. On peut se dire, en voyant le succès de Skyfall, que les 4 derniers James Bond (oui, Meurs un autre jour aussi), ont réussi à rendre Bond de nouveau actuel, et plus populaire que jamais. La question d’aujourd’hui, c’est qui sont les autres espions qui partagent à l’écran le monde des agents doubles avec 007. Petit état des lieux de ces confrères concurrents.

Les espions tapageurs, et traqués

Le premier type de film d’espionnage, et aussi le plus fréquent, est composé de tous ces films qui ont fait du mot “espion” le synonyme de “action man”. Alors que nous avons eu des décennies de films d’espionnages, ou faire une mission ou fuir devant l’ennemi signifiait se faire le plus discret possible, ces films prennent le parti que être agent secret, signifie avoir le droit de tout faire exploser.

Comment comprendre cet argument qui n’a aucune logique, et pourtant est à la base de nombreux films ? Peut-être tout simplement parce qu’on n’arrive plus à inventer des héros qui viennent du peuple. Le monde des Die Hard où un quidam devenait tout d’un coup au centre d’un immense complot n’existe quasiment plus (par exemple, dans le dernier Die Hard, le fils même de John Mc Lane est devenu espion pour le compte de la CIA). Aujourd’hui, pour faire des choses extra-ordinaires à l’écran, il faut soit être un super héros, soit être espion (ou à la rigueur héroïne pour film de Young Adult, mais nous parlons ici de cinéma sérieux, oui monsieur).

Mais pourquoi les espions ? Peut-être tout simplement, que pour compenser leur manque de super pouvoir, ces gens là ont accès aux plus hautes technologies : ils sont capables de conduire tout type de véhicule, de visiter tous les pays, sont au courant de tout, on des caméras partout : voila du matériel qui permet de faire des films d’actions qui voyagent et déménagent, en justifiant la débauche de tôle froissée et de technologie. Aussi, le fait que l’on ne connaisse pas la vraie vie des espions permet de fantasmer ce que l’on veut à leur sujet.

Tout cela est à mon avis en parti l’héritage des James Bond qui ont associé action et espions, et attaché ces films avec les gros moyens. Il ne faut pas oublier la contribution de Jason Bourne, qui a amené les espions plus loin, en faisant des agents secrets des personnes qui se poursuivent les unes les autres aux quatres coins du monde sans aucune limitation de moyens et d’action.

Aujourd’hui, tout héros qui veut être exister dans le monde actuel doit être espion. Et si il est espion, ça veut dire qu’il peut faire des super cascades… et automatiquement qu’il sera traqué par ses compères, le gouvernement et le reste du monde. Dans notre liste, on a donc des amnésiques qui se découvrent un passé d’espion (The Bourne Legacy, Unknown, Identité Secrète…), des agents efficaces qui sont trahis en mission et passent de traqueur à traqué (Haywire, Salt, Survivor…), ou des Super agents envoyés à l’autre bout du monde s’occuper “secrètement” des ennemis. Évidemment, ça ne se passe jamais comme prévu (Die Hard, xXx, The Ryan Initiative, Sécurité Rapprochée).

Niveau poster, les affiches de ces films mettront en valeur des espions ultra charismatiques et beaux gosses, entourés d’action, et avec des flingues, parce que plus que jamais : les espions ont le permis de tuer. Irréel, mais on s’y est habitué. Ce sont les super-héros “réalistes” d’aujourd’hui.

Les espions enchanteurs

Deuxième catégorie de films à espion : avec toutes les parodies visant l’agent secret, les films de 007 se sont calmés sur les gadgets high-tech et les actions plus grandes que nature et réellement improbables. Mais si cela fonctionnait avant, c’est que le public en voulait, et sans doute en veut-il encore aujourd’hui.

Si pour les premiers, l’espion est un action man qui court et frappe, pour les seconds, les espions sont des types qui vivent dans des mondes bourrés de gadgets et d’action spectaculaire. Car on aime les feux d’artifice : les petites objets qui permettent de faire des grosses explosions, et les grosses explosions si décomplexées et colorées. On aime les héros qui ont l’air totalement détendus face à des actions surdimensionnées n’ayant pas leur place dans le monde réel.

Dans ces films, le naturel prime donc, avec beaucoup d’humour quant à la façon de remplir l’univers normal de technologies complètement décalées, et qui déclenchent l’action de façon astucieuse. Dans la plus pure tradition des Chapeaux melons et bottes de cuir, être espion, c’est entrer dans un monde glamour (le Touriste), se la jouer James Bond dans un monde plein de gadgets (X-Men: First Class), ou se la jouer gadget dans un monde triste (Kingsman).

Être espion, c’est avoir le droit de faire les cascades les plus spectaculaires (Tom Cruise dans Mission Impossible: Protocole fantôme), pour le simple plaisir des yeux ou de faire exploser des trucs (RED : Retraités Extrêmement dangereux). Il peut aussi s’agir tout simplement de nostalgie (The Man from UNCLE qui arrive, ou les OSS 117). Ces films se rapprochent donc souvent des cartoons pour notre plus grand plaisir. Qu’importe si les “espions” ont des bateaux qui volent et des yamakazis pour concurrencer les super héros (Captain America: The Winter Soldier avec le célèbre Nick Fury). Les posters font d’ailleurs la part belle aux stars qui les peuplent, aux femmes dénudées et aux gadgets aussi délirants soient-ils

Le prochain film de Matthew Vaughn Kingsman: The secret service, semble associer à la perfection nostalgie, amour des gadgets, humour, plaisir de l’action, sans négliger un coté sérieux.

Les (beaux) restes du cinéma d’espionnage classique

Mais le cinéma d’espionnage en dehors de James Bond ne se limite pas aux films d’action décomplexés, ou aux délires de gadgets et d’explosion. Il reste les films d’espionnage, qui s’inscrivent dans le sillage des grands films d’espionnages des années 70s et 80s : ces films, dont les plus célèbres réalisés par Sidney Lumet et Sydney Polack, nous parlaient d’hommes normaux pris dans le jeu d’espions. Des espions à peine humain, nageant dans une administration obscure où le meurtre et la conspiration est monnaie courante. Un monde où l'”intérêt d’État” se fait par des hommes sacrifiant sans scrupules d’autres. Ces films en venaient souvent, à travers les sombres tactiques des espions à dénoncer les pratiques peu recommandables des gouvernements.

Plus clairsemées, certaines sorties arrivent à faire vivre ce cinéma, qui tente de ne pas se réclamer du monde de James Bond, même si on côtoie parfois son époque. La Taupe, et Argo, deux des plus grands succès de l’espionnage de nos années nous plongent dans le suspense de ces filatures qui se font dans l’ombre avec le danger toujours présent, et l’État loin derrière.

Un des thèmes privilégié de ces films est la manipulation des gens honnêtes par d’autre, au nom de la guerre contre le terrorisme. Les européens sont en bonne ligne avec de très bons petits thriller comme Möbius, Secret défense ou mon préféré : Espion(s). Le dernier film avec Philip Seymour Hoffman A most wanted Man, s’annonce très prometteur aussi de ce coté ci, mais la référence du genre est bien sûr le film allemand La vie des autres.

Enfin, le rôle des services secrets et espions dans l’Histoire donne plusieurs fictions qui plongent dans le passé (Raison d’Etat, Agent double…), ou dans l’époque contemporaine en dénonçant l’influence sans contrôle des services secrets faisant tomber hommes et gouvernements (Zero Dark Thirty, The Constant Gardener, Syriana, ou même The Fifth Estate qui s’inscrit dans ce style paranoïaque visant à faire voir au grand jour les actions peu recommandables des secrets d’états). D’ailleurs la règle pour les affiches de ces films est presque toujours d’avoir le visage du héros qui se tourne, anxieux, sur le coté, vérifiant ses arrières.

Ces films hélas trop rares, on le mérite d’être souvent de bons thriller, pour attirer leur public, doublés de très bons scénarios captivant le spectateur et le gardant au bord de son siège face à ces humains peu recommandables.

Et James Bond dans tout ça ?

Ces catégories ne sont bien sûr pas fixes. Des films peuvent très bien s’inscrire dans la première comme dans la deuxième catégorie, comme le prochain November Man qui a l’air d’associer traque, et éducation à l’espionnage et je suis curieux de voir quel ton va adopter l’adaptation de The Man from UNCLE.

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Mais une chose est sûr, il faut regarder ce qu’il se fait dans le cinéma d’espionnage : parce que si les films de James Bond ont eu une forte influence sur beaucoup de ces films (dans le ton, les styles de héros, etc), ils s’inspirent aussi beaucoup de ce qui se fait autour d’eux, chez les super héros, comme dans les autres films du cinéma d’action. Jason Bourne a forcé Bond à s’adapter, et Skyfall a bien montré que la licence peut suivre les goûts du public.

Mais qui sait si demain, le succès de films plus décomplexés avec les gadgets et l’action ne vont pas amener Bond à revenir à plus de fantaisie ? Ou au contraire, maintenant que chaque mois sort de nouveaux simili-espions gonflés à la course à pied, se pourrait-il que 007 reviennent à de l’espionnage plus sérieux. Les réponses sont peut-être déjà dans les cousins de Bond actuellement sur nos écrans.

Et je ne voudrais pas terminer sans pointer du doigt les espions qui viennent du petit écran. Parfois discrets (MI5, The Americans), ou avec beaucoup d’attention (Homeland, 24 heures chrono), ces séries ont le temps de creuser des personnages d’espions et de faire de nouvelles expériences avec. Les séries ont tellement de succès aujourd’hui que certaines bonnes idées pourraient inspirer les scénaristes de Bond 24. Par exemple, après 10 ans de bons services à la télévision, la série populaire britannique Spooks a maintenant droit à son long métrage au cinéma, et Sean Bean incarne de nouveau un espion dans le prochain Legends ! Bond n’est pas seul à agir dans l’ombre !

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